
on expofo, que dans ,1e fécond on développe l’in-- 1
trigue , que le troifième doit être rempli d’incidents
qui forment le noeud, que le quatrième prépare les
moyens du dénouement, auquel le cinquième doit
être uniquement employé.
Et fila fable eft telle, qu’une (cène l’expofo, &
qu’un mot la dénoue, comme il arrive quelquefois ,
que devient la divifîon de Voffius ?
Quelle eft la tragédie , la comédie bien comporte ,
dont le noeud ne commence qu’au troisième acte, &
dont le cinquième acte en entier fôtt employé à
dénouer ?
Le noeud eft la ..partie de l’intrigue qui doit occuper
le plus d’efpace. C ’eft comme un labyrinthe,
dont l’expofition fait l’entrée, & le dénouement la
iôrtie.
Les poètes habiles dans leur art commencent le
noeud le plus tôt poflible, & le prolongent de même ,
en le ferrant de plus en plus. ( Foyer Intrigue. )
Avant la fin du premier acte de l’Iphigénie en
Aulide , lafîtuation a changé deux fois, en devenant
toujours plus tragique :
Non , tu ne mourras point, je n’y puis confentir. .“ . .
Et il ma fille vient, je confens qu’on l'immole. . . .
Je cede , & laifle aux dieux opprimer l’innocence. . . .
Iphigénie eft arrivée, Achille demande la main ,
& Calchas demande fôn fàng : voilà déjà le noeud
formé. C’eft le modèle des gradations que le p éril,
le malheur , la crainte , la pitié, l’intrigue , en un
mot, doit avoir. ✓ ^
En effet, qu’eft-ce qu’un acte ? lôn nom l’exprime
: un degré , un pas de l’adion. C’eft par cette
divifîon de l’adion totale en degrés que doit commencer
le travail du poète, fôit dans la Tragédie lôit
dans la Comédie, lorfqu’il en médite le plan.
Il s’agît, par exemple , de démafquer Tartuffe ,
ou de le voir, maître dé la mailôn , dtvifèr le fils, &
le père, dépouiller l’un , amener l’autre à lui donner
tout lôn bien & la main de là fille. Que fait Molière
dans lôn premier acte ? il met lôus nos'yeux le tableau
de cet intérieur domeftique. L ’afo'endant que Tartuffe
a fur l ’efprit d’Orgon , la prévention aveugle
de celui-ci & de là lôeur en faveur d’un fourbe hypocrite
, & la maüvaifè opinion qu’a de lui.tout le refte
de la famille, le manifeftent dès la première foène :
le combat s’engage ; l’adion commence avec chaleur.
Dès le fécond çtéle, après avoir tiré , de la bouche
d’Orgon lui-même , l’aveu de fôn aveuglement pour
le fourbe qui le détache de lès enfants & de fà femme,
&qui, d’un homme foible & bon, fait un homme dénaturé
, Molière lui fait déclarer que Tartuffe eft
l ’époux qu’il deftine à fà fille ; celle-ci n’ofê rerufèr ;
& de là l’incident comique qui fait la querelle des
deux amants.
Dans le troilième acte, au moment que Damis
croit pouvoir confondre Tartuffe & que l’on touche
au dénouement, l’adreffè du fourbe & la fimplicite
d’Orgon reflèrrent le noeud de l’intrigue, & l’interet
redouble par la réfolution que vient de prendre Orgon,
pour punir les enfants, de donner lôn bien à
r artuffè.
Dans le quatrième acte, Tartuffe eft enfin démarqué
8c confondu aux yeux d’Orgon ; mais tout à
coup le fourbe s’arme contre fon bienfaiteur des bienfaits
même qu’il en a reçus ; & par fes menaces, fondées
for un abus de confiance , il met l’alarme dans
la mailôn.
Dans le cinquième aéte, le trouble & l’ inquiétude
augmentent julqu’au moment de la révolution; & s’il
y a quelque choie à délirer, c’eft un peu moins de
négligence dans les détails des dernières foènes , &
un peu plus de développement & de vraifemblance
dans les moyens.
Les milérables Critiques, en déprimant le dénouement
du Tartuffe, ne celfent de rappeler ce vers :
Remettez- vous, Monfieur , d’une alarme li chaude ;
& ils oublient qu’ils parlent avec dérilîon du chef-
d’oeuvre du théâtre comique, d’une pièce à laquelle
tous les ficelés n’ont jrien à comparer, & qui fora
peut-être trois-milie ans làns rivale, comme elle a été
îàns modèle.
L ’analyfo de cette pièce, relativement aux progrès
de l’adion , foffit pour indiquer les degrés qu’on
doit pratiquer d'acte en- acte & de Icène en foène. Si
l’adion fo repofo deux foènes de foite dans le même
point, elle fo refroidit. Il faut qu’elle chemine comme
l’aiguille d’une pendule. Le dialogue marque les
fécondes', les fcènes marquent les minutes , les actes
répondent aux heures. C ’eft pour n’avoir pas obforvé
ce progrès fonfîble & continu , que l’on s’eft fi fou-
vent trouvé à froid. On efpère remplir les vides
par des détails ingénieux : mais l’intérêt languit;
& l’on peut dire de l’intérêt, ce qu’un poète célèbre
a dit de l’ame , que c' eft un feu q u il fa ut nourrir,
& qui s'éteint s 'il ne s'augmente.
L ’ufàge établi de donner cinpactes à la Tragédie,
n’eft ni allez fondé pour faire loi , ni aflèz dénué
de raifôn pour être banni du théâtre. Quand le fojet
peut les-fournir, cinq actes donnent à l’aâion une
étendue avantageufo : de grands évènements y trouvent
place ; de grands intérêts & de grands caradères
s’y développent en liberté ; les fituations s amènent ;
, les incidents s’annoncent ; les fontiments n’ont rien
de brufque & de heurté ; le mouvement des partions
: atout le temps de s’accélérer , & l ’intérêt de croître
jufqu’au dernier degré de pathétique & de chaleur.
[! On a éprouvé que lame des fpedateurs peut foffire à
l ’attention, à Tillufîon, à l ’émotion que produit un
fpedacle de cette durée ; & fi l’adion de' la Comédie
fomble très-bien s’accommoder de la divifîon en
trois actes, l’adion de la Tragédie fomble préférer la
divifîon en cinq actes , à caufo de fà majefte, & des
vaftes reflôrts qu’elle veut pouvoir faire agir.
Mais le fojet peut être naturellement tel que , ne
donnant lieu qu’à deux ou trois r e p o s i l ne fôit
fufcep tible auffi que de deux ou trois fîtuatiôrts a fiez
fortes pour établir les degrés de l’adion. Alors faut-
il abandonner ce fojet, s’il eft pathétique, intérefo
font, & fécond en beautés ? ou faut-il le charger d’incidents
& de fcènes épifcditjues ? Ni l’un ni l’autre.
Il faut donner à l ’aâion là julle étendue, lûivre la
lui de la nature, préférable à celle -de l'art ; & le
Public, qui fe plaindrait qu’on s’eft éloigné de l’ulàge,
ferait le tyran du génie & l’ennemi de fes propres
piaifirs.
Il en eft de même de la divifîon en deux actes
pour de petites comédies : elle h eft pas bien favorable
; mais- la nature du fojet , heureux d’ailleurs,
peut l’exiger ; & rien de ce qui peut plaire ne doit
être interdit aux arts.
Efchyle, l’inventeur de la Tragédie, avoft négligé
de la divifèr en actes. Il y a bien dans fos pièces des
intervalles occupés par le choeur, mais fàns divifîons
fymétriques ; & lorfqu’on a voulu y en mettre , on
a coupé l ’adion dans des endroits où évidemment
elle étoit continue, comme du quatrième au cinquième
acte de Prométhée. Dans la foite les poètes grecs
fo font preforit la divifîon en cinq actes ; mais on voit
que les intermèdes étoient occupés par le choeur ; &
fi l’on baiffoit la toile à la fin des actes, ce n’étoit
guère que dans les cas où le changement de lieu exi-
geoit un changement de décoration.
. Dans les intervales des actes, le théâtre refte
vacant; mais l’adion ne laifle pas de continuer hors
du lieu de la foène ; & lorfqu’elle eft bien diftri-
buée , & développée avec foin, l’on fait d’un acte à
’autre ce qui s’en eft paffe.
Quant à la durée , il foffit qu’il n’y ait pas entre
les actes. une inégalité trop fonfîble ; & l’étendue
de chacun fo trouve ainfî proportionnée à celle de la
pièce ,-qui * chez nous , peut aller de douze à dix-
huit cents vers. Foyè\ Én tr ’a c t e . (M . M armon-
TEL.fMü
g , (N . ) ACTEU R , COMÉDIEN. Synonymes.
Dans le fons propre, on nomme ainfî ceux qui
jouent la ,Comédie for un théâtre ; mais il n’eft pas
v ra i, comme le dit le P. Bouhours (a ) , que dans
ce fons ces deux mots, ayent abfolument la même
lignification.
■ f Acteur eft relatif au perfonnage que repréfonte
celui dont on parle ; Comédien eft relatif à fà profèfo
fîon. Des amis raffemblés entre eux jouent for un
théâtre domeftique un drame dont ils fo partagent les
frôles : ils font acteurs, puifqu’ils ont chacun un perfonnage
à repréfonter ; mais iis ne font pas comédiens,
puifque ce n’eft pour eux qu’un amufoment momen-
.’ tane , & non pas une profeffion confàcrée à l ’amufo-
ment du Public. Les jeunes gens qu’une inftitucion
r un peu plus que gothique fait monter for les théâtres
de collège, font acteurs , & non pas comédiens ;
mais quelques:uns , qui, fàns cela, foroient peut-
^ etre devenus d habiles avocats, de bons médecins,
de pieux eccléfîaftiques , font devenus de mauvais
■ comédiens , pour avoir été au collège de pitoyables
a c t e u r s , encouragés par des aplaudiffements imbéciles.
Dans le fons figuré , ces deux termes conforvenf
encore la même dift indion à beaucoup d’égards.
A c t e u r fo dit de celui qui a part dans la conduite,
dans l’exécution d’une affaire ; dans une partie de
jeu ou de plaifîr ; C om éd ien , de celui qui feint bien
des paflions , des, fontiments qu’il n’a point, dont la
conduite eft diffiinulée & artificieufo. Le premier
terme fo prend en bonne ou en maüvaifè part, félon
la nature de l’affaire où l’on eft acteur : le fécond ne
fo prend jamais qu’en maüvaifè part, parce que la
diffimulation , qui fait le com éd ie n , eft toujours une
chofo odieufo.
Tel qui, dans un confoil de guerre , a des vues
fopérieures , ouvre des avis fàlutaifes , propofo des
plans admirables & infaillibles', li’éft plus un auffi
bon a c teu r un jolir de combat lorfque le canon fo fait
entendre : c’eff qu’un même acteur n’eft pas bon à
tous les rôles.
Le duc de Guïfo dit dans fos Mémoires, qu’Inno*»
cent X pleuroit quand il lui plaifoit, & qu’il étoit fort
grand comédien ; « Le mot, dit le P. Bouhours ,
» eft un peu fort pour un pape ; mais il exprime bien
» en notre langue ce que le duc vouloit dire ». ( M .
A eauzée
A C T IF , I V E , adj. terme de Grammaire. Un mot
eft a c t i f quand il exprime une a&ion. A c t i f eQ. op-
pofé à P a f f i f L ’agent fait l’adion , le patient la reçoit.
Le feu brûle, le bois eft brûlé ; ainfî brute eft
un terme a c t i f , & b r û lé e ft p a f f i f Les verbes réguliers
ont un participe a c t i f s comme l i f a n t , & un
participe p a f f i f , comme lu .
Je ne fuis point battant de peur d’être battu, f JMol. )
Il y a des verbes a c t if s & des verbes p a f f i f s . Les
verbes a c t if s marquent que le fojet de la propofîtion
fait l’aétion , ’) enfeigne ; le verbe p a f f i f zu. contraire
marque que le fojet de la propofîtion reçoit l’a&ion ,
qu’il eft le. terme ou l’objet de l ’adion d’un autre
f u i s en feT g n é, &c.
On dit que les verbes ont une voix a c tiv e 8c une
voix p d f f îv e , e’eft à dire, qu’ils ont une foite de ter-
minaifons qui exprime un fons a c t i f s 8c une autre foite
de défînances qui marque un fons p a f f i f ; ce qui eft
v ra i, fur tout en latin & en grec : car en françoïs ,
& dans la plupart des langues vulgaires, ïès verbes
n’ont que la voix a c tiv e ; 8c ce n’eft que par le focours
d’une périphrafo, & non par une termînaifôn propre ,
que nous exprimons le fons p a f f i f. Ainfî, en latin amor,
am a r is , am a tu r , & en grec ÇtXeopctt, , (ptxUrui,
veulent dire , j e f u i s a im é eu a im é e , tu e s a im é ou
aimée , i l e ft a im é ou e lle eft aimée.
Àu lieu de dire v o ix a c tiv e ou v p ix p a f f i v e , on
dit à l’a c t i f , au p a f f i f ; 8c alors a c t i f & p a f f i f fe
prennent fobftantivement , ou bien on fôufentend
(fi) Ibid. 7/2-40. page 54. Cette remarque eft fupprimée
dans l’édition (û) Rem, nouv. tome 1, in-ia. qui eft pofterieure.