lettre que le c doux, quoiqu’il paroiflè fous la même
figuré-; c’eft le-cappa des grecs, K , * , dont on a
retranché la première -partie ; c’eft le q des latins
écrit fans u , ainfî qu’on le trouve en quelques anciens
: P ronunciandum q latinum fine u , quod
hce voces ofiendunt, punïcè qualam , KoiXotgoç , ca-
lamus , qane, »«y»*, canna. Angelï Caninii eW -
vituoç. Parifiis, 1578 , pag. 31.
En bas - bretonton écrit auffi le q fans li; é qêver,
envers; qen, qer9 tant, tellement. Le q fans u eft le
cappa des grecs, qui a les mêmes règles & le même
fbn. Grammairefrançoife celtique, à Vannes, 1738.
S’il arrive que par la raifon de l’étymologie on
confèrve le c dans l’écriture devant a , o ,u ; que
dans la prononciation on donne le fbn doux au c ,
comme quand on écrit , il prononça, françois ,
conçu \ reçu , &c. à caufè ds prononcer , France,
concevoir, recevoir, &c. alors on met fous le c une
petite marque , qu’on appelle cédille : ce qui pourroit
bien être le mêmefigma dont nous avons déjà parlé,
qui èn lettre, commune s’écrit ainfî s , sa , ' sô yen-
lèrte que la petite queue de ce figma pourroit bien
être nôtre cédille.
Depuis que l ’auteur, du bureau typographique a
• mis en ufàge la méthode dont on parle au chapitre
vj. de la Grammaire générale de P . R. les maîtres
qui montrent aujourdhui à lire à Paris, donnent
une doublé dénomination au c ; ils l’appellent ce
devante & devant i : ainfî, en faifant épeler, ils
font dire ce , e , ce : ce , i , ci.
A l’égard du c dur ou fec , ils l’appellent ke ou
que : ainfî, pour faire épeler cabane , ils font dire
k e , a , ca y be, a , ba ycaba y. ne , e , ne, ca-ba-ne y
car auiourdhuLon ne fait que joindre une e muet à
toutésïes confondes : ainfî, on dit bè, ce, de ,/ ê , me9
re, te , fie9 ve y & jamais effe, emmë , enne , eue ,
effe. Cette nouvelle dénomination des lettres facilite
extrêmement la ledure , parce qu’elle fait affembler
les lettres avec bien plus de facilité. On lit en vertu
de la dénomination qu’on donne d’abord à la lettre.
Il n’y a donc proprement que le c dur qui foit le
kappa des grecs * , dont on à retranché la première
partie. L e c garde ce fan dur après une voyelle &.
devant une conforme ; dicter, effectif.
Le c dur & le q fans .u ne font prefque qu’une même
lettre : il y a cependant une différence remarquable
dans l ’iifàge que les latins ont fait de l’une
& de l ’autre de ces lettres , lorfqu’ils ont voulu que
la voyelle qui fuit le q accompagné de Vu , ne fît
qu’une même fÿllabe , ils fè font fervis de qu : ainfî ,
ils ont écrit, aqua , qui , q u in t , reliquum -, &c.
mais lorfqu’ils ont eu befoin de divifer cette fÿllabe,
ils ont employé le c au lieu de notre tréma y âinfî
on trouve dans Lucrèce a-cu-a en trois fÿllabes, au
lieu de aqua en deux fÿllabes : de même ils ont écrit
qui monofÿllabe au nominatif, au lieu qu’ils écri-
voient cu-i difîÿllabe au datif. On trouve auffi. dans
Lucrèce cu-irct pour quire t, relicu-um pour reliquum.
Il faut encore obfèrver le rapport du c au g.
Avant que le caradère g eût été inventé chez les
latins , le c avoit en plufîeurs mots la prononciation
du g y ce fut ce qui donna lieu a, Sp» Carvilïus , au
rapport de Terentius Scaurus , d’invènter 1 e g pour
diftinguer cès deux prononciations | Ô’eft pourquoi
Diomede, lib .IL cap, de litterâ, appelle 1 e g t lettre
nouvelle.
Quoique nous ayons un caractère pour le c , 8c un
autre pour le g , ( cependant lorfque la prononciation
du c a été changée en celle dù^g, nous avons con-
fêrvé le c dans notre orthographe, parce que les
yeux s’étoient accoutumés a voir le c en ces mots-
là : ainfî, nous écrivons toujours Claude , cicogne,
fécond, fécondé ment ,feeonder-,fecret, quoique nous
prononcions Claude , Cigogne , fegond, fegonde--
ment, fegonde r : mais on prononce feçret yfecrette~
ment, fecrétairc»
Les latins écrivoient indifféremment vicefimus ou
vigefimus ; Gains, ou Calas y Gneius pour Cneius.,
Pour achever ce qu’il y a à dire fur ce rapport du,
c au g j je ne puis mieux faire que de tranfcrire ici
ce que l ’auteur de la méthode latine de P. R. a recueilli
à ce fujet, pag. 647...
» Le g n’eft qu’une diminution du c , au rap-
» port de Quintilien; auffi ces deux lettres ont-
» elles grande affinité enfemble, puifquede xvGsf yéry?
» nous fai fbn s gubernator y de xXeos, gloria \ de
» agere , a&um y de nec-otium., negotium : &
» Quintilien témoigne que dans Gaius, Gneius, on
» ne diftinguoit pas fî c’étoit un c ou un g : c’efl
» de là qu’eft venu que de centum on a formé quart
dringenti, quingenti , feptingenti, &c. de por-
» ricere , qui eft demeuré en ufàge dans les fàçri-
fices , on a fait porrigere ; & fêmblables.
» On croit que le g n’a été inventé qu’après la
» première guerre de Carthage , parce qu’on trouve
» toujours le c pour le g dans la colonne appelée
» roftrata , qui fut élevée alors en l’honneur de
» Duilius % confîïl , & qui fe voit encore à Rome
o au Capitole ; on y l i t , macifiraios, leciones ,
» pucnando, cartacinienfis : ce que l’on ne peut
» bien entendre fi l’on ne prend le c dans la pro-
» nonciation du k. Auffi eft-il à remarquer que
» Suidas y parlant du croiffant que les sénateurs
39 portoient fur leurs fouliers , l ’appelle to v'as^ctiéov
» KecxTrct ; faifant affez voir par 'là que le f B #
« paffoient pour une même chofè , cqmme en effet
» Us n’étoient point différents dans la prononciation ï
99 car au lieu qu’aujoprdhui nous adoucirons fîeau-
» coup le c devant Ve Si devant l’i , en forte que nous
93 prononçons Cicero comme s’il y avoit Sifero y
» eux au contraire prononçaient le c en ce mot &
en tous les autres * de même que dans caput &
» dans cotpus , kikero. »
Cette remarque fè confirme par la manière dont
on voit que les grecs écrivoient les mots latins où
il y avoit un c , fùrtout les noms propres, Cæfar ,
K«îirap-, Cicero, K<*ïg*»v.(iu’ils auroient écrits 2«rÉça>v,
s’ils avoient prononcé ce mot pomme nous le. prononçons
aujourdhui.
Voici encore quelques remarques fur le c.
Le c eft quelquefois une lettre euphonique, c’eft
à dire, mile entre deux voyelles pour empêcher le
bâillement ou hiatus y fi-.c ubi, au lieu de fi-ubi,
G en quelque part, fi en quelque endroit ; nun-e-
ubi, pour num-ubi t eft-ce que jamais l eft-ce qu’en
quelque endroit ?
Quelques auteurs ont cru que le c venoit du chaph
des hébreux, à caufè que la figure de cette lettre eft
une efpèce de quarré ouvert par un côté ; ce qui fait
une forte de ct tourné à gauche à la manière des hé-
brèux : mais le chaph eft une lettre afpirée qui a plus
de rapport au x , > ^es grecs qu’à notre c . . ..
D ’ailleurs les latins n’out point imité les caractères
hébreux. La lettre des hébreux dont la prononciation
répond davantage au xonrnci & à notre
c , c’eft le kouphy dont la figure n’a aucun rapport
au c.
Le P. Mabillon a obfèrvé que Charlemagne a toujours
écrit fbn nom avec la lettre c ; au lieu que les
autres rois de la féconde race, qui portoient le nom
de Charles , l’écrivoient avec un k y ce qui fè voit
encore fur les monnoies de ces temps-là.
Le C qui eft la première lettre du mot centum ,
étoit chez les romains une lettre numérale qui fîgni-
fioit cent. Nous enfaifons le même ufàge quand nous
nous fervons du chiffre romain , comme .dans les
comptes qu’on rend en juftice , en finance , &c.
Deux CC marquent-*/«/:» cents, &c Le c avec une
barre au defïus, comme on le voit ici , fignifioit cent
mille.Qomme le C eft la première lettre de condemno,
on Yz'Ç’péüoit lettrefunefie ou trifle,parce que, quand
les juges eondamnoienf un criminel, ils jetoient
dans lurne une tablette fur quoi la lettre c étoit
écrite, au lieu-qu’ils y écrivoient un A quand ils
vouloient abfoudre. Univerfi judices in cifiam tabulas
fimul conjicicbant fitas : eafque infculptas
liueras habebant , A , abfolutionis ; C , condem-
natiotiisi Afconius Pedianus in DiVinat. Cic.
Dans les noms propres, le C écrit par abréviation
fîgnifie Caius : s’il eft écrit de droite à gauche ,
il veut dire Caia. F'oye^ Valerius Probus, de notis
Romanorum , qui' fè trouve dans le recueil des
grammairiens latins, Auclores lingues latinoe.
Le C mis après un nom propre d’homme, ou
doublé après deux noms propres, marquoit la dignité
d e. confiai Ainfî, Q. Fabio & T. Quintio CC, fîgnifie
fous le conjulac de Çhwiius Fabius , & de
Titus (Quintl:s. En italien, le c devant Ve eu devant
Pi a une forte de fbn qui .répond à notre tche,
tchi, faifant entendre le t foiblement : au contraire
h le c eft fùivi d’une h , on le prononce comme le
ke ou que, ki ou qui. Mais la prononciation particulière
de chaque confènne regarde la Gra^nmaire
particulière de chaque langue.
Parmi nous, le C fur les monnoies eft la marque
de la ville de Saint-Lô en Normandie. ( M. r>u
M arsaj. s . )
m * CABALE, f. f. (Police. Spe Bâcles.) On appelle
ainfî une efpèce de milice, que les amis ou les en-
L l J TÉ RAT. ET GRAMM, Toitt* l.
nemis d’un poète qui donne une pièce de théâtre ,
vont lever dans les carrefours & dans les cafés de
Paris, quelquefois même dans le Monde, pour fè répandre
dans le parterre & dans les loges, & pouc
blâmer ou applaudir au gré de celui qui FalTemble«
On peut juger des lumières d’un fîècle, par le plus ou
le moins d’afeendant que la Cabale amie ou ennemie
a pris fur l’opinion publique, par l’efpace de
temps qu’elle a. foutenu de mauvais ouvrages ou
qu’elle en a déprimé de bons.
L e chef d’une Cabale amie eft communément un
çonnoiffèur, un amateur , qui veut être important,
8t n’eft fbuvent que ridicule. Le chef de la Cabale
ennemie eft prefque toujours un envieux, lâche &
bas, mais ardent & doué d’une éloquence populaire :
il parle avec facilité ; il prononce ; il décide ; il tranche;
il annonce avec impudence qu’il connoît ce
qu’il n’a point vu ; ou s’il ne peut médire de l’ouvrage
, il déclame contre l’auteur, l’aeeufè d’orgueil,
d’infolence, & le peint quelquefois des plus noires
couleurs afin de le rendre odieux. J’ai ouï parler
dans ma jeuneffe d’une fçène qui peut donner l’idce
de cette efpèce de ligueurs. Dans un café que les gens
de Lettres fréquentaient alors, un de ces chefs de Cabale
fè déchainoit contre le jeune poète dont on ali oit
jouer la pièce. L ’un de ceux qui i’écoutoient lui demanda
s’il connoifloit ce jeune homme. Affûrément,
dit-il, je le connois, 8c je m’intéreiïbis à lui ; mais fa
préemption opiniâtre me l’a fait abandonner : la pièce
qu’il donne aujourdhui, il me l’a lue, je lui en ai
montré les défauts ; mais il eft fi plein dé lui-même ,
qu’il n’a rien voulu corriger. J’ai eu tort, lui dit le
jeune homme auquel'il répondoit; mais , Monfieur,
ce n’eft pas affez de connoitre les gens , il faut lea
reconnoître.
Du refte, dans un ficelé dont le goût eft formé, ces
Cabales, fi effrayantes pour de jeunes poètes , ne leur
font du mal qu’un moment : jamais un bon ouvrage
n’y a fuccombé : & c’eft ce que doivent (avoir ceux qui
entrent dans la carrière, pour n’étre pas découragés.
La Cabale en faveur des talents médiocres ne leur
eft guère plus utile : elle les fbutient quelques jours ,
mais ils retombent avec e l l e ; & à la longue rien ne
peut empêcher Fopinion publique d’être jnfte & de
marquer à chaque chofè le degré d’admiration, d’e£
tirne , ou de mépris qui lui eft dû. - ’
" (f Dans le même fèns, mais plus étendu, on appelle
Cabale, dans le Monde, à la Cour, un parti-bruyant
& remuant, pour ou contre quelque perfônne eu
quelque choie. L'intrigue eft le mouvement que fè
donne l’ambitieux „ pour réuffir par des moyens obscurs,
honteux, ou indécents, dont l’honnête homme
rougiroit ; la brigue eft le parti obfcur & peu nombreux
que l’intriguant forme & fufeite pour travailler
en (à faveur ; la ligue eft un parti puiffànt, & qui agit
à force ouverte; la Cabale eft une ligue moins étendue,
& compolée de gens meprifables par état ou
par cara&ère. C ’eft ie mot de dénigrement que l’on
attache à un parti qu’on veut décrier, avilir. Rien de
plus commode, par exemple, en parlant d’un homme