
À R M
te celui de Piiade ,
Orefte ! au nom de lu patrie,
foient de cette Mufîque, ou légère ou comique,
qu'on appelle P r iâ t e s , ou jolis petits airs.
En italien le mot A r ia fîgnifie un air en général
; ce" n’eft point un diminutif. Le mot A r iette en
eft u n ; il faut donc le garder pour l’efpèce de
chant la plus légère & la moins expreffive , & ne
pas faire fervir l’abus des mots à donner le change
aux idées, F ’oye^ A i r . ( AI. /Darmont e l . )
AR LEQ U IN , £ m. I.ïtté r.Perfonnage de la
Comédie italienne. Le caraétère dithnéiif de 1 ancienne
Comédie italienne, eft de jouer des ridicules,
noh pas perfonnels, mais natïonnaux. C ’eft une
imitation grotéfijue des moeurs des différentes villes.
d’Italie ; & chacune d’elles eft repréfentée par un
perfonnage qui eft toujours le meme : Pantalon eft
vénitien, le Dodeur eft bolonois, Scapin eft napolitain;
& Arlequ in eft bergamafque. Celui-ci eft
en même temps le perfonnage le plus bizarre & le
plus plaifant de ce théâtre. Un nègre bergamafque
èft une choie abfûrde ; il eft même aïfez vraifem-
blàble qu’un efolave africain fat le premier modèle
de ce perfonnage. Son caraétère eft un mélange
d’ignorance de naïveté, d’efprit, de bétifo , & de
grâce : c’eft une efpèce d’homme ébauché , un grand
enfant, qui â des lueurs de raifon & d’intelligence,
& dont toutes les méprïfès ou les maladrefles ont
quelque chofo de piquant. Le vrai modèle de fcrn
jeu eit la foupleffe , l’agilité , la gentillelfe^ d’un
jeune chat, avec une écorce de groflièreté qui rend
fon adion plus plarfante ; fon rôle èft celui d’un valet
patient, fidèle, crédule , gourmand, toujours amoureux
, toujours dans l ’embarras, ou pour fon maître
, ou pour lui-même ; qui s’afflige, qui fe confole
avec, la facilité d’un enfant, & dont la douleur eft
suffi amufàntô'que la joie. .
'Ce rôle exige beaucoup de naturel & d’efprit ,
beaucoup de grâce & de foupleffe.
Le feul des poètes françois qui l’ait employé heu-
reufement, c’eft De f l fie dans Arlequin fauvage ,
& dans- Timon le mifanthrope ; mais en général la
liberté du jeu de cet adeur naïf & l’originalité de
fon langage s’accommodent mieux d’un fîmple canevas
, qu’il remplit à fà guifè, que du rôle le
mieux écrit. ( M. M armontel, )
ARM E , ARMURE Syn.
Arme eft tout ce qui fort au foldat dans le combat
, fait pour attaquer fait pour (è défendre. A r mure
n’eft d’ufage que pour ce qui fèrt à le défendre
des atteintes ou des effets du coup .& fèulement dans
le détail, en nommant quelque partie du corps : "on
d it, par exemple , une Armure de tête & une A r mure
de cuiffe ; mais on ne dit pas. en général , les
Armures , on fè fer-t alors du- mot Armes.
Ce qu’il y a de plus beau dans Dom Quichotte ,
A R T
n’eft pas de le Voir revêtu de fes Armes, combattre
contre des moulins à vent, & prendre un baffin à barbe
pour une Armure de tête.
On n’ailoit autrefois au. combat qu’après avoir
revêtu de l'on Armure particulière chaque partie de
fon corps, pour empêcher ou diminuer l'effet de
Y Anne offenfive ; aujourdhui l’on y va fans toutes
ces précautions eft-ce valeur, étoit-ce poltrone-
rie ? je ne le crois pas ; le goût & la mode ont décidé
de ces ufàges ainft que de tous les autres.
( L ’abbé G ir a rd . )
ARSIS, fi f. terme de Grammaire ou plus tôt
de Profodie. C ’eft l’élévation de la voix quand on
commence à lire un vers. Ce mot vient du grec
ttfso, tollo, j’élève. Cette élévation eft fuivie de
l’abaiffement de la voix, & c’eft ce qui s’appelle
thefis, , depfitio , remijjio. Par exemple ,
en déclamant cet hémiftiche du premier vers de
l’Énéide de Virgile, Arma virumque ca-xo , on
fent qu’on élève d’abord la voix & qu’on l’abaiffe
enfûite. ‘ ÿ
Yzt Arfis & Thefis on entend communément la
„divifion proportionnelle d’un pied métrique , faite
par la main ou le pied de celui qui bat la mefure.
En mefurant la quantité dans la'déclamation des
mots, d’abord on hauffe la main, enfuite on l’abaiffe.
Le temps que l’on emploie à hauffer la main eft
appelié A f i s , & la partie du temps qui eft mefuré
en baifiant la main, eft appellee Thefis. Ces me-
fures etoient fort connues & fort en ufage chez les
a n c ien sFoye\ Terentianus Maurus, ; Diomède .,
lib. III. Mar. Vi&orinits , lîb. I. art. gramm.
& Mart. Capella , lib. pug. 32,8. ( Al. du
M ars a i s . )
A R T , f. m. ARTS LIB ÉRAUX, f .m .p l .W -
les-Lettres. Rien de plus bizarre en apparence que
d’avoir annobli les A n s d’agrément , à l’exclufîon
I des Arts de première né.ceihté ; d’avoir diftingué
däns un même A r t / l ’agréable d’avec l’ utile , pour
honorer l’un, de préférence à l’autre : & cependant
rien de plus raifbrinable que ces diftinâions, à les
regarder de près.
L a fociété,, après avoir pourvu à (èsbefoins, s’eft
occupée de fes plaifîrs ; & le plaifîr, une fois fènti ,
eft devenu un befoin lui-même. Les jouïffances font
le prix de la vie,; & on a reconnu , dans les Arts,
d’agrément, le don de les multiplier. Alors pn a
confïdérë, entre eux & les Arts de befoin ou de
première utilité, le genre d’-encouragement que de*
mandoient les uns & les autres ; & on leur a pro-
pofé des récqmpenfos relatives ^ux facultés & aux
. inclinations de ceux qui dévoient s’y exercer.
Le premier objet des récompenfes eft d’en cou ra-
| ger. les travaux. Or des travaux qui ne demandent
que des facul rés' commun es. , telles que la force du
corps ,.;radi'e0e de la main , la fàgacité des organes,
& une induftrie facile à acquérir par l ’exercice
6c l’habitude, n’ont befoin, pour être excités,
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q-e de l’appât d’un bon fàlaire. On trouvera partout
des hommes robuftes , laborieux, agiles, adroits
de la main, qui feront fatisfaits de vivre à l’aifè en
travaillant, & qui travailleront pour vivre.
A ces A n s , même aux plus utiles & de première
néceffité, on a donc pu ne propofer qu’une
vie ai fée & commode ; & les qualités naturelles
qu’ils fuppofont, ne font pas fufceptibles de plus
d’ambition. L ’ame d’un artifàn, celle d’un laboureur,
ne fè repaît point de chimères ; &• une exiftence
idéale l’intéreffèroit foiblement.
Mais pour les A r ts dont le fucçès dépend de la
p e niée, des talents de l ’efprit, des facultés de 1 ame,
furtout de l’imagination , ill a fallu non feulement
l’émulation de l’intérêt, mais celle d e là vanité ; il
a fallu des récompenfos analogues à leur génie
& dignes de l’encourager , une eftime flatteufe aux
uns, une efpèce de gloire aux autres , & à tous des
diftin&ions proportionnées aux moyens & aux facultés
qu’ils demandent.
Ainfi s’eft établie dans l’opinion la prééminence
des Arts libéraux for les Arts méchaniques , fans
égard à l’utilité , ou plus tôt en les foppofànt diver-
fement utiles , les uns aux befoins de la vie , les
autres à fon agrément.
Cette diftinâion a été fi précifo , que , dans le
m êm e^ r r , ce qui exige .un degré peu commun
d’intelligence & de génie, a été mis au rang des Arts
■ libéraux ; tandis qu’on a lailfé au nombre des Arts
méchaniques , ce qui ne foppofo que des moyens
phyfiques ou les facultés de l’efprit données à la multitude.
Telle e ft, par exemple, la^ différence de
l’architeâe & du maçon , du ftatuaire & du fondeur
, &c. Quelquefois même on a féparé la partie
fpéculative & inventive d’un Ar t méchanique, pour
l ’èlever au rang des foiences, tandis que la partie
exécutive eft reftée dans la foule des Arts obfcurs.
Ainfi , l’Agriculture , la Navigation , l’Optique , la
Statique tiennent par une extrémité.aux connoiffan-
ces les plus foblimes , & par l’autre à des Arts
qu’on n’à point annoblis.
Les Arts libéraux fe réduifènt donc à cpux-ci :
l’Éloquence , la Poéfîe , la Mufîque , la Peinture ,
la Sculpture, l’Architeâure, la Gravure confidétée
dans la partie du Deffein.
Par un renverfoment alfez fînguïier, on voit que
les plus honorés des Arts , & ceux en effet qui
méritent le plus de l’être; par les facultés qu’ils
demandent & par les talents qu’ils fiippofènt, que
les feuls mêmes d’entre les Arts qui exigent une
intelligence , une imagination , un genie rare, &
une délicateffe d’organes dont peu d’hommes ont
été doués, font preique tous des Arts de luxe,
des Arts fans lefquels la fociété pourroit être heu-
reufè , & qui ne lui ont apporté que des plaifîrs de
fantaifîe , d’habitude, & d’opinion , ou d’une néceffité
très-éloignée de l’état naturel de l'homme. Mais
ce qui nous paroît un cap r iceu n e erreur, un dé-
fordre de la nature , ne iaiffe pas d’être conforme
â fos deffeins ;• car ce qui eft vraiment nécelfaire
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à l’homme a dû être facile à tous, 8c ce qui n’eft
poffible qu’au plus petit nombre a dû être inutile
au plus grand.
Parmi les A r ts libéraux, les uns s’adreftenfc
plus diredement à l’ame , comme l’Éloquence & la-
Poéfie ; les autres plus particulièrement aux fens ,
.comme la Mufique & la Peinture : les uns emploient,
pour s’exprimer, des lignes fidifs & changeants,
les fons articulés ; un autre emploie des lignes naturels
, & partout les mêmes , les accents de la voix .,
le bruit des corps fonores ; les autres emploient ,
non pas des lignes mais l’apparence même des
objets qu’ils expriment, les furfaçes & les contours ,
les couleurs-, l’ombre & la lumière; un autre enfin
n’exprime rien ( je parle dé l’Architedure' mai»
fon étude eft d’obforver ce qui plaît au. fons de la
v u e , foit dans le rapport des grandeurs , foit dan«?
le. mélange des formes , & fon objet de réunir l’agrément
& l’utilité.
Enfin parmi ces A n s , les uns ont la nature pour
modèle ; & leur excellence confîfte à la choifir , &
à compofor d’après elle suffi bien qu’e lle , & mieux
qu’elle-même : ainfi opèrent la Poéfîe, la Peinture
& la Sculpture. Tel autre exprime la vérité meme ,
& n’imite rien ; mais aux moyens qu’il emploie ,
il donne toute la puiffance dont ces moyens font
fofoeptibles : ainfi, TÉloquence déploie tous les re£
forts du fèntiment , toutes les forces de la raifon,
Tel autre imite ou par reffemblance ou par analogie r
ainfi j la Mufîque a deux organes, l’un'naturel ,
l’autre fadice ; celui de la voix humaine, & celui
des inftruments qui peuvent féconder la voix:, y
fiippléér, porter à l ’ame , par i’entremifè de l’orèil-
le , de nouvelles émotions.
On voit combien il fèroit difficile de réduire , à
un même principe , des Ar ts dont les moyens, les
procédés , l’objet, diffèrent fi eflènciellement.
Quand il fèroit vrai, comme un mufîcien célèbre
l’a prétendu , que le principe univerfèl de l’harmonie
& de la mélodie fût dans la nature ; il s’enfui-
vroit que la nature fèroit le guide , mais non pas
le modèle de la Mufîque. Tous les fons & tous lès
accords font dans la nature, fans doute; mais Y A r t
eft de les réunir & d’en compofor un enfèmble qui
plaii'e à l’oreille & qui porte à l’ame d’agréables
émotions : or -qu’on nous difo à quoi .ce-compofé
reffemble. Eft-ce dans le chant des oifèaux, dans les
accents de la voix humaine, que la Mufîque a pris le
fyftême des modulations & des accords?
Cet A n eft peut-être- le plus profond focret que
l’homme ait dérobé à la nature. Le peintre n’a qu’à
ouvrir les yeux ; dira-t-on de même que le mufîcien
n’a qu’à prêter l’oreille pour trouver des modèles?
La Mufîque, il eft v ra i, imite affez fouvent ; & la
vérité embellie eft un nouveau charme pour elle':
mais qui la réduiroït à l’imitation , à l’expreffion de
la nature , lui retrancheroit les plus frappants de les
prodiges , & à l’oreille les plus fonfîbles & les plus
chers de fes plaifîrs. La Mufîque reffemble donc,
d’un côté , à la Poéfîe, laquelle.embellit la nature