
4^2 CON
modèle ou pour exemple : Les femmes ont autant
a intelligence que les hommes , alors- elle eft comparative.
Enfin la Conjonction que fort encore à marquer
une reftri&ion dans les propofitions négatives :
par exemple , Il n’ejb mention que d’un tel prédicateur
; fur quoi il faut obferver que l’on préfènte
d’abord une négation , d’où l’on tire la chofe pour la
préienter dans un fens affirmatif excluflvement à tout
autre : Il ny avoit dans cette ajfemblée que tel qui
eut de Ve/prit ; nous n1avons que peu de temps à
vivre, & nous né cherchons qu’à le perdre- L ’abbé
Girard a p p e l l e alors cette Conjonction r e s t r i c t i v e .
Au fond cette Conjonction q u e n’eft fouvent autre
chofè que le quod des latins , pris dans le fens de
hoc, Je dis que vous êtes (âge, dico quod, c’eft à
dire , dico hoc hempe, vous êtes fàge. Que vient
aüffi quelquefois de quam ou de quantum ou enfin
de quod»
Au réfie on peut fè difpenfèr de charger fà mémoire
des' divers noms de chaque forte de Conjonction
, parce qu’indépendamment de quelque autre
fonction qu’il peut avoir, il lie un mot à un autre
m o t, ou un fêns a un autre fen s, d'e la manièi^que
no.us 1 avons expliqué d’abord : ainfi, il y a des ^ v e r bes
& des prépofitionsq-ui-font zuffi dès? Conjonctions
compôfées, comme afin quejparcè que , à caufe
que, &c. ce qui eft bien différent du fimple adverbe
& de la fimple p r é p o ï î t i o û ■ q u i n e font que marquer
une circonftànce ou ùne manière d’être du n o m ou
du verbe ( M._ du Marsais. ■)
? CO NJUG A ISO N , fl f. terme de Grammaire.
Conjugatio : ce mot fîgnifie jonction, ajfemblage.
Tk.pànjungerè'v LV Conjugaifon eft un arrangement
fùivi de toutes lès terminaifons d’un verbe , félon
les v o ix , les modes, les temps , les- nombres , &
les perfonnes termes dé Grammaire qu’il faut
d’abord expliquer.
Le mot fjoix'eft pris ici dans un fêns figuré:
on perfonnifie le-verbe , on lui donne une voix ,
comme fi le verbe parloit ; car les- hommes penfènt
dé toutes chofès par reffèfnblance à eux-mêmes :
ainfi , la F*nx eft comme le ton du verbe. On range
toutes les terminaifons des verbes en deux claftès
différentes-: i° . les términaifôns , qui font'connoître
que le^fujet de la proposition fait une aâ ion, font
dites etre de la vcix active,' c’eft à dire que le
fûjet eft eonfîdéré alors comme agent; c ’eft le fens
aêtif : i° . toutes celles qui font deftinées à indiquer -
que le fujet'de la proppfîtion eft le térme de l’aéfion
qu un autre fa it, qu’il en eft le patient, comme
difont les philofophes , ces términaifôns font dites
etre de la voix pajjive, c’eft à dire que le verbe
énoncé alors un fens paffif. Car il faut obferver que
lés philofophes & lés grammairiens fè fervent du
mot patir, pour exprimer qu’un objet efl'le terme
ou le but d’une aétion agréable ou défâgréable qu’un
autre fait, ou du fontiment qu’un autre à : aimer
Jes parents, parents font le terme ou l’objet du
iéntimenî $ aimer» Amo ^ j’aime, amavi, j’ai aimé,
C O N
amaho, l’a im e r a i ; fo n t d e l a voix aÆve-, au l i e n
que am°r; ,e fu is a im é , j c t o i s a im é ,
amabor , j e f e r a i a im é , fo n t d e la voix paffivè.
simans, c e lu i q u i a im e , e ft d e la Poix aHivei
m a is amatus , a im é , e f t d e l a voix paflîve. A in fi '
d e to u s le s te rm e s d o n t o n fe -ftert d a n s l a Con-
jugaijon, l e m o t yoix e ft c e lu i q u i a l e p lu s d ’é te
n d u e , c a r i l fe d i t d e c h a q u e m o t , e n q u e lq u e
m o d e , tem p s , n o m b r e , o u p e r fo n n e q u e- c e puilTe
Les grecs, ont encore la voix moyenne. Les oram-
maineris difont que le verbé moyen a la f e iif i-
cation adive & paffive , & qu’il tient une efpèce
de milieu entre 1 a â if & le paffif: mais comme la
langue greque e ft une langue morte , peut-être ne
connoit-on pas auffi-bien que l ’on croit la voix-
moyenne. Foye\ M o y en *
f z t Modeson entend les différentes manières d’ex-
if 1 ,lon* ^ 7 ? quatre principaux modes *
1 in d i c a t i f , l e .f îib jo n d if , l ’im p é r a t i f , & l ’in f i n i t i f ,
a u x q u e ls en_ c e r ta in e s la n g u e s o n a jo u te l ’o p ta tif .
L indicatif en once 1 a c fio n d ’u n e m a n i è r e a b fo lu e
c om m e j ’aime j ’ai aimé, f avais aimé, j ’aime-
!f Ld j J. • . ,r a o e e q u i f o rm e d e s p ro p o f itio n s ,
c e l t a d i r e , q u i é n o n c é d é s ju g em e n ts ; l e s a u tr e s
m o d e s n e fo n t q u e d e s é n o n c ia tio n s . Foyer c e q u e
n o u s d ilo n s a c e f iiie t au mot C o n s t r u c t i o n *
; o u n o u s fa ifo n s v o i r l a d iffé re n c e q u ’i l y a e n t r e
■une p ro p o fîc io n & u n e fim p le é n o n c ia tio n .
Le fubjonétif exprime l’adion d’une manière dépendante
, fubordonnée , incertaine , conditionnelle *
en un mot dune manière qui n’eft pas abfolue &
qui iuppofe toujours un indicatif: quandj’aime rois
api que j aimaffece qui ne dit pas que j ’aime*
m que j aye aimé. *
L ’optatif, que quelques grammairiens ajoutent aux "
modes que nous avons nommes», exprime l’adion
;avec la forme de défir & de fouhait :plû.t à Dieu
qu U vienne. Les grecs ont des términaifôns particulières
pour l’optatif : les latins ri’eri ont point*
mais^ quand ils veulent énoncer le fons de l’optat
i f , ils empruntent les términaifôns du fubiondif
-ajourent- la particule de défir utinam *
plut à Dieu que. Dans les langues où l’optatif n’a
peint de ^ terminaifons qui lui foient propres -, il eft
mutile d en faire un mode féparé du iubjonétif.
L impératif marque l’adion avec la forme de commandement,
ou d’exhortation , ou de prière;prens
viens, va donc. . *
L ’infinitif énonceTaflion dans un fons abftrait,
& n en fait par lui-même aucune application fin-
gulière Sc adaptée à un fnjet ; aimer, donner, venir : •
ainfi, il abefoin, comme les prépofitions , les ad—
jed ifs, &c. d être joint à quelque autre mot, afin
qu il puifie faire un fens fingulier & adapté.
A 1 égard des temps , il faut obferver que toute
adîon eft relative à un temps , puifqn’elle fo paflè
dans le temps. Ces/ rapports de l’aâion au temps
font marqués en quelques langues par des particules
'ajoutées au verbe. Ces particules font les fis;
C O N
gnes du temps ; mais il eft plus ordinaire que les
temps foient défignés par des terminaifons particulières
* au moins dans les temps fimples : tel eft
l’ufage en grec , en latin , en françois , &CpF
Il y a trois- temps principaux; i°. le préfont,
comme û'mo, j’aime; z°. le paffé ou piété rit, comme
amavi , j’ai a im é ;/4 °. l’avenir ou futur , comme
amabo, j’aimerai. v
Ces trois temps font des temps fimples & abfolus,
auxquels on ajoute les temps relatifs & combinés,
comme je lifois quand vous êtes venu , &c. Foye\
T em p s j terme de Grammaire.
Les nombres. Ce m o t, en termes de Grammaire,
fo dit de la propriété qu’ont les terminaifons des
noms & celles des verbes, de marquer fi le mot
doit être entendu d’une foule perfonne , ou fi l’on
doit l’entendre de plufîeurs. Amo , amas, amat,
j’aime, tu aimés, il aime ; chacun de ces trois
mots eft au fingulier-: amamus, amatis , amant,
nous aimons , vous aimez, ils aiment; ces trois derniers
mots font au pluriel , du moins félon leur première
deftination ; car dans l’ufàge ordinaire on les
employé aufti au- fingulier : c’eft ce qu’un de nos
grammairiens appelle le fingulier de politejfie. Il
y a aüffi un fingulier d’autorité ou d’emphafe,
nous voulons, nous ordonnons.
A ces deux nombres , les grecs en ajoutent encore
un froifième , qu’ils appellent Duel : les terminaifons
du duel font deftinées à marquer qu’on ne
parlé que de deux.
Enfin il faut fàvoir ce qu’on entend par les per-
formes grammaticales ; & pour cela il faut obier-
ver que tous les bbjets qui‘peuvent faire la matière ■
du difeours font i° . ou la perfonne qui parle d’elle-
même ; amo, j’aime.
^0. Ou la perfonne à qui l’on adrefîè la parole ;
amas, vous aimez.
3°. Ou enfin quelqu’autre objet qui n’eft ni la
perfonne qui parle, ni celle à qui l’on parle \rex
amat populum , le roi. aime le peuple.
Cette conlidération des mots félon quelqu’une de
ces trois vues de l’efprit, à donné lieu aux grammairiens
de faire un ufâge particulier du mot de
Perfonne par rapport au difeours.
Ils appellent première perfonne celle qui parle,
parce que c’eft d’elle que vient le difeours.
La perfonne à qui lè'difcours s’adrefîe eft appelée
la fécondé perfonne.
Eufin la troifième perfonne., c’eft tout ce qui eft
eonfîdéré comme étant l’objet dont la première perfonne
parle à la féconde. Foye\ P er sonne.
Voyez combien'de fortes de vues de l’efprit font
énoncées en même temps par une foule terminai-
fon ajoutée aux lettres radicales du verbe : par exemple
, dans amare, ces deux lettres am , font les
radicales ou immuables: fi à ces deux lettres j’a-
joûte o, je forme amo. Or en difont amo, jp fais
connoître que je juge de m o i, que je m’attribue lé
fontiment d’aimer ; je màr-que donc en même temps
la vo ix , le mode, le temps, le nombre, la perfonne*
C O N I p
Je fais ici en paftant cette obférvation , pour faire
voir qu’outre la propriété de marquer la voix , le
mode, la perfonne, &c. & outré la valeur particulière
de chaque verbe., qui énonce ou l’effénce ,
ou lexiftence, ou quelque a&ion, ou quelque fènti-
ment, ‘&c> le verbemarque encore l’aétion de l’efi-
prit qui applique cette valeur à un fûjet, fôit dans,
les propofitions, foit dans les fimples énonciations ,
& c’eft ce qui diftingue le verbe des autrçs mots,
qui ne font que de fimples dénominations. Mais
revenons au mot Conjugaifon. ~
On peut aufti regarder ce mot comme un terme
métaphorique tiré de l’adion d’atteler les animaux,
fous le joug , au même char & à la même charrue
; oe qui emporte'toujours l’idée •d’afièmblage ,
de liaifon, & de jonélion. Les anciens grammairiens
fe font fervi indifféremment du mot de Conjugaifon , .
& de célui de Dédinaifon, foit -en parlant d’un
verbe, foit en parlant d’un nom : mais aujonrdhui
on employé Déclinaiio & Declinare, quand il s’agit
des noms ; & on fo fort de Conjugatio & de
Conj'ugare , quand il eft queftion des verbes.
Les grammairiens de chaque langue ont obférvé
qu’il y avoit des verbes quiénonçoient les modes.,
les temps, les nombres , & les perfonnes , par
certaines terminaifons , & que -d’autre vërbes de la
k même langue avoient des terminaifons .toutes différentes,
pour marquer les mêmes modés, les mêmes,
temps, les memes nombres, & les mêmes perfonnes : ■
alors les grammairiens ont fait autant de claftès différentes
de ces verbes, qu’il y a de -variétés entre
'leurs terminaifons , qui.,, malgré leurs différences ,
ont cependant une égale deftination par rapport au
temps, au nombre, & à la, perfonne. Par exemple,
amo, amavi, amatum, amare ; j’aime j’ai aimé, aimé,
aimer ; moneo , monui, monïtum, monere, avertir ;
legO", legi, tectum , legere, lire ; audio, audivi ,
-,auditum, audire, entendre. Ces quatre fortes de terminaifons
differentes entre elles, énoncent également
des Vues de l’efprit de même efpèce : amavi, j’ai
aimé ; monui, j’ai averti ; legi, j’ai lu ; audivi ,
j’ai entendu : vous voyez que ces. differentes terminaifons
marquent également la première perfonne •
au fingulier & au temps pafle de l’indicatif; il n’y
a de différence que dans l’aftion que l’on attribue
à chacune de ces premières perfonnes, & cette adion
eft marquée par les lettres radicales du verbe, am y
mon, leg, aud.
Parmi lés verbes latins, les uns ont leurs terminaifons
fémblables à celles d’<2mo, les autres a
celles de moneo, d’autres à celles de lego, & d’autres
à celles à’audio. Ce font ces claftès différentes‘que
les grammairiens ont appelées Conjugaifons. Ils ont
donné un paradigme, Tnzokhiypct, exemplar, c’eft
à dire , un modèle à chacune de ces différentes
_ claftès : ainfi , Amare eft le paradigme de v oc are
de nunciare , & de tous lés autres verbes terminés
en are ;* c’eft la premierq.Conjugaifon»
Monere doit être le paradigme de la féconde
Conjugaifon, félon les rudiments de la Métîiode de