p o A D O
ner une entière poffeffion , & de vous inftaller dans
la place que vous devez occuper, en conféquence
d’un droit acquis foit par bienfait foit par fti-
pulation.
Ces deux mots ont encore, dans un ufâge plus
ordinaire , une idée commune- qui les rend Anonymes
, & dont la différence confifte alors en ce
qu'Admettre fomble fûppofor un objet plus intime
& plus de choix , & que Recevoir paroït exprimer
quelque chofo de plus extérieur & où il faut moins
de précaution.
Âinfî on admet dans fà familiarité & dans fà confidence
ceux qu’on en juge dignes : & on reçoit dans
les maifons & dans les cercles ceux qu’on y préfonte.
Les miniftres étrangers font admis à l ’audience
du prince , & reçus à la Cour.
Mieux les fociétés font compofées , plus elles
doivent avoir attention à n’admettre que de bons
lu jets ; parce qu’ordinairement le vicieux corrompt
le vertueux, & le foible énerve le fort. Quoique
la probité, la fàgeffe, & la foience nous faffent efti-
mer ; elles ne nous font pas néanmoins recevoir
dans le monde : cette prérogative eft dévolue aux
talents: & à l’efprit d'amufement. ( L 'a b b é G i rard.
)
ADM IR A T IF , IVE. adj. comme quand on dit
un ton admiratif' , un gefie admiratif ,* è’eft
à dire un ton, un gefie, qui marque de la fur-
prife , de l’admiration ou une exclamation. En terme
de Grammaire, on dit un point admiratif,
on dit auffi un-point déadmiration. Quelques-uns
difent un point exclamatif ; ce point fo marque
ainfi ! Les imprimeurs l ’appellent Amplement admiratif',
& alors ce mot eft fubftantif mafcu-
iin , ou adjeélif pris fûbftantivement , en foufon-
iendant point.
On met le point admiratif après le dernier mot i
de la phrafè qui exprime l’admiration : Que j e fu is
à plaindre J Mais fi la phrafè commence par une
îriterjedion , ah ou ha , hélas, quelle doit être
alors la ponctuation? Communément on met le
point admiratif d’abord après l ’inter jeétion : Hélas î
petits Moutons , que vous êtes heureux. Ha ! mon
D ie u , que j e fouffre : mais comme le fons admiratif
ou exclamatif ne, finit qu’avec-la phrafo ,
je voudrois ne mettre le point admiratif qu’après
tous les mots qui énoncent l’admiration. Hélas,
petits Moutons, que vous êtes heureux ! H a , mon
D ie u , que j e fouffre 1 Voye\ Po n c tu a t io n . ( M%
du M ars a ïs. )
ADONIQUE ou AD O N IEN , adjeft. ( Poéf. )
Sorte de vers fort court, ufité dans la poéfie grèque
& latine. Il n’eft compofé que de deux pieds, dont le
premier eft un daéiyle, & le fécond un fjpondée ou un
trochée ; comme Kara Juventus.
On croit que fon nom vient d’Adonis , favori de
Vénus, parce que l ’on faifoit grand ufàge de ces
A D O
fortes de vers dans les lamentations ou fêtes lugubres
qu’on célébroit en l’honneur d’ Adonis. Ordinairement
on en met un à la fin de chaque ftrophe de vers
fàphiques , comme dans celle-ci :
Scandit aratas vitiofa naves
Cura , née. turmcis equitum relin quit ^
Ocyor cfrvîs & agente nimbos
Ocyor Euro. Horat.
Ariftophane en entremêloit auffi dans les comédies
avec des vers anapeftes. Voye\ A napeste &
Sa ph iq u e . ( L 'a b b é M a l l e t . )
AD O R ER , HONORER , RÉVÉRER. Syn.
Ces trois mefts s’emploient également pour le
culte de religion & pour le culte civil. Dans le
premier emploi, on adore Dieu , on honore les
faints , on révéré les reliques & les images. Dans le
fécond, on adore une maitreffè, on’honore les honnêtes
gens y on révère les perfonnes illuftres & celles
d’un mérite diftingué.
En fait de religion , Adorer, c’eft. rendre à
' l’être fûprême un culte de dépendance & d’obéifo
fonce : Honorer, c’eft rendre aux êtres fubaltarnes ,
mais fpirituels, un culte d’invocation : Révérer, c’eft
rendre un culte extérieur de refpeét & de foin à des.
êtres matériels, relativement à des êtres fpirituels
à qui ils ont appartenu.
Dans le ftyle profane, on adore , en fo dévouant
totalement au forvice de ce qu’on aime , & en admirant
jufqu’à fés défauts : on honore par les attentions
, les égards, & les politeftés : on révère , en
donnant des marques d’une haute eftime , ou d’une
confédération au defliis du commun.
La manière d'adorer le vrai Dieu ne doit jamais
s’écarter de la raifon ; parce qu’il en eft l’auteur , &
qu’elle n’a été donnée à l’homme que pour qu’il en
fa fié un ufoge continuel. On n honorait pas les
foints , ni on ne révéroit leurs images dans les
premiers fiècles de l’Églifè ; parce que l’averfion
qu’on avoit pour l’idolâtrie, alors régnante , rendoit
circonfped for un culte , dont le précepte n’étoit
..pas affez formel pour ne point éviter le foandale
& la méprifo qu’il pouvoit occafionner dans ces
temps-là.
La beauté ne fo fait adorer que quand elle eft
foutenue des grâces : fés charmes foroient alors trop
puiflânts, fi le caprice & l’injuftice ne venoient en
diminuer la force. L ’éducation du peuple fo borne à
faire vivre en paix & familièrement avec fés égaux ;
il ne foit ce que c’eft que de les honorer : cette
façon d’agir eft d’un état plus haut. La vertu mérite
fons doute d’être révérée ; mais qui la connoît & qui
la pofsède ? elle n’eft pas encore définie ; & elle
eft d’autant plus rare que fo place eft partout, &
que prefque partout l’intérêt, la vanité, la foibleffe,
ou la petitefté la font éçlipfor. ( L 'a b b é G ir a r d . )
A D O U C IR , MITIGER. Syn.
Adoucir y c’eft diminuer la rigueur de la règle
a d v
pat la dîfpenfo d’une partie de ce qu’elle preforit,
ou par la tolérance de légères inobforvations ; cela
ne regarde que des chofes paflagères & particulières.
Mitiger , c’eft diminuer la rigueur de la
rè g le , par la réforme de ce qu’elle a de rude ou
de trop difficile; c’eft une conftitution confiante &
pour toujours. \Le premier dépend de la bonté ou \;
de la facilité du fopérieur. Le fécond eft conftaté
par la réunion des volontés & par la convention de
tous les. membres du corps. (L 'a b b e Girard . )
ADRESSE, SOUPLESSE, FINESSE, RUSE,
ARTIFICE. Syn.
L'adrèjfe eftTartde conduire fos entreprîtes d’une
manière propre à y réuffir. L a fouplejfe eft une
difpofition à s’accommoder aux conjonctures & aux
évènements imprévus. La finejfe eft une façon
d’agir focrète & cachée. La rufe eft une voie dé-
guiféepour aller à fos fins. L'artifice eft un moyen
recherché & peu naturel pour l ’exécution de fos
defléins. Les trois premiers de ces mots fo prennent
plus fouvent en bonne part que les deux autres.
L 'adrejfe emploie les moyens ; elle demande de
l ’intelligence. La fouplejje évite les obftacles ; elle
veut de la docilité. La finejfe infirme d’une façon
ânfonfîble ; elle foppofo de la pénétration. L a rufe
trompe ; elle a befoin d’une imagination ingénieufè.
L ’artifice forprend ; il fo fort d’une diffimulation
préparée.
Il faut qu’un négociateur foit adroit ; qu’un cour-
îifon foît fouple ; qu’un politique foit fin ; qu’un
efpion foit rufé ; qu’un lieutenant - criminel foit
.artificieux dans fos interrogations.
Les affaires'difficiles réunifient rarement, fi êlles
fie font traitées avec beaucoup d’adrejfe. Il eft
impoffibie de fo maintenir long temps dans la faveur
fans être doué d’une grande fouplejfe. Si l’on
ti’eft pas extrêmement fin , l ’on eft bientôt pénétré à
la Cour jufqu’au fond de l ’ame. Il n’eft pas d’un
galant homme de fo forvir de rufe, excepté en
■ cas de repréfàilies & en fait de guerre. On eft
quelquefois obligé d’ufor d’artifice', pour ménager
des gens épineux, ou pour ramener au point delà
vérité des perfonnes fortement prévenues. Voye\
F inesse , R use , A stu ce , Pe r f id ie , ( L'abbé
G ir a rd . )
* ADVERBE, f m. terme de Grammaire. Ce mot
eft formé de la prépofition latine ad, vers, auprès,
& du mot verbe ; parce que Y adverbe fo met ordinairement
auprès du verbe, auquel il ajoûte quelque
modification ou circonftance : il aime confiam-
ment, i l parle bien, il écrit mal. Les dénominations
fo tirent de l’ufâge le plus fréquent : or le
forvice le plus ordinaire des Adverbes eft de modifier
1 aétion que le verbe fignifie , & par conséquent
de n’en être pas éloignés ; & voilà pourquoi
on les a appelés Adverbes , c’eft à dire, mots
joints au verbe; ce qui n’empêche pas qu’il n’y
ait des Adverbes qui fo rapportent auffi air nom
A D V <31
âdjeéfif, au participe , & à des noms qualificatifs,
tels que roi, père, &c. car on d it, i l m'a paru
bien changé ; c'efi une femme extrêmement fage &
fort aimable ; il e jl véritablement roi. (M . du
M a r saTs . )
(€[ Cette étymologie du mot Adverbe n’eft bonne
& vraie , qu’autant que le mot latin verbum fora
pris dans fon fons propre, pour lignifier mot & non
pas verbe, comme dans ce vers d’Horace. {A r t. 13$.)
Nec verbum verbo curabis reddere fidus
Interpres.
En effet Y Adverbe modifie auffi fouvent la lignification
des noms, des adjedifs, & même des autres
Adverbes , que celle des verbes. Cependant la
Grammaire générale & raijonnée ( Part. 11 ch. iz . )
fomble infînuer que Y Adverbe fo joint plus ordinairement
au verbe, & qu’il en prend fà dénomination
; ceux qui ont adopté la doctrine de P,
R. ont adopté cette erreur, dont on trouve le
germe dans Prifoien ( lib . x v . ) & le développement
dans San&ius. ( Mine rv. III. 13.)-: M. du
Mariais lui-même n’a pu s’en défendre. ) ( M.
D eauzée. )
En faifànt l’énumération des differentes fortes de
mots qui entrent dans le difoours, je place Y A d verbe
après la prépofition, parce qu’il me* paroi
que ce qui diftingué Y Adverbe des autres .efpèces-
de mots, c’eft que Y Adverbe vaut autant qu’une
prépofition & un nom ; il a la valeur d’une prépo-
fîtion avec fon complément ; c’eft un mot qui abrège;
par exemple , f a ement vaut autant que avecJageJfe*
C M . du M a rs aïs . )
Si l’on compare les deux efpèces , on verra que
les mots de l’une & de l’autre énoncent des rapports
généraux avec abftra&ion du terme • antécédent;
parce que, le même rapport pouvant fo
trouver dans differents êtres, on peut l’appliquer4
fans changement à tous les fojets qui fo préien-
tent dans l’occafîon : telle eft l’idée générique &
commune des deux efpèces. Les caractères diffé-
renciels confident en ce que les prépofîrions font
abftraétion de tout terme confequent , & que les
Adverbes font déterminés par l’idée expreffè d’un
terme conféquent : c’eft à peu près ainfi que le verbe
abftrait ou fubftantif diffère des verbes concrets ou
connotatifs ( voye\ connûtatïf ) ; en ce que le premier
faiteflenciellement abftraétion de tout attribut,
& que les autres renferment expreffément l’idée de
quelque attribut déterminé. On pourroit donc réunir
les prépofitions & les Adverbes , comme deux efpèces
d’un même genre ; ainfi qu’on a réuni, à
pareil titre , le verbe fubftantif & les verbes connotatifs
: & dans ce cas , les prépofitions pourroienc
prendre le nom $ Adverbes indicatifs ; & lès A d verbes,
celui d’Adverbes connotatifs. Ce foroit peut-
être le parti le plus raifonnable & le plus philo-
fophique; & c’eft pour cela que je réunis du moins
les deux efpèces fous la dénomination commune de
Mets fupplétifs, n’ofànt pas toucher aux dénomi-»
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