
de coniîdérer enfiiite d’une manière plus diflinfte
& plus décidée l’objet indiqué.
Ceci veut dire choie préfènte ou qui demeure,
Cela lignifie cliofè prélènte & déjà connue. Vos
ijlficec intrà auferte. Emporte% cela au lo g ’S , dit
Madame Dacier, Ter. And.act. I. fc . j . vers i.
Ainfi, il faut bien diftinguer en ces occafions la propre
lignification du mot, & les idées acceffoires qui
s’y joignent & qui le déterminent d’une manière
individuelle.
Il en eft de même de il tnya dit , la valeur de
il eft feulement de marquer une perfonne qui a dît,
voilà l’idée préfentée, mais les circonftances ou
idées acceffoires me font connoître que cette perfonne
ou ce il eft Pierre; voilà l’idée ajoutée à il,
Idée qui n’eft pas précisément lignifiée par il.
Celui & Celle font des fùbftantifs qui ont befôitt
d’ctre déterminés par qui ou. par de ; ils (ont fubf-
tantifs, puilqu’ils fùbfîftent dans la phralè (ans le
fecours d’un fûbftantif, 8c qu!iis indiquent ou une
perfonne ou une choie. Celui qui me f u i t , 8cc.
c ’eft à dire l3homme, laperfonne , le difciple qui,
& c .D . Quel eft le meilleur acier dont onfèferve
communément en-France? R • C’eft celui d Allemagne
, c’eft à d ir e , c’eft l’acier d’Allemagne : ainfi,
ces mots indiquent ou un objet dont on a déjà parle ,
ou un Objet dont on va-parler. ^ v
On ajoute quelquefois les particules ci ou la a
celui & à celle , & au pluriel à ceux & à celles ;
ces particules produilènt à l’égard de ces^ mots-là
le même effet que nous venons d’oblèrver a 1 egard
de cet. '
Ceux eft le pluriel de celui , 8c en ajoutant un
s à celle, on en a le pluriel. Voye\ P ronom.
( M . d u M a r s a ï s . )
C ÉD IL L E , f. f. terme de Grammaire. L a Cédille
eft une elp.èce de petit c que l’on met fous le C ,
Ionique, parla raifônde l’étymologie, on conlèrve le c
devant un a , un o , ou un u , & que cependant le c
ne doit point prendra alors la prononciation dure
qu’il a coutume d’avoir devant ces trois lettres a , o ,
u : ainfi, de glace, glacer, on écrit glaçant, glaçon j
de menace, menaçant , de France, français ; de
recevoir, reçu, &c. En ces occafions, là Cédille
marque que le c *doît avoir la meme prononciation
douce qu’il a dans le mot primitif. Par cette
pratique le dérivé ne perd point la lettre caraéfe-
riftique , & conlèrve ainfi la marque de fôn origine.
Au refte, ce terme Cédille vient de 1 elpagnol
Geàiïla, qui fignifie petit c ; car les elpagnols ont
aufli/comme nous, le c fans Cédille, qui alors a
un Ion dur devant les trois lettres d , o , u ; & quand
ils veulent.donner le (ôn doux au c qui précède
l’une de ces trois lettres, ils y fôufcrivent la Cédille
; c’eft ce qu’ils appellent c con cedilla , c’eft à
dire, c avéc Cédille.
Ce caractère pourroit bien venir du figma des
grecs figuré ainfi C , comme nous l’avons remarqué
à la lettre c; car le c avec Cédille fè prononce
comme T s , au commencement des mots ,fa g e , f é cond,
f i , fucre ( M • d u M a r s a i s ),
(N.) CÉLOSTOMIE , f.f. Défaut de prononciation
, qui confifte en ce que celui qui parle en public
n’ouvre pas affez la bouche , & pouffe à la vérité de
grands Ions confus , mais qui retentiffent en dedans
de l’organe fans fôrtir au dehors d’une manière dif-
tinâe. KitXo'^û/u.lat, quum vox quafi in recejfu oris
auditur. Quintil. Infi. orat. I. 5.
Ce mot a pour racines KoTao? (c reu x), & 1>to(a a
(bouche ) : de là KoiXo^oula ( Tritium illud quo vox
in ore, quafi in fpecu, obfcurapür ).
L ’abbé Gédoyn n’a pas francifé ce mot dans fa
traduction de Quintilien; & je ne Fai trouvé que
dans le Traité de V Action de l’orateur de Michel
le Faucheur , publié en 165.7 par M. Conrart. Mais
il y eft écrit Coelofiomie, conformément à l’étymologie
grèque. Comme ce mot eft peu connu , quoique
néceffaire, j’ai cru devoir plus tôt en conformée
l’orthographe à la prononciation ; vu que d’ailleurs
nous prononçons le c durement dans coeur à caulè
' de l’o , & que nous avons fupprimé cet 0 dans ce-
\ lefie, célibat, afin de fi filer le c , quoiqu’on écrive
en latin coeleflis, coelibatus.
Le défaut qui donne dans une extrémité contraire
à la Célofiomie, eft le Platiafme. Voye\
ce mot ( M. B eauzèe. ) '
(N.)CÉNISME, C. m. Konuruoç, de koims, commu-
nis. L e Cénifme, que j’écris fans o , comme nous
écrivons Cénobite, qui vient du même radical, eft
un vice d’Élocution , qui, chez les grecs, confiftoit
—à employer confufement tous les dialeétes, 1 atti-
que , le dorique, l’ionique , l’éolique. « Mais on
» tombe chez nous dans un defaut tout fèmblable ,
» dit Quintilien (Infi. orat. viij. 3 .) , quand on
» lè ' lèrt indiftindement d’expreflions, les unes
» lùblimes & les autres baffes, les unes furannees
» & les autres modernes, les unes poétiques & les
» autres vulgaires : car il en rélulte un monftre
» fèmblable à celui que décrit-Horace au commen-
» cernent de Ion Art poétique ». Cui fimile vïtium
eft apud nos , f i quis fublïmia humilibus , vetera
novis, poetica vulgarïbus mifeeat : id enim taie
efi monfirum, quale Horatius in prima parte libri
de A n e po'éticâ fingit. Ce qui .étoit poflible en
latin, l’eft également en françois & dans toutes les
langues ; & c’eft partout un défaut également re-
préhenfible ( M . Meauzée. )
» CERTAIN, SU R , ASSURÉ, Synonymes. _
Soit que l ’on confidère ces mots dans le lèfrê qui a
rapport à la réalité de la choie , ou dans celui qui a
rapport à la perluafion d’elprit ; leur différence eft
toujours analogique, comme on le remarquera par les
traits fùivants, où je leF1 place tantôt dans 1 un &
tantôt dans l’antre de ces deux lens.^
Certain fèmble mieux convenir a l’egard des
cholès de Ipcculation, partout ou la force de
l’évidence a lieu ; les premiers principes font certains
ce que la railôn démontre i’eft aufli. Sur
paroît être à fa place dans les chofes qui concernent
la pratique, 8c dans tout ce qui fert à h conduite;
les règles générales font sûres, ce que l’épreuve
vérifie l’eft également. AJfuré a un rapport particulier
à la durée des cholès & au témoignage des
hommes : les fortunes font afuré^s, mais légitimes
dans tous les bons gouvernements ; les évènements
ne peuvent être mieux ajfures que par 1 atteftation
des témoins oculaires ou par l’uniformité des relations.
■ . . ... y-, n.
On eft certain d’un point de fcience. On eft
sâr d’une maxime de Morale. On eft ajfure dun
fait ©u d’un trait d’Hiftoire. ^
La jufteffe du railônnement confifte a ne polèr
que des principes certains, pour n’en tirer enfuice
que des conclufîons néceffaires. La conduite la plus
sûre n’eft pas toujours la plus louable.^ La faveur
des princes ne fut jamais un bien ajfure«
L ’homme doéte doute de ce qui n’eft^ pas certain.
L e prudent lè défie de tout ee^qui n eft pas
sûr. Le làge abandonne aux préjugés populaires^
tout ce qui n’eft pas luffilàmment ajfure. ( L abbe
G i r a r d . )
* C ’EST PO U R Q U O I , AINSI. Synonymes.
Termes relatifs à la liailon d’un jugement dè
Felprit avec un autre jugement, f JH. D i d e r o t . )
C’eftpourquoi renferme, dans la lignification particulière
, un rapport de caulè 8c d’effèt. Ainfi ne renferme
qu’un rapport de prémifle 8c de conséquence.
Le premier eft plus propre a marquer la fuite d un
évènement ou d’un fait ; 8c le lècond , a faire entendre
la conclufîon d’un railônnement.'
Les femmes pour l’ordinaire lônt changeantes ,
c ’eft pour quoi les hommes deviennent inconftants
à leur égard. Les orientaux les jenferment, 8c nous
leur donnons une entière liberté ; ainfi, nous pa-
roifibns avoir pour elles plus d’eftime.
Rome eft , non feulement un liège eccléfîaftique,
revêtu d’une autorité Ipirituelle ; mais encore un
État temporel, qui a , comme tous les autres États ,
des vues de Politique & des intérêts à ménager :
défi pourquoi l’on y peut très-bien confondre les
deux autorités. Tout homme eft lùjet à lè tromper ;
ainfi, il faut tout examiner avant que de croire,
( L 'a b b é G i r a r d . )
C'eft pourquoi le rendroit par Cela efi la raifon
pour Laquelle; & Ainfi, par Cela étant. La dernière de
ces expreflions n’indique qu’une condition. L ’exem-
plefiiivan:, où elles pourroient être employées toutes
deux , en fera bien ièntir la différence. Je puis dire:
Nous avons quelque affaire à la campagne; ainfi,
nous partirons demain , s’ il fait beau : ou , c’eft
pourquoi nous partirons demain, s'il fait béait.
Dans cet exemple , Ainfi lè rapporte à s 'il fa it
beau, quim’eft que la condition du voyage; 8c Cefi
pourquoi lè rapporte a nous avons quel que affaire,
qui eft la caulè du voyage. ( M . D i d e r o t , ) .
C ÉSUR E, C f. ( Grammaire). Ce mot vient du
latin Coefura, qui, dans le fens propre, fignifie inci-
fion, coupure, entaille; R. coedere, couper, tailler
; au fupin coefum , d’où vient Céfure. C e
mot n’eft en ufage parmi nous que par allufîon 8c
par figure, quand on parle de la méchanique du
vers. j j »
La Céfure eft un repos que 1 on prend dans la
prononciation d’un vers après un certain nombre de
fyllabes. Ce repos foulage la refpiration, 8c produit
une cadence agréable l’oreille : ce font ces
deux motifs qui ont introduit la_ Céfure dans les
vers ; fàcilité pour la prononciation, cadence ou
harmonie pour l’oreille.
La Céfure fépare les vers en deux parties , dont
1 chacune eft appelée Hémifiiche, c’eft à dire, demi-
vers , moitié de vers : ce mot eft grec. Voye\ Hé m
is t ich e t f A le xan d r in .
En latin on donne aufli le nom de Céfure. à la lyl-
labe après laquelle eft le repos , 8c cette fyllabe eft
la première du pied fîiivant :
Arma virumque ca-no , Trojce qui prïmus ab oris.
La fyllabe no eft la Céfure 8c commence le troi-
fîème pied.
En françois la Céfure ou repos eft mal placée entra
certains mots qui doivent être dits tout de fuite, 8c
qui font enfemble un fèns inféparable félon la manière
ordinaire de parler 8c de lire; tels lont la pré-
pofîtion & Ion complément : ainfi, le vers fiûvant
eft défe&ueux :
Adieu, je m’en vais à . . . Paris pour mes affaires.
Il en eft de même du verbe efi, qui joint l’attribut
8c le fùjet; comme dans ce vers :
On fait que la chair eft . . . fragile quelquefois.
Par la même railôn , on ne doit' jamais difpofèr le
fûbftantif & l’adjeâif de façon que l’un finiffe le premier
hémiftiche, 8c que l’autre commence le fécond,
comme dans ce vers :
Iris , dont la beauté . . . charmante nous attire.
Cependant fi le fûbftantif faifoit le repos du premier
hémiftiche , 8c qu’il fût fuivi de deux adjedifs
qui achevaient le fèns , le vers ferait bon ; comme :
Il eft une ignorance . . . & faince & falutaire. Sacy.
Ce qui fait voir qu’en toutes ces occafions, la
grande règle, c’eft de confulter l’oreille 8c de s’en
rapporter à fôn jugement.
Dans les grands vers, c’eft à dire, dans ceux 'de
douze fyllabes , la Céfure doit etre après la fixième
fyllabe.
Jeune 8c vaillant héros . . . dont la haute fagefle.
I 2 3 4 5 6 7 8 9 10 I I 12.
Obfèrvez que cette fixième fyllabe doit être une
fyllabe pleine , qu’ainfî , le repos ne peut fè-faire fur
une fyllabe qui finiroit par un e muet ; il faut alors
que cet cr muet fe trouve à la feptième fyllabe, 8ç
s’élide avec le raot qui le fuit :
f