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I ï t , Kitntu, Tcài, font les tenues}
Et pour moyennes font reçues
Ces trois B5r«, Tâf/.pu], Aftr« ;
Afpirantes X î, ©ïr<*.
Autrefois ce ligne h étoit la marque de Palpitation
, comme il l’eft encore en latin & dans plu-
fieurs mots de notre langue. On partagea ce ligne
en deux parties qu’on arrondit ; l’une fèrvit pour
l’efprit doux, & l ’autre pour l’èfprit rude ou âpre.
Notre Hafpirée n’eft qu’un qlprit âpre , qui marque
que la voyelle qui la lu it, ou la conforme qui la
précède , doit être accompagnée d’une alpiration.
Rhetorica> &c.
En chaque nation les organes de la parole fùi-
vent un mouvement particulier dans la prononciation
des mots ; je veux dire, que le même mot eft.
prononcé en chaque pays par une combinaifbn particulière
des organes de la parole : les uns pronon-,
cent du gofier;.les autres, du haut du palais ; d’autres
, du bout des lèvres ; &c\ .
De plus , il faut obfèrver que , quand nous voulons
prononcer un mot d’une autre langue que la
notre , nous forçons les organes de la parole , pour
tâcher d’imiter la prononciation originale de ce mot;
& cet effort ne lêrt fôuvent qu’à nous écarter de la
véritable prononciation.
De là il eft arrivé que, les étrangers voulant faire
fèntir la force de l’efprit grec, le méchanifme de
leurs organes leur a fait prononcer cet efprit, ou
avec trop de force, ou avec trop peu : ainfi, au
lieu de e£ , prononcé avec l’efprit âpre & l ’accent
grave, les latins ont fait fe x ; de éVr«, ils
ont fait feptem ; de ÏGiï'optoç ^fepcimus. Ainfi de Wia
eft venu F ’ejîay de Ulué'tç^ vefîales ; de tWega?, ils ont
fait vefperus ; de ÙTreç , fuper ; de «a? ^fal; ainfi de
plufîeurs autres , où l’on fènt que le méchanifme de
la parole a amené, au lieu de l’efprit, une f , ou
un v , ou une f : c’eft ainfi que de oins on a fait
vinum, donnant à l’v confônne un peu du fon de
Vu voyelle, qu’ils prononçoient ou. ( M .du M ar-
sa is . )
* A S SE Z , SUFFISAMMENT, Synonymes.
Ces deux mots regardent également la quantité :
avec cette différence, qu’Affe^ a plus de rapporta
la quantité qu’on veut avoir, & que Suffifamment
en a plus à la quantité qu’on veut employer.
L ’avare n’en a jamais ajfe\ ; il accumule &
fouhaite fans celle. Le prodigue n’en a jamais fu f fifamment
; il veut toujours dépenfèr plus qu’il n a.
On dit, C ’eft affe\ , lorfqu’on n’en veut pas davantage
; & l’on dit, En voilà fuffifamment, lorfqu’on
en a précifement ce qu’il en faut pour l ’ufâge qu’on
jsn veut faire.
A l’égard des dofès & de tout ce qui fè con-
fome, |WflMc paroît marquer plus de quantité que
Suffifamment : par il fèmble que , quand il y en a
affe\ , ce qui fèroit de plus fèroit de trop ; mais que,
quand il y en a fuffifamment, ce qui fèroit de plus,
n’y fèroit que l’abondance fans y être de trop. On
dit aufli d’une petite portion & d’un revenu médiocre,
qu’on en a fuffifamment ; mais on ne dit guère qu’on
en a affe\.
Il fè trouve dans la lignification d'Affe\ plus de
généralité ; ce qui , lui donnant un fervice plus
etendu , en rend i’ufàge plias commun : au lieu que
Suffifamment renferme dans fbn idée un rapport à
l’emploi des ehofès , q u i, lui donnant un caradère
plus particulie ren borne l ’ufàge à un plus petit
nombre d’occafîons.
C ’eft affe^ d’une heure à table pour prendre fuffi-
famment de nourriture ; mais ce n’eft pas affe^ pour
ceux qui en font leurs délices.
L ’économe fait en trouver affe\ où il y en a peu.
Le diflipateur n’en peut avoir fuffifamment où il y
en a même beaucoup. ( L ’abbé Gira rd . )
(N . ) ASSIMILATION, C. f. Il a plu à quelques
rhéteurs de décorer de ce nom un tour particulier
, par lequel on diftingue entre deux idées
analogues & voifines, dans la vue de déterminer
précifement l ’une à l’exclufîon de l’autre, & d’em-
pécher que leur reffemblance ne les faffe confondre;
c’eft, ajoute-t-on , pour adoucir l’expreffion.
Le Didionnaire de Trévoux cite cet exemple : Je
ne veux pas dire qu’ilJoitfou, mais i l faut avouer
qu’i l ejl quelquefois bourru.
Puisqu’il s’agit d’apprécier des idées analogues &
qui fè reffemblent, je dirai que ce qu’on appelle
ici AJJimilation, n’eft qu’un ufàge particulier de la
figure de penfee par combinaifon, nommée Para-
diaflole. I roye\ ce mot. Enrichiffons le langage
de tous les termes nécefïàires à la juftefîè, à la
précifîon, & à l’abondance des idées ; mais ne le
fûrchargeons pas de brillantes inutilités. ( M*
ÜRAUZÊBi )
(N .) ASSOCIER , AGRÉGER, Synonymes.
On affocie ' à des entreprîtes : on agrège à un
corps. L ’un fè fait , pour avoir du fècours ou pour
partager les avantages du fûccès : l’autre a pour
objet de fè donner un confrère , ou de fbutenir
fâ compagnie par le nombre & le choix des
membres.
Les marchands & les financiers Vaffo rient ; les
gens de Lettres font agrégés aux univerfités & aux
académies. ( IVabbé Gir a r d . )
(N.) ASSONANCE, f. f. Approximation de fbn.
La Rhétorique & la Poétique font ufage de ce
terme , pour indiquer la concurrence de plufîeurs
mots terminés par des fons très approchants , qui
toutefois ne font pas toujours ce qu’on appelle proprement
une rime : tels font, par exemple, des
infants & un monument, avoir & boire , pièce &
deirefféy loin & moins, péril & aiguille, &c.
Les anciens, dont la verfification étoit métrique,
loin d’éviter dans leur profè ou VAffbnance ou
■ même la rime la plus riche, en avoient fait au conA
S S
traire une figure de didion par contenance , qui
donnoit à leur difcours une forte d'agrément, fis en
avoient deux efpèces : l’une par contenance phy-
fique qui tenoit principalement à la rime ou a ce
qui en approchoit , & qu’ils appeloient^ en latin
Jimiluer definens, & en grec iumrUii/ltt ; I autre par
confonance rationelle , qui , indépendamment de
l ’identité des fons, tenoit à celle des cas des mots
déclinables de la même efpèce', & qui fe.,nommott
en latin fimilher cadens, Sc en grec
Cicéron, qui, dans.fon difcours pour la lot Ma-
nilia, voulut furtout faire déférer à Pompee le commandement
de la . guerre contre Mtthndate, répandit
avec profufion toutes les fleurs de 1 Eloquence
dans l’éloge qu’il fit de cetilluftre romain ; & 1A )-
fonance y fut prodiguée, comme un moyen sur
d’enlever les fuffrages en fedutfant les efprtts par
le plaiiir de l’oreille.
Ira, tantum bellum,
tam diuturnum , tam
longé latèque difpcr-
fum.... Cn. Pompeïus
extremâ hieme appa-
ravit, îneunte vere fuf-
eepit, media reflate con•
fecit. ( xij. 35. )
Laque non fum proe-
dicaturus , Quintes ,
(jüantas die res , domi
mïliticcque, terra manque
, quantâque felicitate
gefferit; utejusfem-
per volumatibus non
modo rives ajfenferint,
focii obtemperarintyhof
tes obedierintyfedetiam
venti tempejlàtefque ob-
fecundàrint : hoc brevif-
jimè die am , &c. '( xvj.
48.)
de dire en peu de mots,
Ainfi , une guerre de fi
grande importance, de fi
longue durée , dont l’em-
brafement s’étoit répandu
fi au loin.... ce fut à la fin
de l’hiver que Pompée s’y
prépara, à l’entrée du printemps
qu’il la commença,
au milieu de l’été qu’il la
termina.
Je n’irai donc pas , Romains
, rappeler emphatiquement
combien de grandes
chofes il a faites, en
paix & en guerre, fur terre
& for mer, & avec quel
bonheur ; comment dans
toutes les occafions, quels
qu’ayçntété fos projets, non
feulement les citoyens y
ont adhéré, les allies y ont
déféré, les ennemis y ont
fuccombé, mais les vents
même 8c les faifons y ont
coopéré : je me contenterai
&c.
Voici un troifîème exemple de YAffonance phy-
fique, qui fèmble y donner du relief & de l’énergie
à la Subjeêrion , qui par elle-même a le ton de l’afo
s u rance la plus décidée; & Y Affonance eft double,
comme pour doubler l’effet.
Quid eni'tn tam novum,
quam adolefcentulum ,
privatum , exercitum
difficiliReipublicee tempore
conficere? conferiti
huic prreejfe ? pros fu ll :
rem optimi du flu fuo
gerere ? gefjit. (x^j. 61.)
le plus heureux fucccs.?
Car qu’y a-t il d'aufti
nouveau , que de voir un
jeune homme, fîmple particulier
, lever une armée
dans une conjon&ure fà-
cheufe de la République? il
l’a levée : la commander? il
l’a commandée : trouver
dans les propres lumières
il l’a trouvé.
a s s m 4
Ce qui étoit un ornement chez les anciens eft
fouvent un vice dans nos langues modernes : pourquoi
? Les anciens condannoient dans leur profè
une foite de mots qui auroient eu la mefore d’un
vers; & comme leurs vers ne fè meforoient que par
des pieds d’une quantité marquée , ce n’étoientque
ces vers métriques que la profè rejetoit: la rime ne
faifoit rien à leur verfification, & ils en faifoient
dans leur profè un ornement qui contribuoit au
rhythme. Mais nous, dont la profodie eft peu marquée
& fouvent incertaine, nous n’ayons trouvé
d’autre moyen de verfifier, qu’en comptant les fÿl-
labes & en faifànt rimer nos vers : dès lors, pour
diftinguer les vers de la profè, nous avons dû bannir
de ceiie-ci ce qui caraétérifè notre verfification ; &
quelque rigoureux que nous foyons en vers for la
; rime , la crainte de paroitre emprunter le ton de la
verfification nous a portés à proforire de la profè
jufqu’aux Ajfonances que nous ne ferions pas rimer
dans flos vers.
Nous faifons plus : comme la rime ne doit fè
trouver qu’à la fin des vers, nous condamnons, dans
nos vers à céfure de dix ou de douze fyllabes, Y A f fonance
parfaite ou imparfaite du premier hémi-
ftiche avec le fécond, ou avec lé premier hémistiche
du vers voifîn, ou- avec la rime finale du vers
qui précède ou qui fuit ; tels font les vers fûivants :
Un couttplaijir caufe un long repentir.
Le coeur paffe en un jour de la haine à Vamour.
Cet empire odieux déshonoré cent fois
Par la haine des dieux & les crimes des rois.
Toutefois n’ allez pas, goguenard dangereux ,
Faire Dieu lefujet d’un badinage affreux■ :
A la fin tous ces jeux , qu’élève l’Athéifme, 6 c.
Ce dernier exemple eft de Boileau ( Art. poet.
II. 187. ) : en voici un autre bien remarquable , qui
eft de Racine ( Androm. V . v. ) ; car les plus grands
hommes font toujours des hommes.
Appliqué fans relâche au foin de me punir.
Au comble des douleurs tu m’as fait parvenir ;
Ta haine a pris plaijir à former ma misère :
J’étois né pour fervir d’exemple à ta colère.
La fimple Affbnance, fans préfènter une rime
exa&e , eft' répréhenfible dans tous ces cas.
Ici tout m’importune, & le trouble où je fuis
Dans le bonheur d'autrui trouve un furcroît d’ennuis.
U Affonance n’eft pas moins choquante dans la
profè ;'on va le voir dans un exemple tiré des Ejfais
de Morale de M. Nicole ( Tom. 1. Difc. ) ) : Ils
I ne s’occupent que du foin de leur équipage , du
défir de commander aux compagnons de leur voyagé
, & de la recherche de quelque divertifTement
qu’ils peuvent prendre en paffant.
Cependant fi Y Affonance eft bien ménagée, fi
elle fert à rendre fenfîble un parailélifme d’idées , à
caradérifer la fyminétrie de différents membres du
J L 1 2.