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plufïeurs objets. Le premier défigne la liaifon intellectuelle
des objets de nôtre méditation ; le fécond ,
la liaifon que les qualités exïftantesdans les objets,
indépendamment de nos réflexions, conftituent entre
ces objets. Ainfi, il y aura Connexion entre des
abftraits ; & Connexité entre des concrets : les
qualités & les rapports qui font la Connexité,
lèront les fondements de la Connexion ; fans quoi
notre entendement mettroit dans les cliofês' ce qui
n’y efl pas : vice oppofé à la bonne dialectique ( M.
D iderot»)
(N.) CO NN O TAT IF , IV E , adj. Quifort à marquer
avec, en même temps. L’ufage de ce mot
pourroit être très-utile dans le langage grammatical
, pour_y diftinguer nettement des efpèces les
unes des autres.
i®. Je diflingue les- articles en deux efpèces générales
: l’article indicatif, le , la, les , parce qu’il
indique feulement que le nom appellatif doit s’entendre
des individus ; & les articles connotatifs,
parce qu’outre l’indication générale des individus,
ils marquent en même temps quelque point de vue
particulier , qui détermine avec plus ou moins de
précifîon la quotité des individus. ( Voye\ A r t
ic l e . )
z°. On diflingue le verbe en fûbftantif & adje&if ;
je crois ces dénominations fautives à cet égard ,
parce que relativement au.nom, elles font prifos
dans un fêns très-different : les grammairiens difont
qu’on ajoute le nom adjeétif au nom fûbftantif, &
que c’eft de là que vient la dénomination $ Adjectif
; mais on n’ajoûte pas de même au verbe
fûbftantif celui qu’on appelle adiedif, puifqu’il renferme
déjà ce verbe fûbftantif. Voilà pourquoi j’ai-
merois mieux qu’on diftinguât le verbe en fûbftantif
& conhotadf ; parce que celui - ci , outre
le fêns du verbe fûbftantif être, marque en même
temps"un attribut déterminé compris dans fà figni-
ücation. Voye\ V erbe. ( M. Beau z i e. )
CONSEIL , AVIS , AVERTISSEMENT ,
( Synonymes, )
■ Ces termes défignent en général Fadion d’infi-
truire quelqu’un d’une chofê qu’il lui importe de
faire ou de fàvoir aduellement, eu égard aux cir-
conftances. On donne le Confeil d’agir, on donne
Avis qu’on a a g i, on Avertit qu’on agira. L’ami
donne des Confeils à fon ami ; & le fûperieur, des
Avis à fon inférieur : la punition d’une faute eft
un Avertijfement de n’y plus retomber. On prend
Confeil de foi-même , on reçoit une lettre à1 Avis,
on obéit à un Avertijfement de payer. On vous
confeille de tendre un piège à quelqu’un; on vous
donne Avis que d’autres vous en ont tendu; on
vous avertit de vous tenir fûr vos gardes. Le roi
tient Confeil avec fês miniftres, il les fait avertir
de s’y trouver, .chacun y dit fon Avis, On dit un
homme de bon Confeil, un Confeil de père, un
Avis de parents, un Avis au Public, YAvertiJfee
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ment d’un ouvrage. If A vis & l’Avertijfement importent
quelquefois à celui qui les donne, le Confeil
importe toujours à celui qui le reçoit. Voye\ Avertissement
, A v i s , Conseil. Syn. {M. d’Alem-
bert. )
(N.) CONSEILLER D ’H O N N E U R , CONSEILLER
, HONORAIRE. Synonymes,
Le Confeiller cihonneur eft un Concilier en
titre, à la place duquel eft attachée cette qualification
: le Confeiller honoraire eft un Confeiller
qui, après avoir rempli quelque temps cette charge ,
a obtenu des lettres de vétérance, & qui conferve
les principaux honneurs fans être tenu d’en remplir
les fondions.
Un Confeiller d’honneur eft en exercice ; un
Confeiller honoraire n’y eft plus.
On diflingue aufli, à peu près par les mêmes
différences , un Chanoine d’honneur & un Chanoine
honoraire ; d’autres places peuvent de même
admettre cette diftindion. ( Ai. JBeauzée. )
CONSENTEMENT, PERMISSION, AGRÉ-
MENT. Synonymes,
Termes relatifs à la conduite que nous avons à
tenir dans la plupart des adions de la vie , où
nous ne fbmmespas entièrement libres , & où l’évènement
dépend en partie de nous, en partie de la
Y.ojonté des autres. (Ai. Diderot.) ..
Le Confentement fê demande aux perfonnes inté-
reffées dans l’affaire. La Permijfion fê donne par les
fûpérieurs qui ont droit de régler la conduite oii
de difpofêr des occupations. Il faut avoir ¥ Agrément
de ceux qui ont quelque autorité ou quelque
infpedion fur la chofo dont il s’agit-
Nul contrat fans le Confentement de s parties. Les
moines ne peuvent fûrtir de leur couvent fans PermiJJion.
On n’aquiert point de charge à la Cour
fans l’Agrément du roi.
On fê fait quelquefois prier de donner fôn Con-,
fentement à une chofê qu’on délire beaucoup. Tel
fupérieur refufê des PermiJJions, qui prend pour lui
des licences peu décentes. L’Agrément du prince
devient difficile à obtenir vis à vis d’un concurrent
protégé. ( L’abbé Girard.)
(N.) CONSENTIR , AQUIESCER, ADHÉRER
, TOMBER D ’ACCORD. Synonymes.
Nous confentons à ce que les autres veulent, en
l’agréant & en le permettant. Nous aquiefçons à
ce qu’on nous propofê, en l’acceptant & en nous y,
conformant. Nous adhérons à ce qui eft fait & conclu
par d’autres, en l’autorifànt & en nous y joignant.
Nous tombons d'accord de ce qu’on nous d it , en
l’avouant & en l’approuvant.
On s’oppofo aux ch o fês auxquelles on ne veut
pas confentir, On rebute celles auxquelles on ne
veut pas aquiefçer. On ne prend point, de part a
celles auxquelles on ne veut pas adhérer. On con-.
telle celles dont on ne veut pas tomber d’accord•
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11.me fêmble que le mot de Confentir fuppofê un
peu dé fûpériorité ; que celui à’Aquiefçer emporte
un peu de foumiflion; qu’il entre dans l’idéé ét Adhérer
un peu de complaifance ; & que Tomber d’accord
marque un peu d’averfîon pour la difpute.
LeiS parents confentent à l’établiflèmen.t de leurs
enfants. Les parties aquiefeent au jugement d’un
arbitre. Les amants adhèrent aux caprices de leurs
maitrefFes. Les bonnes gens tombent d’accord de
tout. Voye\ A p p r o b a t io n , A g r ém e n t , C ons
e n t em e n t , R a t if ic a t io n , A d h é s io n . Synon.
i L’abbé Girard.)
CONSIDÉRABLE, GRAND. Synonymes.
Ces deux mots défignent en général l’attention que
mérite une chofê par fà quantité ou fa qualité.
La Colle&ion des arrêts feroit un ouvrage conf -
dérable. L’Efprit des lois eft \m grand ouytige. Un
coürtifàn accrédité eft un homme confidérdble. Corneille
étoit un grand homme. On dit, de grands
talents, & un rang confidérable. (Ai. d’A lembert.)
CONSIDÉRATION, RÉPUTATION. Syn.
II ne faut point confondre la Confidération avec .
la Réputation : celle-ci eft en général le fruit des j
talents ou du lavoir faire ; celle-là eft attachée à la
place , au crédit, aux richefles, ou en général au
befoin que l’on a de ceux à qui on l’accorde;^
L ’abfence , ou l’éloignement, loin d’affoihlir la
Réputation, lui eft fouvent utile; la Confidération
au contraire eft toute extérieure , & fêmble attachée
à la préfonce.
Un miniftre incapable de fà place a plus de
Confidération & plus de Réputation, qu’un hpmme
de lettres ou qu’un artifte célèbre. Un homme de .
lettres riche & fot a plus de Confidération fit
moins de Réputation, qu’un homme de mérité
pauvre.
Corneille avoït de la Réputation, comme auteur
de Cinna ,* & Chapelain , de la Confidération,
Comme diftribüteur des grâces de Colbert.
New-ton,avoit de la Réputation , commé inventeur
dans les. fciençes ; & de la Confidération ,
Comme direâéur de la monnoie. {Ai. d ’A lembert.)
Voici, félon madame Lambert, la différence
d’idées que donnent ces deux mots.
La Confidération vient de l’effet que nos qualités
pérfonnelles font fûr les autres : fi ce font- des
qualités grandes & élevées, elles excitent l’admiration;
fi ce font des qualités, aimables. & liantes.,
elles font naître le fèntiment de l’amitié.
On jouit mieux de la Confidération que de la,
Réputation ; l’une eft plus, près de nous , & l’autre
s’en éloigne ; quoique plus- grande , celle-ci- fê fait
moins fentir, & fê convertit rarement en une poP-
fêffion réelle.
Nous obtenons la Confidération de ceux qui
nous approchent, & la Réputation de ceux qui ne
flous çonn biffent pas. Le mérite nous afsCire l’eftirne
des honnêtes gens; & notre étoile, celle du Public,
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La Confidération eft le revenu -du mérite de
toute la vie : & la Réputation eft fouvent donnée
à une aétion faite au nazard ; elle eft plus dépendante
de la fortune, Savoir profiter de l’occafîon
qu’elle nous préfênte , une adion brillante, une
vid o ir e , tout cela eft à la merci de la Renommée :
elle fe charge des adions .éclatantes ; mais en les
étendant & fe s célébrant , elle les éloigne de nous.
La Confidération qui tient aux qualités perfon-
nelles, eft moins étendue; mais comme elle porte
•fûr ce qui nous entoure., la joüiffàftce en eft plus
fohfîble & plus répétée: elle fient plus aux moeurs
qu’à la Réputation , qui quelquefois n eft due qu à
des vices d’ufàge bien placés & bien préparés, ou
d’autres fois même à des crimes heureux îlluftres.
La Confidération rend moins , parce qu’elle tient
à des qualités moins brillantes ; mais aufli la Réputation
s’ufê , & a befoin d’être renouvelée. Voyfi^
R é pu t a t io n , C é l é b r i t é , R en om m é , C o n s id é r
a t io n . Syn. {Le chev. de JavçOurt. ).
(N.) CONSIDÉRATIONS, OBSERVATIONS,
RÉ FLEXIONS, PENSÉES. Synonymes. ^ '
Tous ces termes défignent également les adions
de l’efprit relativement aux objets qu’il envifàge.
fM{fBEÀzizèE/) ‘ l ' f i f f ' - ,; i ;.y ;,
Le terme de Confidércitions eft d une lignification
plus étendue ; il exprime cette adion He 1 ef-
prit qui' énvifàge iin objet fous les differentes faces
dont il eft compofe. C e lu i. à’Ohfervations fort a
exprimer les remarques que l’on fait dans la focieté
ou fûr les ouvrages. Le terme de Réflexions défigne
plus particulièrement Ce qui regarde les
moeurs & la conduite de la vie. ' Celui de Penjees
eft une expreffion. plus vague ,. qui'marque, indifi-
‘rindement les jugements de l’efprit. ’
Les Cànfidérations de M. 'dér.Montefquieu fût
les caufos de la grandeur .& de ‘ la decadence des
romains, annoncent un génie prbfortd èc pénétrant.
Les Obfervations de l’Académie françoifo fûr le
Cid, font voir beaucoup de fagacite- Les Reflexions
de Tacite & de quelques' autres hiftoriens politiques,
font fouvent. plus ingénieufos que folidés. Les P en-,
fées de la Rochefoucauld 'font plus agréables que
celles de Pafçal: & quoiqu’à 'une première lefture
elles.'paroiffent fuperficielles , on en^ trouve d’auffi
profondes , lorfqü’on les a bien meditees.
Il y a , dans les Confié rations fûr les ouvrages
d’eforit, des Obfervqüons fréquentes & quelques
Réflexions.; l’auteur -fouhaite que les Penjees qu’on
y trouve foient a.uffi- j liftes- qu’elles le lui ont paru»
f Aveniff. des Confédérations, fur les ouvrages,
d’efprit. ). , • • c ,
Les Confédérations fûppofont de la profondeur ,
de la pénétration, de l’étendue dans lefp r it, & de
v la tenue dans fos opérations. Les Obfervations
exigent de la fàgacité pour démêler ce qui eft le
mofns fonfibïe , & du goût pour choifir ce qui-eft
digne d’attention & pour rejeter ce qui n en merue
point# Les Réflexions, pour etre fblides, doivent