
6 z 6 D I R
A l l e r , v o u s devri-e\ m o u rir de pure honte.
Molière.
.Vous perdri-ei le temps en difcours fuperflus.
Fontenelle.
Cette fière râifon , dont on fait tant de bruit ,
Contre les paffî-ons n’eft pas un sûr remède.
D cshoulières.
N on , je ne haïs rien tant que les cohtorfi-ons
De tous ces grands faifëurs de protefiati-ons.
Molière,
La plupart des mots en ion & io n s font D ip h -
thon g iie s en proie. V o y e \ les divers traités que
nous avons de la verfîfication françoife.
Au relie , qu'il y ait en notre langue plus ou
moins de Diph th on g u .es que je n’en ai marqué ,
cela eft fort indifférent, pourvu qu’on les prononce
bien. Il ell utile , dit Quintilien , de faire ces obfor-
vations ; Céfor, dit-il, Cicéron, & d’autres grands
hommes , les ont faites ; mais il ne faut les faire
qu’en paflànt. M a r c u s T u l liu s o r a to r , a r t is h u ju s
d ilig en t ijjim u s f u i t , & in f i l i o u t in ep ifio lis a ppar
e z ........ N o n o b jla n t hae d ifc ip linoe p e r i l la s eunt
ib u s , f e d cir ca i lla s hcerentibus. Quint. In jlit
o ra t. l ib . I . ca p , v i f in f in e . (M . d u M a r s a ï s . )
(N.) D IPYRRHICHÈ oh DIPYRRHIQUE. Cm.
C ’eft, dans la Poéfïe grèque & latine, un pied qui
comprend quatre brèves ; comme a n ïm ü la , a d i
m u e j r e f i c io . On l’appelle D ip y r r h iq u e , c’ell à
dire, d ou ble p y r rh iq u e y parce que le P y r rh iq u e ell
en effet de deux brèves. F a y e \ P y r r h i c h e ou P y r -
r h i q u e . On le nomme encore P ro c é leu fm a tiq u e .
y o y e \ ce mot.
Comme un pied doit avoir deux temps ou au
moins un temps & dèmi, & qu’ün temps ell d’une
longue ; le P y r rh iq u e n’e ll, à proprement parler,
qu’un demi-pied, parce que deux brèves équivalent
à une longue. L e D ip y r r h iq u e n’ell donc qu’un pied
fimple, & ne doit pas être compté parmi les pieds
•composés ; parce que les pieds composés comprennent
en effet deux pieds limples. ( M . B e a u z é e . )
DIRE C T.D a n s VH ijlo ir e on dit qu’un difcours ell
d ir e ê î , qu’une harangue ell d ir e c te , lorlqu’on fait
parler ou haranguer les perlonnages eux-mêmes.
Au contraire on appelle D i f c o u r s in d ir e c t s , ceux
dont l’hillorien ne rapporte que la fobftânce ou les
principaux points, & qu’il ne fait pas prononcer ex-
jjreffement par ceux qui font cenfos les avoir tenus.
Les anciens font pleins de ces harangues directes ,
pour la plupart imaginaires. On peut voir, par exemp
le , quelle Éloquence Tite-Live prête à ces premiers
romains, qui julqu’au temps de Marius s’occu-
poientp lu s à bien fa i r e q i i à bien dire , comme le
remarque Sallufle. Le's modernes font plus réfèrvés
for ces morceaux oratoires.
Cependant comme il ne faut pas être prodigue
de ces ornements, il ne faut pas non plus en être
avare. Il ell dçs cirçonftances où cette efpèçe de
d i s
fïctfon, fous altérer le fond de la vérité , répand
dans la narration beaucoup de force & de chaleur.
C ’ell lorfque le perfonnage qui prend la parole, ne
dit que ce qu’il a dû naturellement penfor & dire.
Sallufle pouvoir ne donner qu’un précis des difcours
de Catilina à fos conjurés : il a mieux aimé le faire
parler lui-même ; 8c cet artifice ne fort qu’à dève-
loper, par une peinture plus animée, le caractère
& les deffeins de cet homme dangereux. L ’hiftoire
n’efl pas moins le tableau de l'intérieur que de
l’extérieur des hommes. C ’eft dans leur ame qu’un
écrivain philofophe cherche la fource de leurs actions
; & tout leéteur intelligent font bien qü’on ne
lui donne pas les difcours du perfonnage qu’on lui
préfonte, pour des vérités de fait aufïi exaétes que
la marche d’une armée, ou que les articles d’un
traité. Ces difcours font communément le réfùltat
des combinaifons que l’hiflorien a faites for la fitua-
tion , les fontiments, les intérêts de celui qu’il fait
parler ; & ce foroit vouloir réduire l’Hifloire à la
sècherefïe flérile des gazettes , que de vouloir la
dépouiller abfolument de ces traits d’Éloquence , qui
l’embelliffont .fons la déguifor.
Il n’efl aucun genre de narration où le difcours
d ire ct ne fbit en ufoge, & il y répand une grâce &
une force qui n’appartient qu’à lui. Mais dans le
dialogue preffé , il a un inconvénient auquel il foroit
aufïi avantageux que facile de remédier ; c’eft là
répétition fatiguante de ces façons de parler, L u i
d i s - j e , R e p r i t - i l , M e répondit-elle y interruptions
qui ralentiflènt la vivacité du dialogue, & rendent
le ftyle languifîànt où il devroit être le plus animé.
Quelques anciens, comme Horace , fo font contentés,
dans la narration, de ponduer le dialogue ; mais
ce n’étoit point allez pour éviter la confunon. Quelques
modernes, comme la Fontaine, ontdiftingué
les répliques par les noms des interlocuteurs ou par
la foule ponduation ; mais cet ufoge ne s’eft introduit
que dans les récits en vers. Le moyen le plus court &
le plus sûr d’éviter en même temps les longueurs &
l’équivoque, foroit de convenir d’un caradère qui
marqueroit le changement d’interlocuteurs , & qui
ne foroit jamais employé qu’à cet ufoge. Fqye-^
H arangue, (ikf. M a r m o n t e l , )
DISCONVENANCE, C f. (Gramm.) On le dît
des mots qui compofont les divers membres d’une
période, lorfque ces mots ne conviennent pas entre
eux, foit parce qu’ils font conftruits contre l ’Analogie
, ou parce qu’ils raffomblent des idées difpa—
rates, entre lefquelles l’efprit apperçoit de l'oppo-
fition , ou ne voit aucun rapport. Il foinble qu’on
tourne d’abord l’efprit d’un certain côté , & q u e ,
lorfqu’îl croit pourfoivre la même route, il fo font
tout d’un coup tranfporté dans un autre chemin..
Ce que je veux dire s’entendra mieux par des
exemples.
Un de nos auteurs a dit, que notre répu ta tion ne-
d épend p a s des lou a n g es q u 'on n ous donne , m ais
d e s actions lou a b le s q ue n ous fa i fo n s ,
di s
Il V a Difconvenance entre les deux membres de
cette période, en ce que le premier prefente d abord
un iens négatif, ne dépend pas ; & dans le fécond
membre on (ôufentend le meme verbe dans un lens
affirmatif. Il falloir dire, notre réputauonMpend,
non des louanges, &c. mais des actions louables,
& Nos grammairiens foutiennent que , lorfque dans
le premier membre d’une période on a exprime un
adjedif auquel on a donné ou le genre mafculin ou
le féminin , on ne doit pas dans le fécond membre
foufentendre cet adjeâif en un autre genre comme
dans ce vers de Racine :
Sa réponfeeft diaée, & même fon fflence.
Les oreilles & les imaginations délicates veulent
qu’en ces occafions l’ellipfe foit préciféroent du
même mot au même genre; autrement, ceferoit un
mot différent. - . . _
Les adjeétifs qui ont la meme^ terminaifon au
mafculin & au féminin , fage , fid è le , volage, ne
font pas expofés à cette D i f convenance, _ .. MM
Voici une Difconvenance de temps : I l regarde
votre malheur comme une punition du p eu de
complaïfànce que vous ave^ eue pour lui dans le
temps d u il vous p ria , &e. il talion dire, (pue
vous eûtes pour lui dans le temps qu'il vous pna.
On dit fort bien '.L e s n o u v ea u x p h ilo fo p h e s d ijen t
que la couleur est un fen tim en t de Vame y mais
il faut dire, L e s nouveaux p h ilo fo p h e s v eu len t q ue
la cou leu r so it un fe n t im e n t de P âm e .
On d it, J e c r o i s , j e fo u t ie n s , j 'a f û r e q u e v o u s
êtes fa v a n r , mais il faut dire , J e v e u x j e J o u -
h a ite . j e défire q ue v o u s soyez fa v a n t .
Une Difconvenance bien fonûble eft celle qui fe
trouve aiTéz fouvent dans les mots d'une Métaphore
; les expreflions métaphoriques doivent etre
liées entre elles de la même manière .qu’elles fo-
roient dans; le fons propre. On a reproche a Malherbe
d’&voir dit,
Prends ta foudre, Louis, & vas comme un lion.
Il falloit dire, comme Jupite.r : il y a D i f c o n venance
entre fo u d r e & lio n , _ £
Dans les premières éditions du C i d , Chimene
difoit,
Malgré des feux fi beaux qui rompent ma colère.
Feux & rompent ne vont point enfomble ; c’eft une
Difconvenance, comme l’Académie l’a remarqué.
E c o r c e fo dit fort bien dans un fons métaphorique
, pour les d ehors , Y apparence des chofes ;
ainfi , l’on dit que le s ig n o ra n ts s'ar rêtent à
Vécorce , qu’i/j s 'am ufen t a l ' écorce. Ces verbes
conviennent fort bien avec écorce pris ’au propre;
mais on ne diroit pas au propre , fo n d r e l'écor c e :
fo n d r e fo dit de la glace , ou du métal. J’avoùe
que fo n d r e Vécorce m’a- paru une expreftion trop
hardie dans une Ode de RoufTeau :
D i s Sxr.
. jeunes zéphirs par leurs chaudes haleines
Ont fondu Vécorce des eaux. I . H L ode 6.
I l y a u n g r a n d n om b re d ’e x em p le s d e Difcon-
venaaces d e m o ts d a n s n o s m e i l l e u r s é c r iv a in s ,
p a r c e q u e d a n s l a c h a l e u r d e l a c om p o fitio n o n e l t
p lu s o c c u p é d e s p e u f é e s , q u ’o n n e l’e ft d e s m o ts q u i
f e r v e n t à é n o n c e r le s p e n f é e s .
O n d o i t e n c o r e é v i t e r le s Difconvenames d a n s
le f ty l e , c om m e lo r fq u e , t r a i t a n t u n fù je t g r a v e >
o n fe f e r t d e t e rm e s b a s , o u q u i n e c o n v ie n n e n t
q u ’a u f ty le f im p le . I l y à au ffi d e s Vifconvmanc'S
d a n s l e s p e n f é e s , d ^ n s le s g e f t e s , tse.
Singula fuxque locwn tentantfortiu iecenter----
Ut ridentibus arridtnt, il« flentibus aifunt
Humant vultijs. S i vis me fiers , dolendum eft
Hrimum ipfi t ib i, fcc. H o ià t. de Ar tep o lt.p t. te » .’
( M . D U M a r s a i s . )
D I S C O U R S , f. m . (Selles-Lettres.) e n g é n é r a l
I fe p r e n d u o u r t o u t c e q u i p a r t d e l a f a c u lté d e la
! p a r o l e , St e f t d é r iv é d u v e r b e dicere, d i r e , p a r l e r :
i l e f t g e n r e p a r r a p p o r t à Dijeours oratoire, rla-
rangite, Or.aifon. . . . . . - P
Difcours„ d a n s u n fè n s p lu s ; f t n é t , f ig n tu e u ft
Affemblage d e p h ra fe s St d e ra tio n n em e n ts r é u n is
& d ifp o fé s f iû v a n t l e s r è g le s d e l ’a r t , p r é p a r e p o u r
d e s o c c a fio n s p u b liq u e s & b r i l l a n t e s : c e f t e e q u o n
n o m m e Difcours oratoire ; 5 d é n om in a tio n g é n é r
iq u e q u i c o n v ie n t e n c o r e à p lu f ie u r s e lp e c e s ,
c o m m e 'a u P l a i d o y e r , a u P a n é g y r iq u e , à 1 O r a t f o n
fu n è b r e , à l a H a r a n g u e , a u Difcours a c a d em iq u e ,
& à c e q u ’o n n om m e p r o p r em e n t O r a t f o n , o r a t i o ,
te lle s q u ’o n e n p ro n o n c e d a n s l e s c o llè g e s . (L abbe
M a l l e t . ) , ,
L e P la id o y e r e f t o u d o i t e t r e 1 a p p lic a tio n d u
d r o i t a u f a it « & l a p r e u v e d e l ’u n p a r 1 a u t r e ; l e
■ S e rm o n , u n e e x h o r ta tio n à .q u e lq u e v e r t u , o u l e
d è v e lo p em e n t d e q u e lq u e v é r it é c h r e tte n n e _ ; l e
Difcours a c a d é m i q u e , l a d ife u ffio n d u n t r a i t d e
m o r a le o u d e l i t t é r a t u r e ; l a H a r a n g u e , u n h o m m a g e
r e n d u a u m é r i t e e n d ig n ité ; l e P a n é g y r i q u e , l e
ta b le a u d e l a v i e d ’u n h o m m e r e c o m m a n d a b le p a r
fe s a f tio n s & p a r fes m oe u r s . C h e z l e s é g y p t i e n s , l e s
O r a ifo n s f u n è b r e s fa ifo ie n t tr em b l e r le s v i v a n t s , p a c
l a ju f tic e fé v è r e q u ’e lle s r e n d o ie n t a u x m o r t s : a I*
vérité le s ,prêtres égyptiens louoient, en prefence
d e s d i e u x , u n r o i v i v a n t , d e s v e r tu s q u i l n a v o i t
p a s ; m a is i l é to it ju g é a p r è s fa m o r t , e n p r e f e n c e
d e s h o m m e s , fu r le s v ic e s q u ’il a v o i t e u s . I I f e r a it
à fo u h a îte r q u e c e d e r n ie r u f a g e fe f û t ré p a n d u Sc
p e r p é tu é c h e z , to u te s le s n a tio n s d e la t e r r e : l e
m êm e o r a te u r l o u e r a i t u n r o i d ’a v o ir e u l e s v e r tu s
g u e r r i è r e s , & l u i re p ro c h e ro .it d e le s a v o ir f a it l e r -
v i r a u m a l h e u r d e l’h u m a n ité ; i l lo u e r a it u n m tn if tr e
d ’a v o i r é té u n g r a n d p o l i t i q u e , & lu i r e p r o c h e r a i t
d ’a v o ir é té u n m a u v a is c i t o y e n , & c . froye\ E l o g e ,
H a r a n g u e , P l a i d o y e r , O r a i s o n f u n è b r e ,
P a n é g y r i q u e , &c. (/?/• zWa iu v io n t e i ..)