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JBélier, d u Taureau, des Gémeaux, de la Balance,
& du Ferfeau. ' g
Toutes les Ecritures ou la forme des choies étoit
employée, ont eu leur état progreffif, depuis le
plus, petit degré de perfection juSqu’au- plus grand,
& ^ont facilement paffé d’un état à l’autre ; enforte
qu’il y a eu peu de différence entre l’hiéroglyphe
propre dans Son dernier état, & 1 e fymbolique dans
ion premier état. En effet, la méthode d’exprimer
l ’hiéroglyphe tropique par des propriétés Similaires ,
a dû naturellement produire du raffinement au fuiet
des qualités plus cachées des chofès; c’eft auffi ce.
qui eft arrive. Un pareil examen, fait par les lavants
d’Egypte, occafîonna une nouvelle efpèce d'Écri-
xure. zoographique , appelée bolique par les anciens fym.
} Cependant^ les auteurs ont confondu l’origine de
VEcriture hiéroglyphique & fymbolique des égyptiens
, & n ont point exaélément diftingué leurs natures^
leurs ulàges differents. Ils ont préfuppofe
que 1 hiéroglyphe, auffi bien que le Symbole , étoient
une figure myfterieufè ; & par une méprifë encore
plus grande, que c etoit une repréfèntation de notions
Spéculatives de Philofèphie & de Théologie : au
lieu que 1 hiéroglyphe n’étoit employé par les égyptiens
que dans les écrits publics & connus de tout
le monde , qui renfetmoient leurs règlements civils
& leur hiftoire.
Comme on diflinguoit les hiéroglyphes propres
en curiologiques & en tropiques, on a diftingué
de même en deux efpèces les hyéroglyphes Symboliques
; Savoir en tropiques, qui approchoient plus
de la nature de la choie ; & en énigmatiques ,
où l’on apperceyoit plus d’art. Par exemple y pour
Signifier le foleil , quelquefois les égyptiens pei-
gnoient un faucon; c’étoit là un Jymbole tropique :
d’autre fois ils peignoient un Scarabée avec une boule
ronde dans fès pattes ; c’étoit là un fymbole énigmatique.
Ainfî les caractères proprement appelés
Symboles énigmatiques, devinrent à la longue pro-
digteufement différents de ceux appelés hiéroglyphiques
curiologiques. ° J
Mais lorSque l’etude de la Philofbphie, qui avoit
occafionne 1 Ecriture fymbolique, eut porté les
iàvants d’Égypte à écrire beaucoup , ils fe Servirent,
pour abréger , d’un caractère courant, que les anciens
ont appelé hiérographique , ou hiéroglyphique
abrégé, qui conduisit à la méthode des lettres .
par le moyen d un alphabet, d’après laquelle méthode
1 Ecriture cpijlolique a été formée.
Cependant cet alphabet épiftolique occafionna
bientôt l’invention^ d’un alphabet facré , que les
prêtres égyptiens réservèrent pour eux-mêmes, afin
de Servir a leurs Spéculations particulières. Cette
JEcrituie fut nommee hiérogrammatique , à caufè
de l’ufàge auquel ils Pont:appropriée.
Que les prêtres égyptiens ayent eu pour leurs rits
& leurs myftères une pareille Écriture , c’efl ce qué
nous afsure expreSTément Hérodote, liv. 27, chap.
xxxvj. & il ne nous a pas toujours rapporté des
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faits auffi croyables. Celui-ci doit d’autant moins
nous Surprendre, qu’une É c r itu r e Sacrée, deftinée
auxlecrets de la Religion , & conféquemment differente
de 1 E c r itu r e ordinaire , a été mifê en pra-
tique par les prêtres de preSque toutes les nations:
telles etoient les le ttr e s ammonéennes y non entendues
du vulgaire , & dont les prêtres Seuls Sè fer-
voieni dans les chofès Sacrées ; telles étoient encore
les le ttr e s fa c . é e s des babyloniens, & celles de la
ville de. Méroé. Théodoret, parlant des temples des
grecs en général , rapporte qu’on s’y fèrvoit de
lettres qui avoîentune forme particulière , & qu’on
les appeloit fa c e r d o ta le s . Enfin M. Fourmont &
d autres Savants^ font perfùadés que cette coutume
generale^ des^ pretres de la plupart des nations orientales
, d avoir des caractères fa c r é s , deflinés pour
eux uniquement, & des caractères p r o fa n e s ou d’un
ufage plus vulgaire , deflinés pour le Public , régnoit
auffi chez les hebreux. ( Le chev. d e E a u c o u r t . J
_ ECTHLIPSE, C f.T e rm e de Gramm. la t .
ESpece d’Elifîon ( F o y e^ É lision ) , qui fè fait
principalement de la voix naSàle marquée par m à
la fin d un mot, a caufè de la voyelle qui com-
Hience le mot fuivant ; comme dans ce. vers de
l l e f f e t
O curas hominum ! ô quantum eft in rebus inane l
que l’on doit ïcander ainfi ;
O eu- | ras hemi- | n i quan- | t’efi in j rebus i -1 nane !
Anciennement la lettre/, fans qu’on puilTe trop
en rendre ratfon, étoit du domaine de l'E c th lip f c .
Quelquefois elle le retranchoit avec la voyelle pré.
cédente à la rencontre d’une autre voyelle : content'
atque b e a tu s , pour contenais a tq u e b ea tu s ; comme
dans ce vers d’Énnius :
Coritent’as atque beatus , fc itu 's , fzeunda loquens in
Tempore.
Quelquefois la lettre /'fè retranchoit feule à la rencontre
d une confbnne , afin que la voyelle précédente
ne fut pas longue par pofition ; comme on
vient de le voir dans f e i t u s du vers précédent, &
comme on le voit dans ce vers de Y A r a tu s de
Cicéron:
Delphinus jacet haud nimio luftratu's décoré.
L a lettre m étoit traitée en tout comme la lettre
f : elle sélidoit quelquefois devant une confbnne,
pour rendre brève la voyelle précédente , comme
dans ce vers de Lucrèce ;
Lanigères pecudes & equoru’m duellica proies : ‘
& ^quelquefois auffi la lettre m demeuroit pour la
même fin devant une voyelle, comme on le voit dans-
cet autre vers du même poète ;
Corporum offici’uni eji quoniam premer’ c omnia deorfum.
Le mot E c t h l ip j e , en grec , efl cona-r
*
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poSé de U ( extra ou foras, dehors ) & du verbe
éxlfo ( premo ) ; c’eft donc l’aâion de prejfer pour
mettre dehors , pour fupprimer ; c’efl une fuppref-
Jioiu ( M. Beauzée.)
. ÉCRIVAIN, AUTEUR. Synonymes.
Ces deux mots s’appliquent aux gens de Lettres
qui donnent au Public des ouvrages de leur com-
psfîtion. Le premier ne fë dit que de ceux qui ont
donné des ouvrages de belles Lettres; ou du moins il
ne Sè dit que par rapport au flyle. Le fécond s’applique
à tout genre d’écrire indifféremment; il a plus
de rapport au fond de l’ouvrage qu’à la forme , de
plus il peut fè joindre par la particule de aux noms
des ouvrages/ . # ,
Racine, M. de Voltaire, font d’excellents Ecrivains
; Corneille eft un excellent Auteur. DeScar-
tes,& Newton Sont des Auteurs célèbres : Y Auteur
de la Recherche de la vérité eft un Écrivain du
premier ordre. (Jkf. d'Alembert.)
. ÉDUCATION, f. f. ' Terme abflrait & méta-
phyfique. C’eft le Soin que l’on prend de nourrir,
d’èlever, & d’inftruire les enfants ; ainfî, Y Éducation
a pour objets , i ° . la Santé & la bonne conformation
du corps; z°. ce qui regarde la droiture &
rinftru&ion de l’efprit ; 30. les moeurs, c’eft à dire,
la conduite de la vie & les qualités Sociales.
De VÉducation en général. Les enfants qui
viennent au monde, doivent former un-jour la Société
dans laquelle ils auront à vivre : leur Éducation
eft donc l’objet le plus intéreSTant, i° . pour
eux-mêmes^, que Y Education doit rendre t e ls ,
qu’ils foîent utiles à cette Société, qu’ils-en obtiennent
l’eftime , & qu’ils y trouvent leur bien-être :
pour leurs familles, qu’ils doivent Soutenir &
décorer: 30. pour l’État même, qui doit recueillir
les fruits de la bonne Education que reçoivent les
citoyens qui le compoSènt.
Tous les enfants qui viennent au monde, doivent
être Soumis aux foins de l’Éducation, parce qu’il
n’y en a point qui naiflè tout inftruit & tout formé.
Or quel avantage ne revient-il pas tous les jours à
un État dont le chef a eu de bonne heure l’eSprit
cultivé,qui a appris dans l’Hiftoire que les Empires
les mieux affermis Sont expofés à des révolutions ;
qu’on a autant inftruit de ce qu’il doit à Sès Sujets,
que de ce que Sès Sujets lui doivent; à qui on a fait
connoître la Source, le’motif, l’étendue, & les bornes
de Son autorité ; à qui on a appris le fèul moyen Solide
de la conSèrver & de la faire refpefter, qui eft
d’én faire un bon uSàge ? Erudimini qui judicatis
terram. Pfalm. if 10. Quel bonheur pour un
État dans lequel les magiftrats ont appris de bonne
heure leurs devoirs, & ont des moeurs; ou chaque
citoyen eft prévenu qu’en venant au monde il a reçu
un talent à faire valoir ; qu’il e$ membre d’un Corps
politique , & qu’en cette qualité il doit concourir au
bien commun, rechercher tout ce qui peut procurer
des avantages réels à la Société, & éviter ce qui peut
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j en déconcerter l’harmonie, en troubler la tranquillité
& le bon ordre ! Il eft évident qu’il n’y a aucun
ordre de citoyens dans un État, pour lefquels il n’y
eût une forte d’jEd ucation qui leur Sèroit propre ;
É d u c a t io n pour les enfants des Souverains, É d u c a tion
pour les enfants des Grands, pour ceux des
magiftrats, & c . É d u c a t io n pour les enfants de la
campagne, où , comme il y a des écoles pour apprendre
les vérités de la Religion, il devroit y en
avoir auffi dans lesquelles on leur montrât les exercices
, les pratiques, les devoirs, & les vertus de leur
état, afin qu’ils agiSIent avec plus de connoiffance.
Si chaque Sorte d’E d u c a t io n étoit donnée avec
lumière & avec perfévérance , la Patrie Sè trouve-
roit bien conftitué^, bien gouvernée , & à l’abri des
inSultes de Sès voifîns.
L’E d u c a t io n eft le plus grand bien que les pères
puiffent laillTer à leurs enfants. Il ne Sè trouve que
trop Souvent des pères qui, ne connoiflànt point leurs
véritables intérêts, Sè^refuient aux dépenlès néceG
Sàires pour une bonne E d u c a t io n , & qui n’épargnent
rien dans la Suite pour procurer un emploi à leurs
enfants, ou pour les décorer d’une charge; cependant
quelle charge eft plus utile qu’une bonne E d u ca
tio n , qui communément ne coûte pas tant, quoiqu’elle
Soit le bien dont le produit eft le plus grand,
le plus honorable, & le plus fènfîble ? Il revient tous
les jours : les autres biens Sè trouvent Souvent diffi-
pés ; mais on ne peut Sè défaire d’une bonne E d u c a t
io n , ni, par malheur, d’une inauvaifè, qui Souvent
n’eft telle que parce qu’on n’a pas voulu faire les
frais d’une bonne :
Sint Macenates, non deerunt, Flacce , lÆarones.
Martial, lib. F U I . epigr. $6. ad Place.
F o u s donne-^ v o tre f i l s à é lev e r à un e f c la v e ,
dit un jour un ancien philoSophe à un père riche ,
h é bien , a u lieu d 'u n e je la v e v o u s en aure\ d e u x .
Il y a bien de l’analogie entre la culture des
plantes & Y E d u c a t io n des enfants ; en l’un & en
l’autre la nature doit fournir le fonds. Le propriétaire
d’un champ ne peut y faire travailler utilement
, que lorfque le terrein eft propre à ce qu’il
veut y faire produire : de. même un père éclairé, 8c
un maître qui a du discernement & de l’expérience,
doivent obferver leur élève ; & après un certain
temps d’obSèrvations , ils doivent déméler Sès penchants,
fès inclinations, Son g oû t, Son caractère,
& connoître à quoi il eft propre , & quelle partie,
pour ainfî dire, il doit tenir dans le concert de la
Société.
Ne forcez point l ’inclination de vos enfants, mais
auffi ne leur permettez point légèrement d’embraflèr
un état auquel vous prévoyez qu’ils reconnoitront
dans la Suite qu’ils n’étoient point propres. On doit,
autant qu’on le peut, leur épargner les fauilès démarches.
Heureux les enfants qui ont des parents
expérimentés, capables de les bien conduire dans
le choix d’un état ! choix d’où dépend la félicité ou
le mal-aifè du refte de la vie.O
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