
Voici une pièce où l ’auteur, non content des difficultés
de la vérification, de la méchanique du fon-
embarras de Y A c r o jlic h e , s’eft encore
affujeti a adapter à la fin de chaque vers un écho
qui en continue le fens ( v o ye \ Echo ) ; feulement
s’eft il difpenfé de là contrainte des rimes.' Cette pièce
fut laite pour Louis X IV , après la vidoire remportée
à Marfâille en 1693 par M. de Carinat.
S o n n e t .
î"4 e braie de ta grandeur, dont n’approche perforine,
O n fait le trîfte état où font tes ennemis
^ oudro-ient-îls s’élever , bien qu’ ils foient ter raflés
*■ "* Is connoitront toujours la vi£ioire immortelle
va uperbes alliés, vous fuivrez les exemples
t? ’Alger & des génois , implorant d’un pardon
tt n vain toute l’Europe oppofe fes efforts
tei atailions font forcés, & villes entreprifes
C que par tant d’exploits vous ferez embellis ;
< otre gloire en tout l ieudu combat de Marfâille,
96 endant la Ligue entière, après mille combats,
W elge , tu marcheras pareille à la Savoie
O n te voit tout tremblant fous un tel fouverain ,
Z ous te verrons aufli fous un roi fi célèbre
Rajouterai encore un autre A c r o jlie k e latin, d'une
ftrudure fingulière & bizarre , qui eft à la tête du
tome III du D ic t io n n a ir e p o r tu g a is du P. Bluteau
clerc régulier. Le poème eft à la louange de Fauteur ;
Sc c’eft fan nom qui fert de type à l’ouvrage , qui eft
de neuf vers. L a lettre initiale B eft au milieu du
cinquième vers, centre du poème. Si l’on part de
cette lettre , en remontant ou en defeendant, ou bien
en allant horizontalement par la droite ou parla gauch
e , & que l’on fe porte enfoite à l’un ou à l’autre des
E cho«
fonne ï
mis.
•tfn ?
telle,
amples
dan.
forts î
prifes»
Lis ?
aille
Bas !
voie ::
Rhin 1
Ebre»
deux angles dont on s’eft approché en s’écartant dm
centre : on rencontre toujours B lu te au en lettres
majufeules. Les détours , qui doivent fe continuer
conftamment vers le même angle, peuvent fe faire
en deux lignes droites, ou fè rompre en zigzag-,
feit de ligne en ligne | (bit de deux lignes en deux
lignes. De là vient à ce poème le' nom de I . a b y -
rinthus POETicus, circumcirca nomen au ctoris;
concludens , quod majujculum JB dejnonflrau
V i d i f i i A u B o r e s î a t È q u o s f a m A v o la tU
A h i t o n a n f q u E ca nenfqu e T u b a f u p e r E x t u l i t a f i r A .
£ c c e T i b i , cu n B o s V in c ü q u i Tulliu s- a r E ;
T i ta n V iv u s a d e ß , q u i L um in a p hoe b i V in - c i T
t / b e n im L a u d e s tr ib u a t B o n a L y f i a p l a v fU
Tergem ina s;. V iv a n t L a u d e s J em p e r q ; V i - - r e fc a n T .
E r g o T i tu s n o ß e r V o lita n d o Triumphe t in , or b E ÿ
A J ß - d u E r e c in a t T a l i m o d u la n d n E m u f A ,
V iv a t u t A u B o r o v a n s E t iam p e r fæ c u l A c a n tU .
11 faut convenir que, pour ménager cette progref-
fion donnée des lettres dans tous les. Cens qu’on juge
à propos , & conferver cependant la quantité & la
mefùre des vers, il faut fermonter beaucoup de difficultés
très-grandes t mais aufli quel fecrifice il finit
faire l Si l’on dépouille cette pièce de l’appareil
technique dont il s’agit, & que l’on n’y examine que
le fens j on n’y trouvera qu’une louange affez vague,
hyperbolique , & dégoûtante par la platitude. Le
avant auteur de ce D ic t io n n a ir e étoit digne d’un
meilleur éloge. (M . Meauzée. )
A C T E , C m. Dell. L e u r « Partie d’un poème
dramatique, fépa.rée d’une autre partie par un intermède.
Ce mot vient du latin actus, qui dans fen origine
Veut dire la meme chofe que le fycty.oe des grecs ; ces
deux mots venant des verbes a g o & fy h u ., qui fîgni-
fient faire & agir. Le mot à'fiptt, convient à toute
une pièce de théâtre ; au Heu que celui d'actus en
latin, & Wàçte en français a été reftreint, & ne
s.entend que d’une feule partie du poème dramatique.
U a c t e eft une partie confîd*é râble de l’adion dramatique
, à la fin de laquelle tous.les adeurs quittent
la feene. L a nature de l’adion n’exige pas néceffaire-
ment qu’elle feit interrompue, ni que le lieu 011 elle
fe pafle refte vide pendant un certain temps. On ne
fàuroit donc déterminer ni les a c te s en eux-mêmes ,
ni leur nombre, par l’eflènce du drame. II eft probable
que les d ite s tirent leur origine d’une caufe
purement accidentelle. S’il eft vrai qu’originairemen-t
les fpedacles dramatiques n’étoient que des choeurs ,
& que dans la fuite on introduifit une adion entre ces
choeurs , comme Ariftote & prefque tous les anciens
l ’ont dit; il en faut conclure que les choeurs et oient
l ’effenciel du fpedacle, & que i’adion n’en étoit que
faccelîbire : de là vient qu’on nc-mmoit épifodes
tout ce qui fe difeit fur la feène dans l’intervalle des
choeurs. C ’eft donc de là qu’il faut dériver l’origine
de la divifîon du drame en divers ades. Il eft vrai
que les anciens auteurs , en rapportant cette circonfe
tance, ne l ’affirment pofitivement que de laTragédie;.
mais il eft néanmoins probable qu’elle eft encore
vraie relativement à la Comédie. Ce genre avoit originairement
aufli des choeurs ; on les fopprima dans
la fuite, parce qu’on s’apperçut que les fpedateurs,
ennuyés d’une trop longue interruption, fortoient du
fpedacle pendant les choeurs. On leur fubftitua un
Ample entr’ade ; mais cet intervalle oifîf.entre les
ades fut enfin aufli aboli : de là vient que dans les
comédies latines, les ades fe fuccèdent immédiatement
, & qu’il eft feuvent mal-aifé de les diftin-
guer.
Ce feroit donc en vain qu’on fe tourmenteroit à
chercher , dans la nature même du drame-, le fondement
de la fameufe règle d’Horace, qui exige
cinq actes , ni plus ni moins , pour chaque pièce de
théâtre. C ’étoitaflëz la méthode des anciens, comme
on peut l ’obferver dans plus d’une occafîon, d’établir
pour règle invariable , ce que les premiers inventeurs
n’avoient adopté que par accident. Toutes les
pièces dramatiques des anciens fent effedivement de
cinq actes. Dans les tragédies, il y a conftamment un
intervalle d’un acte à l’autre, qui étoitrempli par les
chants du choeur. Cet intervalle manque dans quelques
comédies latines. On danfeit au commencement dans
les entr’ades des pièces comiques , mais cetufâge n’a
pas toujours été obfervé. La différence effencielle
entre la pratique des anciens & la nôtre à cet égard ,
eft que chez eux l’adion n’avançoit que peu ou point,
durant l'intervalle d’un acte à l ’autre. Pour i’ordi-
naire Y acte feivant, dans les pièces anciennes , reprend
l’adion au même point où le précédent l’avoit
laiffée. On a des tragédies qui ne contiendroient
manif ftement qu’un acte , fi l’on en retranchoit les
choeurs. Chez les modernes , au contraire, il fe paffe
bien des évènements derrière la feène pendant l’en-
r’ade.
Cet ufitge n’était cependant pas entièrement inconnu
aux anciens , & l’on en trouve des exemples
dans les Suppliantes d’Euripide :Théfée convoque le
peuple d Athènes, entre le fécond & le troifîème
aBes, & 1 on forme dans cette affemblée la réfolu-
tion de faire la 'guerre aux thébains, au cas que
ceux-ci réfutent de laiflèr enlever les corps des ar-
giens qui avoient été tués & qu’on vouloit enfevelir.
Sans infifler fer 1 ufàge de divifèr le drame en
trois ou en cinq aBes, on peut alléguer diverfes
raifons de la neceflité & de l’utilité des aétes. Il faut
cojiùderer d abord , qu’une repréfentation fui vie
dès qu’elle eft un peu longue, pteut fatiguer le fpec-
tateur. O r comme il eft eflènciel que l’attention ne fe
relâche point, on doit aufli recourir à des moyens
artificiels de la feutenir dans toute fâ vivacité ; c’efl
ce qu’une petite interruption peut produire , d’autant
mieux que -chaque entr’aéie, fur tout quand Y a c te
a fini par un noeud embrouillé, forme une fufpenfion
dont l’effet eft de réveiller & d’exciter l’attentioji du
fpeélateur.
Enfùite le but des fpedacles exige que le fpeâa-
teur ait de lo li en loin le temps de ralfembler fous un
point de vûe général tout ce qu’il a déjà v u , & de
réfléchir fer chaque partie ded’adion qui a précédé.
L ’entr’a&e lui en fournit l’occafion. Les choeurs des
grecs fervoient à ce double ufage ; & l’on s’apper-
çoit clairement que la plupart ont été compofés dans
cette vue. Ce font les repos qui fervent à arranger &
à affermir les impreflions reçues ; aufli rien de plus
mal imaginé que de remplir ces intervalles par des
danfes ou des concerts de mufique , qui ne fent
propres qu’à diftraire l ’attention. ( V o y e \ En t r ’-
a c t e . )
Dans certains cas enfin, l’interruption eftnéceflair©
à Pa&ion du drame. Il arrive feuvent que le poète eft
obligé de faire paroître, fer la feène, un perfonnage
qui doit y venir foui ; dans ce cas , il faut qu’il y ait
eu une interruption de feènes. D’un autre côté, li
l’adeur, qui eft refté foui au théâtre, eft obligé de
quitter la feène , pour que l’adion puiffè avancer ;
lorfqu’il eft queflion, par exemple , d’aller prendre
ailleurs quelque éclaircilfement iridifpenfàble , la
feène fe trouve néceflàirement vide. Quelquefois
encore le progrès de l’adion dépend des chofes qui
ne peuvent point être mifes ferla feène; en ce cas-là
l’interruption devient inévitable. L e dénouement de
la tragédie des fept capitaines devant Thèbes dépend,
par exemple, du combat entre les deux frères ennemis
; après que tout a été amené jufqu’à ce point, il
faut de néceflité que l’adion refte fefpendue jufqu’à
la fin du combat. Si le poète avoit voulu remplir cet
intervalle par des dialogues fer quelques lieux
communs de morale, comme on en trouve dans des
pièces modernes , il auroit ennuyé.
Ceft de ces confidérations que le poète dramatique
doit tirer la diftribution de fes a c te s . L ’a dion dok
toujours être interrompue, de manière que la fefo
penfion feit fondée fer l’un ou l ’autre des motifs que
nous venons d’énoncer. La nature n’avoue point la
règle arbitraire & l’ufege établi chez quelques modernes
, de faire tous les a c te s d’une étendue à peu
près égale. Les anciens n’ÿ ont jamais fongé : un
même drame, chez, eux, contient des actes fort longs
& dés a c te s très-courts.
Quoique le nombre de cinq feit généralement
celui des actes chez les anciens , on ne prêchera
contre aucune règle bien établie, fi , dans la difpofi-
tion d’une pièce de théâtre, on réduit les actes à un
moindre nombre. ( M . S u l z e r . )
VofEus, en marquant la divifîon d’une pièce de
théâtre en cinq actes > nous dit que dan3 le premier