
SÈ Â C C
é iè r par coutume, par habitude« IL f a u t clccoü-
tumer de bonne heure les enfants au travail. Son
père Vaccoutuma dès Venfance à garder le fecret.
Dans les prétérits qui fè forment avec l'auxiliaire
avoir, ce verbe a quelquefois le fèns a d if
& quelquefois le fèns paflif ; en forte qu'on peut le
regarder comme un verbe moyen, ainfi que ceux de
la langue grèque qui ont ces deux ufàges. ( Voyez
M o y en . )
Dans le fèns a d i f , il fîgnifie Former par coutume,
par habitude ; & i l fè joint au régime de la chofè
par la propofition à. Son père l'avoit accoutume' à
gm 1er le fecret , à une grande difcrétion y c’eft à
d ire , l’ a voit formé par coutume, par habitude , à &c.
Dans le fèns paflif, il fîgnifie Prendre la coutume
, l’habitude; & il fè joint au régime de la
chofe par la prépofîtion de. Son père avoit accoutumé
de Vinftruire par des exemples plus que
par, des préceptes y c’eft à dire, avoit pris la coutume
, l’habitude de, &c.
S'accoutumer, avec le pronom perfonnel, a aufli
le fèns paflif, & fîgnifie Se former ou Etre formé
par coutume, par habitude. Avec le temps on s'accoutume
à tout. Vous vous accoutumerez infen-
Jiblement à être fobre.
Accoutumé avec l’auxiliaire être eft aufli le paflif
du verbe accoutumer , & il exige, comme l’ad if,
la prépofîtion à. Etre accoutumé au travail, à
parler peu.
I l réfolte de là qu’il y a trois exprefîions différentes
pour énoncer en françois le fèns paflif du
verbe Accoutumer y fàvoir avoir accoutumé de,
être accoutumé à , & s'être accoutumé à : ces ex-
preffions font-elles entièrement fÿnonymes, ou bien
ont-elles des différences caradériftiques ? Voyez l ’article
fùivant. ( M . jB e a u z é e . )
(N.) AVOIR A CCOU TUMÉ D E , ÊTRE A C-
COU TUMÉ A , S’ÊTRE A CCO U TUM É A . Syn.
Le s deux premières exprefîions marquent Amplement
l ’ufàge ordinaire de la coutume qu’on a prifè ou de
l ’habitude qu’on a contradée ; la troifîème y ajoûte
l ’idée de l’influence ad iv e qu’on a eue dans le choix de
cette coutume ou dans la formation de cette habitude«
Avoir accoutumé de marque Amplement une cou-
turhe prifè , mais qu’on peut aifémenc foivre bu
ne pas fuivre. X a i accoutumé de me promener tous
les jours après diner; quand il pleut, je me distrais
de quelque autre manière.
Etre accoutumé à , marque une habitude contradée
, à laquelle il eff plus difficile de ne pas
Ce conformer. Je fuis accoutumé à dormir tous
les jours après diner; quand je ne peux faire ma
méridienne, il efl rare que je n’en reflènte quelque
incommodité. ( Voyez co utum e , h a b it u d e . )
S'être accoutumé à , peut marquer également la
coutume qu’on a prifè ou l ’habitude qu’on a contradée
; mais c’ e f t , dans l ’un & dans l’autre cas ,
fè donner foi-même comme caufè de l ’une ou de
Vautre, ce dont on fait abflradion dans les deux
a c c
premières phrafès. Je m'étois accoutumé à propofèr
mon avis dans la ’compagnie , fans montrer ni attache
ni chaleur ; quand j’ai vu qu’on abufoit de
ma modération, j’ai cru devoir me comporter autrement.
Quand on s'eft accoutumé à fàttsfaire fès
pallions, on en devient bientôt l’efolave, & tôt
ou tard la vidime. ( M . B eauzêe. )
(N.) ACCROIRE. V . adif. déf. Croire faufïèment
& fans un fondement fiiffifant.
Ce verbe n’eft ufîté qu’à l’infinitif, & toujours
après le verbe faire. On lui a fa it accroire qu'on
le fe r voit en cette occafon. Vous ne nous fere£
pas accroire votre prétendu mariage.
E n faire accroire, fans autre complément, A-
gnifie En impofèr , tromper.
S'en faire accroire, c’eft S’en orgueillir fàns fondement,
préfumer trop de foi-même, avoir de la
vanité.
Il eft ordinaire de donner Accroire pour un verbe
tieutre. Cependant Croire eft adif ; & Croire fauf-
fement & fans fondement fuffifatu ,' eft la véritable
définition à.'Accroire : on n’a , pour s’en convaincre,
qu’à la mettre à la place du défini dans les exemples
qu’on a cités. C’eft faute d’avoir défini ce verbe,
que les didionnaires l’ont déclaré neutre. {M*
E eauzé e. )
(N.) ACCROIRE ( f a ir e | , FAIRE CROIRE.
Ce s deux exprefîions Agnifient Déterminer la croyance
: mais Faire accroire, c’eft la déterminer fàns
fondement pourune chofè qui n’eft pas vraie ; & Faire
croire, c’eft Amplement déterminer la croyance,
avec abftradion de toute idée de fondement & de
vérité.
On ne peut faire accroire que le faux, ou ce
qu’on croit faux ; on peut faire croire également
le faux & le vrai.
C ’eft de propos délibéré qu'on fa it accroire un®
chofè; mais on peut la faire croire fàns l ’avoic
voulu.
Faire accroire ne peut s’attribuer qu’aux per-
fonnes, parce qu’il n’y a que les perfonnes qui puif-
fèntagir de propos délibéré &avec intention '. Faire
croire peut s’attribuer aux perfonnes & aux chofès,
parce que les perfonnes & les chofès peuvent également
déterminer la croyance , & que cette phrafè
fait abftradion de toute intention. Les perfonnes
font accroire le faux, les chofès le font croire faufo
fèment.
C ’eft toujdurs avec intention de tromper qu’on
fa it accroire à un autre ce qui eft ou que l’on
croit faux : au lieu qu’on peut être de bonne foi
en lui faifantcroire le faux, même volontairement;
parce qu’il foffk alors d’en être foi-même perfùadé.
Dans ce dernier cas, on eft trompé ; ce n’eft qu’un
malheur & une fuite de la foiblefle humaine : dan?
le premier cas, on eft trompeur ; c’eft une faute
& une violation du refped. qu’on doit à la vérité*
( M. JSeauzée. )
A C G
. * ACCUSATEUR , DÉNONCIATEUR ,
DÉ LATEU R. Syn. _ 1
Termes relatifs à une meme adion, faite p.ar
différents matifs ; celle de révéler à un fupé-
rienr une chofe dont il doit être cffenfé & qu il
doit punir. ( AJ D ïd e r o t . ) (f U accufateur, intérelfé comme partie ou comme
protedeur de la fociété c iv ile, pourfuit le criminel
devant le tribunal de la Juftice , pour le faire
punir. L e dénonciateur, zélé pour la lo i, revele
aux fopérleurs la faute cachee leur fait con-
noître le coupable : il n’eft point oblige a la preuve ;
c ’eft à ceux-là à faire ce qu’ils jugenir à propos ,
foit pour s’aflurer de la vérité foit pour, remédier
au mal. L e 'délateur, dangereux ennemi des
particuliers , rapporte tout ce qu’ils échappent dans
leurs difcpurs ou dans leurs adions de non conforme
aux ordres ou à l’efprit du miniftère public;
il fè mafque fouvent d’un faux air de confiance.
Il faut, pour fè porter accufateur, être très-
affûré du fait, en avoir des preuves fùffifàntes, &
prendre un grand intérêt à la punition. Dès qu on
a la moindre connoifîance d’une eonfpiration contre
l ’État ou contre le prince. on doit en être le dénonciateur
z autrement , orFeri devient le complice.
On regarde toujours le délateur comme un odieux
perfonnage, fùjet à donner une tournure de crime
aux chofès innocentés: les gens de cette efpèce ne
font guère en crédit que dans les gouvernements
foupçonneux & tyranniques. ) ( L'Abbé Girard. )
Un fèntirnent d’honneur, ou un mouvement rai-
fonnable de vengeance ou de quelqu’autre paffion,
fèmble être le motif de 1'accufateur ; l’attachement
févère à la lo i , celui du dénonciateur ; un dévouement
bas , " mercénaire , & fèrvile , ou une méchanceté
qui fè plaît à faire le mal fàns qu’il en
revienne aucun bien, celui du délateur. On eft
porté à croire, que Vaccufateur eft un homme irrité
; le dénonciateur, un homme indigné ; le délateur
, un homme vendu.
Quoique ces trois perfonnages foient également
©dieux aux yeux du peuple; il eft des occaftons
où le philofophe né peut s’empêcher d’approuver
Y accufateur, & de louer le dénonciateur : mais
le délateur lui paroît méprifàble dans toutes.
Il faudroit que 1*accufateur vainquît fà paffion ,
& quelquefois le préjugé, pour ne point accufèr;
au contraire, il a fallu que le dénonciateur fur—
montât le préjugé, pour dénoncer: on n’eft point
délateur, tant qu’on a dans l ’ame une ombre d’élévation
, d’honnêteté , de dignité. ( M . D id e r o t . )
^ * ACCUSATIF, C. m. terme de Grammaire ; c’eft
ainfi qu’on appelle le quatrième cas des noms dans
les langues qui ont des déclinaifons, c’eft à dire,
dans les langues dont les noms ont des terminai-
fons particulières deftinées à marquer differents rapports
ou vues particulières , .fous lefquelles l’efprit
confidère le même objet. ( M. du M ars aïs .)
I f Outre que cette définition n’apprend rien de IV
A C C 63
{âge de ce cas, ce que l’on doit forfout envifàger dans
les définitions techniques ; élle ne ïàuroit avoir qu’une
vérité verfàtile, & dépendante d’un fyftême où il
entre tçujours de l’arbitraire. Plufîeurs grammairiens
placent aujourd’hui le vocatif au fécond rang
ce qui recule Y accufatif?^ cinquième ; & ce fyftême
eft fondé en raifon. ( Voyez V o c a t if . ) On fait
d’ailleurs qu’il n’y a que deux cas dans le fuédois,
qu’il y en a quatre en allemand, cinq en grec ,
fix en latin, dix en arménien, quatorze dans la
langue lapone ; & en appréciant bien les chofès ,
on en trouvera peut-être une quarantaine dans le
bafque & dans le péruvien. Il s’enfuit donc encore
que l’on ne peut que mal définir les cas, en les
déterminant par le nombre ou par l ’ordre d’un fyftême
confidéré, ççmme univerfèl. Il faut, dans chaque
langue , les définir par leur ufàge propre. ) ( M.
Jj EAUZÉE. )
« Les cas ont été inventés, dit Varron, que
» celui qui parle puifîe faire connoître, ou qu’il
» appelle , ou qu’il donne , ou qu’il accufè 35. Sunt
deflmati cafits ut qui de altero diceret, dijlinguere
pojfet, quum vocaret, quum daret, quum accu-
f ir e t y fie alia quoedam diferimina quoe nos &
groeco,s ad declinandum duxerunt. Varro, I. de
Analogiâ.
Au refte les noms que l ’on a donnés aux differents
cas ne font tirés que de quelqu’un de leurs ufàges ,
& fur tout de l ’ufage le plus fréquent ; ce qui 11’em-
pêche pas qu’ils n’en ayent encore plufieurs autres,
& même de tout contraires : car on dit également
donner à quelqu'un, & ôter à quelqu'un , défendre
& accufer quelquun y ce qui a porté quelques grammairiens
( tel eft Scaliger ) à rejeter ces dénominations
, & à ne donner à chaque cas d’autre
nom que celui de premier fécond, & ainfi de fuite
jufqu’à l’ablatif, qu’ils appellent le fixième cas.
Mais il foffit d’obferver que l’ufàge des cas n’eft
pas reftreint à celui que leur dénomination énonce.
Te l eft un fèigneur qu’on appelle duc ou marquis
d'un tel endroit y il n’en eft pas moins comte ou
baron d'un autre. Ainfi, nous croyons que l ’on doit
confèrvercés anciennes dénominations, pourvu que
l’on explique les differents ufàges particuliers de
chaque cas,
L ’accufatif fut donc ainfi appelé , parce qu’il
forvoit à accufèr, accufare aliquem : mais 'donnons
à Accufèr la lignification de Déclarer, lignification
qu’il a même fouvent en françois, comme quand les
négociants difènt Accufèr la réception d'une lettre ;
& les joueurs.de piquet, Accufèr le point. En déterminant
enfoite les divers ufàges de ces cas , j ’en
trouve trois qu’il faut bien remarquer.
1. L a terminaifon de Y accufatif&rt à faire connoître
le mot qui marque le terme ou l’objet de
l’adion que le verbe fîgnifie. Auguftus yicit A n-
tonium, Augufte vainquit Antoine : Antonium efl
le terme de l’adion de vaincre ; ainfi , Antonium eft
à l’accufatif, & détermine l’adion de vaincre. Vocem
proedudit m tu s% dit Phèdre en parlant des gre