
Belle-mère eft un animal
Qui plus qu’un diable fait du mal.. »
Les mangeufes de patenôtres ,
Toujours en effroi pour les autres,
Pour elles en cranquilité ,
Qui ‘ médifen c par charité,,
Difanc que c’eft blâmer-le vice ,
Endurent Id , pour tout fupplice.
D’être fans cêflè à marmoter ,
..Sans qu’aucun les piaffe noter ;
Et ce tourmènt de n’être en vue ,
Mille fois pour une les tue.
Tous ceux qui , par ambition, .
Profeffènc la dévotion,
. Sont condamnés , fans qu’on les voie »
De faire de leur peau corroie,
De plus à vivre en gens de bien ,
Sans que perfonne en fâche rien.
Le Burlefque de ce ton là doit plaire aux efprits
même les plus difficiles : & quanta celui qui, pour
rendre les contraftes plus (aillants , va d’un extrême
à l ’autre & du plus-foblime au plus bas;-cette fé-
coufîé eft, un befoin peut-être pour des amès froides
& phlegrqaiiques. Nous ne forâmes pas tous également
fénfîbles au chatouillement du ridicule; & ceux
à qui le plus léger foffit * ne doivent pas être étonnés
qu’une fonGbilité moins délicate y délire moins de
fineffè & plus de force. De là vienc que les meilleurs
efprits ont pu fo, partager à l ’égard du Burlefque ;
les uns , le trouver déteflable ; & les autres, irès-
amufent.
Obforvons feulement que, plus une nation fera
légère & attachera" moins d’importançe aux formes
que l’habitude & l’opinion auront fait prendre à les
idées,- plus aifement elle fè prêtera à cette efpèce
de badinage ;) & etl cela l’orgueil n’entend pas aufli
bien la plaifonterie que la vanité : il eft jaloux de
fbn opinion & chagrin lorsqu’on le détrompe : aufli
le Burlefque fora-t-il toujours mieux reçu'^ehez. une
nation vaine , que chez une nation orguéilleufo ;
mais chez aucun peuple éclairé, il n’eft à craindre
que le Burlefque devienne le goût dominant ; &
l ’Infinire licet fera toujours fans confoquence.
( f Au reftè , quoi que l’on penfo dé ce genre, c ’eft
peut-être celui de tous qui demandé le plus de verve,
de faillie , & d’originalité. Rien de plat rien'de
fYoid, rien de forcé n’y eft fopportabLe; par la raifon
que de tous les perfon nages le. plus ennuyeux eft
celui d’un mauvais bouffon. Scarron étoit né ce qu’il
eft dans fon Virgile travejli. Il voyoit tout du côté
plaifant. 11 trou voit au moins aufli naturel , aufli
vraifèmblable, que fès héros eufîènt tenu le langage
qu’il leur faifoit tenir , que celui que leur, prétoit
Virgile. Les détails de fos déferiptions & de fès
portraits êtoient des couleurs, aufli vraies que celles
du poète héroïque. Parmi les nipes qu’Enée avoit
pu foyer du foc dé Troie, fou imagination trouvoif
La béquille de Priamù£,
Le livre de fes orémùs •
Un almanach fait par Caffàndre,
Où l'on ne pouvoit rien comprendre#
Il difoit, fongeant à Didon:
C’ttoit une greffe dondoti ,
G raflé ,• vigoüreufe, bien faîne,'
Un peu camufe , à l’africaine ,
Mais agréable au dernier point.
En un mot, il voyoit tout avec fos y e u x , il écrivoît
avec fon caractère; & comme aucun de fos imitateurs
n’a eu cette humeur enjouée" & bouffonne ,
aucun d’eux; n’a eu fbn talent : il eft unique dans
fon genre. ) ( JLarm on te l. )
(N.)BUSTROPHE. fl f. L a première & la plus ancienne
manière d’é c rire, eft celle des hébreux, des
chaldéens , des fyrieçs * des arabes, & autres peuples
orientaux : elle côniîfte à difpofor les lettrés, de
chaque mot & les mots de chaque ligne de droite à
gauche , & les lignes de haut en bas.:Il foroit-difficile
ou même impoflïble de dire avec certitude,
ce qui a pu déterminer ce premier 'ordre .qu’on- a
foivi dans l ’emploi des lettres : mais on l’a fo iv iR
& on le fuit encore dans l ’Orient ; c’eft une vérité
de fait. O r fl l’on fa it attention, i ° . que c’ eft dans
ces contrées qu’eft né Kart d’écrire ; que cette
méthode eft incommode, parce qu’on perd de.vue,
les lettres à mefore qu’on les trace , v& qüé la main
droite qui les trace peut aifement lès effacer en
avançant vers la gauche pour en tràeer dé nouvelles
: on fera porté naturellement à y réconnoître
les premiers eflais de l’inventeur de l ’a r t , dont la
manière fut fixée fans doute par quelqu’une de ces
cautes locales ou momentanées , qui tiennent aux
moeurs & aux ufoges du temps ou du pa ys, 8C dont
toutes les traces difparoiflent dans les révolutions des
fîècles.
La féconde manière d’écrire paroît avoir été propre
aux anciens grecs , qui la nommèrent, /Zxrpotpyé'ov
yputfuv, boum inftar v.èrtendo feribere. RR. /Sas-,
bos y & çp'e<pa>.> verto : de là le mot /3xrpotph, boum
verfura,appliqué à la manière d’écrire dont'il s’agit.,
Je ne fois au refte.fi le nom Bu(lrophe a jamais été
employé ailleurs que dans les Diéhonnaires qui en
tiennent compte : il nie fomble qu’on Ce forviroit
plus aifément & avec plus de foccès de l’adjeftîf
Bujlrophé f Tourné- comme les filions tracés par
les boeufs); & qu’on dirait très-bien , une écriture
bujlrophée r un livre bujlrophé, des copies bujlro-
p liées.
Quoi qu’ il en foit , cette manière confifte en
effet à tracer d’abord une première ligne au haut
de la page de gauche à droite, à la courber en
demi-cercle pour revenir de droite a gauche &
tracer ainfï une féconde ligne parallèle à la première
, à courber de même cétté féconde à gauche
pour tracer la troifième en allant à droite ; & ainfï
de foite ; ,de même,que les; boeufs, qui recommencent
toujours umfïUon dans un fons contraire à celui
du précèdent ,Vojpi le commencement du. prol'ogue
d efAmphitryon de P lau te , écrit en Bujlrophé.
Ut vos iti vojlrh voltis m e rc i^
affiebre tcc.
Çettè manière d’ écrir^ forço it, comme on v o i t ,
de tourner; ie manuferit qu’on vouloit l i r e , comme
oh' tc'urne une médaille pour en lire la légende.
C ’étoit fons doute une amélioration au premier fyfo
têiïiè 3 parce- qu’on crut qu’ il foroit plus raifonnable
de ne pas interrompre la continuité d’urt meme
difcëurs.; ' ■ ' ’ . /
i II eft vraifombiâble que la commodité reconnue
d’écrire de gauche à droite, & l’embarras de tourner
fans eefle le manuferit, firent renoncer au petit
avantage de la continuité de l’ecriture. C eft la
troifîèriie manière, qui confifte à difpofor les lettres
de chaque mot & lés mots de chaque ligne de gauche
à droite'; & les lignés de haut en b a s , comme toute
l’Europe le fa it , aüj'ourdhui. Les avantages de ce
fyftêmeTonf palpables. L a main , qui avance vers le
côté1 d ro it, n’eft point expofée à effacer les caractères
qui viennent d’ être tracés; elle les laifîè entièrement
fous-les yeux de l ’éc r iv ain , qui par là eft
plus eti état de penfor a ceux qui doivent fo iv r e ,
en en jugeant par ceux qui précèdent : ajoutez qu’on
eft plus en état de donner, à toutes les. lettres qu’on
tfaflèmble, l’égalité & la proportion qui en faciHtent
la leéture par l’agrément , & de jeter entre ell°
des intervalles égaux ou inégaux , ,félon qu’elle
appartiennent aux mêmes mots ou à des mots diffé"
rents, Àuffi fut-il foifi avidement par les grecs. ?
amateurs décidés du mieux; & il a été adopté par
les latins & par tous les peuples modernes de
l ’Europe qui' ont emprunté l’alphabet de ceux-ci,
& même par ceux qui font ufoge de tout autre
alphabet, comme les ruKes.fM. B e a u z é 'e .
* BUT , VUES , DESSEIN. Synon.yrne,s.
Le B ut eft plus fixe, , c’eft où l’on veut aller ;
on foit les routes qu’on croit y aboutir,. & l’on fait
fos efforts pour y arriver. Les Vues font plus vagues,
c’eft ce qu’on veut procurer ; on prend les mefores
qu’on croit y être utiles, & l’on tâche de réuflir.
L e Dejfein eft plus.ferme, c’ eft ce qu’on veut exécuter;
on met en oeuvre les moyens qui paroiflént
y être propres, & on travaille à en vènir à bout.
Un bon prince n’a d’autre Dejfein dans fon gouvernement
que de rendre fon État floriflànt par les
arts, les foiences, la juftice, & l’abondance ; parce
qu’il a le bonheur des peuples en Vûe y & la vraie
gloire pour But.
Le véritable chrétien n’a d’autre B u t que le c iel,
d’autre Vûe que de plaire à Dieu, ni d’autre Dejfein
que de faire fon folut»
On fe propofé un B ut. On a des Vues.On forme
des Dejfeins.
L a raifon défend de fo propofér un B u t où il
n’eft pas poffible d’atteindre , d’avoir des Vues
chimériques, & de former des Dejfeins qu’on ne
fouroit exécuter.
Si mes Vues font juftes, j’ai dans la tête un Dejfein
qui me fera arriver à mon But. [ L ’a b b é G i r a r d .)
c c
CZl- L e C , c , eft la troifième lettre de notre a lphabet.
L a figure de cette lettre nous vient des
latins. Elle a< aujourdhui un fbn doux devant IV
& devant l ’i ; on prononce alors le c comme un
f \ ce , c i , comme f e , f i ; en forte qu’alors on
pourroiî regarder le c , comme le figtna des grecs ,
tel qu’ il fê voit fbuvent,' for tout flans les inferip-
tions , avec la figure de notre C cap ita l, TAIC
HMEPAIC (G ru te r , tom. I . pa g . 70. ) c’eft à dire ,
tais emerais ; St au tom. I I . p ag. i o z o , on lit une
ancienne infeription qui fé voit à Alexandrie for une
colonne , AHMOICPATHC i j e p ik a i t o c a p x i t e k -
TOC. Démocrates periclitos a rchiteclos, Démocrates
illuftre architeêfe. Il y a un très-grand nombre
d’ exemples du fzgma ainfï é c r it , fortout en lettres
majeures ou capitales j car en lettres communes le
jigma s’écrit ainfi <r au commencement & au milieu
des mots , & ainfi ? à la fin des mots. A l’égard -de
la troifième figure du figma y elle eft précisément
comme notre c dans les lettres capitales , & elle eft
en ufoge au commencement, au milieu , & à la fin
des mots : mais dans l’écritiire commune on recourbe
la pointe inférieure du c , comme fi on aj ou toit une
virgule au c : en voici la figure , .
A in fi, il paroît que le c doux n’ eft que le figtna
des grecs ; & il foroit à fbuhaiter que le C eût alors
un caractère particulier qui le diftinguât du £ dur :
car lorfque le c eft foivi d’un a , d’un o , ou d’un u ,
il a un fon dur ou foc , comme dans canon, cabinet,
eadenat, coffre , Cologne , colohbe , copifie , cil-
riofité, cuvette , &c. Alors le c n’eft plus la meme