que édifia C É g life par f a foumiÿion pure & fim ple ,
abfolue , prompte, & fa n s réferve , a la condanna-
tion de Jon livre des Maximes des Saints, prononcée
p a r le b r e f d ’ Innocent XI ? Ce^feroit une^ ab-
fiirdité, d’autant plus choquante, qu’outre le défaut
d’affinité entre l’ idée du Telémaque 8c celle de la
fôumiffion édifiante du prélat, il y a , entre ces
deux idées, l ’oppofition qui fi trouve entre le fàcre
& le profane.
On ne laifli pas de rencontrer bien des Anto-
nomafes vicieufes, même dans les meilleurs écrivains
, qui paroilîent les croire fùffifâmment autorisées
par le befôin de varier la diétion, fous quelque
forme qu’elles y paroifTent ; comme fi, pour varier
la didion d’une manière raifônnable, il ne falloit
pas également varier mais afïortir les idées. Il pa-
roît même qu’on ne fait pas trop d’attention aux
motifs qui ont déterminé XAntonomafe dans les bons
'ouvrages. Térence ( Andr. I. iij. n . ) fait dire à
un de les a&eurs, DavusJum, non (Sdipus ,* & l’auteur
de YAndrienne françoife ( acî. I. f c . iij.) a
traduit ;
Je fuis Dave, Monfieur, 6c ne fuis pas devin :
» ce q u i, filon M. du Marfàis, ('Trop. II. v.) lait
>5 perdre l’agrément 8t la jufleflè de l ’oppofîtion en-
» tre Dave & OEdipe. JeJuis Dave, donc je ne fuis
» pas OEdipe } la conclufionelhjufle : au lieu que Je
» fuis Dave , donc j e ne fu is pas devin ; la coh-
» léquence n’efl pas bien tirée, car il pourrait être
Dave 8c devin. « Ce raifônnement du grammairien
philofophe donne clairement la raifon qui
rendoit néceffàire Y Antonomafe de Térence ; &
cette nécefïité n’a pas été fintie par Baron ou par le
tradudeur à qui il a prété fin nom. (M. D e a u z é e . )
(N.) ANTRE , CAV ERNE , GROTTE. Syn.
Ce font des retraites champêtres , faites de la
feule main de la nature, ou du moins à fon imitation
lorfque l’art s’en mêle , 8c dans lefquelles
en peut fi mettre à l’abri des injures du temps.
Telle efl la lignification commune de ces trois mots.
Mais Y Antre & la Caverne préfentent des retraites
obfcures & affreufes , qui ne femblent propres qu’à
des bêtes fauves : au lieu que la Grotte, n excluant
ni la lumière ni mêmes les ornements gracieux ,
quoique rufliques, peut être l ’habitation de l’homme
Iblitaire , &fert fouvent à orner les jardins.
La Fable a extrêmement embelli les Grottes, pour
y logêr fis nymphes. Le mot de Caverne parait
enchérir fur celui à!Antre, par la profondeur, par
la clôture, & par un rapport plus formel à la
férocité de ce qui peut y habiter.
Polyphcme logeoit dans un Antre. Les lions fi
retirent dans des Cavernes ; & les vents font aufli
—renfermés par les poètes dans une Caverne, d’où
Éole en retient ou en permet à fon gré l’impé-
tuofité. L a defcripdon de la Grotte de Calypfb
infpire plus de finfiialité , que celle des plus riches
palais* ( L ’abbe G i r a r d , )-
(N.) AORISTE, C m. C’efl originairement un
adjedif; uoftroç (indéterminé ). RK. <* privatifv&
le verbe ( je détermine ) , dérivé- du noni
opeç ( terme ). Avec l’adjeétif Xopiças on fous entend
le nom mafculin •MWm ( temps ) ; ainfi, cet
adjedif pris fûbftantivement fîgnifie temps indéter-
miné. C’efl de cette manière qu’il efl entendu dan«
la Grammaire grèque.
Nous prononçons en françois Orijle : c’efl fiip-
primer Y i privatif, & faire la même faute, le même
contre-fins , que fi nous prononcions tome pour
atome, digne pour indigne, modéré pour immodéré
, partial pour impartial, réfolu pour irrejolu ,
fscle pour injeéîe, valide pour invalide, légitimé
pour illégitime , & c. Pour peindre fidèlement notre
prononciation , il faudrait écrire Orijle làns a ,
comme on le prononce ; mais on n’a garde, a came
de l’étymologie. Eh foyons donc entièrement con-
féquents: ne gardons pas pour l’étymologie un refi
p e d , qui donne à notre orthographe une difficulté
inutile & bizarre ; tandis que nous la violons dans
la prononciation, jufqu’au point de faire entendre
un fins contraire à celui qu’on veut exprimer. Le
fcrupule va-t-il jufqu’à ne pas ofer mettre fous les
yeux le contre-fins que l’on fait retentir aux oreilles ?
J’y confins avec joie : mais pouffons le fcrupule
jufqu’au bout, & épargnons aux oreilles mêmes la
faute que nous voulons dérober aux yeux : prononçons
Aorifte en faifànt fintir Y a 8c Yo féparé-
ment, & tout fera en règle. C’efl dans la vue de
ramener cette prononciation, plus régulière & plus
vraie , que j’ajoute a l’orthographe ordinaire du
mot, la diërèfe placée fur l’o. Je ne ferais pas
la même tentative pour un terme du langage com.-
mun, parce que je n’ignore pas ce qui^elt dû à
l’ufàge de la multitude, dont les décifîons confe
tâtées, quoiqu’indélibérées , ont une autorité im-
preferiptible. Mais c’efl ici un terme technique ,
qui doit dépendre uniquement des gens de l’art :
ils n’ont imaginé ce mot que pour bien cara&érifer
la nature du temps qu’il défigne ; pourquoi conti-
nueroient-ils de le prononcer d’une manière op-
pofee à cette jufte intention, dès qu’on leur en
fait remarquer l’inconvénient? Dans le langage
technique il s’a git, non d’harmonie , mais de pré-
cifion & de juflefïe; & d’ailleurs il n’y a rien de
plus choquant dans l’hiatus d’Aorifte que dans celui
d* Aorte, qui efl reçu.
Aorifte efl un terme abfolument propre à la Granv
maire du grec ancien ou littéral ; car il n’en refie
aucune trace dans le grec moderne ou vulgaire^:
les malheureux peuples qui ont confervé jufqu’à
préfent quelques refies de la belle langue d’Homère ,
écrafes fous le joug des barbares & abrutis par la
misère, n’ont pu ni diflinguer, ni employer ces
idées fines & délicates, qui fûppofent dans l’ame
le fentiment exquis de la liberté & du bonheur^
& ce font apparemment des idées de cette nature
qui caradérifent les A'orfies de l’ancien grec, puife,
| que les plus habiles grammairiens ont toujours eu
tant de peine à les bien affigner. Je n*ai garde
4 e me promettre plus de fiiccès ; mais je conful-
lerai l ’analogie des formations. On peut voir ( art.
T emps) quelle lumière elle répand fur la nature
des temps latins, françois, italiens, espagnols : il
ferait bien étonnant qu’on ne trouvât pas un. pareil
fecours dans le grec, de toutes les langues
connues la plus riche & la plus analogique.
On diflingue dans la conjugaifôn grèque deux
A d rifles y quel.es grammairiens ne différencient que
par les qualifications de premier 8c. de fécond, 8c
ils fe retrouvent dans tous les modes du verbe,
& dans toutes les voix, adive., paffive, & moyenne.
A l’indicatif adif, où les caradères diflindifs font
& doivent être plus marqués , les deux Aorifies
en ont un qui leur efl commun ; c’efl l’augment
fimple du temps que les grammairiens appellent
Imparfait, & que je'nomme Préfent antérieur
fimple: Préfi îw 7 a J je frape) *, Préfi ant. ï-TU7r%v
( je frapois ) ; A or. i. -, Adr, z. Ï-tuttov j où
l ’on voit l’augment fyllabique fimple é dans les trois
derniers temps: Préfi âvoa ( j ’achève) ; Préfi ant.
îf-yuov ( j'achevois) ", Adr, I. »-yvca j A or. Z• il-vvov ;
où l’on voit l ’augment temporel » dans les trois
derniers temps.
Au temps que l ’on nomme Imparfait, l ’augment
paroît être un fymbole de l’antériorité de l’époque
de comparaifbn , comme la terminaifôn am en efl
le fymbole dans les temps latins , amab-am ,
amaver - am. Voye£ T emps. Cet augment en
grec doit donc marquer la même antériorité dans
tous les temps qui le reçoivent ou qui en fent fiifi-
eeptibles ; la confenne initiale du thème , qui fe
répète avant l ’augment du prétérit, efl un augment
double qui marque l’antériorité d’exiftènce à i’égard
de l’époque; & s’il faut marquer l’antériorité d’exifi-
tence à l ’égard d’une époque antérieure elle-mcme,
comme dans le temps qu’on nomme Plus-que-parfait
, on répète l ’augment fyllabique avant l’aug-
ment double du Prétérit : ruvél« ( Je frape ) ;
t-TU7fiov ( Je frapois ) ; re-rucpet ( J ’ai frape') ;
t-n-Tu(f)uv ( J ’avoisfrape). Concluons que, fi l’analogie
grèque , fi riche & fi belle , n’efl point
illufeire & trompeufe, les deux Aorifies font des
temps relatifs à une époque déterminée & antérieure
au moment de la parole.
Ces deux Aorifies, femblables par l’augment &
•par l’antériorité de l’époque dont il efl le figne , diffèrent
parla figurative & par la terminaifôn ; cequi doit
marquer, dans ces deux temps , différents rapports
d’exiflence ou differents points de vue de ce rapport.
L>Aorifte i . garde la figurative du temps qu’on
appelle Futur, & que je nomme Préfent poftérieur ;
ic Y Aorifte z. garde la figurative du Préfent :
Préfi ruVîa ( j e frape ) : Aor. z. erv7rov.
Préfi poft. twJ/ai ( je fraperai) : Aor. i . mnj/*.
-D ’autre part Y Aorijle i . a les mêmes terminai-
fens que le Prétérit, excepté les troifièmes per-
fennes du Duel & du Pluriel ; & Y Aorijle z. a J
G&diMM. e t L it té râ t, Tome J,
abfolument les mêmes que l’Imparfait ou Préfent
antérieur fimple :
Sing. Duel. Plur#
Prêt. rérufit, etrov : un*
» f f f t : UT01 , « f i » , MTt y
Aor. i . , «tv : «*'•
Préfi ant. fov7rlov,
ts y t * trev y ttv : oft» , ere , ot*'
Adr. z. eroTTov ,
Sur quoi il faut obfêrver que les troifièmes per-
fennes du i . A d rifle y en s’écartant de celles du
Prétérit, fe rapprochent de celles du z. Aorifte 8c
caraâérifent mieux l’analogie de- ces deux temps,
qui fe trouve fôutenue dans toutes les perfennes &
dans tous les nombres.
Le i. Adrifiey en çe qui concerne le rapport
d’exiflence, a donc des caradères d’antériorité 8c
de poflériorité ; le z. A d rifle , des caradères de
fimultanéité ; tous deux, parla même & par l ’analogie
de leurs terminaifens correfpondantes, ce
caradère d’indétermination qui les a fait nommer
Aorifies ou indéfinis. Ils ne font donc pas fÿnony-
mes du Prétérit, comme femblent l’indiquer tous
les grammairiens, en les traduifànt l’un & l ’autre
comme le Prétérit dans les paradigmes des con-
jugaifôns; rtTvtpa (verberavi) ; éto d/« (v erberavi) ;
eruTTov ( verberavi : c’efl une erreur manifefle,
qui défigure le véritable génie de cette belle
langue.
Mais, dira-t-on , il falloit bien traduire ces temps
de manière ou d’autre : quelque tradudion qu’on
eût adoptée , elle aurait toujours été infidèle ; &
l’on a préféré celle qui a paru répondre à l’ufâge
le plus fréquent.
L’ufàge le plus fréquent! Cette dernière remarque
n’efl vraie, de l’aveu des plus habiles grammairiens,
que du i . A or fie . Voici ce qu’en dit
l’auteur de la Méthode grèque de P. R. ( L iv . III.
ch. j .) » Les temps indéterminés qu’on appelle
» À'ofiçoty Aorifies, font deux, qui fe prennent
os indéterminément pour tous les temps , quoique le
03 premier ait ordinairement plus de rapport avec
03 le paffe ; d’où vient que , dans les auteurs
» purs, on s’en fert bien plus fouvent que du Préos
térit. os En fûppofant donc.qu’on dut traduire le
r. Aorifte comme le Prétérit, il falloit certainement
traduire le fécond d’une autre manière, puife
qu’il fe met indéterminément pour tous les temps.
La vérité e fl, que ni l’un ni l’autre ne pouvoir
ni ne devoit être traduit dans les paradigmes ; &
qu’il falloit en faire bien connoître la nature &
l’ufàge, par le développement de toutes les idées
acceffoires renfermées dans leur lignification, comme
j’ai tâché de développer celle de nos temps. Voye%
T emps. , \
Mais quand on emploie le i . Abriße avec rapport
au paffe, efl-ce bien comme un équivalent du
Prétérit,? Écoutons encore le grammairien de P ,