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ehent ou à fè détruire ou à fe furiflonter ; on èft
fort victorieux, ou l’ony eft vaincu. „
L a Bataille donnée à Pavie fut fatale a la r rance
qui la perdit, puifque Hgn roi y fut fait prilonnier ;
mais elle ne fut pas heureufo à Charles-Qumt qui
la gagna, parce qu’elle lui attira de puiffants ennemis.
Un Général qui a eu occafion. de donner plu- '
lieurs Combats & qui en eft toujours forti victorieux
, doit autant remercier _ la fortune que le
louer de fe conduite î celui qui n’en a point donne
fans être battu, ne doit pas rougir , fi fon malheur
n a pas été l ’effet de fon imprudence. Il le la it,
dans le roman de la princeffe de Clêves, un Combat
continuel entre le devoir & le penchant, ou aucun
-d’eux ne triomphe & où tous les .deux fùccombent.
( L'abbé G ir a r d . )
(N.) B A T TR E , FRAPPER. Synonymes.
Il femble que , pour battre , il faille redoubler
les coups ; & que , pour frapper, il fümfe d en
donner un. . ,
On n’eft jamais battu, qu’on ne foit frappe ; mais
on peut être frappé fans etre battu.^
On ne bat jamais qu’avec deiïern : on frappe
quelquefois fans 'le„vouloir. N.
Le plus fort bat lefoible. Le plus violent frappe
le premier. .
On bat les gens ; & on le? frappe d an s quelque
endroit de leur corps. Célâr, pour battre les ennemis
, commande à fes troupes àe frapper au vitage.
L e Sage a dit que les verges font attachées au
cou des enfants: il neft donc pas permis a ceux
qui en ont fous leur conduite de penfer différemment;
mais il leur eft défendu d’interpréter ces
paroles autrement que de la crainte, & d en etendre
la maxime jufqu’à les battre réellement , rien
-n ’ étant plus oppofé à la^ bonne éducation que
l ’exemple d’une conduite violente & d un commandement
rude : le précepteur qui frappe fon eleve ,
lè livre bien plus dans ce moment à 1 humeur qu au
-foin de la Ctfrreftion. , •
Le mot de Frapper eft un verbe actir, qui, I
comme ptefque tous les autres verbes de la meme
efpèce, relie toujours te l, & ne reçoit a cet egar
aucun changement de valeur par la jonction u
pronom réciproque ; c’eft a dire que ce qprononj
placé fous le régime de ce verbe , fort alors a
marquer un objet auquel Ce termine 1 aCfaon que e
Verbe exprime. Il n en eft pas de même du mot de
Battre ; il cefTepar l’avènement de ce pronom
réciproque , d’être verbe aCtif, & reçoit un fens
neutre ; c’ eft à dire que ce prénom ne lert pas
alors à marquer un objet fu; l’aftio'n Ce termine,
mais que fon fervice fe borne uniquement a former
conjointement avec le verbe la fimple expreflion
de Taftion , fans rapport à aucun objet diftingue
d’elle-même; car fe'battre ne figmfie ni donner
des coups à un autre ni s’en donner a foi-meme,
{1 fignifre fimplement l’adïon perfonnelle dans le
'combat , ainfi que le mot /enfuir*
B E A
Le • dô&eur Boileau a écrit contre /la pratique
monacale de fe frapper à coups de fouet , foute-
nant que cet exercice eft indécent, & plus païen
que chrétien. L a loi du prince défend de fe battre
dans bien des occafîons où celle de l’honneur 1 ordonne
; quel embarras pour ceux qui fe trouvent
i malheureufement dans ce cas! ( L'abbe J irard.)
BEAU , adj* Métaphyfiàue. Avant que d’entrer
dans la recherche difficile de l’origine du Beau, je
remarquerai d’abord avec t®us les auteurs qui en ont
écrit, que par une forte de fatalité, les choies dont
on parle le plus parmi les hommes , font allez ordinairement
celles qu’on connoît le moins ; & que
telle eft, entre beaucoup d’autres, la nature du Beau.
Tout le monde raifônne du Beau ; on l’admire dans
les ouvrages de la nature ; on Fexige dans les productions
des arts ; on accorde ou l’on refufe cette
qualité à tout moment î cependant fi l’on demande
aux hommes du goût le plus sur & le plus exquis ,
quelle eft fon origine, fa nature, fa notion precife,
fa véritable idée , fon exaCte définition ; fi c’eft
quelque chofe d’abfolu ou de relatif; s’il y a un
Beau eflenciel, éternel, immuable, règle & modèle
du Beau fiibalterne ; où s’il en eft de la Beauté comme
des modes ; on voit aufli tôt des fentiments partagés
; & les uns avouent leur ignorance, les autres
fe jettent dans le fcepticifme. Comment fe fait -U
que prefque tous les hommes foient d accord qu il
y a un B ea u , qu’il y en ait tant entre eux qui le fen*
tent vivement où il eft, & que fi peu fâchent ce
^ Pour parvenir, s’il eft poffible , a la folution de
ces difficultés , nous commencerons par expofer les .
différents fentiments des auteurs qui ont écrit le
mieux fur le Beau \ nous propoferons enfuite nos
idées fur le même fiijet ; & nous finirons cet .-article
par des obfervations générales fur^ 1 entendement
humain & fes opérations relatives à la queftion
i dont il s’ agit. ' ,
Platon a écrit deuî? dialogues du Beau, le l heare
& 1 e grandHippitis : dans celui-ci ilenfeigne plus tôt
ce que le Beau n’eft pas», que ce qu’il eft ; & dans
l’autre il parle moins dù Beau que de 1 amour naturel
qu’on a' pour lui. Il ne s’agk dans le grand
Hippias que de confondre la vanité d’un fophifte ,
& dans le Phèdre, que de paflër quelques moments
agréables avec un ami dans un lieu délicieux.
5 S. Auguftin avoit compofé un traité fur le Beau :
mais cet ouvrage eft perdu ; & il ne nous refte de
S. Auguftin, fur cet objet important, que quelques
idées éparfes dans fes écrits, par lefqu elles on voit
que ce rapport exaCt des parties d’un Tout entre
elles, qui le conftitue un , étoit, félon lu i , le cà-
radère diftindif de la Beauté. Si je demande a un
architede , dit ce grand homme , pourquoiayant
élevé une arcade à une des ailes de fon batiment,
il en fait autant à l’autre ; il me répondra fans
doute, que c'eft afin que les membres de J on ^Architecture
fymmétrijent bien enfemble. Mais pour-
B E A' $oi
Tous ceux qui^ fe piquant de ne pas parler fini-
plement par coutume & fans réflexion , dit M. Crpu-
zas , voudront defeendre dans eux-mêmes & faire
attention à ce qui s’y paffe , à la manière dont ils
penfent, & à ce qu’ils fèntent lorfqu’ils s’écrient
Cela eft beau, s’appercevront qu’ils expriment par
ce terme un certain rapport d’un objet avec des fèntiments
agréables ou avec des idées d’approbation,
8c. tomberont d’accord que dire Cela eft beau , eft
dire, J’apperçois quelque chofe que j’approuve ou qui
me fait plaifir.
On comprend affez que cette définition de M.
Crouzas n’eft point prifê de la nature du Beau, mais
de l’effet feulement qu’on éprouve à fe préfence c
elle a le même défaut que celle de M. Wolf. C ’eft
ce que M. Crouzas a bien fénti ; aufli s’occupe-t-il
enfuite « fixer les caractères du Beau : il en compte
cinq, là variété, Vunité, la régularité, Y ordre,
la proportion.
D’ou il s’enfuit, ou que la définition de S. Aù-
guftin eft incomplette , ou que celle de M. Crouzas
eft redondante. Si l’idée d'unité ne ’vjferme pas
les idées de variété, de régularité, f ordre, & de
proportion, & fi ces qualités font effencielles au
Beau ; S. Auguftin n’a pas dû leé «Aiettre : fi l’idée
d'unité les renferme, M. Crouzas n’a pas dû les
.ajouter.
M. Crouzas ne définit-point ce qu’il entend par
variété ; il fèmble entendre par unité, la relation
de foutes les parties à un foui but ; il fait corififter
la régularité dans la pofition fomblable des parties
entre elles ; il défîgne par ordre une certaine dégradation
de parties, qu’il faut obforver dans le pafo
fege des unes aux autres ; & il définit la proportion ,
l'unité ajfaifonnée de variété, de régularité, 6*
d'ordre dans chaque partie•
Je n’attaquerai point cette définition du Beau par • j .
les chofos vagues qu’elle centient; je'me contenterai
feulement d’obforver ici qu’elle eft particulière,
& qu’elle n’eft applicable qu’à l’Architecture, ou tout
au plus à'de grands Touts dans les autres genres, à
une pièce d’Éioquence , à un drame , &c. mais
non pas à un mot, à une penfée , à une portion
d'objet» /
M. Hutchefon, célèbre profeffeur de Philofophie
morale dans l’univerfité , de Glafoou , s’eft fait un
fyftême particulier : il Ce réduit à penfot qu’il ne faut
pas plus demander Queft-ce que le B ea u , que demander
Qileft- ce que le Vifible. On entend par fift~
ble, ce qui eft fait pour être apperçu par l’oeil; &
M. Hutchefon entend par B eau, ce qui eft foit pour
être foifi par le fèns interne du Beau. Son fons interne
du Beau eft une faculté par laquelle nous difo
tinguons les belles chofos , comme le fons de la vûe
eft une faculté par laquelle nous recevons la notion
dés couleurs & des figures. Cet auteur & fes fec-
tateurs mettent tout en oeuvre pour démontrer la
réalité & la nêceffité de cefixième f e n s & voici
comment ils s’y prennent.
A Notre amej difont-Us, eft paffive dans 1«