
tà ABÊ
* Viendrait enfùite une table qui c@ntiend.roli par
ordre toutes les combinaifons de deux chiffres : 1 1 ,
1 1 , 1 3 , &c. i 1 , u , 23 , &c. 3 1 , 3 2 , 33 & c .
Enfùite une table où les chiffres fèroient combinés
par trois , un zéro entre deux: 101 , 102 ,
103 &c. 2 0 1 ,2 0 2 203 , &c, 3 0 1 ,3 0 2 ,3 0 3 , &c.
une autre table pareille où le zéro fèroit à droite : 1 10 ,
.3 2 0 I 3 0 , &C. 2 1Ô , 2 2 0 , 230 , &C. 3 IO , 3 20 ,
3 3 0 , &c. Enfin une table de plusieurs nombres com-
pofés de {rois chiffres pofitifs : n i , 127 , 1 3 1 ,
&c. 212 , 2 2 9 , 234 , &6\ 316 , 321 , 338 , &c.
Pour les nombres exprimés par plus de trois
chiffres , il faut préparer une table où les chiffres
feront partagés de trois en trois; ne pas mettre
plus de neuf chiffres aux nombres les plus grands ,
parce que les livres ordinaires n’en préfèntent point
qui paflent les centaines de millions ; mettre dans
cette table quelques nombres en quatre chiffres,
d’autres en cin q, d’autres en fix * fèp t , h u it , ou
jieuf; avoir foin dans chaque efpèce d’avoir des
exemples entièrement en chiffres pofitifs, & d’autres
mêlés de z é ro s , tantôt à la .droite, tantôt à la
g au ch e , & tantôt au milieu des ternaires; placer
au haut le nom propre à chaque ternaire ; & lai lier
aux maîtres l ’explication détaillée de ce mécha-
iufine de la numération fur la table même. Exemple :
Millions. Milles. Ünités.
3
4 *
5 1 0
I
2 0
< % 7
9 4 2
oyo
8 0 7
P 2 7
4 0 9
1% 3
0 1 4 .
4 6 0
Quant à la numération en chiffres romains , il
faut un tableau, qui fur une première colonne verticale
contienne les lettres numérales I , V , X , L ,
C , D , M ; fur une féconde colonne verticale 8c
parallèle, les valeurs de ces lettres numérales en
chiffres romains, 1 , 5 , 10, 5 0 ,1 0 0 ,5 0 0 , 1000 ;
& fur une troifième, les noms de ces nombres en
toutes lettres.
A la fuite de ce tableau une remarque, qu’il
faut diminuer fur la valeur d’un grand chiffre celle
d’un plus petit qui le précède à gauche ; exemples :
IV , cinq mois un , 4 I X , dix moins un , p ;
X L , cinquante moins dix , 40 ; X C , cent moins
d ix , po.
On peut enfùite propofér cinq ou fix exemples
de plufieurs lettres réunies , dont quelques
uns auront la même lettre répétée plufieurs
fois de fuite.
Fiftifîbns cet article par une réflexion : e’eft qu’un
Abécé bien conçu & bien exécuté dans fou détail,
eff un ouvrage d’autant plus digne d’un citoyen
vraiment philofophe, que ie Public m|me qu’il
A B E
fèrviroit lui en tiendroit moins de compte ; parce
qu’en effet ce petit ouvrage p lu s habet operis quant
oftentationis. ( Quintil. Inftit. î,.jv . ) ( M . Me a u ->
z é e . )
ABÉCÉDAIRE , adj. dérivé du nom des quatre
premières lettres de l’alphabet, A , B , C , D. Il
fè dit des ouvrages & des perfonnes. M. Dumias,
inventeur du bureau typographique , a fait des
livres abécédaires fort utiles , c’eft à dire , des
livres qui traitent des lettres par rapport à la Lecture
, & qui apprennent à lire avec facilité & cor-
redement.
Abécédaire eft différent d’Alphabétique» Abécédaire
a rapport au fond de la chofé , au lieu
qu’Alphabétique fé dit par rapport à l ’ordre. Les
didionnaires font difpofés félon l ’ordre alphabétique ,
& ne font pas pour cela des ouvrages abécédaires.
Il y a en hébreu despféaumes, des lamenta^
tions, & des cantiques, dont les verfets font distribués
par ordre alphabétique ; mais je ne Crois
pas qu’on doive pour cela les appeler des ouvrages
abécédaires.
Abécédaire fe dif'aufli d’une perfonne qui n’eft
encore qu’à Yabécé. Ceft un docteur abécé-
-daire, c’eft-à-dire, qui commence , qui n’eft pas
encore bien fàvant. On appelle aufli abécédaires
les perfonnes qui montrent à lire. Ce mot n’eft pas
fort ufîté ( M. d u M ars Ai s , )
(N. ) ABEILLES. ( Mythologie. ])
On peut, au premier coup d’oe il, être fürpris de
trouver ceï- article dans un didionnaire de Littérature
; mais on va voir qü’il appartient à l’hiftoire de
la poéfîe ancienne , comme à l’hiftoire naturelle.
U Abeille n’eft pour nous qu’une mouche induf-
trieufé à qui nous devons une prodüdion de commerce,
& un aliment dont on ne fait plus guère
tifàge. Chez les grecs c’étoit un animai précieux &
facré , à qui les hommes dévoient en grande partie
leur civilifation & l ’adouciiïèment de leurs moeurs.
Les Mytologues nous apprennent que la nymphe
Méliflà, ayant découvert des rayons de miel & appris
aux hommes l’ufage de cet aliment délicieux, abolit
parmi eux les maffacres & l ’ufage horrible de
manger les cadavres.
lues Abeilles furent appelées en grecMélijfdi du
nom de cette nymphe, qui, étant devenue depuis
prétrèjfe de Cérès * donna auffi fon nom à toutes les
- prétreffes, non féulement de Gérés , mais même des
autres divinités. ( Voyez le Pïndare de Schmid ,
Pithyq. IV. note G. 10.) Il eft aifé de reconnoître
dans ces traditions fabuleufés la trace de cet efprit
allégorique, qui, chez les anciens peuples & chez
les grecs fur tout, défigurait & embelliiïoit à la fois
les premiers faits de l’hiftoire du genre humain.
Si l’on obférve fans prévention l ’état des différents
peuples fàuvages , que l’hiftoire & les voyages nous
ont fait ponnoitre , on verra que leur cara&ère géné-
raj ft leurs moeurs tiennent effentiellement à la facé»
A B E
fité plus 8Ü nloîtlS grande de pourvoir à lent îub-
fiitance. Prevue toutes leurs guerres ont pour origine
des empiètements de territoire ou de chafle ; & U y a
lieu de croire que l’anthropophagie n’a d’autre principe
que la rareté des fiibfifonces. Cette horrible
coutume ne fe retrouve point dans lés pays ou la
nature fournit aux hommes une nourriture abondante
8c facile. „ ,
La découverte d’un aliment nouveau eit donc un
grand évènement dans les peuplades nailTantes. On
conçoit comment il put fervit à adoucir les moeurs
de ces premières fociétés ; & fi 1 on fe rappelle que
les grecs ont confacré par la religion toutes les
découvertes qui ont procure aux hommes des aliments
nouveaux ou plus agréables , la fable de
Méllffa s’explique aifément. Il étoit naturel de faire
de cette nymphe la pretreile de Ceres : l.art de tirer
le miel de la ruche eft lié & fubojdonné à l’art de
l ’agriculture, dont Cérès étoit la déeflë.
Quelques, auteurs anciens difent que MélilTa étoit
four d’Amalthée , & que toutes deux filles d’un roi
de Crete, furent les nourrices de Jupiter. D’autres
auteurs difent qu’Amalthée étoit le nom d’une chevre.
Ces traits rapprochés nous apprennent que J upiter
fut nourri avec du lait & du miel ; & c’étoit, à ce qu’il
paraît, la manière ordinaire de nourrir les enfonts
dans la Grè ce . .
. Les Abeilles étoient contactées a Appolkin ; on
prétend que'le fécond temple de Delphes fut leur
ouvrage. Il eft vrai que ce temple etoit portatif ;
mais on ne devine guère ce que les anciens ont
voulu foire entendre par cette fable.
Les éphéfîens fè difôient defeendus d une colonie •
d’athéniens ., conduite par les mufes elles-mêmes
fous la, forme d Abeilles. De là les figuras d’Abeilles
qu’on trouvoit dans les anciennes médailles d Éphèfè.
Varron les appelle les oifeaux des Mufes : (Mu -
Jdrum volucres. ) „ . .
O n voit par tous ces traits combien cet animal
.étoit intérefiant chez les anciens , & fur tout cher
au x poètes. - , -• ‘ 5 - .
L a Grèce produifoit & produit encore un miel
•exquis, d’une faveur délicieufè , & d’une odeur embaumée.
On conçoit auffi combien avant 1 ufàge du
fiicre cet aliment devoit être précieux.
V Abeille & fon miel fourniflbient aux potées une
multitude d’allufîons , de comparaifons, & d images
qui nous plaifènt encore, quoique les rapports les
plus piquants en fbient perdus pour nous.
Si Homère veut peindre l’éloquence perfuafive de
Neftor , il dit que fe s paroles découlent^ de fe s lèvres
comme le miel. Il eft vrai que le poète dit ailleurs que
la vengeance efl plus douce que le miel. _
On avoit vu des Abeilles aépofer leur miel fur les
lèvres de Platon au berceau.
Pindare enfant, expofé par fes parents fur des
branches de myrthe , fut nourri par des Abeilles,
dont il fùçoit le miel au défaut de lait.
On a dit la même chofe du poète Daphnis & de
plufieurs autres grands poètes.
ABE
Xênophon fut appelé X A b e ille , pour la douceur
& la grâce de fon ftyle.
Les mots grecs ^ A/^pW, fteArt) , font appliquer
fans ceffe à tout ce qui eft doux & fùave. Les grecs
les eiïiployoient même pour défigner la douceur &
la pofitèffe des moeurs. .
11 eft vraîfèmblable que le mot^gAo? , qui fignifie
le chant appliqué à la parole , eft dérive de ptAi ,
miel. . . .
Les Romains qui fouvent tranfportoient, par imitation
, dans leur langue, des mots^grecs dont les
rapports moraux n’exiftoient pas pour eux , ont employé
dans le même fèns, niellifluus, &c.
On voit dans les comédies de Plaute, que les
expreffions mel meus, mellicula me a , etoient^ des
expreffions de tendreffe qu'un amant adreffoit à
fa maitreffe, & auffi familières que celle de mon
coeur parmi nous, & ben mur chez les italiens.
Le mot françois m ie lleu x , qui répond à^ ceux
de en g re c , loin de ^éveiller des idees ou
des fenfàtions auffi agréables , ne^ fè prend jamais
qu’en mauvaifè part ; c’eft que l ’ufage du fùcre a
fait perdre au miel une grande partie de fon.
prix , & que les langues fùivent les progrès des.
opinions & des chofès. *
Lès moeurs & l’induftrie des A b e ille s ont été une
autre four ce de comparaifons familières aux ora-s
teurs’ & aux poètes*
Platon, dans fon dialogue d’ion , (d) fè reprefènte
les poètes voltigeants comme les A be ille s dans le
jardin des Mufes , où coulent des ruiffeaux de miel:-
le poète , ajoüte-t-il , eft un être fàcre , leger , &
volage ; nous obfèrvons que le texte dit : une chofe "
légère'. Koutpov y<ep x f îp a tn i levis etiint
res poéta efl.
M. l ’abbé Arnaud, par égard pour notre ex-*,
ceffive délicateffe, n’a pas voulu fe fèrvir du mot
de chofe. L a Fontaine à été plus hardi. On ne
peut pas douter que cet aimable poète , qui étoit
fi rempli des anciens, & qui aimoit fur tout Platon ,
n’ait eu devant les yeux le palfage qu’on vient de
citer , lorfqu’il a dit :
Je fuis chofe légère & vais de fleur en fleur, &c.
Il eft vraîfèmblable encore-^u’il n’eût pas ôfê
hafàrder cette expreffion, fi elle ne lui avoit pas
été indiquée par le texte de Platon.
Il paroît que chez les latins le mot res , quoique
appliqué , comme le mot chofe parmi nous ,^ à
des objets qui auraient pu le dégrader par les idées
accefloires , ne manquoit ni de nobleffè ni d’élé*-
gance. Nous n’oferions traduire littéralement
le beau mot de Sénèque, tes eft fa c ra mifer.
Racine le fils , qui l ’a placé dans une ode fu r les
(a) On trouve dans les Mém. de VAcad, des Infcript. une
traduftion de ce dialogue par M. l’abbé Arnaud j cette
traduction, auffi .élégance que fidèle , fuppofe non feulement
une connoiflance parfaite de la langue , mais même une
■ ^tgacité 8c une flneiïe de goût plus rare encore^