
iSà A R T
8t ifs dirent pèle , mêle, f lè le , coulil, pour p ir e ,
mère , frère, courir.
§. IV. Après avçûr confidéré les Articulations
organiques , relativement à la partie mobile dont
le mouvement leur donne naiffonce, à l’ilTue par où
s’opère l’explofion , & à la manière dont £è préfente
l ’obftacle qui l’occafionne ; on peut encore les diftin-
guer entre elles par les différences du point de l’organe
d’où part l’explofion : & cette nouvelle confî-
dération ne peut concerner que les Articulations
linguales ; parce que la langue feule , à caufe de
fe longueur & de (à grande mobilité, peut arrêter
l ’émiflion de l’air fenore en différents points de l’organe.
Or on vient de voir que les liquides ne peuvent
s’opérer que vers le milieu de l’intérieur de la
bouche , à caufe de la nature du mouvement qui
les produit ; d’où il fuit qu’il ne peut être queftion
ici que des muettes & des fifflantes.
I. Les Articulations linguales muettes-, confîdé-
rées relativement au point d’où part l’explofîon ,
peuvent fe divifer en dentales & gutturales , félon
qu’elles s’opèrent à l’une ou à l ’autre extrémité de
la langue.
z J’appelle dentales, celles dont la production
fùppofe que la pointe de la langue sfoppuie entre
la racine des dents fupérieures, comme pour y retenir
la voix ; de manière que l’expiofion s’y opère
& que la voix paraît en partir. Telles font les deux
Aniculàüons muettes d , t : la natale n , outre la
propriété qui lui fait donner cette dénomination , fùp-
pofe d’ailleurs , comme on l’a vu , le même mécha-
nifine que d , & doit par confëquent être comptée
de même parmi les dentales,
z°. J’appelle gutturales , celles dont la-prononciation
fiippofe que la pointe de la langue s’appuie
contre les dents inférieures, afin que la racine de
cette partie qui eft gutturale ( voifine du gofîer J;,
s’élève pour intercepter la voix dans cette région ,
d’où en effet on l’entend partir avec l’explotion propre
à ce méchanifine. Telles fent les deux Articulations
muettes£•, q , qu’on prononce gue , que,
II. Les Articulations linguales fifflantes, confî-
dérées relativement au point d’où part l’explofion ,
peuvent en confequence fe divifer en dentales 8c palatales.
i° . J’appelle dentales, celles dont le fifflement
s’exécute vers la pointe dé la langue appuyée contre
les dents. Telles fent les deux Articulations
üfflantes \
r°. J’appelle palatales , celles- dont le fifflement
s’exécute dans l’intérieur de la bouche , entre le
milieu de la langue & le palais , vers lequel elle
s’élève un peu à cet effet. Telles font les deux A r ticulations
fifflantes / , ch:
$. V . Les Articulations organiques peuvent fe
divifer encore en deux efpèces generales, Xes conf-
iantes & les variables : & cette divifion eft relative
au degré de force avec lequel fe fait l’explofion,
quelle que puiife être la caufe précifë de ce degré.
I. Les Articulations confiantes fent celles- dont
A R f
Lexplofîon fe fait conftamment avec le même degré
de force ; ou parce que le mouvement organique
intercepte toujours la voix avec le même degré de
réfiftance , ou parce que l’obftacle eft toujours forcé
avec le même degré de viteffe par la même quantité
d’air.
Les Articulations confiantes de notre langue
fent i° . les deux nafoles m > n , qui fent toujours
les mêmes, parce qu’il y a toujours le même degré
de force dans le méchanifine de ces deux Articulations
: i° . les. deux liquides /, r , dont le méchanifine
ne peut intercepter la voix avec deux différents
degrés de force.
II. Les Articulations variables fent celles dont
l’explofîon fe fait avec différents degrés de force ,
quoique la difpofîtion méchanique des parties orgar-
niques foit toujours la même. Cette différence de
degrés n’eff appréciable que par la différence vague
du plus ou. du moins ; de forte qu’on ne peut a ligner
, à chaque difpofîtion méchanique des organes
, que deux Articulations variables , ou plus
tôt variées , l’une foible 8c l’autre forte. C ’eft la
même Articulation , fi l’on ne penfe qu’à la difpofition
méchanique; & cette Articulation unique eft
vraiment variable :.ce font deux Articulations différentes
,-fî l ’on regarde le degré- de. force de l’ex-
plofîon comme une partie efïentielle & diftindive
de leur nature.
Nous avons en françois fîx paires d’Articulations
variables, une foible & une forte dans chaque
ï paire..
i w. Les deux labiales muettes t b , qui eiJ fo i-
b le , comme dans baquet ;. & p y qui effforte,.comme
dans paquet.
i°. Les deux labiales fifflantes : v-, qui eft foible,
comme dans vendre ; & f , qui eft fo r te , comme
dans fendre.
3°. Les deux linguales muettes & dentales : r/',
qui eft- fo ib le , comme dans dôme ; & t Y qui. eft
forte -, comme dans tome
4°. Les deux linguales muettes 8c gutturales : gy
qui eft fo ib le , comme dans gai ; & q , qui eft
fo r te , comme dans quai.
5 °. Les deux linguales fifflantes & dentales : ^ ,
qui- eft foible , comme dans T[ône ; & s , qui eft
forte'Y comme dans Saône.
6 °. Les: deux linguales fifflantes 8c palatales
qui eft fo ib le , comme dans Japon’, Sc ch, qui eft
forte , comme dans chapon.-.
S e c t io n I L L ’Afpiration ou 1 'Articulation-af-
p ir ée, eft celle qui naît de l’affluence extraordinaire
& de l’émiflion accélérée de l’air fonore , & qui
donne aux voix, à la fortie de la trachée-artère, une
explofion telle que celle que nous entendons à la
tête des. mots hameau, haine, héros, hibou, hauteu
r j heurter, hu pé, houffine , hanter, honte , &c.
Il n’eft pas unanimement avoué-par tous les grammairiens,
que V AfpirationVoit une Articulation. Mais
fi j’ai bien établi dès le commencement que la nature
de l’Articulation çonfiâe, non dans. l ’interception din
A R T
loti, qui ne peut être du reffort de l’ouie, mais dans
l’explofion fenfible & diftindive ^ des voix fi j’ai
raifon de prétendre & s’il eft évident en foi, <jue
VAfpiration eft une véritable explofion des voix,
qui vient de là plus grande affluence ou de la plus
grande viteffe de l’air fenore à la fortie de la trachee-
artère : il n’eft pas poffible de ne point accorder que
1 'Afpiration eft une véritable Articulation , & que
le caradère H , par lequel nous la repréfentons, eft
une véritable confonne comme tous les autres ca-
radères repréfentatifs des Articulations.
« Ceux qui ne veulent pas en convenir , dit M.
» du Marfais. ( Foye^ C o n s o n n e ) , foutiennent que
» ce fîgne ne marquant aucun fon particulier ana-
» logue au fon des autres confonnes, il ne doit être
33 confidéré que comme un figne d Afpiration ».
Ce raifonnement veut dire que!YAfpiration n’eft pas
une Articulation.
Je réponds qu’il ne prouve rien, parce qu’il prouverait
trop. On pourrait l’appliquer à telle clafîè
d’Articulation* 8c de confonnes que l’on voudrait,
• puifqu’en général les confonnes d’une claffe ne marquent
aucun fon particulier analogue au fon des confonnes
d’une autre claffe, fi on ne veut faire confifter
.cette analogie des fbns que dans la refïèmblance^ du
.méchanifine qui lesproduit : ainfî, l’on pourrait dire,
par exemple, que nos cinq labiales M , B , P , V , F ,
ne marquant aucun fon particulier analogue au fon
des linguales, elles ne doivent être confédérées que
comme Les lignes de certains mouvements des lèvres.
Cette application du principe allégué par M. du
Marfais, nous en fait voir le faux : c’eft que l’on y
fuppofe que l’analogie des fons dépend d une ref-
femblance exaéfe dans le méchanifine qui^ les produit.
Mais ce méchanifine n’eft point ce qui conftitue
la nature des fons, puifqu’il n’eft point du reflortde
l ’ouïe ; ce n’en eft que la caufe phyfîque , & c’eft
dans les effets de cette caufe qu’il faut chercher l’analogie.
Or VAfpiration eft un objet de l’ouïe très-
analogue aux fons repréfentés par les autres confonnes
; c’eft, comme eux , une explofion réellement
diftindive des v oix , quoiqu’elle fiippofe une caufe
phyfîque très-différente. Si l’on a cherché ailleurs l’analogie
des confonnes ou des Articulations , c’eft
une pure méprife.
« Mais, dira-t-on, les grecs ne l’ont jamais re-
33 gardée comme telle ; c’eft pour cela qu’ils ne l’ont
33 point placée dans leur alphabet, & que dans l ’é—
os criture ordinaire ils ne la marquent que comme
33 les accents, au deffus des lettres ; & fi dans la
33 fuite ce caradère a paflé dans l’alphabet latin fc
33 de là dans ceux des langues modernes , cela n’eft
33 arrivé que par l’indolence des copiftes, qui ont
33 fuivi le mouvement des doigts 8c écrit de fuite
a» ce figne avec lès autres lettres du mot, plus tôt.
D> que d’interrompre ce mouvement pour marquer
33 VAfpiration au deffus de la lettre 33. C ’eft encore
M. du Marfais ( ib. ) qui prête ici fon organe à ceux
qui ne veulent pas même reconnoître H pour une
lettre. Mais l’objedion demeure encore, fons. force
A R T a<f»
fous la main même qui étoit la plus propre à- lut
en donner.
Que nous imparte en effet que les grecs ayent regardé
ou non ce caradère comme une lettre , &
que dans l’écriture ordinaire ils ne l’ayent pas employé
comme les autres lettres, puifque cette question
doit être décidée par le raifonnement & non
par l ’autorité? N’avons-nous pas d’ailleurs à oppo-
fe r , à l’ufoge des grecs, celui de toutes les nation*
de l’Europe , qui fe fervent aujourd’hui de l ’alphabet
latin, qui y placent ce caradère, & qui l’emploient
dans les mots comme toutes les autres lettres ? Pourquoi
l’autorité des modernes le cèderoit-elle fur ce
point à celle des anciens? Pourquoi meme ne l’empor-
teroit-elle pas du moins par la pluralité des fùffrages ï
C ’eft, dit-on , que l’ufage moderne ne doit fon
origine qu’à l’indolence des copiftes, & que celui
des grecs paroît venir d’une inftitution réfléchie*
Quelque réfléchi qu’on veuille füppofer l’ufoge des
grecs, cette hypothèfe ne forme jamais en leur faveur
qu’un préjugé , qui n’exclut ni l’examen ni une
cenfure fondée fur d’autres réflexions poftérieures &
peut-être plus heureufes. Cependant notre ufoge ,
que l’on blâme comme moderne fur l’autorité des
grecs, paroît tenir de plus près à la première inftitution
des lettres, & au feul temps où , félon M*
Duclos ( Rem. fur la Gramm. geh. ï. 5. ) , i’Orto-
graphe ait été parfaite.
Les grecs employèrent au commencement le caradère
H ou jj , qu’ils nomment y,tu. , à la place de
l’efpritrude , qu’ils introduifirent plus tard par un ra^
finement peut-être trop réfléchi. D’anciens grammairiens
nous apprennent qu’ils écrivoient ‘HOAOI
pour eob'a , HEKATON pour \kutm \ 8c qu’avant l’info
titution des caradères abrégés que l’on nomme confonnes
afpirées, ils écrivoient Amplement la tenue
& H enfuite ; THEOS pour ©EOZ. Nous, avons fidèlement
copié cet ancien ufoge des grecs r dans l’Orthographe
dès mots que nous avons empruntés d’eux,,
comme Chaos ^ PhîLofophie ^ Théologie, Rhétorique
; 81 nous avons en cela fuivi les larins, dont
nous avons adopté l ’alphabet, & qui l ’avoient pris:
des grecs apparemment avant T’introdudion des e s prits
8c des confonnes afpirées. Les grecs eux-mêmes
n’étoient que les'imitateurs des phéniciens., à qui ils-
dévoient la eonnoiffance des lettres , conune l’indique
encore fpécialement le nom grec «r« du caradère
*) affez analogue au nom htth du caradère
hébreu H , dont il approche autant par la figure, qua-
par la dénomination. ( Voye^ Mém.. de l’Aead.. R..
des B. Lettres. Tonv. l\..pag. 146; ) Çeu* PQur
qui l ’autorité des grecs eft une raifon déterminante r
doivent trouver#, dans cette pratique , un témoignage
d’autant plus grave en faveur die rbpiniori1
que je défends ici * que c’eft le. plus ancien & le;
plus univerfel à tout prendre , puifqu’il n’y a guère;
que l’ufâge poftérieur des grecs qui y fade exception*
Au fîirplus, il n’eft pas tout à fait vrai qu’ils n’ayent
employé que comme les accents le caradère qu’ils;
ont fubftitué à H. Jamais ils n’ont placé les accents