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jufte d’obforver que ee miférable fubterfuge déshonore
le coeur finis faire honneur à l’efprit*
« Je ne lais queltyran, ayant juré, à un captif de
•» ne le pas tuer, ordonna qu’on ne lui donnât point à
» manger, difànt qu’il lui avoir promis de ne le pas
» faire mourir, mais non de contribuer à le faire
» vivre. » { Quefi. fur l ’Encyçl. ) Qui ne lent pas à '
ce récit naître dans fin coeur le mépris & l’indignation
? Si Y Équivoque eft dans la Littérature une
fadaifè méprifàble , elle eft.dans la Morale un faux-
fuyant criminel, & un menfonge d’autant plus abominable
, qu’elle ofo prendre le malque de la vérité
pour la profaner & l’anéantir avec plus de fticcès.
jv , La quatrième elpèce de phrafos équivoques,
eft de celles qui naiflènt du fimple rapprochement
«le certains mots, dont la réunion fomble former
d’autres mots ou dire autre choie que ce qu’on a
réellement intention de dire.
Monjieur, votre cheval vaut cent p i fiole s : ceci
a l’air a’une politeflè imbécile ou amphigourique ,
comme fi l’on donnoit au cheval le titre de Monjieur;
elpèce de quolibet, dontaffedentfouventde fè forvir
les rieurs de la lie du peuple. Dites Amplement,
Monjieur, la valeur de votre cheval efi de cent
pifioles.
Je regarde votre amitié comme le plus grand
des avantages que vous me puijfie£ accorder. C’efi
le plus grand des plaifirs que vous me puijjie\faire.
Les deux mots des avantages ou des plaifirs, refi
fomblent au mot unique défavantage ou déplaijir :
’ i l falloit dire au fingulier-, le plus grand avantage,
le plus grandplaijir, C ’eft dans ce rapprochement
affeété des mots qu’eft une des principales fources
des Calembours, dont le goût fèmble s’être réveillé
de nos jours pour flétrir notre Littérature, motif de
plus pour éviter dans l’Élocution ces rapprochements
équivoques , que la malignité pourroit foupçonner
d’avoir été ménagés à deiïèin.
« Ce ne fer oit jamais fa it, dit Vaugelas ( Rem.
» 549), de vouloir marquer toutes les fortes d’Ëqui-
» voques qui fè peuvent faire en écrivant, & qui
» font autant de fautes contre la netteté. Quintilien
» dit que le nombre en eft infini. Je fais bien qu’il y
k> en a quelques-unes que l’on ne peut éviter, &
» que les plus excellents auteurs grecs & latins
» nous en fourniflènt des exemples: on a accoutumé
» de dire pour les excufor, que le fèns fupplée au
» défaut des paroles ; & j’en demeure d’accord ,
» pourvu.que ce ne foit que très-rarement, & en
» forte qife le fens y foit fout évident. Mais à dire
» le vrai, je .voudrais toujours l’éviter autant qu’il
» me fèroit polîible: car après tout, c’eft aux pa-
» rôles de faire entendre le fens, & non pas au fens
» de faire entendre les paroles ; & ic’eft renverfèr
»via nature des choies, que d’en ufèr autrement. »
N ’eft-ce pas également renverfèr la nature des
.choies, que d’écrire les mots de.manière qu’où ne
fâche comment les prononcer ? Notre langue, qui fè
donne pour l’ennemie déclarée des Equivoques,
parce qu’elle fè pique d’étre , plus qu’aucun autre
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idiome, amie .de la clarté , en a pourtant admis une
infinité dans l’orthographe, par une déférence mal
entendue pour l’ufàge, législateur légitime quant à la
formation & à la prononciation des mots, mais tyran
& ufùrpateur dès qu’il prétend en fixer arbitrairement
l’orthographe. Que l’ufàgedécfde la forme , le nbm-
bre, & l’emploi des caradères ; à la bonne heure,
c’eft fôn droit : mais qu’il laiflè enfùite aux gens de
Lettres la liberté d’employer ces caractères conformément
à la deftination primitive qu’il en a faite,
& qu’il ne les contraigne que pour les y afîùjettir ou
les y ramener. Alors on pourra diftinguer par l’ortho*
graphe, & fort aifément,
Je parois ( de parer )
Je parois ( de paroitre )
Je perçois ( de percevoir )
Je perçois ( de percer )
Tu «iis ( au préfenc )
Tu dis ( au prêt, antér. )
Tu vis ( de vivre )
Tu vis ( de voir)
Nous allions ( d’aller )
Nous, allions ( d’allier )
Nous parions (deparer )
Nous parions (de parier)
Nous peignons (de peindre) ÿ
Nou s peignons ( de peigner)
Ils admirent ( d?admirer ) §;
Ils admirent ( d’admettre )
Ils murent ( de murer ) "C
Ils murent ( de mouvoir )
lis prejjent (de prejfer )
Il preffent ( de prejfentir )
Ils convient ( de convier )
Il convient ( de convenir}.
Je paroiffe.
La paroiffe
Piété (nom de trois fyllabes)
Piété fadj. de deux Fyllabes)
Nous affections
Les affections
Nous objections
Les objeSions ,
& une Orthographe.infinité d’autres
(
Equivoques fèmblables.
Voye\ M . B e a u z é e . )
(N.) ÉQUIVOQUE, AMBIGUITÉ, DOU-
BLE SENS. Synonymes,
U Équivoque a deux fèns : l’un naturel, qui paroît
être celui qu’on veut faire entendre Sc qui eft effec-?
tivement entendu de ceux quî écoutent l’autre
détourné, qui n’çft entendu que de la perfonne qui
parle, & qu’on ne foupçonne pas même pouvoir
être celui qu’elle a intention de faire entendre«
L ’Ambiguité a un fèns général fufceptible de di-
verfès interprétations ; ce qui fait qu’on a peine à
déméler la penfée précifè de l’auteur, Sc qu’il eft
même quelquefois impoflible de la pénétrer au jufte.
Le Double fens a deux lignifications naturelles &
convenables : par l’une, il fè préfènte littéralement
pour être compris de tout le monde; & par l’autre ,
il fait une fine allufîon pour n’être entendu que de
certaines perfbnnes.
Ces trois façons .de parler font dans, l’occafîon
des fubterfuges adroits pour cacher fâ véritable penfée.
Mais on fè fèrt de Y Équivoque, pour tromper;
de Y Ambiguité, pour ne pas trop inftruire ; & du
Double fen s , pour inftruire avec précaution.
Il eft bas & indigne d’un honnête homme d’ufèr
d’Équivoque : il n’y a que la {ubtilité d’une éducation
fcholaftique, qui puiffe perfuader qu’elle foit
un moyen de fauver du naufrage fâ fincérité ; car
dans le monde elle n’empêche pas de paflèr pour
menteur ou pour mal - honnête homme, & elle
y donne de plus un ridicule d’efprit très-mépri-
fàble. L ''Ambiguité eft peut-être plus fouvent l’effet
d’une coafufîon d’idées, que d’un deifein prémédité
de ne point éclairer ceux qui écoutent ; on ne doit
en faire ufâge que dans les occafions. où il eft dangereux
de trop inftruire. Le Doublefens eft d’un efi
prit fin : la malignité & la politeflè en ont introduit
l’ufàge ; il faudroit feulement que ce ne fût
jamais aux dépens de la réputation du prochain.
Voye^. Louche,Équivoque , Amphibologique.
(JL’ai?béGir a r d . ) ,
E R R A T A , fi m. Terme de Littérature-St à’Imprimerie
, qui fîgnifie une lifle qu’on trouve au commencement
ou à la fin d’un livre , & qui contient
les fautes, échapées dans l’impreflion , & quelquefois
dans la compofîrion d’un ouvrage.
Ce mot eft purement latin, & fîgnifie, les fautes ,
les méptifes ; mais on l’a francité , & du pluriel
latin on en a fait en notre langue un fîngulier : on
dit Un Errata bien• fa it.
Linderberg a fait une diflèrtation particulière fur
les erreurs typographiques ou fautes, d’impreffion ,
D e erroribus typographicis.W en recherche les cau-
fès & propofè les moyens de prévenir ces défauts ;
mais il ne dit rien fur cette matière, qui ne foit
ou commun ou impratiquable. Les auteurs, les com-
pofîteurs , St les corredeurs d’imprimerie, dit-il,
doivent faire leur devoir : qui en doute ? Chaque
auteur, continue-t-il, doit avoir fon imprimerie
chez lui: cela eft-il poflïble ? & le fouffriroit-on
dans aucun Gouvernement ?
Quelqu’un a appelé l ’ouvrage du P. Hardouin
furies médailles, Y Errata de tous les antiquaires ,•
mais il. eft trop plein de chofes fingulières, hafàr-
dées , & quelquefois faufles , pour n’avoir pas be-
fèin lui-même d’un bon Errata. Les critiques fur
l ’Hiftoire par. Périzonius, peuvent être à plus jufte
titre appelées Y Errata des anciens hiftoriens. Le
Didionnaire de Bayle a été regardé comme Y E r rata
de celui de Moréri , cependant on y a dé“-
couvert bien des fautes; elles font comme infé-
parables des ouvrages fort étendus. Dicl. de Trévoux
& Chambers. ( L ’abbé M alle t*)
É R U D IT , adj. m. Littér. On appelle de la
forte celui qui a de l’érudition ( Voye\ Érudition).
Ainfi , on peut dire que Saumaife étoit un
homme trbs-érudit. Érudit fè prend aufli fubftan-
fcivement ; on dit par ellipfè , un É ru d it, pour
un homme érudit : l’ellipfe a toujours lieu dans
les adjedifs A pris fubftantivement. f i Ellipse , djectif, Substantif, &c,
■ Les mots Érudit & Docte font bornés a défî-
gner les hommes profonds dans l ’érudition ; Savant
supplique également aux hommes verfes dans les
matières d’érudition & dans les foiences de raifon-
nement.. ( M. d’A lembert..)
• I g j g ÉRU D IT , D O C T E , SAVANT.. Syno-
nymes*: .
Ces trois termes font fÿnonymes en ce qu'ils,
fuppoiènt des connoiflances aquifss par l’étude-
"L’Érudit 8c le Docte lèvent des faits dans tous-
'les genres de Littérature : YErudit en fait beaucoup;
le Doéle les fait bien. Le Docte 8c le Savant
connoifîènt avec intelligence : le Docte connoît des.
faits de Littérature , qu’il fait appliquer ; le Savant
connoît des principes , dont il fait tirer les. confé—
quences..
Une bonne mémoire & de la patience dans l ’étude:
fiiffifènt pour former un Erudit : ajoutez-y de l ’intelligence
& de la réflexion , vous aurez un homme*
docte : appliquez celui-ci. à des matières de fpé-
culation & de fciences & donnez-lui de la pénétration
, vous en ferez un Savant.
Si l’on peut employer indifféremment les termes;
d’Érudit & de Docte ; c’eft lorfque l’on ne veut
indiquer que l ’objet du lavoir , fans rien dire de
la manière dont on fait. Si les termes de Docte-
& de Savant peuvent être pris l ’un pour l’autre
c’eft lorfqu’on ne veut défîgner que la manière intelligente.
& raifonnée dont ils lavent , Sc que l’on»
fait abfïradion de l’objet du lavoir. Mais les termes.
SC Érudit 8c <de Savant ne peuvent jamais fè mettre-
l ’un pour l ’autre; parce qu’ils-diffèrent en tout point
& par l ’objet & par la manière: cette différence
eft fi grande, que Savant eft toujours un éloge;
au lieu que l’on dit quelquefois par une forte de
mépris , qu’un homme n’eft qu’un Erudit..
Ces trois termes fè difent des perfbnnes ; mais-;
mais il n’y a que Docte & Savant qui fè difont
des ouvrages.
On dit d’un livre qu’il contient beaucoup de-faits;
de Littérature & grand nombre de citations , nom
pas qu’il eft Erudit, mais qu’il eft rempli SC Erudition.
On dit, Un doéte commentaire, pour marquer
que Y Érudition y eft employée avec diferé—
tion & avec intelligence. Un ouvrage eft favant r,
quand on y traite les grands principes des- foiences-
rigoureulès , ou qu’on les y emploie pour la fin-:
Sparticulière que l’on fè propofe. E'oyeç Habile,, avant , Docte. (M .B eauzée.)
ÉRU D IT IO N , fi f. Littér. Ce mot, qui'vient:
du latin erudire , enfeigner, fîgnifie proprement &
à la lettre , fa v o ir , connoijfance ; mais on l’a plus;
particulièrement appliqué au genre de fàvoir qut.
confifte dans la connoiflance des faits-, & qui eft:
le fruit d’une grande leéture. On a réfèrvé le nom*
de Science pour les connoiflances qui ont plus immédiatement
befoin du. raifbnnement & 4e réflexion,
telles que la Phyfique, les Mathématiques,.
&c. 8c celui de B elles-Lettres pour les produirions;
agréables de l’efprit, dans lefquelles l’imagination^
a plus départ, tellés que l’Éloquence, la Poéfie^
&c.L
’Érudition,. confîdérée par rapport à l’état pré- -
font des Lettres, renferme trois branches principales,,
la connoifTance del’Hiftoire , celle des langues ,
celle des livres*.
La connoiflance de l’Hiftoire fo lubdivifo en pîifi-
fieurs.branches jjfiiftoire ancienne. & moderne