
A F F
Plurier.
Runàicuna ,
Runaïquicuna ,
Runancqna,
IncluC RunancJiiccuna, 7
Excluf, Runaïcucuna , y
R unaïquichiccuha ,
Runahcuna ou 7
Runancucuna, y
nies hommes,
tes hommes,
lès hommes.
nos hommes,
vos hommes,
leurs hommes.
Si le nom eh terminé par une conforme ou par
une diphthongue , les Affixes font n i i , niiqui,
nïn , pour les trois perfennes du fîngulier ; ninehic
( incluC ) , hiicu ( exclut) , niiquichic, nin ou
nincu, pour les trois perlonnes du pluriel : & quand
le nom lui-même doit être au pluriel, on ajoute
encore curia au tout. V o ic i, pour paradigme , le
nom Punchau ( jour ) avec les A ffile s lous toutes
les formes.
Singulier,
P u n c h a u n i i ,
P u n c h a u n iiq ü i,
P u n c h a u n in ,
IncluC Futichauninchic , 7
ExcluC Punchauniicu y y
P unchàuniiquichiç ,
Pimcliaimin ou 7
P u n c h a u n in c u , y
mon jour,
ton jour.
Ion jour.
notre jour,
votre jour,
leur jour.
Plurier.
P unch auniicuna,
Punch auniiquicuna ,
Punchaunincuna,, .
IncluC Punchaitninchiçcuna, \
Excluf. Punchaunii cucuna, y
mes jours,
tés jours.;
lès jours. ;
nos jours,
vos jours,
leurs jours.
Punchaunnquichiccuna,
PUnchaunincuna ; ou )
Punchaunincucuna , y
Quelle affinité y a - t il donc entre les hébreux ,
les lapons, & les péruviens, qui ait pu leur in s pirer
l’ufàge des A f f i x e s , inconnu à tant d’autres
nations l
Le premier de ces peuples , aujourdhui répandu
par toute la terre pour y rendre un témoignage
non fufpeét au Chriifianifme qu’il blafphêmé , y
eft fans co-nfîftanCé , fans confidération, & fans aucun
moyen pour imprimer Ion caraétère aux langues
des autres peuples : les deux autres fe» t , pour airfî
dire , aux extrémités oôpofees du mondé ; & ce font
peut-être les deux corps de nations avec lesquels les
juifs ont le moins d’h ai itude Les lapons relégués
vers le Nord , flupéfiés par le froid de leur climat ,
n’ont aucune énergie capable de leur infpirer aucune
curfefîté; ils parlent aujourdhui comme ils ont parlé
de tout temps : les fàuvages du Pérou , quoique placés
fous- un autre climat, n’avoient pas; une plus
grande rn.ilïè de lumières quand les européens pénétrèrent
dans leur contrée ; & quand ils auroient été
gens à imiter les procédés dignes d’attention, ils
n’avoient ni ne pouvoient avoir aucun modèle.
D’autre part, le fyftême des A f ix e s commun aux
trois langues tient à un principe analogique & lumineux
, dont la groffièreté connue de ces trois peuples
né permet pas de croire inventeurs ni les uns
ni les autres.
Ils ne peuvent donc que l ’avoir puifé'très-ancien-*
nement par imitation dans une fource commune,
qui les rapproche par ■ rapport à leur origine , non-
©bftant leur éloignement aétuel quant aux lieux,
aux moeurs , & aux ufàges.
Si les premiers hommes qui pafsèrent en Amérique
y arrivèrent par le Nord, comme beaucoup de
gens l’ont pensé avec bien de la vraifemblancé ; voilà
l ’affinité du péruvien avec le lapon d’autant plus
facile à expliquer , qu’appa-remment le befein aura
pouffé promptement les nouveaux colons du nouveau
monde vers les contrées méridionales , naturellement
plus favorables à Fétabliffement des fauvages mêmes.
Si quelques colonies des tribus difperfees d’Ifraèl ont
été bannies vers les régions du Nord , comme
quelques-uns l’ont écrit ; voilà les liaifens du lapon
avec l’hébreu , du moins quant à la marche générale,
fï ce n’eft quant au détail des mots : la langue laponne
a encore d’autres çaraétères de .reffèmbhnce
avec l’hébreu ; par exemple r les memes conji?gai-
fens du verbe que le verbe-hébreu , ou , pour mieux
dire , les mêmes voix.
En un mot, rien ne fe fait fans caufe ; l’affinité des
trois langues par le fyftême des Ajfixes eft un fait ,
qui doit avoir une caufe ; tes procédés des langues
ne fecommuniquent que par imitation, & cette imitation
fuppofè un rapprochement : il me femble qu’il
n’y a’guère que les obfèrvations que je viens, défaire,
qui püîfient expliquer ce phénomène ; & ce phénomène;,
inexplicable fans la fùppofîtion du rappro-
: ehement des peuples chez -lefquels il fè trouve , confirme
à fèn tour ce qu’on a penfé de leur tranfmigra-
tion dans les pays qu’ils habitent. Éh ne nous refu-
fons pas à l’aveu d’une vérité , authentiquement
déclarée dans- les livres feints , confirmée par tous
les faits que nous offrent le phyfîque & le moral de
l’homme , & /pécialement par ce qui vient d’être
obfèrvé : nous femmes tous frères , toüs ifiùs d’un
même père , tous partis d’un même lieu ( M »
Æeauzée. ) ,
A F F L IC T IO N , CH A G R IN , PEINE. Syn.
U Affliction eft au Chagrin ce que l’habitude eft a
l’a été. La mort d’un pere nou s afflige ; la perte
; d’un procès nous donne du Chagrin ; le malheur
d’une perfenne de connoîflance nous caufe de la Peine.
L 'Affliction abat ; le Chagrin donne de l’humeur;
la Peiné attrifte pour un moment.
Les' affligés ont befoin d’amis qui les confelent
en s'affligeant -avec eux ; les perfennes chagrines y
dè perlonnes gaies qui leur donnent des diffractions
; & ceux qui ont de la Peine., d’une oeçu-
pafion^, quelle qu’elle feit, qui dqtcuirne leurs yeux
âe ee quî les attrifte, fur un autre objet. Tfoye\
C ro ix , Peines , A f f l ic t io n s . (^ / . D id e r o t . y
(N . ) AFFLIGÉ , FÂCHÉ , A T TR IS T É ,
CONTRISTÉ, MORTIFIÉ, Syn.
Leur fèrvice commun étant de préfenter le de-
plaifir dont l’ame eft affeétée , ils tirent leurs différences
de celles des évènements qui caufent ce
déplaifîr.
Les deux premiers fent l’effet d’un mal particulier
, foit qu’il nous touché direétement, feit qu’il
ne nous regarde qu’in direétement dans la perfonne
de nos amis : mais le terme SI Affligé exprime plus
de fenfibilité, & fuppofe un mal plus grand que ne
fait celui de Fâché. Il me femble aufli voir , dans
une perfonne affligée, un coeur réellement pénétré
de douleur, ayant un motif fort & venant d’une
chofè à laquelle il ne paroit point y avoir de remède
: aulieu que dans une perfenne fâchée, il
n’y a feuvent que du fimple mécontentement, pro-^
duit par quelque chofè de volontaire, & qu’on pou-
voit empêcher. On eft affligé de la perte de ce
qu’on aime, d’une maladie dangereufe , d’un boule-
verfèment de fortune : on eft fâché d’une perte au
jeu , d’une partie manquée , d’un contre-temps fur-
venu , d’une indifpofition. Ce qui afflige , ruine :
les fondements de la félicité , en attaquant les objets
-de 1’attachement ; ce . qui fâche ne fait que
troubler un peu la fàtisfaélion , en contrariant le
goût ou le fyftême qu’on s’eft fait.
uZttrifié & Contrifle'■ ont leur caufe dans des
maux plus éloignés & moins- personnels , que ceux
qui produitènt les deux précédentes fituations. Us
paroiflènt s’oppo.'èr plus tôt à la gaieté 8t f la joie ,
qu’à la fatisfaéHon particulière & intérieure.. La
différence qu’il y a entre eux ne confifte qu’en
ce que l’un enchérit fur l’autre. A ur ifié défigne
un déplaifîr plus apparent que profond, & qui ne
fait qu’effleurer le coeur : Contrifié marque une
perfonne plus touchée, & des maux plus grands
ou plus prechains. On eft aurifié d’une maladie
populaire, d’une continuation de 'mauvais temps,
des accidents qui arrivent feus nos yeux quoiqu’à
des perfennnes indifférentes : -on eft contrifié d’une
calamité générale, des ravages que fait autour de
nous une maladie contagieu;è, de voir fès projets
manqués & toutes fès elpérances évanouies.
Mortifié indique \m déplaifîr qui a fa feurce, ou
dans les fautes qu’on fait; ou dans les mépris , les
airs de hauteur , & les ironies qu’on efiiiie ; pu dans
les fuccès ,d’un. concurrent : l’amour propre y eft
direâement attaqué. Un auteur eft toujours morti-
f i é de la critique qu’on fait de fen ouvrage, fur
tout quand elle eft jufte.
Les perfennes fènfibles s'affligent, plus facilement
que'les indiffér ;ntes. Les petits efprits font f thés
de peu de chofè. Ceux qui ont du penchant à la
mélancolie , s’ar/n/2t’maifément. Plus on a de vanité
,- plus on a occafîon d’être mortifié. ( L ’abbé
Gir a rd , )
(N.) A FFRANCHIR, DÉLIVRER. Syn.
On affranchit un efelave qui eft à fe i , en lui
accordant la liberté & le rendant maître de lui-
même. On délivre un efelave qu’on tire des mains
& de la puifiance des ennemis, feit en le leur enlevant
de force, feit en le rachetant par une rançon.
Dans le fens figuré, on s’ affranchit des fervi-
tudes du cérémonial , des craintes puériles , des
préjugés populaires : on fe delivre des incommodes ,
des curieux , des cenfèurs.
Tous les vrais favants fè fent affranchis des habitudes
de la routine ; & les vrais fages fe fent
délivrés du poids de l’autorité: ils ont employé leur
proprè raifen, pour connoître le vrai dans les feien-
ces , & pour ne point s’écarter de l’équité dans
la conduite. ( L ’Abbé GiRAKD.%{f.\';--:'
Affranchir marque plus, d’effort que. d’adrefle ;
Délivrer marque au contraire plus d’adrefle que
d’effort : ils ont rapport; tous les deux à une action
qui tire, ou nous-mêmes ou les autres, d’une
I fîtuation pénible, ou de corps ou d’efprit. ; | M .
D id e r o t , f s
(N.) A F FR EUX , HORRIBLE, EFFROYAB
LE , É POUVANTABLE. Syn.
Ces épithètes fent du nombre de celles q u i, portant
la qualification jufqu’à l ’excès, ne fent guère
employées avec les adverbes de quantité qui forment
les degrés de comparaifen. Elles qualifient
toutes les quatre.en mal, mais en mal provenant
d’une conformation laide ou d’un afpe61 déplaçant.
Les deux premières fèmblent avoir un rapport
plus précis à la difformité ; les deux dernières en
ont plus particulièrement à l’énormité.
Ce qui eft affreux in (pire le dégoût ou l’éloignement
; l’on a peine à en feutenir la vue. Une
chofè horrible excite l’averfîon ; on ne peut s’empêcher
de la condamner. L ’effroyable eft capable
de faire peur; on n’ofè l’approcher. L 'épouventablc
caufè l’étonnement & quelquefois la terreur : on
le fuit; & fî on le regarde, c’eft avec furprifè.
Ces mots, feuvent employés au figuré en ce qui
regarde les moeurs & la conduite , le fent aufli à
l’égard des ouvrages de l’efprit dans la critique qu’on
en fait: un illuftre auteur du fîède dernier vouloit
abfelumentles en bannir; parce qu’ils fervent moins
à marquer le vrai démérite de l ’ouvrage, que la
manière dont eft affeétée la perfenne qui en parle.
( L ’abbé Girard. J
(N .) A F FR O N T , INSULTE , OUTRAGE ,
AVANIE. v , .. ■
L ’Affront eft un trait de reproche ou de mépris
lancé en face de témoins; il pique & mortifie ceux
qui fent,fer.fîbles à l’honneur. L ’Infulte eft une attaque
faite avec infèlence ; on la repouffe ordinairement
avec vivacité. L ’Outrage ajoute à Vin-
fuite un excès de violence, qui irrite. L ’Avanie
eft un traitemeut humiliant, qui expofe au jnépris
& à la moquerie du Publie.