
points en font bien marqués, on n’a pas befôin, pour
Jes démêler, d’une analyfè métaphyfîque.
z°. 1?intégrité î Cicéron rappelle Abfolution , '
pour exprimer la correfpondance complette de la
Divijion xavec l’étendue du fujet & les parties intégrantes
: car il faut bien le garder , dit - i l , d’y
rien omettre d’effènciel à la caufè, & à quoi l’on
loit obligé de recourir après l ’avoir oublié , ce qui
fèroit dans l’orateur. une maladreflè honteufè ; id
quod vitiofijfimum ac turpijfimum eft. (Ibid. ■32.»)
On manque à ce précepte, lorfqu’au lieu d’em-
braflèr toute l’idée de fon fùjet, on n’en préfènte
qu’une face; & c’eft ce qui arrive fréquemment
dans ce genre d’Éloquence philofôphique ou reli-
gieufè , que les anciens appejoient indéfini , & dans
lequel on agite, non des caufès particulières , mais
des questions générales. « N ’eft-ce pas , deman^
» dois-je à un prédicateur célèbre , n’eft-ce pas une
» heureufè D i v ij io n que celle de Cheminais dans
» fort fèrmon de l’Ambition , où il montre qu'elle •
» ne fiai t que des e fc la v e s & des tyrans 1
» Cette Divijion, me d it-il, a le défaut de trop
» reftreindre l’idée du fujet ; & je la crois mieux
» embraflee, fî dans le paéte de la fortune, avec
» l’ambitieux, on fait voir ce qiCelle -exige & ce
» qu elle donne. En effet dans, ce plan je vis la
chofè toute entière, au Heu que celle de Cheminais
n’en préfènte;que deux afpeds.
' 30. La finïp licite, que Cicéron appelle Paucitas :
elle confîfte à ne prendre pour membre de la Divijion
que les idées principales & diftindes l’une de l'autre.
Si l’orateur, en attaquant un mauvais .citoyen , difôit
de lui : «g Je prouverai que par fâ cupidité, fon au-
» dace, & fori avarice, il a fait toute forte de maux
» à la. République ; »(Ibid. xxiij. 3 2 .) la Divijion
fèroit vicieufè , putfque l’idée.de Cupidité renferme
celle d’Avarice. C’eft la faute la plus commune du
vulgaire des orateurs.
Il peut arriver cependant que la Divijion manque
de fîmplicité, quoique les parties en fbient dif-
tinâes ;•& c'eft cè qui arrive fréquemment dans nos
fermons, lorfque l ’orateur , après avoir d i v i f é ,fu_b-
divijé, fait de fon difcours comme un arbre dont
les branches s’épuifènt en fè ramifiant & ne pouffent
qu’un bois fans fruit.'
Dans le genre oratoire, il faut fè fou venir que
rien ne frape. la multitude que., les grandes, ma {Te s :
les détails multipliés papillottent aux yeux de l’efprit,
Le confondent dans la.- mémoire , & ne font fur
i ’ame que des impreflions légères & fugitives comme
S eux.
L ’abus des Subdivisons n’en exclut pourtant pas
Tufàge ; & lorfque le dèvelopement du fùjet les
e x ig e , elles font placées : mais alors rn.éme, dit
•Cicéfon, la fimplicité confîfte à ne pas y admettre
de fùperfluïtés ; comme l ’orateur , qui diroit : » Ce
» dont mes adverfâires font "accufés , je prouverai
5) qu’ils l’ont pu faire, qu’ils l’ont voulu faire, & qu’ils
33 l’ont fait ; « (UA33.J car s’il eft prouvé qu’ils l’ont
fa it, le refte devient inutile. Mais Çiçéron lui-même
ne fèmble t-îl pas tomber dans ce défaut, lorfque
dans la V lld e s Philippiques, (iij- 9.) il divifeainfi ;
Curpacem nolo ? quia turpis eil, quia periculoja ,
quia effe nonpoteji ? Car s’il eft prouvé que la paix
avec Antoine eft impoflible, il eft fuperflu de faire
voir qu’elle feroit honteufè & dangereufè. Lui-meme,
il dit ailleurs que dans le genre délibératif, les deux
grands moyens font l’impoftibil^é. ou la néceffité ;
mais ces deux moyens ne font pas toujours bien
démontrés y 8c c’eft alors qu’ils ont befôin d’appui..
Voyelle modèle des Subdivifions dans le fèrmon
de Mafïillon fur la Mort du Pécheur fur celle
du Jufte, fèrmon que je regarde comme le chef-
d’oeuvre de l’Éloquence de la Chaire.
Que la Divijion fait complette, précifè, & di£
tinéte , c’eft à dire, qu'elle enibraffè tout fon fujet,
qu’elle ne s’étende point au delà , que les .parties
qu’elle diftingue ne rentrent point l’une dans l’autre ,
: qu’elles fbient toutes eorrefpondantes & comme
les branchés d’une tige commune partant toutes
du même point ; ce font des règles que la Philo-
fôphie obfèrve comme l’ÉloquenceiCicéron les étend
à toute forte de compofition raifonnée ; & il en cite
pour exemple (I.De hiv. xxiij - 3 3.)-la belle expofîtiqn
de i’Andriène deTérence, où Cimon dit à fon efclave;
Eo pado & gnati vitam j & çonjîiiuiu meum
, Cognofcis , & quid facere in hâc re te vclim.
En effet, dans l’inftrüétion du vieillard, !cette
DivifiorVeû remplie.
Toutes ces règles font celles du bon fèns ; • SC
elles feroient fùperflues, fî ce qu’on appelle le fèns
commun étoit moins rare. Mais fait manque de
réflexion ou de juftefTe dans l’efprit, on voit tous
les jours ceux qui ’méprifènt les règles, & qui
nous difent'avec confiance que le talent n’en a pas
befôin , prouver , par leurs écrits , qu’avec le talent
même on a tort de les négliger.
Je n’ajofiterai plus qu’une obfçrvation ; c’eft que
la Divijion la' plus ingénieufè, la plus feduifante
pour l’orateur, le trompe fort fôuVent, en ce que
l’une des parties eft féconde & favorable à l’Éloquence
, .& que l’autre eft ftérile & ne peut lui
fournir que des détails inanimés. Dans une caufë
où le fùjet commande, c’eft un mal fans remède.
Tout ce que l’orateur peut faire alors ÿ c’eft de dif-
pofèr fon fùjet de façon que la partie aride & épineufè
foit la première & la plus courte; & que celle qui
donne lieu à des tableaux frappants, à des mouvements
pathétiques, lôit la dernière St la plus étendue:
c’eft ce que Cicéron a obfèrvé fîngulicrement dans
fôn plaidoyer pour Milon.
Cette méthode eft d’autant plus facile à pratiquer,
que , dans prefque toutes les caufès, le fùjet préfènte
d’abord ce qu’il a de litigieux ; & qu’après la difî-
euffion., fè.place, comme de foi même, ce qu’il
a de plus oratoire.
Mais dans un genre d’Éloquence où l’orateur eft
libre de choifîr fès fùjets , il manque d’art-, fi l’une
. des parties eft riche •& :bell'e aux dépens de l’autre*
D O C
X.’Éloquence, comme la Poéfîe , doit aller en croif-
fant non pas du foible au fort, du mal au bien,
mais’ du bien au mieux , & de l’intérefiant au plus,
intéreffant encore. Les commençants, faute de pré-
' voyance,, fe laiflent éblouir par les beautés que leur
prelènte une première partie ; & quand ils arrivent
a la fécondé , leur fujet fe trouve épuife. D ’autres
comptent fur les reffources de leur leconde partie ,
pour relever là foibleffe de la première & pour
réchauffer l’auditoire ; il n’eft plus temps , l’audt-
toire eft glacé, & fon attention rebutée. L’homme
habile , en méditant fa Divifion , prévoit, pèfe, &
balance ce que chaque partie de fon fujet peut lui
donner ;
Et quee
Defperat tradata nitefeere pojje relinquit.
Hor. Art. po'èt. 151.
Au refte, le plus sûr moyen de trouver aifément
des Divifions heureufès, c’eft de concevoir puifi-
famment des fujets vaftes & féconds.
Cui lecta patenter erit res ,
27ec facundia .deferet hune, nec lucidus ordo. (Id. ib.- 40.)
\ M . M a r m o n t e l . )
• (N.) D O C T E , DOCTEUR. Synonymes.
Être docte,; c’eft être véritablement • (avant St
habile : être Docteur, c’eft non fèulement être habile
homme, mais avoir donné de la fcience certaines
preuves , par. lefquelles on ait obtenu ce titre.
Il faut néanmoins avouer que depuis quelques ,
années on a mis une autre différence entre ces
deux mots , & qu’aujourdhui le mot de Docteur
eft fort au defiôus de Docte ; ce qui eft venu de
ce que , dans -un grand nombre d’habiles gens qui
avoi'ent ce degré, quelques-uns, ne fôutenant pas
leur nom par leur fcience, fè font trouves Docteurs
fans être doctes. Cela a fuffi. pour ravaler
un titre fi beau : car c’eft un vice qu’on ne guérira
jamais.; de juger du particulier au gênerai dans les
chofes défavantageufès* {/Lr d r y d e H o i s r e g a r d I)
Refi. fur VUfagepréf. de la langue fr. tome 1.)
. De là vient la diftindion plaifante. que donne
peut-ê tr e trop férieufement. la Bruyère. ; (,M.
B e â UZÉE, ) t , ' l . i _ • ; :
Un homme à la Cour & fôuverit a la ville ,
qui a un long manteau de foie ou de drap de
Hollande, une ceinture large & placée haut fur
l’eftomac, le fôulier- de maroquin , la calotte de
même d’un beau grain, un collet bien fait & bien
empefe, les cheveux arrangés, & le teint vermeil;
qui avec cela fè fôuvient de quelques diftindions
ipétaphyfiques., explique ce que. c’eft que la lumière
de gloire, & fait précifèment comment l’on
voit Dieu: cela s’apellë un Docteur. Une perfonne
humble, qui eft enfevelie dans le cabinet ; qui a
médité , cherché , confulté , confronté , lu , ou écrit
\ pendant toute.fâ vie , eft un homme doéle. ( L a
Rku ïe se ; carad; c’a. ij.)
D O N S u
* DO N , PRÉSENT. Synonymes.
Ces deux mots fignifient ce qu’on donne à quelqu’un
fans y être obligé. Le Préfent eft moins con-
fidérable que le Don , & fe fait à des perfônnes
moins confidérables , excepté dans un cas dont nous
parlerons tout à l’heure.
Ainfi , on drra d’un prince qu’il a fait Don de
fès États à un autre, & non qu’il lui en a fait P réfent.
Par la même raifôn , un prince fait à fes fujets des
Prefents ; & les fùjets font quelquefois des Dons
au prince, comme les Dons gratuits du Clergé &
des États. Les princes fè .font des Préfents les uns
aux autres par leurs ambafiadeurs. Deux perfônnes
fè font par contrat un Don mutuel de leurs biens.
On dira au figuré > Le Don des langues, le
Don des larmes, &c ; & en général tout ce qui vient
de Dieu s'appelle Don de Dieu: c’eft une exception
à la règle générale. ( M. d*Alembert. )
- ( ^ Ceci même meferoit croire que la première &
principale différence du Don & du P réfent, confîfte en
ce que le P réfent eft moins confîdérable que le Don.
L ’auteur reconnoît que les princes fè font des Pre-
fents les uns aux autres ; ainfi, la féconde qualité
qu’il attribue au P réfent, d’être fait à des perfônnes
moins confidérables , ne lui eft point eflèncîelle. Les
biens dont on nous accorde le domaine entier, dont
nous fàifôns ufàge fans les détruire , & qui font
immeubles, font, je crois, les véritables objets du
Don; on en tranfporte la.propriété fans les déplacer.'
Les biens qui fè détériorent par l’ufâge & qui font
mobiliers, font les objets du Vréfent : on les déplace
pour en tranfporter la propriété.) ( M. Beauzée. )
On dit des talents de l’efprit & du corps, qu’ils
font un Don de la Nature ; & des biens de la terre ,
qu’ils en font des Préfents. On dit, Les Do«*, de
Gérés & de Pomone, & 1 es P réfent s de Flore; parce
que les premiers font de néceftîté plus abfôlue, &
les autres de pur agrément. (M, dAlembert.)
(N.) DONNER, PRÉSENTER , OFFRIR. Syn.
L’idée du don eft le fondement effèneiel & commun
qui rend fynonyme en beaucoup d’occafions
la lignification de ces mots : mais Donner eft plus
familier; Préfenter eft plus refpeâùeux; Offrir eft.
quelquefois religieux. Nous-donnons aux dôme P.
tiques; nous préfentons aux princes ; nous offrons
à Dieu.
On donne à une perfonne, afin qu’elle reçoive.
On lui préjente, afin qu’elle agrée. On lui offre,
afin qu’elle accepte.
Nous, ne pouvons donner que ce qui eft à nous ;
offrir que ce qui eft en notre pouvoir ; mais nous
préfentons quelquefois ce qui n’eft ni à nous ni en
notre puiffâtTCe.
Donner marque pluspofitivement l’aéïe de la volonté
qui*tranfporte aéhiellement la propriété de la
chofè. Préfenter défîgne proprementl’aétion extérieure
delà rn^ain ou du gefte, pour livrer la chofè dont on
veut tranfporter la propriété ou Pufage. Offrir exprime
particulièrement le mouvement du çeeur qui tend