
jf iS C O s
. perfectionner & de fixer la langue , c’eft d’en bien
déterminer tous les ufâges , (bit généraux (oit particuliers
; on ira peut-être julqu’à regretter qii’on ne
trouve pas dans cet ouvrage un plus grand nombre
d’articles comme celui-ci. ) (AT. ÜEAUzÈE.f
La Cofmogonie eft la fcience de la formation
de l’Univers. La Cosmographie eft la fcience
qui enfeigne la conftruâion, la figure, la difpo-
iïtion , '& le rapport de toutes les parties qui
compofènt l’Univers. La Cofmologie eft proprement
une Pbyfique générale & rationnée , qui,
fans entrer dans les détails trop circonftanciés des
faits, examine du côté métaphyfîque les résultats
de ces faits mêmes , fait voir l ’analogie & l’union
qu’ils ont entre eux , & tâche par là de découvrir
une partie des lois générales par lefquelles l’Univers
eft gouverné.
La Cofmogonie raifbnne fur l’état variable du
monde dans le temps de fa formation; la Cofmographie
expofe dans toutes fes parties & fès relations
l’état aétuel de l’Univers tout formé ; & la
Cofmologie raifbnne fur cet état a&uel & permanent.
La première eft conjeéfuralg ; la fécondé,
purement hiftorique; & la troifîème, expérimentale.
De quelque manière qu’on imagine la formation
du monde, on ne doit jamais s’écarter de deux
grands principes : i° . celui de la création ; car il
eft clair que la matière ne pouvant fè donner l’exif-
tence à elle - même , il faut qu’elle l ’ait reçue :
*2,°. celui d’une intelligence fùprême, qui a préfîdé,
non feulement à la créâtion , mais encore à l’arrangement
de toutes les parties de la matière en vertu
duquel ce monde s’eft formé. Ces deux principes
une fois pofés, On peut donner carrière aux conjectures
phHofbphîques ; avec cette attention pourtant,
de ne point s’écarter, dans le fÿfteme de Cofmogonie
qu’on fuivra , de celui que la Génèfè nous in-r
dique que Dieu a fùivi dans la formation des différentes
parties du monde.
• La Cofmographie dans fâ définition générale
embraffè, comme l’on voit , tout ce qui eft de
l ’objet de la Phyfîque. Cependant on a reftreiut
ce mot dans l’ufâge à défîgnêr’la partie de la Phy-
fique qui s’occupe du fyffême général du monde.
En ce fèns , la Cofmographie a deux parties : l ’A s tronomie
, qui fait connoitre la ftruâûre des deux
& la difpofîtion des aftres ; & la Géographie, qui
a pour objet la defçription de la terre.
La Cofmologie eft la’ fcience du monde ou de
l ’Univers çonfîdéré en général, en tant qu’il eft un
être ”compofé , & pourtant ïîrnple par l’union &
l ’harmonie de fès parties ; un Tout qui eft gouverné
par une intelligence fîiprême , & dbnt les'reflbrts
font cbnibinés \ mis en jeu , & modifiés par cette
intelligence'- L ’utilité principale que nous devons re7
tirer de la" Cofjidlogie, c’eft de nous élever,- par
les lois générales de la nature, à la connoiftance
de fon auteur ,' dont, la fàgéfïè à établi ces lois ,
tiop sen'â laiffé voir c.e qu il nous étoit néceffaire
d’en connoitre pourinotre utilité ou flotre_amufèmenf,
C o u
8t nbus a caché le refte pour nous apprendre à doo*
ter.(A T . d'jTlEMBERT.)
( ^ Le fécond tome de l’Hiftoire du ciel de M*
Plpelie cçmprend des idées très-fâines & des principes
excellents de Cofmogonie. L ’ouvrage le plus
convenable au commun des ledeurs fur la Cofmographie
, eft celui de Pufàge des globes par Bion.
M. de Maupertuis donna, il y a quelques années,
un Effai de Cofmologie, qui paroît fait d’après les
vrais principes, mais qui excita pourtant une dif-
pute très-vive, ) (iW. ü e a u z é e . )
* C O U L E R , R O U L ER , GLISSÉR. Syn.
( f Ces mots expriment tous trois un mouvement
de tranflation fîiGceffif 8ç continu ; mais ils ont chacun
leur différence diftinétive , qui les empêche d’être
confondus & prisTun pour l’autre.) [M. ü e a u z é e .)
Couler-•, marque le mouvement de tous les fluides,
& même de tous les corps folides réduits en poudre
impalpable. Rouler-, c’eft fe mouvoir en tournant
fur foi-meme. Glijfer, c’eft fè mouvoir en confèr-
vant la même furface fur laquelle on fè meut.
( AI'. D iderot.)
( f Ces mots s’emploient aufli métaphoriquement,
avec analogie à des différences toutes pareilles.
Couler, fè dit auffi du temps ; pour marquer par
comparaifon combien fès parties fè fbivent de près
& difparoiflent rapidement : d’une période, d’un
vers, d’un difcours entier ; pour indiquer qu’il ne
s’y trouve rien de rude ni qui bleffe l ’oreille, que
les parties en font bien liées & fè fiicGèdent naturellement
, comme les eaüx d’un ruiffeau coulent
d’une manière naturelle & agréable fur un fonds
uni & d’une pente uniforme & douce.
Rouler y fè dit de toute aâion qui fë répète fou-
vent fur le meme objet, de même qu’un corps
roulant appuie fpuvent fur les mêmes points de fâ
circonférence. Ainfî , on roule de grands deflèins
dans fa tête, lorfqu’on en réfléchit fouvent les parties
: un livre roule fur une matière , lorfqu’il envi-
â g e les parties fous 'plusieurs afpefts.
Glijfer y fert à marquer ce qui fè fait légèrement
& fans infîfter , ou ce qui fe 'fait avec adreflè &
d’une manière imperceptible. Quand on inftruit: la
multitude, il faut glijfer- fur les points qui fer oient
plus propres à faire naître des. difficultés qiie des
lumières ; on ne fàuroit apporter trop de foins pour
empêcher qu’il ne fè gtÛfe parmi le. peuple des
opinions erronées ou feditieufes. L ’image eft fèn-
fib'le : un corps qui gljjfe fur un autre, y paffè rapL
dement, légèrement, & prefque imperceptiblement
fî la pente eft favorable,) ( AT’. ü e a u z é e . )
(.N.) C O U L E U R , COLORIS, Synonymes.
La Couleur eft ce qui diftingue les traits, &
forme Fimage vifîble des objets par fès. variétés.
Le Coloris eft-l’effet particulier qui réfiilteide la
qualité & de la force de la Couleur par rapport à
l’éclat, indépendamment de la forme & du deflein,
L a première a fès différences objedives, divifées
C O U
par efp’èces & enfuite par nuances. Le fécond n’a :
que des diftèrences qualificatives, divife.es par degrés
de beauté ou de laideur. ..
Le bleu, le blanc, le rouge font différentes efp.è-
ces de Couleur,* le pale , lè clair, le fonce font des
nuancés : mais rien de tout cela n’eft le Coloris ; \
parce qu’il eft le Tout enfèmble , pris en general,
dans fbn union, par une fènfâtioh abftraite & distinguée
de la fenfàtiôn propre & efTericielle des ,
Couleurs. , ,
Certains mouvements de coeur répandent ^ un
Colons charmant for le vifâge des darnes, & meme
de celles qui font le moins partagées en Couleur. ^
Les tableaux du Titien excellent par la beaute
du Coloris; & l’on' dit qu’il-s en font- redevables à
l ’art particulier que ce peintre avoit de préparer &
d’employer les C o u leu r s .fV abbé G ir a r d .) ^
Les Couleurs font les impreliions particulières
que fait for l ’oeil la lumière réfléchie par les diverfes
forfaces des corps : , ce font elles qui rendent fèn-
fibles à la vue les objets qui compofènt l’Univers,
Le Coloris eft 1-effet qui réfoltê de l’enfemble &
de l’affortiment des Couleurs naturelles de chaque
objet, relativement à fâ pofîtion à l’égard de la
lumière, des corps environnants , & de l’oeil du
fpedateur : g’eft le Coloris qui diftingue la nature &
la fituation dé chaque objet. } -
Il y a fèpt Couleurs primitives ; le rouge, l’orangé,
le jâune, le v'érd', le bleu ^ l’indigo, le violet ; &
chacune de ces Couleurs a fès nuances. Les Couleurs-
primitives en peinture font différentes de celles-là;
& les autres, ainfî que leurs nuances , s’y compofènt
du mélange des primitives : c’eft une opération
phyfique. Mais l’art du Coloris, c’eft à dire , 1 art
d’imiter les Couleurs des objets naturels relativement
à tous les afpeds de leur pofîtion-, ne peut
être que le réfoltat de beaucoup de lumières acquîtes
& d’un goût exquis.
Colorer, c’eft rendre un objet fènfible par une
Couleur déterminée : Colorier , c’eft donner à
chaque objet le Coloris qui lui convient. On colore
une liqueur ; on colorie un tableau. (Æf. Heâuzée,)
(N.) COUP ( to u t d’ un ) , T O U T A COUP ,
Synonymes.
Ces deux phrafès adverbiales, employées indifo
tin&ement par plufîeurs de nos écrivains, n’ont pourtant,.
fî je peux parler ainfî, qu’une, fynonymie matérielle
: & au fond il n’y a pas- une fèule occafîon
où l’on puifle mettre l’une pour l’autre, je ne dispas
feulément fans pécher contre la juftelTe , mais
même fans commettre un contre-fèns.
Tout d'un coup veut dire Tout en une fois ;
fo u t à coup fîgnifie Soudainement, En un inftant,
Sur le champ.
Ce qui fe fait tout d’un coup ne fè fait ni par
degrés ni à plufîeurs fois ; ce qui fè fait tout à coup
n’eft ni prévu ni attendu.
Tout d'un coup tient plus de l’univer(alité ; &
Tout à coup 3 d e là promptitude.
C O U f i 9
Comme S. Paul étoi-t for lu route de Damas,
où il fè rendoit pour,exécuter les ordres de la Sy»
nagogue contré les difciples de Jéfùs-Chrift ; Dieu le
frappa tout à coup d’une. lumière très-vive, qui,
l’éblouifTant & le renverfânt par tërre, lui ouvrit
les yeux de Famé; : & cet homme, qui auparavant
ne refpiroit que1 fureur & que fan g , fè trouva tous
d ’un coup touché , inftruit, éclairé , rempli de zèle
& de charité [HT. ü eau zè e -, )
(N.) COUPLE , PAIRE., Synonymes•
On défigne ainfî deux chofes de même e'fpècfe ,/
mais avec des différences qu’il faut remarquer.
Un Couple, au mafculin , fe dit de deux .per*-
fonnes unies enfèmble par amour ou par mariage ,
du feulement envifàgees comme pouvant former
cette union ; il fe dit de même de deux animaux
; Unis pour la propagation. v -,
Une Couple, au féminin, fé dit de deux -chofes
I quelconques d’ une même efpece, qui ne vont point
; enfemble néceftairement, & qui ne font unies qu’ac-
j cidenteliement ; on le dit même des perfonnes & des
! animaux-, dès qu’on ne les envifâge que par le
■ nombre. „
Une Paire ne fè dit que de deux chofès qui vont
enfembie par une nécemté d’ ufage, comme les bas ,
les fouUers-, les jaretières , les gants , les manchettes
, les bottes , les fabcts ,. les boucles , les
! boucles d’oreille , les piftolëts , &c. ou d’une fèule
! chofe néceifairement compofée de deux parties qui
font le même fèrvjce, comme des cifeaux , des
lunettes, des pincettes, des culottes, &c* . ;
Couple , dans les deux genres ,, eft colledifr?
mais au mafculin , il eft général, parce que les
1 deux fuffifènt pour la deftination marquée par le
I mot:; au féminin, il eft partitif, parce qu’il défîgne
un nombre tiré d’un plus grand. La Syntaxe varie
en confequence, & l’on doit dire : « Un Couple de
» pigeons eft foffifânt- pour peupler un volet ; une
» Couple de pigeons ne font pas fùffiianîs pour le
» dîner de fîx perfonnes. «
Une Couple & une Paire peuvent fè dire aufli
des animaux; mais la Couple ne marque que le
nombre, & la Paire y ajoute l’idée d’une affecia--
tion néceffaire pour une fin particulière. De là vient
qu’un boucher petit dire qu’il achètera une Couple'
de boeufs , parce qu’il en veut deux; mais un
laboureur doit dire qu’il en achètera^ une Paire y
parce qu’il veut les ateler à la même charrue.,.
[ A Ï . Ü E A U Z È E . )
(N.) COUR ( DE ) DE L A COUR. Synonymes;
Ces deux expreffions ,■ qui fervent à qualifier par
un rapport à la Gour, ne doivent pas être confondues
ni employées irtdiftio&ement.
De Cour eft- un qualificatif qpî . fe prend es
msuvaifè part, & qui défîgne ce qu’il y a ordinairement
de vicieux & de repréhenfîble; dans les-
Cours. De la Cour ne qualifie qu’en indiquant une
relation elfencielle à ce qui environne le prmce.