
Le Pfàlmifte emploie auffi le même langage en
cent endroits :
Qui habitat in cce lis
irridebit eos, & Dominus
fubfannabit- eos :
tune loque tut ad eos in
irâ fu â , & in furore (uo
conturbabit eos. ( Pial.
5 ' 4 - J .) .
Exurge , Domine ;
ex alte tu r mahus tua ;
ne oblivifearis paupe-
rum. ( P (al. jx. i l . )
Oculi Domini juper
juflos , & aures ejus in
preces eorum. ( Pfaim,
xxxiij. 16 .)
E t in umbra alarum
luarum fperabo. ( Pial,
lvj. 2. )
'Celui qui habite dans
les deux fe rira d’eux, &
le Seigneur les- tournera
en dérifl'on : alors il leur
parlera dans fa colère ; &
il les confondra dans fa
fureur.
Leve\-vous, Seigneur ;
que votre main Ce fignale ;
n’oublie^ pas les pauvres.
Les yeux du Seigneur
£ont fixés fiir les juftes , &
fe s oreilles (ont attentives
à leurs prières.
Et j’efpèrerai à Vombre
de vos ailes.
.» Comme l’Écriture , dit le P. Mallebranche
» ( Traite' de la nat. & delà grâce. I. Difç. n° 58. )
» eft faite pour tout le monde, pour les fîmples suffi
» bien que pour les (avants ; elle eft pleine d'An-
». thropologies. Non feulement èlle donne à Dieu
» un corps , un tiône , un chariot, un équipage, les
» paffions de joie , de trifteflè ,_de «colère , de re-
» pentir , & les autres mouvements de l’ame ; elle
oa lui attribue encore les manières d’agir ordinaires
» aux hommes , afin de parler aux fîmples d’une
» manière plus fènfible. » ■
Avec cette intention, peut-on dire, on rendroit,
des Anthropologies , une raifbn a fiez fàtisfaifânte,
ü le même expédient ne fèrvoit pas auffi a justifier
les dieux d’Homère, leur origine humiliante,
léur conduite méprifàble , leurs, paffions foanda-
leufès, leurs démêlés honteux , leur injufte partialité
; car dans l ’enthoufiafme de l’admiration pour
ee poète , véritablement inimitable à beaucoup d’égards,
on a été jufqu’à faire un parallèle feanda-
leux des livres faints avec les folles imaginations
de l’écrivain grec.
» Je n’a i , dit M. de la Motte ( Difc.Jur Homère)
» que deux mots à oppofèr à ce parallèle; je fe-
» rois (crupule de m’y arrêter plus long temps. Les
» vrais caractères de la Divinité font pofés en
» principes en tant d’endroits de l’Écriture fàinte ,
» que, quand les auteurs fàcrés viennent à em-
» ployer les figures , on les reconnoît d’abord pour
» ce qu’elles font, Sc on ne les apprécie que ee
» qu’elles valent ; au lieu que , dans Homère, ces
» prétendues figures font elles-mêmes les principes,
93 & qu’il n’y a rien d’ailleurs qui avertiffe l’efprit de
s» ne les pas prendre à la lettre.' » En effet , les
vrais principes une fois pôles , il faut bien parler
aux hommes pn langage qui foit à leur portée , mais
qui n’a plus rien d’infîdieux. Quel eft l’homme
allez ftupide pour prendre à la lettre toutes les expreffions
de cette belle ftrophe ? ( Roufïlam , L
od. 4. )
Le roi des deux 8c de la terre
Defcend au milieu des éclairs;
Sa voix, comme un bruyant tonnère,
S’eft fait entendre dans les airs ?
Dieux mortels , c’eft vous qu'il appelle:
11 tient la balance éternelle,
Qui doit pefer tous les humains ;
Dans fes yeux la flamme étincelle ,
Et le glaive brille en fes mains.
Le mot Anthropologie eft formé de deux mots
grecs, Ac/yôp;a-;rflî- (homme) & xéyoç (difeours. ) Dans
les deux prehiiers lens de ee mat, il fîgnifie D i f eours
fu r Vhomme y Traite' de Vhomme , fbit au
phyfîque fbit au moral: dans le troffieme fêns, il
fîgnifie Difeours humain y Langage humain appliqué
figurcment à la Divinité. (Jkf. D eauzée. )
' (N.) ANTHROPOPATHIE , f. f. C’efî encore
un terme introduit par les théologiens dans le langage
delà Grammaire, & formé des deux mots
grecs A^pojTro? (homme) & 7rûdoç (paffion, fènti-
ment. ) C ’eft cette manière de parler figurée , qui,
en parlant de Dieu, lui attribue des goûts, des
fèntimepts, des affeftions, des paffions , qui ne conviennent
qu’ à l ’homme.
L ’Amhropopathie eft donc une partie de \ A n thropologie
: celle-ci eft comme le genre , qui attribue
à Dieu une cfcofe quelconque qui ne convient
qu’à l’homme; celle-là eft comme Pefpèce ,
qui- affimile l’efprit divin à l’ame humaine. Il me
fèmble en conféquence que le terme $ Amhropopathie
eft fort peu néceflaire avec celui d’Anthropologie
y qui le renferme & qui eft plus général;
& celui-ci-même pouvoit très-bien fe fup-
pléer par celui de Profopopéey plus général encore.
Foyei ce mot. (M . D eauzée.)
ANTI. ( Grammaire. ) Prépofition infeparable qui
entre dans la compofition de: pïufîeurs mots ; cette
particule vient quelquefois de la prépofition latine
ante y avant; & alors elle fîgnifie ce qui eft
avant, comme anti-chambre , anti-cabinet, anticiper
y faire une chofè avant le temps; antidate ,
date antérieure à la vraie date d’un à é t e ^ & c . •
Souvent aufli ami vient de la prépofition grè-
que Sari, contre y qui marque ordinairement op-
pefîtion ou alternative ; elle marque oppofîtion dans
antipodes y peuples qui , marchant fur la furface
du globe terreftre, ont les pieds oppofes aux nôtres;
& de même antidote, contre-poifon , d’«yr<, contre,
& J'/JWi, y donner y remède donné contre le poifon;
& de même antipathie , antipape, & c.
Quelquefois, quand le mot qui fuit «vr/ , commence
par une voyelle , il Ce fjrit une elifîon de 1 iz
ainfi , l’on di%le pôle antarctique & non anti-arelique
; c’eft le pôle qui eft oppofé au pôle ardique, qui
eft vis-à-vis. Quelquefois auffi l’i ne s’élide point,
exaples, anti-exaples.
Les livres de controverfè & ceux de difputes littéraires
portent fbuvent le nom ètanti. M. Ménage
a fait un livre intitulé VAnti-Daillet. On a fait auffi
un Anti-Ménagiatia. Cicéron, à la prière de Brutus,
a voit fait un livre à la louange de Caton d U tique
; Célàr écrivit deux livres contre Caton , &
les intitula Anti-Catones. Cicéron dit que ces livres
ctoient écrits avec impudence , ufus efl nimis vm~
pudenter Coejar contra Catonem meum. Ad. Treb.
Topica. cap. x x v . Il ne faut pas confondre ce livre
de {Cicéron avec celui qui eft intitule Cato major.
Le livre de Cicéron à la louange de Caton, &
les Anti-Catons de Céfàr , n’ont point paffé à la
poftérité.
Patin fait mention d’un charlatan de fon fiècle,
qui avoit l’impudence de vendre à Paris des Antiécliptiques
, & des Ami-corné tiques, c’eft à dire, des
remèdes contre les prétendues influences des éclipfès,
& contre celles des comètes, Lett. chap. cccxljv•
( M . d u M a r s a is . )
ANTI-BACCHIQUE^adj. Littérat. Dans l’ancienne
Poéfîe , pied de trois fyllabes , dont les deux
premières font longues, & la troifîème brève ; tels
font les mots cantdre , v ïr tü te , e’aàjjW : on l’appelle
ainfi, parce qu’il-eft contraire au bacchique ,
dont la première fyllabe eft brève, & les deux autres
longues. Voyè\ Bacchique. Parmi les anciens , ce
pied fè nommoit auffi Palimbacchius & Saturnius ;
quelques-uns l’appeloient Proponticus & Teflaleus.
Diom. III. p . 475* {L'abbe' M a l l e t . )
(N.) A N T IC IPAT IO N , f f. Quelques rhéteurs
donnent ce nom à la figure plus connue fous le nom
de Prolepje, ( floye^ ce mot. ) Le Didionnaire de
Trévoux en parle fous ce nom ; ce qui ne l’em-
pêchë pas de tenir compte du nom ordinaire de
Prolepje y comme s’il n’en avoit rien dit ailleurs,
& fans renvoi de l’un à l ’autre : c’eft multiplier
les êtres fans néceffité ; d’ailleurs le mai A n ticipation
étant reçu dans la langue avec une lignification
différente quoiqu’analogue, iivaut mieux
garder le terme grec pour le fèns didadique.,( M.
D e a u z é e . )
AN T ID A C T Y LE C m. C ’eft un nom que les
grecs donnoient au pied fîmple , qui a confêrvé le
nom plus ordinaire d'Anapefle. ( Voye^ ce mot.)
(N.) ANTILOGlE , f. f. A’vnXoyU ( Difeours
contradidoire ): RR. «vtI ( contre ) , & Aoy»? (d i f eours
). Contradidion entre deux expreffions de la
même perfbnne, du même auteur, du même ouvrage.
Les grammairiens latiniftes, qui ont donné des
règles fur ce qu’ils appellent le Que retranché y
difènt qu’alors en latin le nominatif du verbe fe
met à Vâccufatif: il y a Antilogie , du moins dans
réxpreffion ; parce que le meme mot n’eft pas au
nominatif, s’il eft à l’accufàtif; ni à r?.ccufâtif,
s’il eft au nominatif. ( Foye\ Nominatif. )
J. J. Rouffeau , dans fon Difeours fu r l ’origine
& les fondements de P inégalité des conditions
parmi les hommes ( I. Part. ) a pris pouf
bafe de fès recherches, la fuppofîtion humiliante
de l’homme né fâuvage & fans autre liaifôn avec
les individus mêmes de fbn efpèce, que celle qu’il-
avoit avec les brutes, une fîmple cohabitation dans
les mêmes forêts. Il faitTimpoffible pour expliquer ,
dans cette hypothèfe , i’origine de la première langue.
( Voye\ L angue.) voici ce qu’il conclut à
la fin. » Quant à moi, dit-ii , effrayé des diffi-
m cultes qui fe multiplient, & convaincu de l’itn-
» poffibilité prefque démontrée, que les langues
» ayent pu naitre & s’établir par des moyens pure-
» ment humains ; je laifle , à qui voudra l’entre-
» prendre, la diieuffion de ce difficile problème z
» lequel a été le plus nécejfaire , de la fociété déjà
» liée y à Vinflitution des langues ; ou des lantmes
» déjà inventées y à Vétabliflement de la fociété.
Or on peut démontrer encore plus furement, que les
hommes ne peuvent former entre eux une fociété
fans le fecours d’une langue préexiftante , qu’il n’eft
prouvé qu’une langue ne peut fo former entre eux
par des moyens humains ; & Je problème propofé
par ce philofophe en eft un aveu formel : cependant
il regarde comme un fa it, fbn hypothèfo de
J’homme né fâuvage , ainfi que l’établiflement foon-
tané de la fociété. C ’eft adopter des idées contra-
didoires : c’eft ùne Antilogie infoutenable. On en
trouve cent exemples dans. les. ouvrages de eet écrivain;
le feu, concentré dans fon.imagination , fèmble
n’avoir eu que de la chaleur à communiquer
à fon ftvle, fans pouvoir éclairer fon efprit fur la
compatibilité ou l ’ineompatibilité foit des principes
foit des conféquences.
On rencontre quelquefois des Antilogie s y qui
ne le font qu’en apparence; & les livres fàints en
fourniffent pïufîeurs, dont l ’Héréfîe & la faufîe
Philofophie ont fbuvent abufé. Les derniers apo-
logiftes de la Religion ont répété , contre fos ennemis
modernes, ce qui avoit déjà été dit en mille
manières contre les anciens : car dans ce fiècle de
lumières , ces prétendus inftituteurs du genre humain
ne font que les échos de gens convaincus dans
leur temps d’ignorance ou de mauvaifè fo i, réduits
au fîlence parles contemporains qui les contredirent,
tombés bientôt dans le décri, & enfovelis
dans un long oubli ; leurs difoiples n’en fortent de
nos jours, que pour couvrir de honte & leurs mai*»
très & eux-mêmes.
Tirinus, dans fos commentaires fiir la Bible, a
publié un long index des Antilogies apparentes de
l’Écriture fàinte, & les a toutes expliquées & conciliées
avec autant de fûccès que de fageflè. ( Jjfƒ.
D e a u z é e . )
(N.1 ANTIMÉTABOLE, ANTIMÉTALEPSE,
ANTIMÉTATHÊSE , ff. ff. Ces troïs mots ,