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(N .) APPROBATION, AGRÉMENT, CO N-
SENTEMENT, RATIFICATION, ADHÉSION.
■ Syn. | - . • - "■ ; ’ •
Termes qui énoncent tous le concours de la
volonté d’une perfonne, à l’égard de ce qui dépend
de la volonté d’une première.
Approbation eft celui qui a le fèns le plus
général : il fèTapporte également aux opinions de
l ’efprit & aux aâes de la Volonté & peut s appliquer
au préfont, au palTé , & a 1 avenir. Agrément
ne le rapporte qu’ainc aâes de la volont
é , & peut aulïi s’applique^ aux trois circonftan-
ces du temps. Consentement 8t Ratification (ont
deux termes fpécifiques, relatifs aux aâes de la
volonté ; mais dont le premier ne s’applique qu aux
aâes du préfont ou de l’avenir, & le fécond ne le
dit qu’à l’égard des aâes du paffé. Adhefion n’a
rapport qu’aux opinions & à la doârine.
L’Approbation dépend des lumières de l’efprit
& foppofè un examen préalable. U Agréaient, le
Confemement, & la Ratification dépendent uniquement
de la volonté, & fuppofènt interet ou autorité.
L’Adhéfion n’eft qu’un aâe de la volonté, qui fait
également abftraâion des lumières de l’efjprit & des
pallions du coeur, quoique la volonté ne puifîè jamais
y être déterminée que par l ’une de ces deux voies.
L ’Approbation fimple des cenlèurs les plus exaâs
ne prouve pas qu’ils ayent trouvé l’ouvrage bon ;
elle certifie feulement qu’ils n’y ont rien vu qui
doive en empêcher la publication, & qu ils ne s y
oppofènt point. La conduite d un homme de bien
eft digne de l’Approbation & des éloges de fes
concitoyens. Quand on a donné fbn Confemement à un traité , fôit avant qu’on le conclût foit au
moment qu’il fè faîfoit, ou qu’on y a accédé depuis
pour le ratifier ; on eft cenfé g avoir donné
Agrément, fôit aux aâes préliminaires qui étoient
néçeffaires à la conclulîon, fôit aux aâes poftérieurs
autorités par les claüfês du traité. V Adhefion lîncère
à la doârine de l’Églifè catholique eft un aâe de
fo i, néceffaire pour le falut: au lieu que Y Adkéfion
à une doârine qu’elle réprouve , eft un aâe de
(chifme ou d’héréfie, incompatible avec le folut.
Voyez C onsent ir , A cquiescer , A dhér er ,
T omber d’A ccord. Syn. ( M. B e a u z è e . ) *
* A P PUI, SOUTIEN , SUPPORT. Syn.
L ’Appui fortifie ; on le met tout auprès, pour
réfifter à l’impulfion des corps étrangers. Le Soutien
porte ; on lé place au deflous pour empecher de
ïùccomber fous le fardeau. Le Support aide ; il eft
à l’un des bouts, pour fèrvir de jambage.
Une muraille eft appuyée par des arcs-boutants.
Une voûte eft foutenue par des colonnes. Le toit
d’une maifon eft fupportè par les gros murs.
Ce qui eft violemment pouffé, ou ce qui penche
trop, à befbin $ Appuis, Ce qui eft exceflivement
chargé, ou ce qui eft trop lourd par foi-même, a
befbin de Soutiens. Les pièces" Tune certaine étendue
qui font élevées, ont befbin de Supports,
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On met des Appuis , pour tenir les chofès dans
une fîtuation droite ; des Soutiens, pour les rendre
fblides ; des Supports , pour les maintenir dans le
lieu de leur élévation.
Dans le fèns figuré, Y Appui a plus de rapport
à la force & à l’autorité; le Soutien en a plus au
crédit & à l’habileté ; le Support en a davantage
à l’affeâion & à l’amitié.
On cherche, dans un proteâeur puiffant , de
Y Appui contre Ces ennemis. Quand les raifbns manquent
, on a recours à l’autorité pour appuyer fes
fontiments. Ce n’eft pas les plus honnêtes gens de
la Cour qu’il faut choifîr pour Soutiens de fa fortune
, mais ceux qui ont le plus de crédit auprès
du prince. On ne fè repent guère d’une entreprifè
où l’on fè voit foutenu d’un habile homme. Des
amis toujours difpofes à parler en notre faveur &
toujours prêts à nous ouvrir leur bourfè , font de
bons Supports dans le monde.
Le vrai chrétien ne cherche d’'Appui contre la
malignité des hommes, que dans l’innocence^ & la
droiture de fo conduite ; il fait, de fbn travail, le
plus riche Soutien de fà fortune ; & regarde la parfaite
fbumiflion aux ordres de la Providence, comme
le plus inébranlable Support de fa félicité. {L’abbé
Gir a r d . ) ^
(N.) APPUYER, ACCOTER. Syn.
Quoiqu’Appuyer (bit plus en ufoge, & q\i A c coter
ait vieilli, il me fèmble néanmoins que celui-ci
fè eonfèrve encore lorfqu’il s’agit de tiges; on dit
Appuyer un mur, Accoter un arbre, une colonne.
Cette différence dans l’ufàge m’en fait remarquer
une dans la force & la valeur intrinsèque de
ces mots : c’eft qu’Appuyer a plus de rapport à la
chofè qui fbutient, & qu ’Accoter e n a davantage à
celle qui eft foutenue. Voilà pourquoi, dans le fens
réciproque, on accompagne ordinairement le mot
d'Appuyer d’un cortège convenable, & qu’on laifïè
aller fèul celui S!Accoter. Cela paroitra & s’entendra
mieux par l’exemple foivant.
Pourquoi s1appuyer fur un autré, quand on eft
affezfortpour fè foutenir foi-même ? Les airs penches
du petit-maître lui donnent une attitude habituelle ,
qui fait qu’il ne fe place jamais qu’il ne s’accote.
( L ’abbé G ir a r d . )
APRE, adj. terme de Grammaire grèque. Il y a en
grec deux lignes qu’on appelle Ëfprits y l’un appelé
Efprit doux, & fè marque for la lettre comme une
petite virgule, \ya , moi ,, je .
L ’autre eft celui qu’on appelle Efprit âpre ou
rude y il fè marque comme un petit e fur la lettre,
apa, enfemble. Son ufage eft d’indiquer qu’il faut
prononcer la lettre avec une forte afpiration.
v prend toujours l’efprit rude, üé'ap, aqua y les
autres voyelles & les diphthongues ont le plus fou-
vent l’efprit doux. ,
Il y a des mots qui ont un efprit & un accent »
comme le relatif es , 5, 1 , quiV quee, quod.
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Il y a quatre confonnes qui prennent un efprit
rude, 9T, x , r , />: mais on ne marque plus l ’efprit
rude for les trois premières , parce qu’on a inventé
des caraâères exprès, pour marquer que ces lettres
font afpirées : ainfî au lieu d’écrire ■ &', » , r , on
écrit : <p , %, 6 j mais on écrit, au commencement
des mots : P'tjTopt»'», rhétorique y P'tjroptAç rhétori-
cien ; papyj, force. Quand le p eft redoublé , on met
un efprit doux for le premier , & un âpre for le
fécond; 7roj>pa, longé, loin. {Nb. du JÎIarsais.)
(N.) APRÈS. Prép. On a coutume de dire que
cette prépofition marque un rapport de temps , d’ordre,
& de lieu. L ’abbé de Dangeaü ( Opufc.fur la
lang. fr . p. 22.7. ) dit qu’elle » marque première-
» ment poftériorité de lieu entre des perfonnes ou
» des choies qui font en mouvement... ; qu’on l’em-
» ploie aufïi à marquer poftériorité de lieu entre
» des chofès qui ne font pas en mouvement.. . ;
» qu’elle marque aufïi poftériorité de temps, par
».> une efpèce d’extenfîon de la quantité de lieu à
» celle de temps , &c.,r>
Je ne fois pas comment on prouveroit Après
marque premièrement poftériorité de lieu , plus tôt
que poftériorité de temps ; ni pourquoi ce mot mar-
queroit poftériorité plus tôt entre des objets en mouvement
qu’entre des objets en repos. La vérité eft
probablement, qu’il marque poftériorité, avec abf-
iraâion de temps & de lieu , de mouvement & de
repos ; ce qui le rend propre à défigner l’ordre
dans toutes les circonftances poflibles- Telle eft fo
première & principale deftination : l’ordre moral
fè joint aifément à l’ordre phyfîque , c’eft la même
idée ; & le fèns figuré s’établit aifement for le fèns
propre.
Ordre phyfîque : quant au temps ; Après la Pentecôte
y Après avoir étudié, vous vous promènerez y
Après vous être offert, il vous fied mal de reculer y
Après qiûon nous eut entendus, nous nous retirâmes
: quant au lieu; Après le vefiibule efi un
falon y Après le filo n , une grande bibliothèque y
Je pajfai après tous les autres.
Ordre moral : Les anges font après les archanges
y Les fimples prêtres font après les évêques y I,es
conjeillers font après les préfidents y Les richejfes ne
font déjiràbles qu’après Vhonneur & la famé.
On dit dans le fens propre, Courir après quelqu’un
, à la foite de qui on eft parti. Par exten-
fion , Courir après quelqu’un lignifie Faire fès diligences
pour le joindre , pour l’attraper , ou même
pour le foifîr. Puis en donnant à ce fons étendu un
fèns figuré, on dit Courir après les honneurs ,
après la fortune , après la gloire, &c , pour marquer
le défîr qu’on a de les obtenir & les peines
qu’on fè donne pour y réuffir. Dans ce fèns figuré
le verbe courir a facilité le paflage du fèns propre
d’Après au fèns figuré : mais bientôt on a laiffé le
Verbe courir, & l ’on a dit dans le même fens figuré
; Soupirer après les honneurs, après la fortune,
après la gloire ; ce qui marque fèulement un déûr
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v i f , & non les mouvements qu’on fè donne.
Ce fèns figuré une fois introduit St reçu, on a
aifement prété à la prépofition Après cette énergie
de défîr , d’attachement, de persévérance : & l’on
a dît, Être après un emploi, pour dire, Travailler
à l’obtenir ; Être après un livre, pour dire , La
lire ; Être après quelquun , pour dire l’inftruire,
le réprimander, le harceler, félon les circonftances;
Se mettre après quelqu’un , pour dire , Le
chagriner, le maltraiter; Crier après quelqu’un ,
pour dire, Le gronder, le quereller ; N ’avoir qu’un
cri après quelqu’un, pour dire , Le fouhaiter vivement,
l’attendre avec emprefièment; Attendre après
une perfonne ou une chofe, pour dire, L ’attendre
avec impatience ; N ’attendre pas après une chofe ,
pour dire littéralement, Ne la pas délirer ardemment
, & par Litote ( voyez ce moO > Pouvoir aifément
s’en pafîèr , ne la pas délirer du tout.
C’eft par une extenfîon de ce fèns figuré qu’on dit,
en y joignant un tour elliptique , DeJJiner J après
la boffe , Un tableau peint d’après Raphaël, Un
portrait fa it d’après nature y pour dire , DeJJiner de
(la manière d’un homme qui eft ) après la boffe,
ou qui s’occupe de la boffe ; un tableau peint de
( la manière d’un homme qui eft) après Raphaël ,
ou qui étudie celle de Raphaël ; Un portrait fa it de
( manière à montrer que le peintre étoit) après la
nature , ou s’occupoit de l’imitation de la nature.
Infènfiblement on a tellement attaché au mot
Après l’idée d’une occupation férieufè, qu’on lui
a donné le même régime qu’au mot Occuper y Je fuis
après à écrire , comme Je fu is occupé à écrire :
mais cette Syntaxe n’a lieu que devant un infinitif,
& l’on diroit fons à , Je fuis après cette lettre•
Au refte , il n’eft pas vrai r^YAprès foit adverbe
quand on d it, Partez , nous irons après. Il y a
fïmplemeut ellipfè du complément de la prépofî-
tion ; Partez » n0^s irons après (vous) : ce n’eft
qu’à raifon de l’exprefïion adverbiale entière après
vous , que l’on peut expliquer la phrafè par enfuite.
( M. R eauzêe. )
(N ) ARCHAÏSME, C. m. Imitation des anciens. Ce
mot vient du grec àpxdïcos (ancien ) , dérivé d’«/>^à
( commencement, principe ). Il ne fe dit qu’en fait
de langage ; & l’Archafme peut y être un défaut
ou une beauté, félon les circonftances.
Par exemple , ce fèroit mal parler que de dire
aujourdhui ils vequirent, comme les anciens &
même Fléchier l’ont dit, pour ils vécurent y on
feroit de'même un Archaïfme vicieux, fi dans
le ftyle foutenu on difbit Tant y a , quoique Boflùet
l’ait (buvent employé dans fbn foblime D i cours fur
rhiftoire univerfelle : c’eft que l’Ufoge a remplacé ces
expreffions par d’autres équivalentes. Mais il y a
tel mot tombé en défoétude, dont ii arrive fouvent
à de bons écrivains de regretter l’énergie, parce
qu’aucun équivalent n’en tient lieu : pourquoi ne
le rifqueroit-on pas alors , en le plaçant àffez bien
pour en faire fentir le befbin & en juftifier l’emploi ?