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cher ces deux Sens-, & en former l’un de ces enfèm* t
blés qu’on appelle Périodes, j’apperçois d’abord de 1
la dilconvenance, & une forte d’éloignement & d’opposition
qui doit fc trouver entre la foience & l’orgueil.
Voilà le motif qui me fait réunir ces deux objets,
çleû :pour en marquer la dilconvenance, Ain fi , en
lès ràifemblant, j’énoncerai cette idée accefïoire par
la Conjonction m a i s ; je dirai doncqu’i/yvz un avan-
tagej'eel à être injlruit , mais qu il ne faut pas
que cet avantage injpire de l'orgueil : ce mais rapproche
les fieùx'i proportions ou membres de la période
, & les met en opposition.
Ainlï , la valeur de la Conjonction confîfte à lier
des mots par une nouvelle modification ou idée ac-
Geiioire ^ajoutéeà- l’un par rapport à l’autre. Les
anciens grammairiens;ont balancé autrefois, s’ils pla-
ceroient les Conjonctions au nombre des parties du
difcours, &. cela par la raifon que les Conjonctions
ne représentent point d’idées de chofes. Mais qu’eft-
ce qu’être partie du difcours ? dit Prifcien , » fînon
» énoncer, quelque concept, quelque ! affe&ion ou
» mouvement intérieur de l’efprit? » Quid enim efi
alhul pars, orationis ,• nijî vox indic ans .mentis
cqnceptum, id eft coguadoneni ? ( P ri je. lib.XI.
fub initio. ) Il efi vrai que les Conjonctions n’énon-
eent pas , comme font les noms , des idées d’êtres ou
réels ou métaphysiques ; mais elles expriment l ’état
ou afièéüon de l e [prit entre une idée & une autre
idée , entre une propofition & une autre proposition ;
ainfi , les Conjonctions foppofcnt toujours deux idées
& deux propositions , & elles font connoître l’efpèce
d’idée acceSToire que l’efprit conçoit entre l’une &
Tautre.
Si l’on ne regarde dans les Conjonctions que la
foule propriété de lier un Sens à un autre, on doit
reconnoitre que ce Service leur efi commun avec
bien d’autres mots :,i° . le verbe, par exemple , lie
l’attribut au Sujet : les pronoms Lui, elles, eux , le ,
la , Us , leur, lient une proposition à une autre ; .
mais ces mots tirent leur dénomination d’un autre
emploi qui leur efi particulier.
z°. 11 y a auSïi des adjedifs relatifs qui font l’office
de Conjonction ; tel efi le relatif qui , lequel, laque
IU : car outre que ce mot rappelle & indique
l ’objet dont on a parlé, il joint encore & unit une
autre proposition à cet objet, il identifie même cette
nouvelle proposition avec l’objet ; Dieu que nous
adorons efi tout -puijfant ; cet attribut, efi tout-
puiffant, efi affirmé de Dieu entant qu’il efi celui
que nous adorons.
T e l, quel , talis , qualis ; tantus , quantus ;
tôt, quot, &c. font auffi l’office de Conjonction.
. 30. Ii y a des adverbes qui, outre la propriété de
marquer une circonftance de temps ou de lieu , Sûp-
pofont de plus quelque autre penSee qui précède la
proposition où il? fe trouvent : alors, ces adverbes
font au fil l’office de Conjonction: tel efi afin que:
on trouve dans quelques anciens, & l’on dit même
encore aujourdhui en certaines provinces , à celle
fin que, ad hune firiem fecundum quem, où vous
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voyez la prépofltion & le nom qui font l’adverbe , St
de plus l’idée acceflbire de liaifon & de dépendance.
Il en efi de même de, à Çauiè que, propterea quod;
parce que , quia ,* encore , adhitc ; déjà , jam : ces
mots doivent être confïdèrés comme abverbes con-
jonéKfs, puisqu’ils font en même temps l’office d’adverbe
& celui de Conjonction. C’eft du Service des
mots dans la phrafc qu’on doit tirer leur dénomination.’
A l’égard des Conjonctions proprement dites, il y
en a autant de fortes, qu’il y a dé différences dans
les points de vue fous lesquels notre efjprit obfcrve un
rapport entre un mot & un autre mot, -ou entre une
penfée & un autre penfoe ; ces différences font autant
de manières particulières de lier les propositions Sc
les périodes.
Les grammairiens , Sur chaque partie du diScours,"
obfcrvent ce qu’ils appellent accidents. Or ils en
remarquent deux fortes dans les Conjonctions : t°. la
Simplicité & la composition ; c’efi ce que les grammairiens
appellent la figure. Ils entendent par ce
terme la propriété d’être un mot Simple ou d’être
un mot compofe.
Il y a des Conjonctions fimples, telles font &, o
mais , fi , car, ni, auffi,; or, donc, &c,
11 y en a d’autres qui font compofées ; à moins
que , pourvu que , de forte que , parce que , par
conféquent, &c.
z°. Le Second accident des Conjonctions, c’efi leur
Signification , leur effet, ou leur valeur ; c’efi ce qui
leur a fait donner les divers noms dont nous allons:
'parler, Sûr quoi j’ai cru ne pouvoir mieux faire que
de Suivre l’ordre que l’abbé Girard a gardé dans
là Grammaire au traité des Conjonctions. ( Les véritables
principes de la langue françoij'e xij. dife. )
L ’ouvrage de l’âbbé Girard efi rempli d’obfor-
vations utiles , qui donnent lieu d’en faire d’autres!
que l’on n’auroit peut-être jamais faites, fl l’on n’avoit
point lu avec réflexion l’ouvrage de ce digne académicien.
i ° . C onjonctions c o pu la t iv e s . Et, ni, font
deux Conjonctions qu’on appelle copulatives, du latin
copulare, joindre , affembler, lier. La première
efi en uSàge dans l’affirmation, & l’autre dans la
négative; il ri a ni vice ni vertu. Ni vient du netr
des Latins , qui vaut autant que &-no?i. On trouve
Souvent & au lieu de ni dans les proportions néga-j
tives , mais cela ne paroît pas exad :
Je ne connoîflbîs pas Almanzor & l’Amour.
J'aimerois mieux ni l'Amour. De même : La Poe*
fie n admet pas les exprejfions & les tranfpofitions
particulières , qui ne peuvent pas trouver quelquefois
leur place en profe dans le ftyle vif &
élevé. Il faut dire avec le P. Buffier, La Poéfie n'admet
ni les expre(fions ni les tranfpofitions , &c.
Obfervez que, comme Pefprit efi plus prompt que
la parole , l’empreffement d’énoncer ce que l’on conçoit
fait fou vent Supprimer les Conjonctions, & Surtout
les çppujlattves' ; atKntiQn} foins 2 crédit, ar-
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g em j ’ai font mis en ufage pour ,Stc. eotte fup-,
preffion rend le difcours plus vif. On peut faire la
même remarque à l’égard de quelques autres Conjonctions
, furtout dans le ftyle poétique , & dans le
langage de la paillon) & de l’enthoulialme.
i» .C onjonctions a u g m e n t a t iv e sou A d v e r bes
COM JOKCTIFS-AUGMEHTATIFS. De plus, <* ƒ « '
leurs i ces mots fervent fouvent de tranfition dans
le difcours. _ r
3°. C onjonctions a l t e r n a t iv e s . Ou ,Jmon ,
tantôt. Il faut qu’une porte foie ouverte ou fermée
; lifex ou écrive^. Fratiqueq la venu , Jmon
vous ferez malheureux. Tantôt il ru , tantôt il
pleure ; tantôt U veut, tantôt il neveut vas.
Ces Conjonctions, que l’abbe Girard appelle
alternatives , parce qu’elles marquent une alternative
, une diftinction ou feparation dans les choies
dont on parle ; ces Conjonctions , dis-je , font appelées
plus communément disjonchves. Ce font aes
Conjonctions , parce qu’elles unifient A abord deux
objets, pour nier enfuite de l'un ce qu on amrnm de
l’autre; par exemple , on confidère d’abord le foieil
& la terre , & l’on dit enfuite que ceft ou le foieil
qui tourne autour 4e la terre , ou bien que c elt la
terre qui tourne autour du foieil. De meme en certaines
circonftances on regarde Pierre & Paul comme
les feules perfonnes qui peuvent avoir fais, une
' • atâïon ; les voilà donc d’abord confideres etifemble,
c’eft la Conjonction ; enfuite on les defumt, fi l on
ajoute c'ejl ou Pierre ou Paul qui a fait cela ,
i c'efi Vun ou c'efi l'autre. r
4°. C onjonction h y p o th é t iq u e , ài , J on ,
pourvu que, à moins que , q u and , fauf L abbe
Girard les appelle hypothétiques, c efi a dire, con-
iitionnelles , parce qu'en effet ces Conjonctions
énoncent une condition, une fuppofition eu hypo-
thèfoi; • ' T . 7 f
•Si ; il y a fi conditionnel, vous deviendrez]avant
fi vous aimez l'étude: fi vous aimez L étude , voila
l ’hypothèfe ou la condition. 11 y a un / de doute, je
ne fais f i, &c. • , . . ..
exemple , lorfque, qiiand, dés que. •> tandis que.
Le lien que ces mots expriment , conflue dans une
correspondance de temps*. ;û ! î
6°. D’autres marquent un motif, un b ut, «ne raifon
11 y a encore un fi qui vient du fie des latins ; il
e(l fi fiudieux , quil deviendra f avant ;. ce fi efi
alors adverb e ,fic , adeo, à ce point tellement.
Soit, (ive; foit goût, foit raifon:, f oit caprice ,
il aime La retraite. On peut aufli regardèrfoit
comme une Conjonction alternative ou de diftinction.
Sauf désigne une hypothèfo , mais avec restriction.
.
5°. C onjonctions a d v e r s a t iv e s , Les Conjonctions
adverfatives raSîèmblent [es idées , & font
forvir l’une à contrebalancer l’autre. Il y a fopt Conjonctions
adverfatives : mais, quoique, bien que,
cependant, pourtant , néanmoins, toutefois.
11 y a des Conjonctions que l’abbé Girard appelle
extenfives , parce qu’elles lient par exten-
lîon de Sens ; telles font , jufque , encore , ainfi,
meme , tant que, non plus , enfin.
, afin que , parce que , puifque ca r , fom m e ,
a u ffi, attendu que , d'autant que L a’pbe Uirara .
prétend f tome II, p . ’-80. ) qu il faut bien diftm-
euer doutant qui-, Conjonction qu il écrit fons apostrophe,
& d’autant, adverbe qui eft toujours fepare
de que par p lu s , m ieu x , ou moins, , d autant p lu s
que. Si qu'on écrit avec l’apoftrojthe. Le r . Jou-
bert, dans fon Diflionnaire, dit auffi damant que,
ConjonHion ; on l’écrit , d it-il, fans apoftrophe,
quia , quoniam. Mais l’abbé Regmer dans la
Grammaire , écrit d'autant que , Conjonction avec
l’apoftrophe , & obferve que ce mot , qui autrefois
étoit fort en ufage , eft renferme aujourdhui au ftyle
de chancellerie & de pratique. Pour moi je crois que
d'autant que & d'autant mieux que font le nie me
adverbe , qui déplus fait l’office de Conjonction dans
cet exemple , que l’abbé Girard -cite pour faire
voir que d'autant que eft conjonction fans apoûro-
phe; on ne devoit p a s f i fo r t le louer , d. autant
q u 'il ne le méritoit pus : n’eft-il pas évident que
d'autant que répond à e x eo quod , ex. eo momento
fecundum q u o d ,-e x eâ ratione fecundum quam ; 8ç
que l’on pourrait auffi dire, d autant mieux qu i l
ne le méritait p a s ? Dans les premières éditions de
Danet on avoit écrit dautant que ^Sans^ apoftrophe ,
mais on a corrigé cette faute dans 1 édition de T72.1 ;
la même faute eft auffi dans Richelef. Nicot, Dictionnaire
1606 , écrit toujours d'autant que avec 1 apostrophe.
7 °. On compte quatre C o n jon c tio n s conclusiv
e s * c’eft à dire , qui Servent à déduire une confé-
quence ; donc , par conféquent, ainfi , pariant :
mais ce dernier n’eft guère d’uSàge que dans les comptes,
où il marque un réSûltat.
8° . Il y a des C onjonctions e x p l ic a t iv e s ,
comme lorSqu’ il fe préfente une Similitude ou une
conformité , en tant q u e , f a v o ir , furtout. _
Auxquelles on joint les cinq expreSfions Suivantes
qui font des Conjonctions compofées , de fo r te que ,
ainfi que , de façon q ue , c’eft à dire , fi bien que. ^
On obfervè des C o n jon c tio n s t r a n s it iv e s * q u i
marquent un paffage ou une tranfition d’une chofe à
une autre ,* o r , au refie , quant a , p o u r , c eft a
dire , à L'egard de ; comme quand^ on dit : l ’un eft
venu ,*pour Vautre n u * p u i u 11iM.ui. ,, i l vef i d-e-m--e-u-re.
P°. La Conjonction que ; ce mot eft d un grand
ufage en françois : l’abbé Girard l’appelle C onjonction
conductive , parce qu’elle fert à conduire le
fens à fon complément : elle eft toujours placée entre
deux idées , dont celle qui précède en fait toujours
attendre une autre pour former un fon s , de manier*
que l’union des deux eft nécefiàire pour former une
continuité de fens : par exemple, ilejlimportant que
l'on foit injlruit de fis devoirs. Cette ConjonCUon