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F. R. à caufe de fon lupin monitum ; parce qu’elî
effet, il y a dans cette Conjugdifon un plus grand
ombre de verbes qui ont leur lupin terminé en
itum , qu’il n’y en a qui le terminent, comme
Lcgcre eft le paradigme de la troifième Conjugaifon
; & enfin Aiulire l’eft de la quatrième.
A ces quatre Conjugaifons des verbes latins, quelques
grammairiens pratiques en ajoûtent une cinquième
qu’ils appellent mixte, parce qu’elle èft
compofèe de la troifième & de la quatrième ; c’eft
celle des verbes en ere , ià ; ils lui donnent Acci-
pere , accipio pour paradigme : il y à en effet dans
ces verbes des termihaifons qui lùivent legere , &
d’autres audire. On dit audio r , audiris, ‘ au lieu
qu’on dit accipior, acciperis, comme legeris , &
l ’on d it, açcipiuntur, comme audiuntur, &c.
Ceux des verbes latins qui fervent quelqu’un de
ces paradigmes font dits être réguliers , & ceux
qui ont des terminaifons particulières , font appelés
anomaux, c’eft à dire , irréguliers ( R. a privat
if , & vofcls, règle, ) commsfiro, fers, f in ; yolo,
vis, vult, &c, on en fait des liftes particulières
dans les rudiments ; d’autres font feulement défectifs,
c ’eft à dire qu’ils manquent ou de prétérit, ou de
lupin , ou de quelque mode, ou de quelque temps,
ou de quelque perfonne , comme oportet, poenitet,
pluit, &c.
XJn très-grand nombre de verbes s’écartent de
leur paradigme, ou à leur prétérit, ou à leur lupin
; mais ils confèrvent toujours l’analogie latine ;
par exemple fonare fait au prétérit fonui , plus tôt
que fonavi j dare fait decLi , & non pas davi, &c.
On fe contente d’obforver ces différences , fans pour
cela regarder ces verbes comme des verbes anomaux.
Au refte ces irrégularités apparentes viennent
de ce que les grammairiens n’ont pas rapporté ces
prétérits à leur véritable origine ; car fonui vient
de fonere, de la troifième Conjugaifon, & non
de fonare : dedi eftune fÿncope de -dedidi, prétérit
de dedere. Tuli, latum, ne viennent point de
fera. Tuli qu’on prononçoit touli, vient de tollo ;
fujluli vient de fujlula ; & latum vient de txUu par
fyncope de txXiiu fuffero , fuftineo.
L’auteur de Novitius dit que latum vient du
préîèndu verbe inufité , lare, lo , mais il n’en rapporte
aucune autorité. Voye\ Voffius,^ Art.gramm.
tom. II. pag. 150. __
C’eft ainfi que fui ne vient pas du verbe fum ;
nous avons de pareilles pratiques en françois : je
vais, fai été, f irai, ne viennent point $ aller.
Le premier vient de vadere, le fécond de l’italien
jlüto, & le troifième du latin ire,
S’il eût été poflible que les langues euflènt été
le réfultat d’une aflemblée générale de la nation ,
& qu’a près bien des di (enflions & des raifonnements,
les philofophes y euflènt été écoutés & euflènt eu
voix délibérative ; il eft vraifemblable qu’il y au-
roit eu plus d’uniformité dans les langues : il n’y
suroit e u , par exemple, qu’une feule Conjugué
c o N
f o n St un fèùl paradigme , pour tous les verbes d unes
langue. Mais comme les langues n’ont ete formée^
que par une forte de Mctaphylique d mftiriâ &^de
fentimenc, s’il eft permis de parler ainfi; il n eft
pas étonnant qu’oa n’y trouve pas une analogie
bien exaâe , & qu’il y ait des irrégularités^: par
exemple, nous défignons la même vue de 1 efprit
par plus d’une manière, foit que la nature des lettres
radicales qui forment le mot amène cette différence
, ou par la feule raifbn du caprice & d un
Ùfàge aveugle ; ainfi , nous marquons la premier-e
perfonne au fingulier, quand nous difons j aime ;
nous défignons aufli cette première perfonne eh difant
je finis, ou bien je reçois, ou je prens , Scc. Ce
font ces différentes-fortes de terminaifons auxquelles
les verbes font aflujettis dans une langue, qui font
les différentes Conjugaifons, comme nous l avons
déjà obfervé. Il y a des langues ou les differentes
vues de Fefprit font marquées par des particules ,
dont les unes précèdent & d’autres fiiivent les radicales
: qu’importe comment, pourvu que les vues
de l’efprit fbient diftinguées avec nettete, & que
l’on apprenne par ufàge à connoitre les lignes de
ces diftinâions. • Ty
Parmi les auteurs qui ont compefé des Grammaires
pour la langue hébraïque , les uns comptent
fèpt Conjugaifons, d’autres huit : Mafclef n’en
veut que cinq, & il ajoute qu’à parler exactement,
ces cinq devroient être réduites à trois. Quinque
illae, accuratè loquendo , ad très ejfent reduccndoe.
Gramm. hebraïc. chr jv. n. 4. p . yp.çdic. z.
Nous nous contenterons d’obferver ici que les verbes
hébreux ont voix aâive & voix paflive. Ils
ont deux nombres, le fingulier & le pluriel ; ils
ont trois perfbnnes , & en conjuguant on commence
par la troifième perfonne , parce que les
deux autres font formées de c e lle - la pari-addition
de quelques lettres.
En hébreu, les verbes ont trois genres comme
les noms -, le genre mafculin, le féminin, & le
genre commun ; enforte que l’on connoxt par la
terminaifon du verbe , fi 1 on parle d un nom maf—
eu lin , ou d’un nom féminin : mais dans tous lesr
temps la première perfonne eft toujours du genre
commun. Au refte les hébreux n’ont point de genre
neutre ; mais lçrfque la même terminaifon fort également
pour le mafculin ou pour le féminin , on
dit que le mot eft du genre commun : c’eft ainfi
que l’on dit en latin , hiç ado Ufcens, ce jeune homme
, & heee adolefiens, cette jeune fille ; civis bonus,
bon citoyen, & civis bona bonne citoyenne ; &
c’eft ainfi que nous difbns, fage, utile, fidèle ,
tant/ au mafculin qu’au féminin : on ppurroit dire
auffi que dans les' autres langues , telles que le
grec, le latin, le françois, Uc. toutes les terminaifons
des verbes dans les temps énoncés, par un
foui mot font du genre commun ; C© qui ne figni-
fieroit autre chofo fînon qu’on (è fort egalement de
chacune de ces terminaifons, (bit qu on parle d u*
nom mafculin qu d’un nom féminin.
Le«
Les grecs ont trois efpèces dés verbes paf rapport
à la Conjugaifon; chaque verbe eft rapporté
a fon efpèce fuivant la terminaifon du thème. On
appelle thème, en terme de Grammaire grèque,
la première perfonne du préfont de l’indicatif. Ce
mot vient de TiB-tjfci, pono, parce que c eft de cette
première perfonne que l’on forme les autres temps ; j
ainfi , l’on pofo d’abord, pour ainfi dire, ce préfent, ;
afin de parvenir aux formations regulieres des autres
temps. n
La première efpèce de Conjugaifon en celle
des verbes que l’on appelle barytons , de pufa,
grave , & de tIvoç , ton , aedent, parce que ces
verbes étoient prononcés avec 1 accent grave for la
dernière fyllabe ; & quoiqu’aujourdhui cet accent
ne fo marque point, on les appelle pourtant toujours
barytons : rètva ytendo , Tviria, verbero, font
des verbes barytons• z. La focohde forte de Conjugaifon eft celle
des verbes circonflexes : ce font des verbes barytons
qui fouffrent contraction en quelques-unes de
leurs terminaifons, & alors ils font marqués d’un i
accent circonflexe ; par exemple, otyanrhu, amo, eft
le baryton, & ctycnra, le circonflexe.
Les baryrons & les circonflexes font également
terminés en a à la première perfonne du préfont
de l’indicàtif.
3. La troifième efpèce de verbes grecs, eft celle
des verbes en [■u , parce qu en effet ils font terminés
en pi *, ùpt, fum.
Il y a fix Conjugaifons des verbes barytons;
elles ne font diftinguées entre elles que parles lettres
qui précèdent la terminaifon.
On diftingue trois Conjugaifons de verbes cir- -
conflexes : la première eft des barytons en ; la
féconde, de ceux en eta ; & la troifieme, de ceux en
«a : ces trois fortes de verbes deviennent circonflexes
par la contraction en 2.
On diftingue quatre Conjugaifons des verbes en
p i ; & ces quatre jointes à celles des verbes barytons
& à celles des circonflexes , cela fait treize
Conjugaifons dans les verbes grecs.
Tel eft le fyftême commun' des grammairiens ;
mais la Méthode de P. R. réduit ces treize Conjugaifons
à deux. L ’une des verbes en a qu elle
divifo en deux efpèces: 1. celle dès verbes qui fo
conjuguent fans contraction, & ce font les barytons
; z. celle de ceux qui font conjugués^ avec contraction
, & alors ils font appelés circonflexes.
L’autre Conjugaifon des verbes grecs eft celle des
verbes en pi•
Il y a quatre obforvatlons à faire pour bien conjuguer
les verbes grecs : 1. Il faut obforver la terminaifon.
Cette terminaifon eft marquée, ou par une
fimple lettre, ou par plus d’une lettre.
z. La figurative, c’eft à dire, la lettre qui précède
la terminaifon : on l ’appelle aufli caraclérifiique ou
lettre de marque. On doit faire une attention particulière
à cette lettre, i. au préfont, i.a u prétérit parfait,
& 3. au futur de l’indicatif aftif ; parce que c’eft de ces
Craum, e t Littérat» Tome I, Partie II,
trois temps que les autres font formés. La fubdi-
vifion des Conjugaifons , & la diftin&ion des temps
des verbes, fo tire de cette figurative ou earaéié-.
rijiique, _ vJ
3. La v o y e lle , ou la diphthongue qui précédé
la terminaifon.
4. Enfin, il faut obforver l'augment. Les lettres
que l ’on ajoûte avant la première fyllabe du thème
du verbe, ou le changement qui fe fait au commencement
du verbe, lorfqu’pn change une brève
en une longue , eft ce qu’on appelle Augment ;
ainfi, il y a deux fortesd’augment. 1. L’augment
fyllabique fo fait en certains temps j des verbes
qui commencent par une confonne : par exemple ,
tuttIu , verbero, eft le thème fans augment ; mais
dans ËTüîTÔov, verberabam , ï eft l’augment fÿlla- •
bique, qui ajoûte une fyllabe de plus à iMai.
z. L’augment temporel fo fa it. dans les verbes
qui commencent par une voyelle brève, que 1 oa
change en une longue: par exemple, if60 , traho,
Jipvav, trah'ebam.
Ainfi, non feulement les verbes grecs ont dester-
minaifons différentes , comme les verbes latins ; mais
de plus ils ont l’augment, qui fo fait en certains temps
& au commencement du mot.
Voilà une première différence entre les verbes
grecs & les verbèsrlatins. Voye\ A u g m e n t . ^
2 . Les grecs ont un mode de plus; c eft I optatif,
qui en grec a des terminaifons particulières,
différentes descelles du fùbjonétif : ce qui n eft pas
en latin. 1 ' y
3. Les verbes grecs ont le duel, au lieu qu ett
latin ce nombre eft confondu avec le pluriel. Les
i grecs ont un plus grand nombre de temps ; ils ont
deux aoriftes, deux-futurs, & un paulo-poft-futur
dans le fons paffif, à quoi les latins fuppléent par
des adverbes.
4. Enfin les grecs n’ont ni fopins ni gérondifs
proprement dits ; mais ils en font bien dédommagés
par* les différentes terminaifons de l’infinitif, &
par les différents participés. Il y a un infinitif pour
le temps préfont, un autre pour un futur premier ,
un autre pour le futur fécond , un pour le premier
aôrifte, un pour le fécond, un pour le prétérit parfait
; enfin il y en a un pour le paulo-poft-futur ;
& de plus il y a autant de participes particuliers
pour chacun de ces temps-là.
Dans la langue allemande, tous les verbes font
terminés en en à l’infinitif, fi vous en exceptez
feyn , être , dont Ve fo confond avec l’y .Cette uniformité
de terminaifon des verbes à l’infinitif, a
fait dire aux grammairiens, qu’il n’y avoit qu’une
foule Conjugaifon en allemand ; ainfi , il fuffie de
bien (avoir le paradigme ou modèle fur lequel on
conjugue à la voix aâive tous les verbes réguliers
, & cé paradigme , c’eft liebenaimer ; car
telle eft la deftination des verbes qui expriment ce
j fentiment, de férvir de paradigme en prefque toutes
I les langues : on doit enfùite avoir des liftes de tous
I les irreguliers,
Nnn