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' Un homme de Cour .eft un homme fouple &
adroit .mais faux & artificieux, qui, pour venir à
fés fins * 5ixiet en ufége tout ce qui fé pratique dans
les Cours des princes contre les règles de la probité
& de la droiture. Un homme de la Cour eft
fîïnplenient un homme 'attaché auprès du prince, où par fé naifïànce, ou par fon emploi, où par l ’état
de- -fé- fortune. <
Une femme de la Cour y eft fixée par fa naiftancè
ou par ton état: une femme de Cour eft une femme
d’intrigues , ’ qùi n’eft pas ordinairement une fort
honnête perfonne.
Un page de la Cour eft un jeune gentilhomme
attaché en cette qualité au férvice du prince ou
d’un Grand : mais un page de Cour eft un effronté ,
qui ne refpeôe aucune bienféance..
*: On appelle proverbialement Eau. bénite de Cour,
les vaines proroeffes , les carefTes- trompeufés, & les
compliments captieux & impofteurs ; & Amis- de
Cour, dés amis fur qui l’on ne peut guère compter.
Les moeurs de la Cour font bien differentes de
celles des provinces ; mais ce n’eft fouvent qu’à
^extérieur, & il n’eft pas rare de trouver des vices
de Cour juiqu’aux frontières les plus reculées. Voye^
Remarques de BouhoiCrs, Tom. II. (Jd. B eauzée.)
(N.) C O U R A G E , BRAVOURE. Synonymes.
L e Courage paroît plus propre au Général &
à tous ceux qui commandent ; la Bravoure eft plus
néeeflaire au foldat & à tout ce qui reçoit des ordres.
La' Bravoure eft dans le féng, le Courage ëft
dans l ’ame: la première eft une efpèce d’inllincl,
lè fécond eft une vertu ; l’une eft un mouvement
prelqiie machinal, l’autre eft un fondaient noble
& foblime.
On eft brave à telle heure & félon les cîf-
conftances ; on a du Courage à tous les inftants &
dans toutes les occafions.
La Bravoure eft d’autant plus impétueufé ,
qu’elle eft moins réfléchie ; le Courage eft d’autant
plus intrépide, qu’il eft mieux raifonné.
L ’impulfion de l’exemple, l’aveuglement for le
danger’, la fureur du combat, infpirent la Bravoure;
l ’amour de.fon devoir, le défïr de la gloire, le zèle
pour fa patrie & pour fon roi, animent le Courage.
L e Courage tient plus de la raifon ; la Bravoure
eft plus du tempérament.
La Bravoure eft effencielle dans le moment d’ une
aédôiv; mais le Courage doit être durable dans tout
le cours d’une campagne.
L a Bravoure eft comme involontaire , & ne
dépend point de nous; au lieu que le Courage peut
bien être perfùadé & s’acquérir par l’éducation.
Cicéron, Ce précautionnant contre la haine de
Catilina, manquoit fans, doute de Bravoure ; mais
certainement il avoit de l’élévation & de la force
d’ame , ce qui n’eft autre chofé que du Courage,
lorfque , dévoilant fous les yeux du Sénat la conjuration
de ce traître, il défignoit tous les complices.
{M . k comte de Turf in Crissé.)
c o u
* C O U R A G E , B R A V O U R E , V A L E U R . Syn,
( f Chacun de ces trois termes annonce cette
grandeur & cette force d’ame, que les évènements
ne troublent point, & qui fait face avec fermeté à
tous les accidents,J (Jht. B e a u z é e .)
Le rao^ Vutilance paroît d’abord devoir être
compris dans ce parallèle : mais- dans le fait, c’eft
un mot qui a v ie illi, & que Valeur a remplacé
; fon harmonie & fon nombre le fait cependant
encore employer dans la Poéfîe.
Le Courage eft dans tous les- évènements de la
vie; la Bravoure n’eft qu’à la guerre; la Valeur,
partout où il y a un péril à affronter & de la gloire
à acquérir.
Après avoir monté vingt fois à l’afïàut, le Brave
peut trembler dans une forêt battue de l’orage, fuir
à la vue d’un phofphore enflammé , ou craindre les
efprits ; le Courage ne croit point à ces rêves de
la foperftition & de l’ignorance ; la Valeur peut
croire aux revenants, mais alors elle fé bat contre
le phantôme,
La Bravoure fé contente de vaincre l’obftacle
qui lui eft offert ; le Courage raifonné fur les
moyens de le détruire ; la Valeur le cherche, &
'fon élan le br-ifé s’il eft poffible.
La Bravoure veut être guidée ; le Courage fait
commander , & même obéir ; la Valeur fait combattre.
Le Brave blefle s’enorgueillit de l’être ; le Cou*
r a g iu x raffemble les forces que lui laiflè encore f é
bleflure , pour férvir fé patrie ; le Valeureux
fonge moins à la vie qu’il va perdre , qu’à la gloire
qui lui échappe. ' . . n
La Bravoure vidorieufé fait retentir l’arêrie de
fes cris guerriers; le Courage triomphant oublie
fon fùccès , pour profiter de fés avantages ; la
Valeur couronnée foupire après un nouveau combat»
Une défaite peut ébranler la Bravoure $ le
Courage fait vaincre, & être vaincu fans être défait;
un échec défoie la Valeur Glus la décourager.
L ’exemple influe for la Bravoure ; plus d’un
foldat n’eft devenu brave qu’en prenant le nom de
Grenadier : l’exemple ne rend point valeureux ,
quand on ne l’eft pas ; mais les témoins doublent
la Valeur : le Courage n’a befoin ni de témoins ni
d’exemples.
L ’amour de la patrie & la fénté rendent brave ;
les réflexions, les connoiflànces, la philofbphie
le malheur , & plus encore la voix d’une.confidence
pure , rendent courageux j la vanité noble & l’efpoic
de la gloire produifént la Vuleur.
Les trois-cents lacédémoniens des Thermopyles ,
celui même qui échappa, furent braves ; Socrate
buvant la ciguë , Régulus retournant à Carthage ,
Titus s’arrachant des bras de Bérénice en pleurs,
ou pardonnant à Sextus , furent courageux : Hercule
terraflant les monftres, Perfée délivrant Andromède,
Achille courant aux remparts de Ttoye sûr d’y
périr , étonnèrent les fîècles paffés par leur Valeur%
De nos jours, que l ’on parcoure les M e s trop
mal
C O U
mal conférvés & cent fois trop peu publiés de
nos régiments ; l’on trouvera de dignes rivaux des
braves de Lacédémone : Turenne & Catijiat furent
courageux ; Condé fut valeureux & l’eft encore.
Enfin l’on peut conclure que la Bravoure eft le
devoir du foldat; le Courage , la vertu du fége
& du héros; la Valeur, celle du vrai chevalier.
Voye\ C oe u r , C o u ra ge , V a l eur , B r a v o u r e ,
I n t r é p id it é . Syn. & encore V a l e u r ^ C o u r a g e .
Syn. ( M. de PEZAYi ) .
(N.) COURRE , COURIR. Synonymes.
Courre eft un verbe adif ; c’eft Pourfoivre quelque
chofé pour l ’attraper. Courir eft un verbe neutre
; c’eft Aller fort vite pour avancer chemin. _
On dit, Courre le cerf, Courir à toutes brides :
& il me fémble que ce ne ferait pas mal dire , que ,
pour courre les bénéfices & les emplois, il faut courir
aux ruelles & aux audiences. ( U a b b é G ir a r d . )
(N.) COURSIER, C H E V A L , ROSSE. Syn.
Ce font trois mots qui fervent à . réveiller l’idée
de cet animal domeftique, qui eft fi utile à l'homme
: en voici les différences.
Le mot de Cheval eft le nom Ample de l’efpèce,
fan s-au cime autre idée aeceflbire : le mot de Cour-
fier renferme l’idée d’un Cheval courageux & brillant
: & celui de RoJJe ne préfénte que l’idee d’un
Cheval vieux & ufé, ou d’une nature chétive.
Cour fier_ & RoJJe peuvent fé pafler tous deux
d’épithète ; mais Cheval en a abfolument befoin ,
pour diftinguer un Cheval, d’un autre. ( Conjid.
Jïir les ouvrages Æefprit, p. 6 z. )
La Poéfie , fé propofént de peindre la belle nature,
eft en droit & en pofTeflion de préférer le
terme de Cour fier pour parler d’un Cheval de monture
ou des Chenaux d’un char. Le mot de Cheval
au pluriel, ainfi que dans la Profé , y défîgne ordinairement
les cavaliers. Mais le mot de RoJJe
n’eft de mifé que dans le ftyle familier où dans le
burlefque , à caufè de l’idée d’abjeâion, qui eft inséparable
de celle de l’inutilité. (JH . B e a u z é e . )
C O U T U M E , HABITUDE. Synonymes.
La Coutume regarde l’objet ; elle le rend familier.
L ’Habitude a rapport à l’aétion même ; elle
la rend' facile. L ’une fe forme par l’uniforriiité , &
l ’autre s’aquiert par la répétition.
Un ouvrage auquel on eft accoufufné coûte moins
de peine. Ce qui eft tourné en Habitude , fé fait
prefque naturellement & quelquefois même involontairement.
On s accoutume aux viféges les plus baroques
par l'Habitude de les voir ; l’oeil celle à la fin d’en
être choqué. Il n’en eft pas de meme des caractères
aigres ou brufques ; le temps ufé la patience. Voye\
U sage , C o u tu m e . Syn. { I l a b b é G i r a r d . )
* C O U V E R T '( ' a j , 'A L ’ABRI. Synonymes.
(5 Al couvert défîgne quelque chofé qui cache ; A
Cramai, et L it t é r a t . Tome I. Fart. II.
C R A p i
Vabri , quelque chofé qui défend. Voilà pourquoi
l’on dit, Etre à couvert des pourfoitesde fés créan-
i ciers , à l’abri des infultes de fes ennemis. ) {Uabbé
| G i r a r d . )
On a beau s’enfoncer dans l’obfcurité , ' rien ne
met à couvert des pourfoites de la méchanceté,
rien ne met à l ’abri des traits de 1 envie. (M. D i*
D E R O T . )
(N.) CRAINDRE, APPRÉHENDER, REDOUTER
, AVOIR PEUR. Synonymes. .
On craint< par un mouvement d averfîon pour le
mal, dans l’idée qu’il peut arriver. On appréhende
par un mouvement de défïr pour le bien, dans 1 idée
qu’il peut manquer. On redoute par un féntiment
d’eftime pour l’adverfaire , dans l’idée qu il eft fo-
périeur. On a peur par un foible d efprit pour le
foin de fé confervation , dans l’idée qu il y a du
Le défaut de courage fait craindre. L incertitude
du fuccès fait appréhender. La défiance des forces
fait redouter. Les peintures de l’imagination font
avoir peur. . , ^
L e commun des hommes craint la mort au dellus
de tout ; les épicuriens craignent davantage^la douleur
; mais les gens d’honneur penfent que l’infamie
eft ce qu’il y a de plus à craindre. Plus on fou-
haite ardemment une choie , plus on appréhende de
ne la pas obtenir. Quelque mérite qu’un auteur le
flatte d’avoir, il doit toujours redouter le jugement
duÈublic. Les femmes ont peur de tout, & il eit
peu d’hommes qui, à cet égard, ne tiennent^ de
la femme pat quelque endroit ; ceux qui n ont
peur de rien , font les feulé qui font honneur a leur
(eXe. V o y e x A la rm e , T e r r e u r , E f f r o i , &c.-
Syn. St A la rm é , E f f r a y é , E po u v a n t e . Syn.
( Vahbd Girard )
CRASE f. f. terme de Grammaire. La Crafc
eft une de ces figures de diftion qui regardent les
changements qui arrivent aux lettres ou aux y -
labes d’un mot, relativement a l’etat ordinaire du
mot où il eft fans figure. La figure qu on appelle
Crafe Ce fait lorfque deux voyelles fe confondant
enfemble , il en réfulte un nouveau fon ; par exem-,
pie lorfqu’au lieu de dire a te ou de te, nous
difons au ou d u , & de même le mois d Oât au
Heu du mois d'Août. Nos pères difoient : la ville
de Ca-en , la ville de La-an , un fa-on , un pa-on,
en deux fyllabes ; comme on le voit dans les écrits
des anciens poètes : aujourdliui nous di.ons par
Craie , en une feule fyllabe, Can , Lan ,pan , fan.
Obfervez qu’en ces occafions, la voyelle la plus
forte dans le fori fait difpatoitre la plus foible. Il
y a Crafe quand nous difons l’homme, 1honneur
&c. Mais il faut obferver "que ce mot Crafe neO.
1 en ulâge que dans la Grammaire gr-que, orquon
parle des comraftions qu’on divile en Crafe & en
1 Synchrèfo, Au telle ce mot Crafe eft^out grec .