
D’Adélaïde
Ah ! que l’empire femble doux !
Qu’on me donne un nouvel Alcide ,
Je gage qu’il file aux genoux
D’Adélaïde.
m
D’Adélaïde
Fuyez le dangereux accueil :
Tous les enchantements 'd'Armide
Sont moins à craindre qu’un coup d’oeil
D’Adélaïde.
X
Qu’Adélaïde
Met d’ame & de goût dans, fon chant!
Aux accents de fa voix timide.
Chacun dit, Rien n’eft fi touchant
Qu’Adélaïde
*
D’Adélaïde
Quand l’Ameür eut form é les traits ;
Ma foi , dit-il ^ la Cour de Gnide
N’a rien de pareil aux attraits
D’Adélaïde.
*
Adélaïde,
Lui dit-il, ne nous quittons pas:
Je fuis aveugle ; fois mon guide .5
Je fuivrai partout pas à pas
Adélaïde.
( M . jJ/Ukmôntii. )
* B O U T , EXTRÉMITÉ , FIN. Synonymes.
Ils lignifient toutes trois la dernière des parties
qui conftituent la choie : avec cette différence , que
le mot de B o u t, lùppolànt une longueur & une continuité,
reprélènte cette dernière partie comme celle
ju (qu’où la choie s’étend; que celui d’Extrémité,
lùppolànt unefituation & un-arrangement, l ’indique
comme celle qui eft la plus reculée dans la choie ;
& que le mot de F in , lùppolànt un ordre & une
fuite, la défigne comme celle où la choie celle.
Le Bout répond à un autre Bout\ Y Extrémité au
centre; & la Fin, au commencement. Ainfî, l ’on
dit le Bout de l’allée , l’Extrémité du royaume, la
F in de la vie.
On parcourt une choie d’un Bout à l’autre. On
pénètre de lès Extrémités julques dans Ibn centre.
On la luit depuis Ion origine julqu’à la Fin.
( L ’abbé Gir a r d . )
(N.) BR A GH Y C ATA L E C TE , BRACHYCA-
TÀ LE C T IQ U E t adj. C’eft un terme propre à la
Poélïe grèque & latine. Le mot eft composé de
Ppct%vç, B revis, & de x.u]ctXt»îUoçi malè definens ; il
fignifie donc littéralement , terminé trop brièvement,
F o y e \ C a t a le c t e .
On appeîloit ainfî les vers auxquels il manquait
un pied , félon les règles ordinaires de la verfifica-
tion métrique. {M. B eauzée./) «fâ
(N.)BRACHYCHORÉE ,- adj. maf. pris Jubilant.
Il ell composé de /3 ptexvr, b revis, &(. de %optieas(chorée
). C ’eft, dans la Poélïe grèque & latine, le nom
d’un pied composé d’une brève & d’un choréè : on
le nomme aufti atnpkibraque.Voyez ce mot {JP/.
B e a u z é e . )
BRACHYGRAPHIE , C f. Art, d’éçnre par
abréviations. Ce mot eft compofé?de /3pa^f:, .brevis-,
& de y papa , fcribo. Ces: abréviations étoienf appelées
notre ; & .ceux qui, en.faifqient profelfion,,
notant. Gruter nous en a. conlervé u;i Recueil, qu’il
a fait graver à la fin du fécond tome de fes Infcrip-
tions, Notre Tirants ac Senecçe. Ce Tiron étoit un
affranchi Me Cicéron , .dont il écrivit l’hiftoire ; il
étoit très-habile à écrire en abrégé. ' . ^ :L
Cet art eft trcsrancien : ;ces-. fcribes écrivoient
plus vite que rotateur ne pa-rloit ;; & :c’éft, ce qui'a
fait dire à David, ( Pf. xljv. ) Lingua-mea cala-
mus fcriboe vélocité r fcribentis ; « Ma langue eft
» comme la plume d’un écrivain qui écrit vite. »,
Quelque vite que les paroles foient, prononcées,,
dit Martial, la main de ces lèrîbe,s fera encore plus
proirote; à peine votre langue finit-elle de parler,
que ieui'main a déjà tout écrit:
Currant verba licet, ] manus eftvelocior illis; |
yix dum lingua, tuüm dextra peregit opus,
Manilius , parlant des enfants qui viennent au
monde'finis le ligne de la Vierge, dit: (AJlron. IV.
IP7 -)
Hic eft; fcriptàr eritvelot f cui littera verbum eft ,
Quique notis linguam fuperet curfumque loquentis
Excipiat longas nova per compendia v'oces.
C’eft par de femblablés expédients, que certains
lcribes que nous avons eus à Paris, lùivotent en
écrivant nos plus habites prédicateurs; & c e fut
' par ce moyen que parut la première édition des
fermons de Malèllon. ( M» d u JPÎarsajs. )
(N .) BRACHYLOGIE. f . f. Vice d’élocution ,
oppofé à la perlpicuïté, & qui conlïfte dans une
brièveté exceflïve, où les foulèntenftus ne font pas
aifés à lùppléer : Perfe peut en fournir des exemples.
Une Élocution concile rejette tout ce qui eft lùper-
flu , évite les circonlocutions inutiles , & ne fait
ulàge que des termes les plus propres & les plus
énergiques : fi l’on y ajoûte, on devient diffus; n
l’on en retranche, on tombe dans la Brachylogie :
la brièveté laconique alloit lôuvent julque là. ^ .
Brachylogie veut dire difcours bref y de fipu%u;
bref ifs, foym fermât Quintilien ( Inft. orat. VITE £•) I
'emploie ee 'terme pour défigner une brièveté louable
; mais nous ne l’adoptons en français que pour
défîgner. une. brièveté vicieulè. ( M . B e a u z é e . )
(N ) BREF, VE , adj. On confîdère ici ce mot coni-
iïie Ipécialement propre au langage de la Prolodie,qui
•détermine la quantité des fylizbes, en les distinguant
en longues, en brèves , & en douteulès. Les brèves
Ce marquent par un c. couché , qui le met au défi*
lus de la voyelle : ainfî, on écrit, par exemple,
Zempord, pour marquer que les deux dernières
lyllabes de ce mot font brèves« Voye^ Q u a n t it é .
( M . B e a u z é e . )
* BREF , C O U R T , SUCCINCT. Synonymes.
B r e f rte lè dit qu’à l’égard de la durée; le temps
feul eft bref. Court le dit à l ’égard de la durée &
de l’étendue ; la matière & le temps font courts.
Succinct ne lè dit que par rapport à l’expreflion ; le
difcours feulement eft fuccinét.
On prolonge le Bref. On allonge le Court. On
étend le Succinct. L e long eft l’oppofè" des deux
premiers ; & le diffus, l ’eft du dernier.
Des jours qui paroiflènt longs & ennuyeux fqrment
néanmoins un temps qui paroît toujours vies-bref
au moment qu’il paflè. Il importe peu à l’homme
que là vie fbit longue ou courte ; mais il lui importe
beaucoup que tous les ir Vnts, s’il eft poftible,en
Ibient gracieux. L ’habit long aide le maintien extérieur
à figurer gravement ; mais l’habit court eft
-plus commode, & n’ôte' rien de la gravité de l ’efi-
prit & de la conduite. L ’orateur doit être fuccinct
ou diffus, félon le lu jet qu’il traite & l’occafîon où
il parle. ( L ’abbé G ir a r d . )
^BRILLANT , adj. & fi m. Belles Lettres. Il lè
dit de l’elprit, de l’imagination , 3u coloris , de la
penlee. On dit d’un efprit fécond en faillies, en traits
ingénieux , dont la juftefîe/ & la nouveauté nous
éblouit, qu’il eft brillant. Le Brillant de l ’imagination
conlïfte dans une foule d’images vives
& imprévues, qui lè lùccèdent avec l ’éclat & la
rapidité des éclairs. L ’abondance & la variété font
le Brillant du coloris. Des idées qui jouent enlèm-
ble avec juftefîe & avec grâce , dont les rapports
font vivement faifîs & vivement exprimés, font le
Brillant de la penfée. Le ftyle eft Brillant par la
vivacité des penfées , des images , des tours, 8c des
expreflïons. Le''ftyle d’Ovide, celui de l’Ariofte eft
brillant. Dans Homere, l ’allégorie de la ceinture de
Vénus eft une peinture brillante, ( f J’ai cité ailleurs
la delcription de la beauté du paon, dans la nouvelle
Hiftoire Naturelle. La peinture du même oifèau ,
quoique moins détaillée dans les Fables de la Fontaine,
n’en ell pas moins éblouïfîànte, lorlque Junon
lui dit :
Eft-ce d toi d'envier la voix du roflîgnol,
Toi que l'on voit porter à l’entour de ton col
Utt àfé-eh-del hué de cent fortes de foies
Qui te panades , qui déploies
Une fi riche queue, &c qui femble à nos yeux
La boutique d’un lapidaire ?
Eft-il quelque oifeau fo,us les cieux
Plus que toi capable de plaire? )
Brillant ne lè dit guère que des lu jets gracieux
ou enjoués. Dàn6 les iùjets férieux & lùbiimes , le
ftyle eft riche, éclatant. (M. M a r m o n t e l . ) ,
BRUNETTE, fi f. Belles-Lettres, Poéfee. On
donne ce nom à une elpèce de chanlon, dont l’air
eft facile & fimpl'e, 8c le ftyle galant & naturel ,
quelquefois tendre, 8c lôuvent enjoué. On les appelle
ainfî, parce qu’il eft arrivé lôuvent que, dans ces
chanlons, le poète s’adreffànt à une jeune fille , lui
a donné le nom de Brunet te , petite brune :
Ërunette j mes amours ,
Languirai-je toujours
Un vrai modèle dans ce genre , eft cette chanfcx}
de Dufréni.
Philis, plus avare que tendre,
Ne gagnant rien à refufer,
Un jour exigea de Silvandre
Trente moutons pour un baifer»
®
Lejendemain nouvelle affaire«
Pour le berger le troc fut bon ;
Car il obtint de la bergère, ^
Trente baifers pour un mouton*
®
Le lendemain Philis plus tendre*
Tremblant de fe voir refufer,
Fuc trop heureufe de lui rendre
Trente moutons pouf un baifer.
, ®
Le lendemain Philis peu fage ;
Auroic donné moutons & chien y
Pour un baifer que le volage ,
A Lifette donna pour rien,
{M . M a rm o k t e l . )
■; * BURLESQUE, adj. pris aufli lûbftantivement.
Belles-Lettres. Genre de ftyle, ou de Poéfîe, qui
traveftit les choies les plus nobles & les plus lerieulès
en plailànteries bouffonnes. )
Ceux qui lè font élevés ferieufoment contre lé
Burlefque, ont perdu leur peine à prouver ce que
tou,t le monde làvoit. Les écrivains même, qui lè
font,égayés dans ce genre, ne doutoient pas qu’il
ne fût contraire au bon fèns 8c au bon goût. Mais
ne fèroit-on pas ridicule de reprélènter à un homme
qui lè déguilè grotelquement pour aller au bal, que
cet habit n’eft pas à la mode? Afiùrémenfc ’auteuç