
'6 * 6 D U R
Dans la ir comme dans le Duo, le chant demande ce qu'il y a de plus animé, de plus lenfîblé dans
la (cène. La raifon en eft évidente. Le chant eft ce
qu’il y a de plus varié, de plus accentué dans la
Mufîque ; l’e^preflîon du fentiment ou des affections
de l’ame, eft ce qui, dans toutes les langues ,
donne le plus de variété & d'accent à Fëxpreflïon.
( M . M a r m o n t e l . )
(N.) DURABLE , CONSTANT. Synonymes.
Ce qui eft durable ne celTe point ; il eft ferme par
là (ôlidité. Ce qui eft confiant ne change pas ; il eft
ferme par la rélôlution.
Il n’eft point de liailôns durables entre les hommes,
fi elles ne (ont fondées fiir le mérite & lûr la
vertu. De toutes les pallions, l’amour eft celle qui
le pique le plus d’être confiante & qui l’eft le moins.
( L’abbé G i r a r d . )
(N.) DURANT , PENDANT. Synonymes.
. Ces deux prépofîtions ont pour idée acceflôire le
temps. C’eft par ce moyen qu’elles rapprochent les
choies., en le leur rendant commun & les failânt
arriver enlèmble ; avec cette différence, que Durant
D U R
exprime un temps de durée, & qu’il s’adapte dans
toute lôn étendue à la choie-à laquelle on le joint;
que Pendant ne fait entendre qu’un temps d’époque,
qu'on n’unit pas dans toute lôn étendue , mais feulement
dans quelqu’une de lès parties.
Les ennemis le font cantonnés durant la campagne.
La fourmi fait pendant l’été les provifîons dont
elle a beüoin pendant l'hiver. ( L’abbé G i r a r d . )
D U R É E , TEMPS. Synonymes•
Ces mots different en ce que la Durée Ce rapporte
aux choies ; & le Temps, aux perlônnes. On d it, La
Durée d’une aétion, & le Temps qu’on met à la
faire.
La Durée a aulïi rapport au commencement & à
la fin de quelque çholè , & défîgne l’elpace écoulé
entre le commencement & cette fin ; & le Temps
défigne feulement quelque partie de cet elpace , ou
défîgne cet elpace d’une manière vague. Ainfî, on
dit, en parlant d’un prince, que la Durée de lôn
règne a été de tant d’années , & qu’il eft arrivé tel
évènement pendant le Temps de lôn règne; que la
Durée de lôn règne a été courte , que le Temps en a
été heureux pour lès fujets. ( M. d’Alembert. )
E E
*1^1 ; E , e , f. m. C’eft la cinquième lettre de la
plupart des alphabets , & la lèconde des voyelles.
V o y e \ A lphabe t , L e t tr e , & V o v e l l e .
Les anciens grecs , s’étant apperçus qu’en certaines
fyllabes de leurs mots l’e était moins long
& moins ouvert qu’il ne l ’étoit en d'autres lÿllabes,
trouvèrent à propos de marquer par des caractères
particuliers cette différence, qui étoit fi lènfible
dans la prononciation. Ils défîgnèrent Ve bref par
ce earadère E , e, & l’appelèrent , epfilon,
c ’eft à dire , petit e ; il répond à notre e commun ,
qui n’eft ni Ve tout à fait fermé, ni Ve tout à fait
ouvert : nous en parlerons dans la fuite.
Les grecs marquèrent Ve long & plus ouvert par
ce caradère H , % phaî il répond à notre ê ouvert
long.
Avant cette diftindion, quand Ve étoit long &
ouvert, on écrivait deux e ae fuite ; c’eft ainfî que
nos pères écrivoient aage par deux* a , pour faire
connoître que l'a eft fort long en ce mot: c’eft de
ces deux E rapprochés j?u tournés l’un vis à vis de
l ’autre qu’eft venue la figure H ; ce caradère a été
long temps , en grec & en latin , le ligne de Palpitation,
Ce nom êta vient du vieux lÿriaque hétha ,
de heih , qui eft le ligne de la plus forte alpi-
ration des hébreux; & c’eft de là que les latins prirent
leur ligne d’alpiration H , en quoi nous les avons
fui vis.
La prononciation de Y êta a varié : les grecs
modernes prononcent ita ; & il y a des lavants qui
ont adopté cette prononciation , en lilânt les livres
des anciens.
L ’Univerfité de Paris fait prononcer êta. V^oyez
les preuves que la Méthode de P. R. donne pour
faire voir que c’eft ainfî qu’il faut prononcer;' &
liirtout liiez, ce que dit lur ce point le P. Girau-
deau jéfîiite, dans lôn Introduction à la langue
grèque.; ouvrage très-méthodique & très-propre
,à faciliter l’étude de cette langue lavante, dont l’intelligence
eft fi néceffaire à un homme de Lettres.
Le P. Giraiideau , dis-je, s’explique en ces termes ,
page 4. « Uêta lè prononce comme un ê long &
» ouvert, ainfî que nous prononçons Ve dans procès :
» non lèulement cette prononciation eft l’ancienne,
» pourlùit-il, mais elle eft encore efîèncielle pour
» l’ordre & l’économie de toute la langue grèque.
En latin , & dans la plupart des langues , Ve eft
prononcé comme notre e ouvert commun au milieu
des mots, lôrfqu’il eft luivi d’une conlônne avec
laquelle il ne fait qu’une même lÿllabe , coe-lèbs ,
mèl, pèr, pa-trêm, omnipo-tèn-tèm, pès, èt, &c.
mais lèlon notre manière de prononcer le latin , Ve
eft fermé quand il finit le mot, mare , cubile,
pâtre, &c, Dans nos provinces d’au delà de la Loire,
on prononce Ve final latin comme un e ouvert ;
c’eft une faute.
■E
ït y a beaucoup d’analogie entre IVfermé & IV ;
e’eft pour cela que l’on trouve Couvent l’une de ces
lettres au lieu de l’autre, hcrs ^hen ; c eH par la
jnême raifon que l’ablatif de plulieurs mots latins
efl en e ou en i, prudente 8c pruiemi.
Mais paflons à notre efrançois. J’obferverai d’abord
que plulieurs de nos grammairiens dilènt que nous
avons quatre forte d’e. La Méthode de P. R. au traité
des lettres, page 6 t » , dit que ces quatre prononciations
differentes de l’e , Ce peuvent remarquer en
ce (èul mot déterrement ; mais il eft aife de voir
qu’aujourdhui IV de la dernière fyllabe ment neft
e que dans- l’écriture. , .
La prononciation de nos mots a varie. L Ecriture
n’a été inventée que pour indiquer la prononciation
, mais elle ne fauroit en Cuivre tous les écarts r
je veux dire tous, les divers changements : les enfants
s’éloignent infenfiblement de la prononciation de
leurs pères ; ainfî, l’orthographe ne peut fe conformer
à là deftination que- de loin en loin. Elle a d abord
été; liée dans les livres au gré des premiers inventeurs
: chaque ligne ne fignifioit d’abord que le lôn.
pour lequel il avoit été inventé, le ligne a marqiao.it
le fon a , le ligne é le lôn é, Sic. C’eft; ce que nous
voyons encore aujourdhui dans la langue grèque,
dans Ü latine , & même dans-, l’italienne & dans
refpagnole ; ces deux dernières, quoiquelangues |i *
vantes* font moins .fujettes, aux variations, que la
nôtre. ;
Parmi nous , nos yeux s accoutument des 1 enfance
à la manière dont nos pères écrivoient un mot, conformément
à leur manière de le prononcer ; de forte
que, quand la prononciation eft venue à changer, les
■yeux accoutumés à la manière d’écrire de nos pères ,
te font oppofés au concert que la raifon auroit voulu
introduire' entre'là prononciation Si l’orthographe
félon la première deftination descaradères : ainfî , il
y a eu alors parmi nous la langue qui parle à l’oreille ,
qui feule eft la véritable langue ; & il y a eu la
manière de la repréfenter aux yeux., non telle que
nous l’articulons , mais telle que nos pères la pro-
n o n ç o ien ten lôrte que nous avons à reconnoître un
nioderne fous un habillement antique.. Nous faifons
alors une ‘double faute ; celle d’écrire un mot autrement
que nous ne le prononçons, & celle de le
prononcer enfuite autrement qu’il n’eft écrit. Nous
prononçons a & nous écrivons«, uniquement parce
que nos pères prononçoient & écrivoient e. V o y e \
O rthographe.
Cette manière d’orthographier eft lûjette à des
variations continuelles, au point que, lèlon le prote
de Poitiers & M. Reftaut, à peine trouve-t-on deux
livres où l'orthographe (oit lèmblable. ( T/;, de l’Orthographe
franç.p.. i . ) Quoi qu’il en lô it, il eft
évident que Ve écrit & prononcé a , ne doit être
regardé que comme une preuve de l’ancienne pro-
- nonciation , & non comme une elpèce particulière
d’«. Le premier e dans les mots empereur, enfant,
femme, &c. fait voir feulement que l’on pronon-
çoit empereur» enfant, féme x Si c. & c'eft ainfî que
E m 7
c e s m o ts lô n t p ro n o n c é s d a n s q u e lq u e s - u n e s d e n o s
p ro v in c e s ; m a is c e la n e f a it p a s u n e q u a t r i è m e
lô r t e d ’e.
N o u s n ’a v o n s p r o p r em e n t q u e tro is lô r te s d ’e ; c e
q u i le s d if tin g u e , c ’e f t l a m a n iè r e d e p r o n o n c e r l ' e ,
o u e n u n t em p s p lu s o u m o in s l o n g , o u e n o u v r a n t
p lu s o u m o in s l a b o u c h e . C e s tro is lô rte s d ’e lô n t
l ’e o u v e r t , l ’e f e rm é , & l’e m u e t : o n le s tr o u v e to u s
tro is e n p lu f îe u r s 'm o ts , fermeté, honnêteté » évêque »
févère, échelle, & c .
L e p r e m i e r e d e fèrmeté e ft o u v e r t , e ’e f t p o u r q
u o i i l e f t m a r q u é d ’u n a c c e n t g r a v e ; l a lè c o n d e
lÿ l la b e me n ’a p o in t d ’a c c e n t , p a r c e q u e l 'e y e f t
m u e t ; té e ft. m a r q u é d e l ’a c c e n t a ig u , c ’e f t l e lig n e
d e l ’e f e rm é .
C e s tro is lô rte s d ’e lô n t e n c o re lu lc e p tib le s d e p lu s
& d e m o in s ,
» L ’e o u v e r t e f t d e tro is lô r te s : I . l’e ,o u v e r t c o m m u n ,
II. l ’e p lu s o u v e r t , III. l ’e t r è s - o u v e r t.
I . L ’e o u v e r t c om m u n : c ’e ft l ’e d e p r e lq u e fo u te s
l e s l a n g u e s ; c ’e ft l ’e q u e n o u s p ro n o n ç o n s d a n s les.
p r em iè r e s lÿ lla b e s d e père, mère, frère, & d a n s
i l appelle, i l mène, m a nièce , & e n c o r e d an s,
to u s le s mots- o ù l ’e e ft l ù iv i d ’u n e c o n lô n n e a v e c ,
l a q u e lle i l fo rm e l a m êm e l ÿ l l a b e , à m o in s q u e .
c e t te c o n lô à n e n e ;l ô i tT j ou l e £ q u i m a r q u e n t l e
p l u r i e l , o u l e nt d e l a tro ifièm e p e r lô n n e d u p l u r i e l
! d e s v e r b e s : a in fî , o n d i t examen , & n o n examen..
O n d i t tef bèlycièf chef, bref, Jofèph, nèf\
relief, Ifraèl, Abèl, Babèl, réèl, Michèl ,mièlY
pluriel y criminel, quel, naturel, hotèi, mortelY
mutuel, Vhymen, Saducéén, Chaldéén, i l vient,,
i l foutiènt, & e .
T o u t e s l e s fo is q u ’u n m o t fin ît p a r u n e m u e t ,
■ o n n e l à ü r o i t lô u te n ir l a v o ix lû r c e t e m u e t , 'p u i s q
u e fî o n l a l ô u t e n o i t , l ’e n e l è r o î t p lu s m u e t : i l
f a u t d o n c q u e l ’o n a p p u y é lù r l a lÿ lla b e q u i p r é c
è d e c e t e - m u e t ; & a lo r s fi c e tte fîlla b e e f t e l l e -
m êm e u n e m u e t , c e t e d e v ie n t o u v e r t c o m m u n r
Si l è r t d e p o in t d ’a p p u i à l a v o ix p o u r r e n d r e l e d e r n
i e r e m u e t ; c e q u i s’e n te n d r a m i e u x p a r le s e x em p le s *
D a n s mener, appeler, & c . l e p r e m i e r e eft m u e t
& n ’e ft p o in t a c c e n tu é ; m a is fî je d is j e mène, fap~
pille , c e t e m u e t d e v ie n t o u v e r t c o m m u n , & d o it
ê t r e a c c e n tu é , je mène, f appèle. De m êm e q u a n d
je d is j ’aime , je demande, l e d e r n ie r e d e c h a c u n
d e c e s m o ts e f t m u e t ; m a is fî je d is p a r in te r r o g a tio n ,
aimé-je ? ne demandé-je pas ? a lo r s l 'e q u i é t o i t
m u e t d e v ie n t e o u v e r t c om m u n .
J e fais q u ’à c e tte o c c a fîo n n o s g r am m a ir i e n s d i l è n t
q u e l a r a ilô n d e c e c h a n g em e n t d e l 'e m u e t , c ’e f t
qoil ne fauroit y avoir deuxe muets die fuite ; mats;
i l f a u t a jo u t e r ,, à la fin d’un mot : c a r d è s q u e l a
v o ix p a lîè -, d a n s l e m êm e m o t , à u n e fy llab e - l ô u -
te n u e , c e tte fy lla b e p e u t ê t r e p r é c é d é e d e p lu s d ’u n
e. m u e t ,. r e d e mandé r , R E V E n ir , &c.. N o u s a v o n s
m êm e p lu lie u r s e m u e ts d e lu ite , p a r d e s m o n o -
fy lla b e s ; m a is i l f a u t q u e l a v o ix p a lïè d e l ’e m u e t à ’,
u n e fy lla b e ' lô u te n u e : p a r e x e m p le , de ce que jé
. redemande c e q u i m ’e f t d û ,, &c.. v o i l à fîx. e m u e ts -