
lui de (es attributs dont il fomble lui-même Ce
glorifier le plus, fà bonté toujours miféricor-
dieufo.
L ’ A p p r éh en jîo n eft une inquiétude qui naît fîm-
plement de l’incertitude de l’avenir , & qui voit
le même degré de poffibiiité au bien & au mal.)
( M . JBe a u z è b . )
L ’A la rm e nait de ce qu’on apprend; l’E f f r o i ,
de ce qu’on voit; la T e r r eu r , de ce qu’on imagine;
la F r a y e u r , de ce qui lurprend ; Y E p o u v a n t e , de
ce qu’on prefoine; la C r a in t e , de ce qu’on fait;
la P e u r , de l’opinion qu’on a ; & Y A p p r é h e n j îo n ,
de ce qu’on attend.
La préfonce fobite de l’ennemi donne l’A la rm e ;
la vue du combat caufo l’E f f r o i ; l’égalité des
armes tient dans Y A p p r éh en jîo n ^ la perte de la
bataille répand la T er reu r ; les fuites jettent Y E p o u v
a n te parmi les peuples & dans les provinces;
chacun cra in t pour foi ; la vue du foldat fait
F r a y e u r y on a P e u r de ion ombre. (M . D i d e r o t ,)
ALARMÉ , EFFRAYÉ, É PO U V AN T É . Sy n .
Ces mots défîgnent en général l’état aétuel d’une
perfonne qui craint, & qui témoigne là crainte
par des lignes extérieurs. E p o u v a n t é eft plus fort
qu'E f f r a y é ; & celui-ci , qu'A la rm é ,
On eft a la rm é d’un danger qu’on craint ;
e ffra y e d’un danger paffe qu’on a couru fans
^’en appercevoir ; ép o u v a n té d’un danger préfont.
L ’A la rm e produit des efforts pour éviter le mal
dont on eft menacé : Y E f f r o i Ce borne à un'fon-
îiment vif* & pafïager : Y É p o u v a n t e eft plus
durable, & ôte prelque toujours la réflexion, F o y e \
C r a in d r e , A p p r éh e n d e r , R e d o u t e r , A v o ir
p e u r . ( M • D iderot, )
F (N.) A LCAÏQU E. adj. Inventé par A l c é e . Le
poète lyrique A lcée, ’AXxuloç , né à Mitylène, % ,
dit-on , l’inventeur du vers a lca ïq u e , ainli appelé
d'u nom de fon auteur; & cette ef^èce de vers
eft ufîtee dans la Poélîe lyrique grèque & latine.
Le vers a lca ïq u e a quatre pieds & une lyllabe:
le premier pied eft un ïambe ou un Ipondée ;
le fécond eft un ïambe, lûivi d’une céfore longue ;
le troifîème & le quatrième, lônt des daâyles. C ’eft
ce vers qu’on appelle grand a lca ïq u e .
Il y a une autre efpèce de vers qu’on nomme,
petit al&aïque ; il eft compofé de deux daâyles,
& de deux chorées ou trochées.
u — 1 — j — u u
Grand alcaïque
1 I_____
m n Petit alccüque i — u u 1 — u u 1 — <->1 —*-*1
Horace, qui a fait grand ulàge de ces vers,
a compofé lès ftrophes de deux grands alcdiqués ,
d’un ïambique de quatre pieds & demi, & d’un
petit alcaïque. Exemple ( II. Od, 14. ) :
Ehcu ! fugaces, Tofthume, Foflhume,
Labuntur anni ; nec pie tas moram
Rugis , & injlanti fencchz
Afferet, indomitceque morti.
Quelques littérateurs diftinguent une autre lôrte
de vers alcaïque, compofé, dilènt-ils , de quatre
pieds : le premier eftun épitrite ; le lècond & le
troifième , deux choriambes ; & le quatrième , un
bacchique. Exemple (, Hor. I. Od, g , ) :
Curtimëtflcùyüm Tib'érim\tangeré?cür\olïvüm
Cette elpèce dg vers, li c’en eft un , doit paroître
bien extraordinaire, & j’ofè même dire bien peu
harmonieux. Mais tous les bons éditeurs d’Horace,
divisent l’ode dont il s’agit en ftrophes de trois
vers choraïques , comme celle dont on a tiré,
l’exemple propofé :
Tëmpéret ôra frënls
Cür ti- met f là - %üm Tïbe - rïm
Tângerë ? cür 0- lïvum
Ainli, le prétendu vers a lca ïq u e mis en exemple
lè réduit à deux choraïques , l ’un de trois pieds
& demi, & l’autre de trois pieds : & le premier
vers de la. ftrophe, qui lè trouve ainli de même
melure que le troifième , prouve en effèt que ce
troifîème eft un véritable vers , ablblument détaché
du lècond.
Il paroît d’ailleurs que fes pieds compoles,
commel’épitrite, le chorïambe , ( voye\ Pie d ) ne
peuvent être comptés que dans l ’harmonie moins
rigoureulè de la prolè. M. B eaxjzée,
(N.) A LCMANIEN, E. adj. Employé fréquemment
par A lcm a n , ancien poète grec, eftimé pour lès
poéfîes lyriques & galantes.
Il y a plufîeurs fortes de vers ac lm am en s ,
i ° . De trois daâyles & une lyllabe longue;
| Q u id g én ie s | ë t prod- | v o s J t r c p ï- 1 t ï s ? |
z ° . De deux daâyles & un Ipondée, ou de
deux Ipondées & un daâyle dilpofés comme on
v eut, & une lyllabe longue :.
N e vlcl- ïs per | jô rd f 0- 1 vens *
A ü i ïô - r ëm q u tD e - | üm fp ë c - | tës
3°. De trois daâyles & un pyrrique, qui eft
l’équivalent d’une lyllabe longue :
| Q.u ï W Ê È I r e zngenü- 1 üm volet | agriim, |
A L E
4®. Un vers compofé des trois pieds & demi qui
font la fin d’un, vers hexamètre.
Q u ï f c volet è jfë f o - tëntëm ,
drii- môs domët\ illë fë - rôcës,
Nêç vïctd ii~ bïdine ' , colla
Foe- d îs jüm - | mïttdt ha- | hënïs.
5°. On donne auffi le nom d'alcmanien au petit
dlcaiqiie, dont il a été parlé dans l’article précédent.
M ’. B e a u z é e .
* ALEXANDRIN, adj. m»{Poéjze').
Le vers alexandrin nous ^ient lieu du vers hexamètre,
& à là place nous l ’employons dans nos
poèmes héroïques ; mais, quant au nombre & au
mètre, c’eft au vers afolépiade latin que notre vers
héroïque répond. Il en a la coupe & les nombres,
avec cette foule différence que le premier hémif-
tiche de l’afolépiade n’eft pas effènciellement fé-
paré du lècond par un repos dans le lèns, mais
fèulément par une lyllabe qui refte en fofpens après
le lècond pied.
Plus le vers héroïque françois approche de l’afo
clépiade par les nombres, , & plus il eft harmonieux;
Or ces nombres peuvent s’imiter de deux
façons, ou par des nombres lèmblables, ou par des
équivalents.
On lait que les nombres de l’afclépiade font le
Ipondée & le daâyle, & que chacun de ces deux
pieds forme une melure à quatre temps. Ainfî, toutes
les fois que le vers héroïque françois lè divifo à
l ’oreille en quatre mefores égales, que ce foit des
Ipondées, des daâyles, des anapeftes, des dipyr-
riches, ou des amphibraches , il a le rhythme
de l’afclépiade, quoiqu'il n’en ait pas les nombres.
Le mélange de ces*éléments, étant libre dans nos
vers françois, il les rend fîifoeptibles d’une variété
que ne peut avoir l’afolépiade, dont les nombres
font immuables. Cependant nos grands vers font encore
monotones, & cette monotomiea deux caufos*
l ’une, parce qu’on ne lè donne pas alfez de foin
pour en varier le repos : voye^ l ’article H ém istich e
fait par 1 auteur de la Henriade ; l ’autre parce que
dans nos poèmes héroïques les vers font rimés deux
a deux ; & rien de plus fatiguant pour l ’oreille que
€? >re,tour. périodique de deux finales confonnantes
répété mille & mille fois.
Il foroit donc a fouhaiter qu’il fût permis , lûr-
tout dans un poème de longue haleine , de croifor
les rimes, en donnant, comme à fait Malherbe
une rondeur hasmonieufe à la période poétique!
Peut-être feroit-il à fouhaiter auffi que , félon le
caraâère des* images & des fentiments quon auroit
5 peindre, il fût permis de varier le rhythme &
d’entremêler , comme a fait Quinault, differentes
firmes de vers»
A L L 119
Corneille , dans fà vieillefïè, effàya d’écrire la
tragédie d'Agéjîlas en vers entremêlés & de différente
mefure. Ce foible ouvrage n’étoit pas fait
pour fèrvir de modèle : l ’effai ne fut point imité.
M. de Voltaire a croifé les vers de la tragédie
de Trancré de ; & au moins cette fîngularité n’a-
t-elle pas nui au foccès de la pièce, il eft v ra i,
l’une des plus intéreffantes du plus pathétique de
nos poètes.
Dans le conte charmant des Trois manières , 1e
même poète a employé, avec choix, trois mètres
différents, & analogues aux caraâères des perfon-
nages & des fiijets. C ’eft là qu’en comparant le vers
de dix fÿllabes à celui de douze , il dit, dans le
ftyle de Defpréaux :
Apamis raconta fes malheureux amours,
En mètres qui n’étoient ni trop longs ni trop court».
Dix fÿllabes, par vers , mollement arrangées ,
Se fui voient avec art, & fembloient négligées.
Le rhythme en eft facile ; il eft mélodieux.
L’hexamètre eft plus beau , mais par fois ennuyeux.
Voye\ V e r s . ) ( M i M armoktel. )
(N.) A L L É G IR , AMENUISER, AIGUISER.
Syn,
Termes communs à prefque tous les arts mé-
chaniques. A llég ir , & Amenuifer fe difont généralement
de la diminution qui fè fait dans tous
les fons au volume d’un corps : avec cette différence
qu 'Allégir fo dit des groffes pièces comme
des petites. On allégit un arbre ou une planche ,
en ôtant partout de fon épaiffeur ; mais on n’ame-
nuife que la planche,. & non pas l’arbre.
Aiguifer ne fo dit que des bords ou du bout ;
des bords, quand on les met à tranchant for une
meule; du bout, quand on le rend aigu par la
lime, le marteau, ou le tranchant, félon la matière
& la deftination du corps. On aiguife un
rafoir, une épingle , un pieu, un bâton.
.On allégit, en diminuant for toutes les faces
un corps confîdérable : on en amenuife un petit
en le^ diminuant encore davantage par une foule
face: on Y aiguife par les extrémités. A in fî, en.
allégit une poutre ; on amenuife une voliche ; on
aiguife un couteau par l’un de fès bords , un gra-
toir par les deux , une épée par la pointe , un bâton
par le bout ou par les. deux bouts-. D id e r o t .)
(N.) ALLÉGORIE. C f. [Grammairel) II y a trois
chofès à examiner for Y Allégorie : i° . en quoi
elle confîfte ; z°. quelle eft fà jufte correfpondance
dans le fÿftême général de la Grammaire ; 3.0*
quelle eft fon origine & quels font fès ufâges.
I. En quoi confijle /'Allégorie l Allégorie.
eft un difoours qui préfonte d’abord un fèns littéral
, autre que celui qu’on a defïèin de faire en—,
tendre, mais dont on découvre aifement l’intention
par. le fèçour* des idées accefïoires & des, circonP