
i p : A
. Difcours foutî-nu par
dis ex greffions fortes.
Plein des fentiments
les plus beaux.
Il a recueilli des préceptes
pour la langue &
pour la Morale.
Servez-vous desfignes
dont nous fournies convenus.
Le choix des études.
Les connoiffances ont
toujours été l’objet de
Vejiime, des louanges, &
de Vadmiration des hommes.
Les richejjes de l’efprit
ne peuvent être acquifes
que par l’étude.
Les biens delàfortune
font fragiles.
L'enchaînement des
preuves fait qu’elles plaident
& qu’elles perfoa-
dent.
C ’eft par la méditation
fur ce qu’on lit qu’on acquiert
des connoiffances
nouvelles.
Les avantages de la
mémoire-
L a mémoire des fa its
eft la plus brillante.
L a mémoire eft le tré-
for de V efprit y le fruit de
l ’attention & de la réflexion.
L e but des bons maîtres
doit être de cultiver Fef
prit de leurs difoiples.
On ne doit propofor
des difficultés que pour
faire triompher la vérité.
L e goût des hommes
eft fîijet à des vicifïi-
iudes.
Il n’a pas befoin de fa
leçon que vous voulez lut
d onner.
R T
Difcours foutenu par
de vives exprejjfions.
Plein de fentiments.
Plein de grands fentiments.
..
Recueil dè préceptes
pour la langue & pour la
Morale.
Nous (brames obligés
d’ufer de Jignes extérieurs
, pour nous faire
entendre.
Il a fait un choix de
livres qui (ont, &c.
C ’eft un fit jet d’efiime,
de louanges , & d'admiration.
Il y a au Pérou une
abondance prodigieufo de
richejfes inutiles.
Des biens de fortune.
(La Bruyère, caraéïêreSy
page 176).
Il y a dans ce livre une
admirable enchaînement
de preuves (olides. ( Sens
de (brte. )
C ’eft par la méditation
qu’on acquiert de nouvelles
connoiffances.
Il y a différentes fortes
de mémoire.
Il n’a qu’une mémoire
dé fa its, & ne retient aucun
rationnement.
Préfènce d?efprit ; la
mémoire d’efprit & de
raifon eft plus utile que
les autres fortes de mémoire.
Il a un air de maître qui
choque.
Il a.fait un recueil de
difficultés dont il cherche
la folution.
Une fociété d’hommes
choifis. (D ’hommes choi-
fis qualifie la fociété adjectivement
),
Céfàr n’eut pas befoin
d’exemple. 11 n’a pas befoin
de leçons.
Remarque. Lorique le fobftantif precede , comme
il fignifie par lui-même, ou un étre^ reel ou^ un
être métaphyfique confîdéré, par imitation a la
manière des êtres réels , il préfonte d’abord 1 efprit
une idée d’individualité d’être fepare exiftant
A R T
par lui-même: au lieu que, lorique l’adjedif précède,
il offre à l’efprit une idée de qualification , une idée
de forte , un fons adjedif. Ainfi, l’Article doit précéder
le fobftantif ; au lieu qu’il foffit que la prépo-
fîtion précède l ’adje&if , à moins que l’adjedif ne
forve lui-même, avec le fobftantif, à donner l’idée
individuelle, comme quand on dit : Les favants hommes
de l ’antiquité : Lefentiment des grands philo-
fophes de l’antiquité, des plus f avants philofo-
phes : On fa it la defcription des beaux lits qu’on
envoie en Portugal. * î
Réflexions for cette règle de M. Vaugelas, qu on
me doit point mettre de relatif après un nom fans
Article. L ’auteur de la Grammaire générale a examiné
cette règle (II. partie , chap. x . ). Cet auteur
paroit la reftreindre à l’ufage préfent de notre langue
; cependant, de la ‘manière que je la conçois, je
la crois de toutes les langues & de tous^ les temps.
En toute langue & en toute conftrudion, il y a
une juftefie à oblèrver dans l’emploi que l’on fait des
(ignés deftinés par l’Ufage, pour marquer, non feulement
les objets de nos idées , mais encore les differentes
vues fous lefquelles 1 efprit confidere ces objets.
L ’Article ,1 es prépofîtions, les conjonctions,les
verbes avec leurs différentes inflexions, enfin tous
les mots qui ne marquent point des chofos, n’ont
d’ autre deftination que de faire connoître ces différentes
vues de l’efprit.
D’ailleurs , c’eft une règle des plus communes du
raifonnement , que , ioriqu au commencement du
difcours on a donné à un mot une certaine lignification
on ne doit pas lui en donner une autre dans la
fuite du même difcours. Il en eft de même par rapport
au for.s grammatical ; je veux dire que, dans la
même période, un mot qui eft au fingulier dans le
premier membre de cette période , ne doit pas avoir
dans l’autre membre un corrélatif ou adjeâif qui le
foppofe au pluriel : en voici un exemple tiré de la
princeffe de Clèves, tom. II. pag. n p . M. de Nemours
ne lai f oit échapper aucune occafion de voir
madame de Clèves, f in s laifferparôître néanmoins
qu’i l les cherchât. Ce les du fécond membre étant au
pluriel, ne devoit pas être deftiné à rappeler occafion
, qui eft au fingulier dans le premier membre de
la période. Par la même raifon, fi dans le premier
membre de la phrafo, vous m avez d abord prefontc
le mot dans un fons fpécifque , c’eft à dire , comme
nous l ’avons dit, dans un fons qualificatif adjedif,
vous ne devez pas, dans le membre qui foit, donner
à ce mot un relatif, parce que le relatif rappelle toujours
l’idée d’une perfonne ou d’une chofo , d’un individu
réel ou métaphyfique ; & jamais celle d’un
ftniple qualificatif, qui n’a aucune exiftence, & qui
n’eft que mode : c’eft uniquement à un fobftantif confédéré
fubftantivement, & non comme mode , que le
qui peut fo rapporter : l’antécédent de qui doit etre
pris dans le même fons aufïi bien dans toute 1-entendue
de la période, que dans toute la foite du fyl—
logifme. •
Ainfi , quand on dit, I l a été reçu avec polneffe,
ces
A R T
ces deux mots , avecpoütefie .Sont W t éxpfeffietr
adverbiale , modificative , adjeftive, qui ne prelente
aucun être réel ni métaphyfique. Ces mots., avecpo-
liteffe, ne marquent point une tèlle polttelle mam-
duelle : fi vous voulez marquerune telle polttelle,
vous avez befoin d’un prcpofîdf qui donne a po-
litejje un fens individuel réel, foit univerfel, toit
particulier, foit fingulier ; alors le qui fera Ion
office. m _ „ r
Encore un coup, avec pohtefe elt une expret-
fion adverbiale , c’eft l’adverbe poliment décom-
^°Or ces fortes d’adverbes font abfolus, c’ eft à dire
qu’ils n’ont ni fuite ni complément : & quand on veut
les rendre relatifs, il faut ajouter quelque mot qui
marque la corrélation ; il a été reçu f i poliment que,
&c. l ia été reçu avec tant de politefie que , &c. ou
bien avec une politefie qui, ëcc. _ _
En latin même ces termes corrélatifs font louvent
marqués, is qui, ea quoe, idquod, &c.
JVdn enim is es, Catilina, dit Cicéron, ut ou
qui ou quem, folon ce qui fuit ; voilà deux correlatits
i s , u t, ou is , quem, & chacun de ces relatifs eft
conftruit dans fit propofition particulière n i a n abord
un fens individuel particulier dans la première propofition
, enfuite ce fens eft détermine fingulierement
dans la fécondé : mais dans,agere cum altquo , tnt
miel ou indulgehter, ou atrocuer, ou violenter,
chacun de ces adverbes préfente un fens aoloiu Ipect-
£que qu’on ne peut plus rendre fens relatif fingulier,
à moins qu’on ne répète & qu’on n’ajoûte les mots del-
tinés à marquer cette relation & cette fingulartte : on
dira alors lia atrociter u t, &c. ou en decompoiant
l ’adverbe, cum eâ atgocitate ut on q u x , &c. Comme
la langue latine eft prefque toute elliptique, il arrive
louvent que ces corrélatifs ne font pas_expnmes en
latin : mais le fens & les adjoints les font alternent
fuppléer. On dit fort bien en latin, funtquiputent,
Cic. le corrélatif de qui eft phiLofophi ou quidam
funt; mitte cui dem litteras, Cic. envoyez-moi quelqu’un
à qui je puiffe donner mes lettres; où vous
voyez que le corrélatif eft mitte fervum ou puerum ,
ou aliquem. Il n’en eft pas de même dans la langue
françoifo; ainfi, je crois que le fons de la règle de Vau-
gélas eft que , lorfqu’enun premier membre de période
un mot eft pris dans un fons abfblu , adjectivement
ou adverbialement, ce qui eft ordinairement
marqué en fr an cois par la fopprefïion de 1 Article &
par les circonfiances, on ne doit pas dans le membre
foivant ajouter un relatif, ni même quelqu.autre mot
qui fuppoforoit que la première exprefïion auroit été
prifo dans un fons fini & individuel , foit univerfel,
foit particulier ou fingulier ; ce foroit tomber dans je
■ fophifine que les logiciens appellent paffer de l ’ efpèce
à Vindividu , paffer du général au particulier.
Ainfi , je ne puis pas dire L ’homme efi animal qui
raifonne , parce que anima f dans le premier membre
, étant fans Article, efi un nom d’efpèce pris ad-
je&ivement & dans un fens qualificatif; or qui. raifonne
ne peut fe dire que d'un individu réel qui eft ou
G r4*w . e t L it t é r a t , Tome L
A R T 2 4 5 *
déterminé ou indéterminé , e’eft à dire, pris dans le
fens particulier dont nous avons parle : ainfi, je
dois dire L ’homme efi lejeul animal, ou un animal
qui raifonne. . , -
5 Par la même railôn, on dira fort bmn, llnapOtnt
de livre qu’i ln a i t lu ; cette propofition eft équivalente
à celle-ci : il n’a pas un feul livre qu il n ait lu ;
chaque livre qu’il a, il l’a lu. IL n’y a point d rntuflice
qu’i l ne commette ; c’eft à dire, chaque forte d tr.jul-
tice particulière , il la commet. Eft-tl ville dans le
royaume qui fo it plus obéiffantel c eft a dire , eft-U
dans le royaume quelque autre ville,une ville qui foit
plus obéiflànte que , &c. I l n y a homme qui fa c e
cela ; aucun homme ne lait cela.
Ainfi , c’eft le fens individuel qui autorité le relatif,
& c’eft le lèns qualificatif âdjeâif ou adverbial
qui fait fupprimer XArlïclt ; la négation n j-fait rien,
quoi qu’en dife l’auteur de la Grammaire générale.
Si l ’on dit de quelqu’un qu’il agit en rot , enpere,
en ami, & qu’on prenne roi, père, ami, dans le lens
fpécifique, & félon toute la valeur que ces mots
peuvent avoir, on ne doit point ajouter de qui r
mais fi les circonftances font connoître qu en dtlant
roi, père, ami, on a dans l’efprit 1 idee parttculter«
de tel roi, de tel père, de tel ami, & que 1 expreffiott
ne foit pas confacrée par l’ufige au feul fens Ipe-
cifique ou adverbial, alors on peut ajouter le qui ;
il fe conduit en père tendre qui; car ce# autant
que fi l’on difoit comme un père tendre ; c eft le tens
particulier qui peut recevoir enfiiite une détermination
fingulière.
I l efi accablé de maux ; c’eft-a-dtre de maux particuliers
ou de dettes particulières qui, Stc.UneJorte
de fruits q u i, &c. une forte tire ce mot fruits: de la
généralité du nom fruit ; une forte eft un individu
ipécifique, ou un individu coileâif.
Ainfi, je crois que la vivacité , le feu , 1 enthou-
fiafme, que le ftyle poétique demande, ont pu au-
torifer Racine à dire (Efiher, aâ. II. le. vitj.) Nulle
paix pour l’impie; il la cherche, elle fu it t mais
cette exprefïion ne lèroitpas régulière en profe,parca
que la première propofition étant umverlelle négative
& où nulle emporte toute paix pour l impie, les
pronoms la & elle des propofmons qui fuivent ne
doivent pas rappeler dans un fens affirmattf & individuel
un mot qui a d’abord été pris dans un fens négatif
univerfel. Peut-être pourroit-on dire Nulle p a ix
qui foit durable n’efi donnée aux hommes ; nuis on
ieroit encore mieux de dire Une p a ix durable n efi
■ point donnée aux hommes.
Telle eft la jufteffe d’efprit & la precifion que nous
demandons dans ceux qui veulent écrire en notre
langue, & même dans ceux qui la parlent. Ainfi, on
dimablolument dans un fens indéfini, fe donner
en [peclacle, avoir peur , avoir p itié , un ejprie
de parti , un efprit d’erreur. On ne _ doit doua
point ajouter enfuite à ces fubftantifs, pris dans un
feus général, des adjeftifs qui les fippoferoient dans
un fens fini & en feroient des individus metaphyfi-
. ques. On ne doit donc point direyè donner en Jpe