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runt, neque metunt ,
.neque congregant in
horrea ; & pater vef-
ter cczlejlis pafcit ilia.
Nonne vos magis pluris
tjlis illis.
, Quis autem vefirum
cogitans potejl adji-
•cere ad fiaturam fuam
cub it urn unum ?
Jit de veflimento quid
Jolliciti efeis ? Confederate
lilia agri quo-
point, ne moiffbnnent point,
ne font point d’amas dans
des greniers ; & votre père
célefte les nourrit. Ne lui
êtes-vous pas plus précieux
modo c ref cunt; non la-
borant neque nent:
Dico autem vobis
• quoniam nec , Salomon
in omni gloria fua coo-
pertus efi Jicut unum
ex iftis.
Si autem fiznum agri,
quod hodie eft & eras
in clibanum mittitur,
jDeusfee veftit; quanto
magis vos , modicae
fidei I
que ces oifeaux ?
Mais qui de vous avec
tous fes projets peut ajouter
à là taille une feule
coudée ?
Et quant à l’habillement
, pourquoi vous en
inquiétez-vous ? Voyez
comment croiffènt les lis
de la campagne ; ils ne
travaillent ni ne filent.
Or je vous- dis que
Salomon même dans toute
là gloire n’a pas été vêtu
comme l’un de ces lis.
Mais fi Dieu habille
ainfi une herbe de la campagne
, qui eft aujourdhui
& qui Ce jette demain dans
le four ; combien aura-t-il
plus de loin de vous, gens
de peu de foi ?
• Nous trouvons dans Cicéron ( Denat. deorum ,
II. xxxviij. 97. ) une belle Comparaifon du moins
au plus :
Quis enim hune hominem
dixerit, qui ,
jquum tam certos coeli
motus 5 tam ratos af
trorum ordines, tamque
omnia inter fe connexa
6 apt a vident, ne get
in his ullam inejfe ra-
ûo7iem, eaque cafu fieri
dicat quoe quanto con- .
filio gerantur nullo con-
Jilio ajfequi pojfumus?
udn , quuni machina-
lione quâdam moved
ahquid videmus , ut
fphoeram , ut horas ,
nt /alia permulta, non
dubitamus quin ilia opera
fint ràtionis : quum
autem impetum coeli ad-
mirabili cum celer hâte
moved ver tique videa-
mus, corftantiffimè con-
ficientem viciffitudines
anniverfarias cum fum-
mâ faXttte & conferva-
tione ferum omnium ;
dubitamus quin ea non
folum raiione fiant ,
Qui pourrait en effet
donner le nom d’homme
à c e lu i, qui, voyant les
mouvements du ciel fi déterminés
, le cours des af-
tres fi régulier , toutes cho-
fes fi bien liées & fi bien
proportionnées entre elles,
n’y reconnoitroit aucune
trace de raifen, & attribuerait
au halàrd des effets
dont la fàgefîè fe dérobe
à toutes les lumières de
notre fàgefîè ? Quoi ! lorsque
nous voyons le mouvement
d’une machine,
comme d’une fphère, d’une
horloge, d’une infinité
d’autres , nous ne doutons
pas que ce ne feient des
ouvrages de la raifon : &
quoique nous voyons le
ciel fe mouvoir & tourner
avec une rapidité étonnante
, ramener conftam-
ment chaque année les
viciffitudes des fàifens, entretenir
& conferver .ainfi
toutes chofes nous doufed
etiam éxcellenti to n s q u e to u s c e s phétTo-,
quâdam divinâque ra- m è n e s f e ie n t l ’e f f e t , j e n e:
tione l d is p a s fe u lem e n t d ’u n e
in t e l l ig e n c e , m a is d 'u n e
e x c e l l e n t e , d ’u n e d iv in e in t e l l ig e n c e ?
III. On conclut de parité, lorfque, les deux chofes
comparées étant toutes pareilles , il eft de néceffite
de recorinoître dans l’une ce qu’on avoue dans 1 autre.
» Adorons les fecrets de Dieu , mes Frères , dit
» Maflillon ( I. Serm. fur la Purification ). Si
» ce que nous connoiflons de fes oeuvres nous parait
» fi divin & fi admirable ; pourquoi ne pas conclure
» que ce que nous n’en connoiflons point l’eft aufli ?
» S’il eft fâge lorfqu’il agit à découvert; pourquoi
» fe démentiroit-il lorfqu’il fe cache? Si la ftruéture
» du monde , que nous voyons, eft un ouvrage fi
» plein d’harmonie, de fàgéffè, & de lumière ; pour-
» quoi l’économie de la Religion , que nous ne fàu-
» rions voir & qui eft le chef-d’oeuvre de tous fes
» deffeins, ferait-elle un ouvrage de confufîon & de
» ténèbres ?»
Il y a une autre figure de penfee par combinaifen y
qui rapproche aufli les objets pour faire reconnoitre
l’ün par les caractères de' l’autre , & à laquelle on
donne aufli fort fou vent le nom de Comparaifon.
Mais comme c e lle -c i eft purement pittorefque &
qu’on ne fe propofe d’en déduire aucune confè-
quence ; je crois qu’il vaut mieux, a l’exemple de
quelques rhéteurs, lui donner exclufivemeut le nom
de Similitude : & ce fera feus ce nom que je
parlerai de cette figure, dont toutefois M. Marmontel
Ya parler dans l’article fuivant feus le nom de Com.**
PAR AISON. ( M . B e a V Z É Z . )
C omparaison. Rhétor. & Poefie. Figure dç
Rhétorique & de Poéfie, qui fert à 1 ornement &
à l’éclairciffement d’un difeours ou d un poème.
Les Comparaisons fent appelées, par Longin &
par d’autres rhéteurs, Icônes , c’eft à dire , images
ou reffèmblances. Telle eft cette image, pareil a
la foudre , il frappe , &c. il fe jette comme un
lion, &c. Toute Comparaifon eft donc une efpece
de Métaphore. Mais voici la différence. Quand
Homère dit qu'jdchille va comme un lion, c eft
une Comparaifon ; mais quand il dit du meme
héros , ce lion s‘élançoit, c’eft une Métaphore.
Dans la - Comparaifon ce héros reffèmble au lion ;
& dans la Métaphore, le héros eft un lion. On voit
par là que , quoique la Comparaifon fe contente de
nous apprendre à quoi une chofe reffemble, fàns
indiquer fa nature, elle peut cependant avoir 1 avantage
au delïus de la Métaphore, d’ajouter, quand
elle eft jufte, un nouveau jour a la pâmée.
Pour rendre une Comparaifon jufte , il faut,
i° . que la chofe que l’on y emploie foit plus connue,
ou plus aifée à concevoir que celle qu on veut faire
^connaître : z°. ‘qu’il y ait un rapport convenable
entre l’une & l’autre : 30. que la Comparaifon (bit
courte autant qu’il eft poffible, relevee par ht
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îuftefle des expreflîons. Ariftote reconnoît dans fi
Rhétorique , que, fi les Comparaifons font un grand
ornement dans un ouvrage quand elles font juftes ,
elles le rendent ridicule quand elles ne le font pas :
il en rapporte cet exemple ; fes jambes font tortues
ainfi que le perfil.
Non feulement les Comparaifons doivent etre
juftes, mais elles ne doivent etre ni baffes , ni
triviales, ni ufëes, ni mi fes fans néceffite ni trop
étendues, ni trop feuvent repetees. Elles doivent
être bien choifies. On peut les tirer de toutes fortes
de fujets , & de tous les ouvrages de la nature. Les
doubles Comparaifons qui font nobles & bien prifes,
font un bel effet en Poéfie ; niais en Profe l’on ne
doit s’en fervir qu’avec beaucoup de circonfpec-
tion. Les curieux peuvent s’inftruire plus amplement
dans Quintilien , liv. V, ch. ij, & liv. FlII,
ch.' iij. ""
Quoique nous adoptions les Comparaifons dans
toutes fertes d’écrits en Profe, il eft pourtant vrai
que nous les goûtons encore davantage dans ceux
qui tracent la peinture des hommes, de leurs paf-
-fions, de leurs v ices, & de leurs vertus. {Le Ckev.
de J a u COu r t ) . •' - . , .
Dans la Comparaifon, tantôt l’on ne voit 1 objet
qu’à travers l’image qui l’enveloppe , tantôt 1 objet
fenfible par lui-même fe répète comme dans un miroir.
La première efpèce eft ce qu’on appelle Méta- ’
phore ou Allégorie ; la féconde eft plus proprement
Similitude ou Comparaifon.
Le mérite de la Comparaifon eft dans un rapport
imprévu & frappant. Les hommes ont peur de la
mort, dit Bacon , comme les enfants ont peur des
ténèbres (a). La fleur de la Jeuneffé athénienne
ayant péri au fiège de Syracufe; Pericles comparoit
cette perte à celle quç ferait 1 année fi on lui otoit
le printemps.
L ’intention la plus commune dans l’emploi des
Comparaifons, eft de rendre l’objet plus fenfible.
Lucain veut exprimer le refpeft qu’avoit Rome
pour la vieilleffe de'Pompée : il le compare à un
vieux chêne chargé d’offrande^ & de trophées.^ « Il
» ne tient plus à la terre que pa* de foibles racines,
» fon poids feul l’y attache encore^ c’eft de fon bois,
» non de fon feuillage, qu’il couvre les lieux d’alen-
» tour ; mais , quoiqu’il feit prêt à tomber feus le
» premier effort des vents, quoiqu’il s’élève autour
» de lui des forêts d’arbres, dont la jeuneffé eft dans
» toute fà vigueur , c’eft encore lui feul qu’on
m -révère. »
Le Taffe avoit à peindre l’effet des charmes
d’Armide, quoiqu’à demi voilés , fur l’ame des
fx) Lucrece l’avoii: die avant liti:
N am v e lu t i p u e r i t r e p id a n t , a tq u c om n ia c a d s
I n t e n e b r is m e tu u n t j J i c n o s in lu c e t im em u s ,
In t c r d um n ih i lo q u a fiin t m e tu en d a m a g is q u am
Q u a y u m in t en eb r is p a y i taM A fu g iu n t q u e - fu tm a .
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guerriers qui la virent paraître dans le camp de
Godefroy:
Corne per âqua; o per criftallo intero
Trapafta il raggio f e non divide , o parte §
Per dentro ifehia ro manco ofa il penfieta
- Si peiierrar, nella vitara parte,
lvi fi fpazia, ivi contempla il vero. 3.
Si la Comparaifon peint vivement fon objet,
c’eft affèz ; il n’eft pas befoin qu’elle le relève.
Ainfi, cette Comparaifon de Moife eft fubhme ,
quoiqu’au deftous de fon objet : Sicut aquila pro-
vocans ad volandum pullos fuosftùt fuper eos voli-
tans , èxpandit alas -fuas ( Deus ) & ajfumpjit
eutïi ( Jacob ) atqüe portavit in humeris fuis»
Ainfi, pourvu que les fourmis & les abeilles nous
donnent une jufte idée dè la diligence des troyens
&*de l’induftrie des tyriens , on n’a plus rien à
demander à Virgile. Tout ce qu on peut exiger,
c’eft que les images feient nobles, c’eft à dire,
que l ’opinion commune n’y ait point attache 1 idee
faftice de baffeffè. Mais l’opinion change d’un fiècle
| l’autre, & à cet égard le fiècle préfent n’a pas
droit de juger les fiècles .paffes. Si Ion a raifen de
reprocher à Homère & à Virgile, d’avoir comparé
Ajax &Turnus à un âne, ce n’eft doue pas à caufe
de la baffeffè de ces images ; car ces poètes favoient
mieux que nous fi elles etoient viles aux yeux des
grecs & des romains, & leur choix fait du moins
préfemer qu’elles ne l’étoient pas. Mais ce r,e
peut défàvouer, c’eft que l’obftination de 1 ane^ ne
peint qu’à demi l’acharnement d’Ajax. Ce que l’ardeur
d’un guerrier a de fief , d’impetueùx, de terrible
, n’y eft point exprimé : voilà par ou la Comparaifon
eft défedueufe. L’intention du poète, en
employant une image, n’eft remplie que lorfque
tout fen objet s’y fait voir , au moins dans ce q u il
a de relatif aux fentimënts qu’il veut exciter: o r ,
les fentimënts qui naifîent de la^ peinture des combats
, fent l’étonnement, la pitié, la crainte. Il eft:
donc décidé par la nature même, & indépendamment
de l’opinion, que les images du lion, du ûgre ,
de l’aigle, ou du vautour, rendent mieux i’adion
d’un guerrier au milieu du carnage , que celle de
l’âne qui ne peint qu’une patiente ftupidité. Je dis
la même chofe de la Comparaifon d A mate avec
un fàbot que fouette un enfant; j’y vois la rapidité
du mouvement, mais ce n’eft point affèz : 1 egarèment
de Dldon eft bien mieux rendu par l’imagé
de la biche que le chàfteur a bleffée, & qui, courant
dans Je s forêts, emporte le trait mortel avec
elle. .
C’eft la plénitude de l ’idée qui fait la beauté de
la Comparaifon; & , en fuppofant même que le
poète ne voulût que rendre fon objet^ plus fenfible ,
la Comparaifon qui l’embraffe le mieux eft_ celle
qu’il doit préférer, je fais qu’il nfeft pas befoin que
l’image préfente toutes les faces de 1 objet, mais la
I face qu’elle préfente doit fe peindre vivement à
il