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dans ce fen$ , il me paroît que c’eft par la vérité,
la force, & la nouveauté .des pensées qu’un discours
a de Y Éclat ; qu’il a du brillant par le tour
& la délicateffe de l’expreflion ; & que c’eft par le
choix des mots , la convenance des termes > & l'arrangement
de la phrafo, qu’on donne du Lujtre à ce
qu’on dit. ( Uabhé G i r a r d . )
ÉCLAT, LUEUR, CLARTÉ, SPLENDEUR.
v.Synonymes.
Éclat eft une lumière vive & pafïàgère ; Lueur,
line lumière foible. & durable ; Clarté, une lumière,
durable & vive : ces trois mots le prennent au figuré
& au propre ; Splendeur ne fo dit qu’au figuré : La
Splendeur d’un Empire. ( M. d’Âlembert. )
ÉCLIPSER, OBSCURCIR. Synonymes.
Ces deux mots ne font üÿnonymes qu’au fons figuré
: ils diffèrent alors, en ce que le premier dit plus
que le. fécond. Le faux mérite eft ohfcurci par le
mérite r é e l, & ëèlipfé:par le mérite, éminent.
On doit encore obferver que le mot Éclipfe lignifie
un oBfcurciJfèment pafïàgej ; au lieu que le mot
Éclipfer, qui.;-en eft dérivé, défigne un obfcurcîjje-
ment total & durable, comme dans ce vers :
Tel brille au fécond rang, qui s’éclipfe au premier.
( $ ƒ . d ’ A l e m r e r t . )
(N.J ÉCOLE, f. r. ( Betl. Leu. ) U ne École eft
june pépinière d’hommes, que l’on cultive pour les.
befoins ou les agréments'de la fociété. De cette définition
fo déduifont naturellement tous les principes
de l’înftitution, de la diftribution, de la direction
des Écoles.
Les arts de pure înduftrîe, auxquels l’exemple foui
peut forvir de leçon, & dont la pratique-même eft
l’étude, n’ont d’autre École que l’attelier-.
Les arts dont la pratique fuppofo quelque talent,
quelques lumières , quelque faculté précédemment
aquifo ; ceux, par exemple, qui demandent de
l ’intelligence & du goût, la jufteffè de l’oeil & l’habileté
de la main, pour inventer > choifîr , exécuter
les formes les plus régulières , " les deffins les plus
élégants, les eombînaïfons méchaniques les plus,
fimples, les plus folides, de l’effet le plus sûr-&
le plus défirable , ceux-là ont befoin d’une École.
Mais dans cette École il doit y avoir des claffes
différentes pour les différents arts ‘ le menuifîer-, le
lerrurier n’eft pas obligé de lavoir defïïner les memes
chofos que l’orfèvre ; & chacun des élèves, n’ayant
que fon objet devant les y eux , n’en fora point distrait
, & l’apprendra mieux & plus vite.
Il eft une éducation néceffàîre. à tous les états.
Dans une fociété d’hommes libres , -ou prefque tous
les engagements fo forment par écrit, le laboureur,
comme l’artifan , a befoin de fo rendre compte de:
ce qu’il a-, d.e ce qu’il doit, de ce qui lui eft d û ,,
de ce- qu’il gagne & de ce qu’il dépenfo , de ce qu’il
donne & de ce qu’il reçoit*. Cfoft dc-ne un. étabUfo
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foulent nécefïàire , même dans les villages, que celui
d’une École où l’on apprenne à lir e , à écrire,
à calculer f mais rien de plus. J’ai oui dire que le
payJÈàn qui fàvoit lire en étoit plus infolent ; cela
fignifie peut-être, plus éclairé fur fos droits & plus
ferme à les foutenir. Mais plus cette inftrudion fora
commune, moins elle aura l’effet qu’on appréhende t
c’eft un don précieux que celui de la parole ; & per-
fonne ne s’en glorifie , ni ne fonge à s’en prévaloir.
Les arts qu’on appelle libéraux ne fauroient fleurir
fans Écoles. La Peinture , la Sculpture, l ’Architecture
, la Mufique*, ont des éléments, des méthodes ,
des procédés qu’il faut avoir appris. Ceci n’a pas
befoin de preuve.
Dans la Grèce chaque artifte. célèbre tenoit École
dans fon attelier : on s’ y formoit à fon exemple , &
il y joignoit fos leçons..
En Italie la Peinture n’a été fi floriffante que
parce qu’elle a eu des Écoles» & de tous les peintres
fameux qu’elle a produits, le Corêge eft le foui qui
n’ait pris les leçons & la manière d’aucun maître..
Mais dans un pays où un art eft cultivé avec ardeur
, un homme de génie n’a pas befoin de guide :
fon École eft partout; & inftruit par tous les exemples,
il ne s’aflèrvit à aucun..
En France les. arts ne proipèrent. que par l’inftî-
tution vraiment royale de leurs Écoles , foit à Paris,
foit au centre de l ’Italie. Ofons le. dire, îi on avoit
donné le même foin à cultiver , à former les talents
d’un ordre encore plus élevé que ceux de la Peinture,
de la Sculpture, & de l’Archite&ure, la France
abonderoit en hommes diftingués dans tous les états.
Les Écoles de ces trois arts font des modèles de l’émulation
dont on pourroît. animer tous les autres.
Lorfque le roi de Suède vînt à Paris , ce prince ,
qui voyageoit en philofophe & qui obforvoit en
homme d’État, en voyant dans les falles de nos Académies
les chefs-d’oeuvre de nos artiftes, en parut vivement
frappé. » Sire, lui dit le directeur de cette
» partie de l’adminiftration, V. M. va voir la fburce
» de ces riehefïès , & le berceau de- ces talents. «
Alors il eonduifît le roi de Suède dans un vafte falon ,
où deux-cents jeunes élèves defftnoient au tour du modèle;
& quoique la préfonce d’un grand roi fut un objet
d’étonnement- & de diftraftion prefque irréfîftible,
on affûre que le profond filence qui régnoit dans
Y École y ne fut point troublé', & qu’âucun des
jeunes deffinateurs ne leva les y eu x , que lorfque
le prince daigna demander à voir leurs études.
Il eft difficile d’entendre comment l’envie que l’on
témoigne d’avoir en France une bonne Mufique-, ne
fait pas employer, pour cet art, le- foui moyen de
le favorifor. C’eft dans des Écoles, que PItalie a vu
fo former & fos chanteurs & fos compofiteurs célèbres.
L ’art- y décline depuis que les Écoles• n’ont
plus des maîtres comme Durante 8c Porpora, A
plus forte raifon ne s’èlevera-t-il jamais dans-un pays,
où, les talents étant prefque abandonnés à eux - mêmes
, on ,'femble attendre de la nature & du hafàrdi
• qu'ils-faffent naître des.mufjciens. & des.chanteurs-
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Un objet bien plus férieux & bien plus important
eft la culture des arts utiles & des fciences
qui leur font analogues ;& à cet egard nous avons
plus à nous féliciter qu’aucune nat.on de 1 Europe.
Nos Ecoles guerrières ont ete fes modèles , & &nt
encore l’objet de fon émulation. Notre École de
Chirurgie eft la meilleure qui foit au monde. Celle
de Médecine fleurit dans plus d’une ville du ro^ume,
cependant on y délire encore plus de fevénte dans
ï ’admiflion des dodeurs. Ce titre, prodigue a des
ignorants eft un piège mortel pour la confiance
lublique , & peuple le monde d’affalFins avec un
^ S s ^ Z l^ c e l l e n t s p r o f e i r e u r s d e C h i n u e
d e P h a rm a c i e , & d e B o ta n iq u e ; d e s c o u r s d H .f to e
n a tu r e l le s’y o u v r e n t to u s le s a n s ; & p a rm i l a fo u le
d e c e u x q u i e n fo n t u n o b je t d e c u n o l î t e , i l e n
e f t affe z q u i e n fo n t u n e é tu d e p lu s f e r ie u f e & p lu s
L e s ^M é c h a n iq u e s , l ’A f tr o n o m i e , l e s M a tfa ém a -
tiq u e s e n g é n é r a l fo n t n é g l ig em m e n t e n f e ig n e e s d a n s
l e s Écoles p u b liq u e s : m a is 1 A c a d em ie d e s fc ie n c e s
e f t c om m e u n f a n â u a i r e o ù e lle s le r é u n i f i e n t ,
l ’am b itio n d ’y e n t r e r a j o û t e , à l a l u m iè r e q u e lle s
. r é p a n d e n t , u n e c h a l e u r q u i l a r e n d f é c o n d é .
Qu’il me foit permis de dire un mot de ce q
nous refte à fouhaiter. ~
A Paris, les Humanités que Ion croit bonnes, le-
relent encore meilleures, fi. on y enfeignoit la langue
francoifeavec le même foin que les langues favantes,
£ en cultivant la mémoire on s'appliquât de meme
à former le goût; fi l’Hiftoire y faifoir une parue des
études ; fi la littérature moderne s’y melon a 1 ancienne;
& fi les régents , affez inftruits & affez fênfibles
eux-mêmes aux beautés de l’une & de 1 autre, favoient
mieux les. faire obferver. On voit pas fans douleur
dans certains livres deftmes a 1 înftruftion , &
qu’on appelle élémentaires , régner un efprit faux
& un goût pédantefque, qui ne font que gâterie
bon naturel des enfants.. . .. „ _ ,
L’Éloquence , cet art qui n a plus.,, il eft vrai,
la même influence & le même pouvoir q u ila v o t
autrefois dans Rome. & dans Athènes, mais qui
feroit encore fi néceffaire dans des emplois tres-
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dans 1 univernre uc * ------ , . . ,■ j t i i , .
p u b l i c n ’a p o in t d ’École o u fo ie n t obliges d a l l e r
s’în f t r u ï r e l e s je u n e s g e n s q u e l e u r n a ifia n c e , le
g o û t , l e u r c a r a c tè r e , & l a tr em p e d e l e u r e f p n t
d e f tin e a u x n é g o c ia tio n s ; m a is le D r o it c iv il m em e n a
d e s Écoles q u ’e n a p p a r e n c e . L ’a b u s e n o rm e .d .e tre
oetffé p r é f e n t d è s q u ’e n , p a y a n t o n a p r is 1 mjcnption,
f a it q u e l e p ro f e ff e u r e f t.p r e fq u e fe u l d a n s fo n École,
& d ’u n e fo u le d e je u n e s g e n s q u i fo n t re p û te s e tu d i e r
fin is l u i , . . 'à p e in e y e n a - t- i l. u n d ix ièm e ..q y i ( o i t
a f iid u à l’e n te n d r e . L e r e f t e , o if îf & v a g a b o n d ,
' a c h e tte d e s c a h ie r s é c r i t s , & , ' q u a n d l e tem p s d e
V ë x am e n a r r iv e , fe f a it fo u f fle r p a r u n a g r é g é la
- v ____ i___ m io rtin tic r n tn m llniquées.
C’eft de là cependant que forfent nos Avocats
& nos Juges. Il eh eft quelques-uns q u i, par
des conférences & des études particulières, ont le
bon efprit de fuppléer à cette nullité des études
publiques; mais pour le plus grand nombre le temps
en eft perdu , & l’émulation eft anéantie.
Il n’en eft pas-de meme des études thealogique—
Elles font fuivies dans la faculté de Pans avec
une sévère vigilance du cote des maîtres^, au
tant ds chaleur que d’affiduité du cote des etudiants.
On les v exerce à parler d’abondance : c eft les
obliger à s’inftruire. Ce qu’on appe le Licence fe fait
quand l'efprit eft formé ; dans la thefe zpP“ ee .
majeure,les queftions purement lcholaftiques ccd.ne
la place à des queftions d un ordre fupeneur ; &
cette thèfe exige des études variées & aprofondies
fur des objets d’une utilité & d’une importance
réelle. Ainfi , l’efprit fe trouve habitue a l exercice
& à l’application; & entre cinquante doéteurs d une
é ru d itionp édantefque, U en fort tous les ans au moins
un petit nombre, qui, doués d’une- raifon famé, d un:
efprit jufte & méthodique , quelquefois d une ame
élevée & du génie des affaires , font propres a remplir
des fondions qui demandent le plus de fageile ,
de lumières, & de talents. ' t , ,
Qu’on fuppofe la même vigilance, la meme
fuite, la même activité dans des Écoles de Droit'
public, de Politique,.& d’Admimftration ; que pour
entrer dans les premiers emplois, on ait a lubir ,
dans ces Écoles, des examens auff; feveres que dans
les École.rdu Génie , de l’Artillerie', de la Manne,
& des Ponts & Chauffées; alors tous les talents d une
utilité importante, également bien cultives ..fourniront
avec abondance à tous les befoins de lE ta t,
On ne fera embarraffé du choix que par la foule
des hommes de mérite. Mais quand meme ce ferort
trop préfumer du génie de la Nation , ü feroil. vrat
du moins, comme partout ailleurs , qu îl.&ut femer
pour recueillir , & imiter les fleunffes de Hollande,,
qui, dans un champ couvert de tuiippes communes v
s’il V en a feulement quelques-unes de rares , te-
trouvent richement payés de la culture de leu r
champ. , »-
Encore un mot fur quelques defauts a corriger
dans nos Écoles. L’efprit de méthode & de fuite’,,
l’unité de principes-, la liaifon , Selaccord, necef-
faires dans le fyftême-d’une mftruâion progrefhve ,,
exigeroient que le même régent, attache aux memes
diîciples , les fuivît dans tous leurs degrés r mais h:
cela n’eft pas poflible , au moins doit-il y avoir ^
entre les maîtres qui fe fuccèdent une grande conformité
d’opinion, de goût , & dedoftnne; ce nu on
ne peut attendre que des hommes vivants enlembler
fous une même difcipline , & ron^rouve cet avan-
tage à confier l’infirudion à des Corps. ^
Dans rUniverfiïé de Paris on ^ y hipplee, autant :
que l’on peut, par l’attention à bien choifîr les- pro--
feffeurs ; mais à cette École fi floriffimte on reprodîe-
encore deux abus: l’un , de confumer en vacance^