
Ecquifeul, fans minïflre . . . à l’exemple des dieux,
1 2 3 4 s 6 g
Soutiens tout-par toi-même . . . & vois tout par tes yeux.
1 2 3 4 S 6 7
Dans les vers de dix fÿllabes, la Céfure doit être
après la quatrième fÿllabei
Ce mon de-ci. . . n’eft qu’une oeuvre comique,
1 2 3 4
Où chacun fait. . . fes rôles differents. Roüjfeau.
1 2 3 4
- - I l n’y a point de Céfure prefcrite pour les vers
de huit f) llabes , ni pour ceux de fept ; cependant
on peut obfervèr que ces fortes de vers font bien
plus harmonieux quand il y a une Céfure après la
troifième ou la quatrième fyllabe, dans les vers de
huit fÿllabes y & après la troifîème dans ceux de
fept.
Au fortir , ► . de ta main puiffante ,
Grand Dieu , que l’homme étoit heureux 1
La Vérité, toujours préfente >
1 234
Le livroit à fes premiers voeux.
12 3
Voici des exemples de vers de fept fÿllahes-
Qu’on doit plaindre une bergère
1 2 3
Si facile a s’alarmer ï
1 2 3
Pourquoi du plailïr d’aimer ?
Faut-il fe faire une affaire?
Quels bergers ... . en font autant:
Dans l’ingrat fiècle où nous fommes ?
Achance., qu’elle aime tant,
£ff peut-être un. inconfiant »
Comme tous les autres hommes. DesTioulieres.
C’eft ce que l’on pourra encore obfèrver dans la
première fable de M. de la Fontaine..
La cigale * ... ayant chanté:
T ou t L’été y-
Se trouva fort dépourvues
Pas un feul petit morceau-
De mouche- ou de vermifïëau.
Elle alla . . . crier famine-
€hez la fourmi- fa voifioe ,
La priant,.,, de lui prêter
Quelque grain . . . . pour fubfifter, &e.
A u re fte fe ne parle ic i que des vers de douze,
de d ix , de h u it , & de fept fÿllabes ; les autres font
moins h a rm o n ie u x & n’entrent guères que dans
le chant ou dans des pièces de- caprice'.. ( M . d u
M a r s a i s . )
C é su r e . P'oéjie latine. Dansles vers latins, if
y a quelquefois un repos dans le fèns, après la
Céfure ; mais ce repos n’eft point de règle , & le
plus.fôüYentil n’ÿ eft pas, La Céfure eft. une fyllabe
qui, à la fin du mot, fè détache du pied qui la
précède, pour faire feule un demi-pied, lùivi d’un
filenoe qui achève lamefùre; ou pour fe joindre,
fans aucune paufè, à une ou deux fÿllabes du mot
fùivant, & former un pied avec elles.
Il lemble que, dans le premier cas , le faïence qui
achève la mesure devroit être un fens fùfpendu;
& cependant on ne voit pas que les poètes fè foient
fait une loi de fùfpendre le fèns à la Céfure ;
Odi profanpm vulgus & arceo-
Diftrictus enjîs cui fuper impiâ-
Cervicc pendet, &c.
T u , qiiuin parentis régna per arduum
Cohors gigantum fcanderet impia. Horat.
Dans le premier de ces exemples, le fèns n’efï
fùfpendu qu’au milieu du troifîème pied ; dans le fécond
exemple, il n’y a de repos qu’à la Céjüre dù vers
fùivant; dans le troifîème, il y a deux vers de fuite
fans aucun repos rien de plus ordinaire dans les
Odes (THorace.
Dans le fécond cas, creft à dire, lorfque la Céfure
i ne fùppofe aucun filence après elie pour achever
; le pied, & qu’elle fe joint immédiatement aux pre-
! mières fÿllabes dù mot fùivant, les poètes ont encore
moins penfé à y ménager un repos. Par exem*-
pîe, dans'l’hexamètre ,1a < tfure, ou finale détachée,,
eft après le fécond pied ; or voyez les vers les plus-
harmonieux de Virgile : il n’y en a prefque pas un
où le repos foit apres cette fyllabe.
Qualis populeâ mctrens Philomela fùb umbra^
sîmijfos queritur foetus > quas , durus- arator
Qblervans, nido implumes detraxitj at lllar
~Flet noclem , ramoque fêdëns mïferàbile carmen
Intégrai , & mcejlis latt loca quefiïbus implet, Virp
Il en eft du vers fàphique & du vers élégiaque»
comme de l’àfclépiade & de l’hexamètre
Latius régnés, avidum domando
Spiritum , quamji Liby/im. remotis
\ Gadibus jungas, &C. H'orac.
On voit dans le premier & dans le troifîème vers y
! la Céfure , ou fyllabe en fùfpens- après le fécond
• pied, fuivie d’un repos ; mais dans le fécond vers
le repos fè trouve placé au milieu du fécond pied ,
& nullement après la Céfure.
De même dans ces vers élégiaques ou penta-
mètres.
Arma gravi numéro violentaque bella pardbam
Ederej materiâ conveniente modîs..
P ar erat inferior verfus : rifijfe Cupïdo
Dicitur , atqiie unum furripuijjë pedem. O v il'.
Le repos fè trouve placé, comme on voit, apres-
le premier pied; & il n’y en a. point agrès la
Cefire*.
Ain fi, fôit que la Céfure du vers fefte abfoiumént
ïfolée, comme dans l’afclépiade, foit qu’elle s’u-
nifTe aux premières fÿllabes du mot fùivant, comme
dans l’hexamètre, les poètes latins ont également
négligé d’y fùfpendre le fèns & d’y ménager un
repos pour l’oreille.
Pour rendre raifon de la Céfure de l’hexamètre,
on a dit que , fans cela, il arriveroit fou vent que la
fin d’un vers & le commencement de l’autre for-
meroient Un vers de la meme efpece y & qu afin d e-
viter cette confufion, il falloir que les vers fullent
coupés au dixième tems, c eft a dire, au milieu
& non pas à la fin d’un pied. Mais la véritable ration
ce me fémble, c’eft que la chute du fécond
pied, s’il tomboit fùr la fin d’un mot, romprait trop
brufquement le rhythme, qui foutenu par la Céfure,
ou le demi-pie d fufpendu, en devient plus majestueux
» ( M. M A R M O N T E L , )
(N.) CH A G R IN , TRISTESSE, MÉLANCO-
LIE. Synonymes.
L e chagrin vient du mécontentement. & des
tracafïèries de la vie ; l’humeur s’en reflént. La
Trifejfe eft ordinairement caulée par les grandes
affligions; le goût des plaifîrs en eft émoufle La
Mélancolie” eft l’effet du tempérament ; les idées
fombres y dominent, & en éloignent celles qui- font
réjouïflantes.
L ’efprit devient inquiet dans le Chagrin, lorf-
qu’il n’a pas a fiez de force & de fàgefle- pour le
furmonter. Le coeur eft. accablé dans la Triflefje ,
lorfque, par un excès de fenfibilité, il s’en laifîè
entièrement fàifir. Le fàng s’altère dans ta Mélancolie
, lorfqu’on n’a pas foin de fe procurer des
divertiffements & des diffipations. Voye-\ A ffliction
, Chagrin , peine. Syn. & Douleur , Chagrin,
Tristesse, Affliction,Désolation.Syn„
{lïabbé Girard.)
CHAIRE • É l o q u e n c e d e la ) . B elles-Lettres.
Chez les anciens, l’Eloquence n’entroit point dans les
fondions du ficerdoce; & ce qui répondoit le plus au
genre de i’Éloquencede la Chair . c’étoient les leçons
«les philofbphes, les déclamations des lophiftes , &
les harangues des rhéteurs. Ceux-ci diftinguoient
deux genres d’Éloquence, 1 '-indéfini ou celui des
queftions, & 1 e fini ou celui des caufes. La quef-
tion e'oit générale, la caufe étoit particulière. L ’une
tendoit à établir une opinion , une maxime, une
vérité de fpéculatiori: & l ’autre , à eonftater un fait
ou à déterminer fà qualité morale ; à décider fi
une chofé avoit été, fi elle étoit, fi elle feroit; s’il
etoitjufte, honnête, utile, poffible, vraifémblable
ou non, qu’elle fût ou qu’elle eût été de telle ou
de telle façon.
Or dans des républiques, où, non feulement le
falut des citoyens, mais celui de l’État fe trouvoit
tous les jours entre les mains de l’Éloquence, les
eaufés perfbnnelles & la eau(e commune-étoienc d’un
intérêt fi grand-, qu’011 regardoit comme un parleur
oîfèux celui qui s’amufoit à -des thcfês fpéculatives ;
fans objet réel & préfènt. Ifocrate, que fa timide
modeftie avoit éloigné des affaires, mit cette Éloquence
à la mode; & lorfque, dans la Grèce,^la
liberté fut defcendue de la Tribune avec Démofthène
& l’eût fuivi dans le tombeau, les fophiftes reprirent
le genre d’Ifocrate. Ils employèrent un talent,
déformais deftitué de fondions publiques, à déclamer
fùr des fùjets vagues, les uns avec la bonne foi, le
zèle, & le courage de la vertu ; les autres, & le plus
grand’nombre, avec la vanité du bel efprit, qui
cherchoit à briller par un ftyle fleuri, par des opinions
fingulières, & par les faufïés lueurs de ces
raifbnnements fùbtils & captieux qui en ont pris le
nom de Sophifmes.
A Rome, l’Éloquence dégénéra de même en déclamations
frivoles, dès que le tableau des profcrip-
tions & la langue de Cicéron , percée par Antoine,
avertirent tout homme éloquent, ou de flatter, ou
de fè taire , ou de ne dire, comme il convient fous
les tyrans , que des chofes vagues & vaines.'
Jufques là ce genre d’Éloquence philofôphiquu
avoir paru fi peu important-, que les rhéteurs eux-
mêmes- dédaignoient d’en parler expreflement dans
leurs leçons. Dividiint enirn totam rem in duaspartes
, in caufae controverfiam, & qucejlionis. . . D e
causa preEcepta dont y de altéra parte dicendi
tnirum filentium eft. Cic.- de Or. 1. II»
Mais cette Éloquence , qu’on négligeoit, tandis
qu’elle étoit ifblée & vague, on en faifôit le plus
grand cas lorfqu’elle entroit dans la compofition
des plaidoyers & des harangues : car toute caufe
particulière tient à une queftion générale, d’où
elle eft extraite ou déduite ; & cetoit fùrtout à
ce principe général que Cicéron reeommandoit à
l’Orateur de s’attacher, foit pour agrandir fôh fùjet,
foit pour dominer fùr la caufé. Ornatiffimce f in e
orationes eoe quoe laüffmé vagantur, & àprivatâ
ac fingidari controverfiâ fe ad univerfi generis vint
expücandam conférant & convenant. De Or. 1, 3 r
Voye\ R h é t o r iq u e .
L ’Éloquence de la Tribune & du Barreau-étoit donc
compofee, & de celle qui eft devenue l’Éloquence,
des plaidoyers, & de celle qui eft devenue l’Éloquence
de la Chaire. Politique, Morale , Religion
tout fut de fôn domaine. Les philofbphes difputoient,
dans un langage fùbtilement obfcur,de tomes les chofés
de la vie': De rebus bonis & malïs, expetendis aut
fugiendis, honeflis aut turpibus, utïlibus aut inu—
tilibus, de virtute, de ju jiitiâ , de continentiâ , de
prudentiâ , de magnitudine animi, de liberalitate ,
de pietate, de amicitiâ , de fide, de officio, de
coeteris virtutibus contrariifque vitiis (ibid.). L ’orateur
en parloit avec chaleur, avec clarté, avec
force , avec abondance : Quis cohortari ad virtu-
tem ardentiàs, quis à vitiis acriics revocare, quis'
vituperare improbos vehementiiis, quis laudare
bonos omatiùs, quis cupiditatemvehementiiisfran--
gere accufando potefl ? Quis moerorem levare mi-
dits confolando £ ( ibid, ) Ajoutez à cela- le droiit