
nées, des contradictions ; mais où (ont les bons A u -
teurs qui n’ayent pas 'été cenforés.
Nous -terminerons cet article par un paflàge de la
Bruyère , que les gens de Lettres & ceux qui dédaignent
leurs travaux ne devroient pas perdre de vue :
» Si les pensées , les livres & les Auteurs dépen-
» doient des riches & de ceux qui ont fait une belle
» fortune, quelle profoription ! quel ton, quel afeen-
» dant ne prennent-iis pas fur les lavants! quelle
» majefté n’obfervent-ils pas à l’égard de ces hommes
» chétifs, que leur mérite n’a ni placés ni enrichis ,
» & qui'en font encore à penfor & à écrire judicieu-
» foment. Il faut l’avouer : le préfont eft pour les
*> riches, & l’avenir pour les vertueux & les habiles.
» Homère eft encore & fera toujours. Les receveurs
3» de droits, les publicains ne font plus. Ont-ils été ^
» leur patrie , leurs noms font-iis connus? Y a-t-il
» eu dans la Grèce des partions ? Que font devenus
» ces importants perfonnages qui méprifoient Homè-
» re v qui ne fongeoient dans la place qu’à l ’éviter ;
» qui ne lui rendoient pas le fâlut, ou qui le fà-
» luoient par fon nom; qui ne daignoient pas l’ad-
x» mettre à leur table ; qui le regardoient enfin
» comme un homme qui n’étoit pas riche & qui fai-
» foit un livre ? Que deviendront les Fauconnets ?
» iront-ils auftï loin dans la poftérité que JDefcartes,
» né françois & mort en Suède? ce ( V oltaire. )
AU TO G R A PH E , C. m. Grammaire. Ce mot eft
composé de «u7or, ipfe, & de ypatpa ,fcribo. U A u tographe
eft donc un ouvrage écrit de la main de
celui qui l’a composé, ab ipfo autore J'criptum :
comme fi nous avions les épitres de Cicéron en
original. Ce mot eft un terme dogmatique : une
perfonne du monde ne dira pas ; J’ai vu chez M. le
C . P. les Autographes des lettres de Mde de Sé vigne,
au lieu de dire les originaux, les lettres mêmes
écrites de la main de cette dame. ( M, du M ars a i s S)
* A U T O R IT É , POUVOIR , EMPIRE. Syn.
Il n’eft pas ici queftion da toute l’étendue du
fens de ces mots, tel qu’eft, par exemple, celui
dans lequel on les applique aux fouverains & aux
magiftrats ; mais feulement du fens qui marque en
général ce qu’on peut fur l’efprit des autres. Cela
bien démélé, voici ce que je penfe fur leurs différences.
Autorité laiffe plus de liberté dans le choix.
L e Pouvoir paroît avoir plus de force. U Empire
eft plus abfolu.
La fùpériorité du rang & de la raïfon donnent
de VAutorité : c’eft ordinairement par la perfoa-
.fion qu’elle agît ; fes manières font engageantes, &
nous déterminent en faveur de ce qui nous eft
proposé. L ’attachement pour les perfonnes contribue
beaucoup au Pouvoir qu’elles ont fur nous :
c’eft par des inftances qu’il obtient; fon aétion eft
prenante , & fait que nous nous rendons à ce qu’on
délire de nous. L ’art de trouver & de feifîr le
Toible des hommes forme Vpmpire qu’on prend
fur eux : c’eft par un .ton affe&é qu’il réuffit; Cet
aris font tantôt fouples, tantôt impérieux , & toujours
propres à foumettre nos idées à celles qu’on
veut nous infinuer.
L ’Autorité qu’on a for les autres vient toujours
de quelque mérite , foit d’efprit, de naiffance , ou
d’état ; elle fait honneur. Le Pouvoir vient pour
l ’ordinaire de quelque liaifon , foit de coeur ou
d’intêrêt, il augmente le crédit. L ’Empire vient
d’un afeendant de domination , arrogé avec art »
ou cédé par imbécillité ; il donne quelquefois du
ridicule.
C ’eft à un ami fege & éclairé que nous devons
donner quelque Autorité & quelque Pouvoir for
notre efprit : mais nous devons nous défendre de
tout Empire autre que ceLui de la raifon. Les-
hommes cependant font fou vent le contraire : ils-
regardent les avertiffements que l’honneur & la-
probité forcent un véritable ami à leur donner ,
comme une Autorité odieufe qu’il affède, ou
comme un Pouvoir qu’il s’arroge mal à propos
au préjudice de leur liberté ; tandis qu’ils fe livrent
à \Empire d’un flatteur étourdi , quelquefois d’un
valet, & fouvent d’une maîtreffe emportée, qui leur
fait embraflèr avec effronterie le parti de l’injuf-
tice & foivre opiniâtrément les routes de l’iniquité.
( L ’abbé G ir a r d , )
* AUTORITÉ , POUVOIR , PUISSANCE.
Synonymes,
Il fe trouve, dans le mot d’Autorité, une énergie
propre à faire fentir un droit d’adminiftration civile
ou politique. Il y a , dans le mot de Pouvoir 9 un
rapport particulier à l’exécution fubalterne des ordres-
fopérieurs. Le mot de Puifance renferme , dans fe.
valeur, un droit & une force de domination.
Ce font les lois qui donnent l’Autorité ; elle y
puife toute fe force. Le Pouvoir eft communiqué
I par ceux qui, étant dépofîtaires des lois, font char-
I gés de leur exécution ; par conséquent il eft fu-
bordonné à VAutorité. La Puijfance vient du con-
fentement des peuples ou de la force des armes y
elle eft ou légitime ou tyrannique.
On eft heureux de vivre fous l ’Autorité d’un
prince qui aime la juftice, dont les miniftres ne.
s’arrogent pas un Pouvoir au delà de ce qu’il leur
donne, & qui regarde le zèle & l’amour de fes
fojets comme les vrais fondements de fe Puijfance.
i l n’y a point d’Autorité fens lois- : & il n’y a
point de loi qui donne ni même qui puiiïè donner
à un homme une Autorité fans bornes fur d’autres
hommes ; parce qu’ils ne font pas abfolument les
maîtres d’eux-mêmes , pour prendre ni pour céder
une telle Autorité ,* le Créateur & la nature ayant
toujours un droit impreferiptible, qui rend nul tout
ce qui fe fait à leur préjudice': il n’y a donc pas
d’Autorité plus authentique ni mieux fondée que
celle qui a des bornes connues & preferites par les
lois qui l’ont établie ; celle qui -ne veut point de
bornes fe mec au defïiis des lois, par conséquent
| § f |
k U T
ïélfe d'être Autorité & dégénère en ufurpatfotl fuf
là liberté & fur les droits de la Divinité. Le Pouvoir
de ceux qui ont y Autorité en main, n’efl & ne peut
jamais être exactement égal à la jufte etendue de
leur Autorité; il eft ordinairement plus ^rand que
le droit qu’ils ont d’en ufer; c’eft la modération ou
l ’excès dans l’ufegë de ce Pouvoir, qui les rend
pères ou tyrans des peuples. Il n’y a point de
Puijfance légitime, qui ne doive être foumife a
celle de Dieu , & tempérée par des conventions
tacites ou formelles entre le prince & la nation :
c’eft pourquoi S. Paul d it, que toute Puifance qui
vient de Dieu eft une Puijfance réglée, ou, comme
d’autres interprètent ce paüage, que tou te Puijfance
eft réglée par celle de Dieu ; car il feroit honteux
de foutenir, que S. Paul a prétendu là autorifee &
rendre légitime toute forte de Puijfance ; cela ne
pouvoit pas tomber ■ dans la penfee d un homme
raifonnable & d’un homme chrétien, g a qui 1 iQee
de la Puijfance injufte de l’Antechrift etoit prefonte
& familière. .
Une Autorité foibîe , qui manque de vigueur ,
s’expofe à être méprifêe; il eft également dangereux
de n’en pas' ufer dans l’occafion comme d’en abufer.
Un Pouvoir aveugle, qui agit contre l ’equite , devient
odieux & prépare lui-même les juftes caufes
de fe ruine. Une Puijfance jaloufe, qui ne fbuffre
point de compagne, fe rend formidable, reveille
l ’ardeur de fes ennemis, & prend par là le chemin
de fe décadence; , , •
Je remarque particulièrement. dans 1 idee d A u torité
^ quelque chofe de jufte & de refpeétable ;
, dans l ’idée de Pouvoir, quelque chofe de fort &
d’agiffant ; & dans l’idée de Puijfance , quelque
chofe de grand & d'élevé.
Il n’y à que Dieu qui ait une Autorité fens
bornes, conime il n’y a que lui qui ait un Pouvoir
infini, & qu’il n’y a de Puijfance abfolument fou-
yeraîne & indépendante que la fîenne.
La Nature n’a établi entre les hommes d autre
Autorité que.celle des pères for leurs enfants;
toutes les. autres viennent du droit pofitif: & elle a
même preferit des bornes à celle-là, foit par rapport
à l’objet, foit par rapport à la durée ; car
\’Autorité paternelle ne s’étend qu’à l’éducation
& non à la deftruétion, quelle qu’ait été & foit
encore la pratique de quelques peuples ; & cette
Autorité celle dès que l’âge met les enfants en.
état de fevoir ufer de la liberté, je ne crois pas
qu’une raifon pure & fïrnple, entièrement dénuée
du fecours des paffions, ait un grand Pouvoir for
la conduite ni for les adions de l’homme ; parce
qu’il me femble que le Pouvoir de la raifon n’eft
établi & n’agit effectivement que pour balancer le
Pouvoir des pallions entre elles, & faire que la plus
avantageufe dans l’ocGurrence l’emporte for les
autres: ainfi, le Pouvoir des paffions eft le véritable
reflort qui nous fait agir ; & qui nous détermine
pour le bien comme pour le mal; & le Pouvoir
de Ja raifon eft un contrepoids, qui fort à mettre
G ramm. e t I a t t ë r a t « Tome J.
K U X 2 % l
jétt 6U â réprimer à.propos tantôt I*un tantôt
l’autre de ces différents; rélforts qui font dans notre
être pour le remuer, le pouffer vers les objets, le
rendre fenfible ‘aux peines & aux plaifîrs, & en
faire un être véritablement vivant: les pallions font
donc vivre ; mais la raifon fait vivre comme il faut
pour fon honneur & pour fon avantage. Ce n elt
pas feulement par la difpofîtion des lois civiles, que
le mariage met la femme feus la Puijfance de
l’homme; le différent partage que la Nature a tait
de fes dons entre les deux fexes, eft encore la eau e
& le fondement de la Puifance du mari fur la
femme : car enfin les grâces & la beaute n ont droit
que for le coeur, elles en méritent fens-doute 1 attachement;
mais la Puifance eft toujours l’apanage
de la force & de la fageffe de l’efprit. ( L abbe
G ir a rd .)
(N.) AUXÊSE , C. f. Ce nom vient du grec
av^<riç, incrementum : il eft employé par les rhéteurs
anciens , & même par quelques modernes ,
pour défîgner la figure.que nous nommons Excige-%
ration. Voye\ ce mot. ( M. E eauzée.)
A U X IL IA IR E , ad}. Gramm. Ce mot vient du
latin AuxUiaris, & fignifie qui vient au fecoursv
En terme de Grammaire, on appelle verbes auxiliaires
le verbe Être & le verbe A v o ir , parce qu ils
aident à conjuguer certains temps dés autres verbes ;
& ces temps font appelles temps compofes.
Il y a dans les verbes des temps qu’on appelle
fimples: c’eft lorfque la valeur du verbe eft enon-
cée en un feul mot \ j ’aime, f aimois^f aimerai,^ &c.
Il y a encore les temps compofes , j ai aime 9
j ’avois aimé, j ’auroïs aimé, &c. ces temps font
énoncés en deux mots.
Il y a même des temps doublement compofes ,
qu’on appelle SurçompoJ'es : c’eft lorfque le verbe
eft énoncé par trois mots ; quand il a eu dîne ,
ƒ aurois été aimé, &c. _ „
Plufîeurs de ces temps qui font compofes ou lur-
' compofes en françois , font fimples en latin, for
tout à l’aftif ; amavi , j’ai aime, &c. Le françois.n a
point de temps fimples au paffif; il en eft de meme
en efoagnol, en italien , en allemand, & dans plufîeurs
autres langues vulgaires. Ainfî , quoiqu on
dife en latin, en un feul mot , arnor , amans,
amatur , on dit en françois, je fuis aime, &c. en
efoagnol, foy amado, je fois aime ; eres amado ,
tu es aimé ; es amado , il eft aime, &c. en italien ,
fono amato, fe i amato, è amato.
Les verbes paffifs des latins ne font compofes
qu’aux prétérits, & aux autres temps qui fe forment
du participe paiïé ; amatus fum vel fu i 9 ) ai ete
aimé; amatus ero vel fuero , j’aurai été aime: on
dit auffi à l ’aétif, amatum ire, qu’il aimera ou qu il
doit aimer ; & au paffif, amatum i r i , qu il fera ou
qu’il doit être aimé ; amatum eft alors un nom
indéclinable , ire ou iri'ad amatum. Voye\ S u p in .
, Cependant on ne s’eft point avile en latin ae
* N u