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U Avare fè refufè toutes chofès ; Y Avaricieux
sie fè les donne qffà demi.
Le terme d’Avare paroît avoir plus de force &
plus d’énergie pour exprimer la paffion fôrdide &
•jaloulè de pofféder (ans aucun deffein de faire ulàge.
Celui à’Avaricieux paroît avoir plus de rapport à
l ’averfion mal placée de la dépenfe lorfqu’il eft né -
celïàire de s’en faire honneur.
On n’emploie jamais qu’en mauvaifè part-& dans
le lens littéral le mot d’Avaricieux ; mais on fè fèrt
quelquefois de celui $ Avare en bonne part dans le
lens figuré.
Un habile Général ne paie point fès efpions en
homme avaricieux ; & conduit fès troupes comme
un'homme avare du fàng du foldat, qu’il craint de
prodiguer.
Il efl permis d’être avare du temps ; mais il ne
faut pas, pour le ménager , prodiguer fà famé. Ce n’eft
pas être libéral, que ae donner d’un air avaricieux.
( Vôye-{ A t t a c h é , A v a r e , I ntér e ssé . Syn,)
[ L ’ abbé G ir a r d .)
* AVERTISSEMENT, A V IS , CON SE IL ,
Synonymes,
Le but de Y Aveniffement efl précisément d’inf-
truire ou de réveiller l’attention ; il fè fait pour nous
apprendre certaines chofès qu’on _ ne veut pas que
nous ignorions ou que nous négligions. L ’A v is & le
Conjeil ont auffi pour but l’inftru&ion, mais avec
un rapport plus marqué à une conféquence de conduite
, fè donnant dans la vue de faire agir ou parler :
avec cette différence entre eux, que Y A v is ne renferme
dans fà lignification aucune idée acceffoire de fù-
périorité, foit d ’état, foit de génie; au lieu que le
Confeil emporte avec lui du moins une de ces idées
de fùpériorité, & quelquefois toutes les deux en-
lè subie.
Les auteurs mettent des Avertiffements à la tête de
leurs livres. Les efpions'donnent A v is de ce qui fe
paffe dans le lieu où ils font. Les pères & les mères
ont foin de donner des Confeils à leurs enfants avant
que de les produire dans le monde.
Le chanoine écoute Y Avertijjement de la cloche,
pour fàvoir quand il doit fè rendre aux heures canoniales.
Le banquier attend Y A v is de fon. Correspondant
, pour payer les lettres de change tirées
fur lui. Le plaideur prend Confeil d’un avocat, pour
fè défendre ou pour agir contre fà partie.
On dit des Avertiffements, qu’ils font ou judicieux
ou inutiles ; des Avis , qu’ils font ou vrais ou faux ;
des Confeils , qu’ils font ou bons ou mauvais.
U Aveniffement étant faitpour difliper le doute &
l ’obfcurité, il doit être clair & précis. L 'A v is fèr-
vant à déterminer, il doit être prompt & fècret. Le
Confeil devant conduire , il doit être fage & fincère.
Le cours des fondions, de la nature eft un Aver-
tiffement de l’état de notre fanté , plus siir que le
rationnement des médecins. Tel manque d'Av is , qui
efl en état d’en profiter ; & tel en reçoit, qui ne fau-
jroit s’en prévaloir. Autant que la VieUleffe aime à
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donner des Confeils, autant la1 JeunefFe a de l’averficm
pour en prendre.
Il faut que Y Aveniffement foit donné avec attention
; Y A v i s , avec diligence ; .& le Confeil, avec art
& modeftie, fans air de fùpériorité : car on ne fait
pointufàge des Averiiffeménts placés mal à propos;
l’on iie tire aucun avantage des A v is qui ne viennent
pas à tèmps; & la vanité , toujours choquee
du ton de maître , empêche de faire aucune diftino
tion entre la fàgeflè du Conjeil & l’impertinence d e ,
la manière dont il efl donné, en forte que tout n’aboutit
qu’à faire méprifèr le Confeil &. rendre le
eonfèiller odieux.
Une perfonne d’ordre ne manque jamais aux Aver-.
tifféments dont on a remis le foin à fa; vigilance*
L ’amitié fait donner A v is de tout ce qu’on croit
être avantageux & agréable à fon ami. La fàgeflè
rend extrêmement réfèrvé à donner Confeil : il faut
toujours attendre qu’on nous le demande, & quelquefois
même s’en difpenfèr malgré les fôllicitations ;
parce qu’un fàlutaire Confeil peut déplaire, & être
rejeté avec de certaines façons qui expefènt à la
tentation de fouhaiter ,*pour fon honneur, que celui
pour qui on s’intéreflbit d’abord ne réufïifïè pas dans
fès entreprifès. f^oye\ C o n se il , A v i s , A v e r t is sement,
Syn, ( L ’ abbé Girard. )
(N.) A V E U , CONFESSION. Synonymes.
U Aveu fùppôfè l’interrogation. La Confeffion
tient un peu de l’accufàtion^Ori avoue ce qu’on a eu
envie de cacher. On confeffe. ce qu’on a eu tort de
faire. La queftion fait avouer le crime; la repentance
le fait çonfeffer.
On avoue la faute qu’on a faite. On confeffe le péché
dans lequel on efl tombé.
Il vaut mieux faire un Aveu fincère, que de s ex-
cufèr de mauvaifè ‘grâce. Il ne faut pas faire fà
Confeffion à toutes fortes de gens.
Un Aveu qu’on ne demande pas, a quelque cbofë
de noble ou de fôt,félon les circonftances & l’effet qu’il
doit produire. Une Confeffion qui n’efl pas accompagnée
de repentir, n’efl qu’une indifcrétion infultante.
C’efl manquer d’efprit, que d’avouer fà faute fans
être afsuré que Y Aveu en fera la fàtisfaftion; & c’efl
une fbtifè , d’en faire la Confeffion fàns efpérance de
pardon : pourquoi fè déclarer coupable à des gens qui
ne refpirent que la vengeance ? ( L ’abbé Girard. )
(N.) AVEUGLE ( ai ’), AVEUGLÉMENT.
Synonymes.
Ces deux expreffions , également figurées , marquent
également une conduite qui n’efl pas dirigée
par les lumières naturelles. Mais la première indique
un défaut d’intelligence ; & la féconde, un abandon
des lumières de la raifôn.
Qui agit à l ’aveugle n’efl: pas éclairé ; qui agit
aveuglément ne fuit pas la lumière naturelle: le
premier ne voit pas , le fécond ne veut pas voir.
La plupart des jeunes gens qui entrent dans le
monde , choififlènt leurs amis à l ’aveugle : fi le
a v o'
hafard les fert m a l, c’efl: un premier pas vers leur
perte ; parce que, livrés aveuglément à toutes leurs
impulsons, ils en viennent infenfiblement ]uftu a le
faire un mérite 8c un point d’honneur de facrmer
l ’honneur même , plus tôt que de les abondanner.
Soumettre aveuglément fà raifon aux decifîons^de
la fo i, ce n’efl pas croire à l’aveugle ; puilque c efl
la raifon même qui nous éclairé fur les motifs de
a A VOIR , POSSÉDER. Synonymes.
Il n’efl pas néceftaire de pouvoir difpofer d’une
chofe ni quelle foit aduellemept entre nos mains,
pour Y avoir ; il fuffit qu’elle nous appartienne. Mais
pour la pofféder, U faut qu’elle foit ennos mains,
& que nous ayons la liberté afinelle d en difpofer
ou d’en jouir. Ainfi, nous avons des revenus, quoique
non payés ou même fàifîs par des créanciers ;
8c nous pojfédons des trefôrs. J *
On neft pas toujours le maître de ce qu’on a ;
on l’efl de ce qu’on pofsède. .
On a les bonnes grâces des perfonnssà qui 1 on
plaît. On pofsède l’efprit de celles que l’on gouverne
abfblument. , t ' .
Il n’efl pas poffible , quelque modéré qu’on foit,
de n’avoir pas quelquefois en fà vie des emportements;
mais quand on eft fàge, on fait fè pofféder
dans fà colère. # . ’
Un mari a de cruelles inquiétudes , lorfque le
démon de la jaloufie le pofsède.
A X U sSf
Un avare peut avoir des richefiès dans fès coffres,
mais il n’en eft pas le maître ; ce font elles
qui pojfèdent & fon coeur & fon efprit.
Nous n ’avons fouvent les chofès qu’à demi ; nous
partageons avec d’autres. Nous ne les pojfédons quô
lorfquelles font entièrement à nous, & que nous eu
fommes les feuls maîtres. ‘
Un amant a le coeur d’une dame, lorlqu il en eit
aimé ; il le pofsède , lorfqu’elle n’aime que lui.
Les fèigneurs ont des vaffaux ; & ils pofsedeht
des terres. - „ r cr
En fait de fcience Sc de talents , û fufnt, poulies
avoir d’y être médiocrement habile ;. pour les-
pofféder, il y faut exceller.
Ceux qui ont la connoiffànce des arts, en fàvent
& en fuivent les règles ; mais ceux qui lespofsedent,
font & donnent des règles à fùivre. ( L ’abbe G ir a r d . )
(N.) AXUM1Q U E , adj. Nom qu’on donne à
l’un des deux alphabets éthiopiens.
Les fàvants dans les langues orientales donnent
2uffi le même nom à un des dialectes de la langue
des abyffins ou éthiopiens. Le dialeéte ascumique ,
aujourdhui appelé éthiopiefue y eut le privilège d être
la langue commune julqu’au temps de 1 extinélion
de lafamille Zagéenne, qui régnoit dans la province
appelée Tigra. C ’eft la langue fàvante & celle de la
Religion. Voye\ dans les Mémoires de l’Academie
des inferiptions ^ xome 36, un Mémoire de M. dô
Guignes fur les langues orientales. (L ’E d it e u r .)
B
B, C m. (Cramm.) C ’eft la fécondé lettre de
l ’alphabet dans la plupart des langues , & la première
des confonnes.
Dans l’alphabet de l’ancien irlandois , le b eft la
première lettre, & Ya en eft la dix-fèptieme.
Les éthiopiens ont un plus grand nombre de lettres
que nous , & n’obfèrvent pas le meme .ordre
dans leur alphabet.
Aujourdhui les maîtres des petites écoles , en
apprenant à lire , font prononcér be, comme on le
prononce dans la dernière fyllabe de tom-be , il
tombe; ils font dire aufli, avec un e muet r de
me y pe ; ce qui donne bien plus de facilite^ pour
afTembler ces lettres avec celles qui les fùivent.
C ’eft une pratique que l’auteur de la Grammaire
générale de P. R. avoit confèillée il y a cent ans,
8c dont il parle comme de la voie la plus naturelle
pour montrer à lire facilement en toutes fortes de
langues : parce qu’on ne s’arrête point au nom particulier
que l’on a donné à la lettre dans l ’alphabet ;
mais on n’a égard qu au fon naturel de la lettre,
lorfqu’elle entre en compofîtion ayec quelque autre.
Le b étant une confônne, il n’a de^ fon qu’avec
une voyelle : ainfi, quand le b termine un mot,
tels que A chah , Joab y Moab, Oreby Job , Jacob,
après avoir formé le b , par l’approche des deux
levres l’une contre l’autre, on ouvre la bouche &
on pouffe autant d’àir qu’il en faut pour faire entendre
un e muet ; & ce n eft qu alors qu on entend
le b. Cet e muet eft beaucoup plus foible que celui
qu’on entend dan s fyllabe, Arabe y Eusèbe, globe,
robe. Voy. C onsoene, ^ ^
Les grecs modernes, au lieu de dire alpha, bêta,
dirent alpha, vita : mais il paroît que la prononciation
qui étoit autrefois la plus autorifée 8c la plus
générale, étoit de prononcer bctci.
Il eft peut-être arrivé en Grèce, à l’égard de cette
lettre, ce qui arrive parmi nous au b : la prononciation
autorifée eft de dire te ; cependant nous avons-
des provinces où l’on dit ve. Voici les principale?
raifôns qui font voir qu’on doit prononcer bêta.
Eusèbe, au livre X . de la préparation évangélique
, ch. v). dit que Y alpha des grecs vient de
Yaleph des hébreux, 8c que béta vient de b et h : oe