
que rapides, & l’inftânt de lever & de baiffèr la
-toile -les produit naturellement.
Cela pôle, la confëquence immédiate & nécefo
faire qu’on en doit tirer, c’eft que la toile , qui
détruit l’enchantement du fpe&acle, devroit tomber
toutes les fois que le charme eft interrompu. Ne
fut-ce même que pour cacher le befoin qu’on a
quelquefois de baiflèr la toile, il foroit à fouhaiter
qu’on la baifsât toujours, dès qu’un ade foroit fini :
l ’illufion y gagnerait, les moyens de la produire
foraient plus fimples & en plus grand nombre ; on
ne verrait plus ce jeu des machines qui n’eft plus
étonnant, & qui devient ri fible quand le mouvement
eft manqué j on ne verroit plus des valets de
thé'âtre venir ranger ou déranger les lièges, du fénat
romain ; l’oeil & l ’oreille ne foraient pas en con-
tradidion, comme lorfqu’on entend des violons jouer
-un menuet près des tentes d’Agamemnon ou à
la porte du capitole; & le coup-d’oeil d’un changement
fubit de décoration foroit réfor vé pour le
fpedacle du merveilleux., Voyez Acte , Unités*
( M. Marmontel,.')
ÉNUMÉRATION, C f. Cette figure de Rhétorique
eft admirable en Poéfîe, parce qu’elle raffèm-
ble , dans un langage harmonieux , les traits les
plus frappants d’un objet qu’on veut dépeindre,
afin de perfuader, d’émouvoir, & d’entrainer l’efi-
p r it, làns lui donner le temps de le reconnoitre.
Voye\ Conglobation. Je n’en citerai qu’un foui
exemple , tiré de la tragédie d’Athalie. ( UT. vj.. )
Jéhu., qu'avoir çhoifî fa fagelTe profonde ;
Jéhu , fur qui je vois que votre- efprit fe fonde-,
D’un oubli trop ingrat a payé fes bienfaits.
Jéhu laiffe d’Achab Paffreufe fille en paix î
Suit des rois d’Ifraël les profanes exemples j-
Du vil dieu de l’Égypte a cenfervé les temples.
Jéhu, fur les hauts lieux ofant enfin offrir
Un téméraire encens que Dieu ne peut foüffrir,
N’a , pour fervir fa caufe & venger fes injures,
Ni le coeur alfez droit, ni les mains allez.pures»
( L e chevalier de J au court.)
* E N V IE , JA LO U S IE . Synonyme*.
Voici les nuances par lelquelles ces mots different.
I e. On eft jaloux de ce qu’on pofsède, & envieux
de ce que pofsèdent les autres : c’eft ainfî
qu’un amant eft jaloux de là maitreflè ; un prince,
ja lo u x de fon autorité. ( A'1 d'A lembert. )
( f La Jaloufie eft donc en quelque manière jufte
& raifonnable, puifqu’elle ne tend qu’à conforver
un bien qui nous appartient, ou que nous croyons
cous appartenir ; au lieu que Y Envie eft une fureur
qui ne peut foüffrir le bien des autres). ( la Roche-
w o v c a u l t .)
L a Jaloufie ne règne pas foulement entre des
particuliers, mais entre des nations entières, chez
lelquelles elle éclate quelquefois avec la violence
la plus fonefte ; elle tient à la rivalité de la poff-
tion , du commerce , des arts, des talents , & de
la religion. ( Le chevalier de JaucOurt. )
( ^ L ’homme qui dit qu’il n’eft pas né heureux ,
pourroit du moins le devenir par le bonheur de
fes amis ou de fos proches ; YÈnvie lui ôte cette
dernière reffôurce). (la JJruyere.)
■ i° . Quand ces deux mots font relatifs à ce que possèdent
les autres , Envieux dît plus que Jaloux. Le
premier marque une difpofition habituelle & de.
caraâère ; l’autre peut défigner un fontiment pafi
ïàger: le premier défigne aufli un fontiment aétuei
plus fort que le fécond. On peut être quelquefois
jaloux, fans être naturellement envieux : la Jaloufie%
fortout au premier mouvement, eft un fontiment
dont on a quelquefois peine à fo défendre; YEnvie
eft un fontiment bas , qui ronge & tourmente celui
qui en eft pénétré. ( M. d’Alembert , j
( 5 La Jaloufie eft l’effet du fontiment de nos défit-
vantages comparés au bien de quelqu’un:, quand
il fo joint, à cette Jaloufie-, delà haine & une-volonté-
de vengeance diflimulée par foiblefle ; c’eft Envie:..
( Le marquis de Vauven argues. )
Toute Jaloufie n’eft point exempte de quelque-
forte à! En vie, & fouvent même ces deux pallions
fo confondent. L'Envie au contraire eft quelquefois,
feparée de la Jaloufie, comme eft celle qu’excitent
dans notre ame les conditions- fort élevées au
deflus de la nôtre., les grandes, fortunes, la fayeur,,
le miniftère..
L 'Envie & la haine s’unifient toujours, fo fortifient
l’une l’autre dans un même fiijet ; & elles
ne font reconnoiffablesentre elles, qu’en ce que l’une
s’attache, à la perfonne , l ’autre- à l ’état & à la. condition.
Un homme d’efprit n’èft ^dvox. jaloux d’un ouvrier-
qui a ‘travaillé une bonne épée, ou d’un ftatuaire-
qui vient d’achever une belle figure: il fait qu’il
y a , dans ces arts , des, règles & une méthode, qu’on
ne devine point ; qu’il y a des outils à manier, dont
il ne connoît ni l’ufage, ni le nom , ni la figure ?
& il lui fuffit de penfor qu’il n’a point fait l’ap-
prentifiage d’un certain métier, pour fe confoler
de n’y etre point maître. Il peut au contraire être
fiifoeptible à!Envie, & même de Jaloufie y contre un
miniftre & contre ceux qui gouvernent : comme
fi la raifon & le bon fons , qui lui font communs
avec eux , étoient les fouis inftruments qui fervent
à régir un État & à préfider aux affaires publiques ;.
& qu’ils duiïent fùpléër aux règles, aux préceptes,,
à l’expérience)# ( l a E rvyere..)
ÉOLIEN OU ÉOLIQUE ,ad j. terme de Gramm;
Nom d’un des cinq dialeétes de la langue grèq(ue#
Voye\ G rec & Dialecte.
Il fût d’abord en ufàge dans la Bé'otie, d’où il
paffa en Eolie. C.’èft dans.ee dialeéfe que Sapho &
Alcée ont- écrit;
Le dialefte éolien rejette fiirtout l’accent rude-
ou âpre». Du. refte il s’accorde en tant de chofês.
avec le dorique , qu’on ne fait ordinairement de
ces deux qu’un feul dialefle. C ’eft pourquoi -la
plupart des grammairiens ne comptent que quatre
differents dialeâes grecs, quoiqu’il y en ait réellement
cinq, en en faifant deux de Véolien & du
dorique. Foye\ D o r iq u e & D i a l e c t e . ( L ’abbé Mallet.)
(N.) ÉPANADIPLOSE, C f. Efpèce de Répétition
antiparallèle {Voye\R é p é t i t io n )., oft le commencement
du premier membre Ce répété a la un
du dernier.
Vengez-vous dans le temps de <nes fautes paffées 5,
Mais dans l’éternité ne vous en venge\ pas.
On lit dans Virgile (Éclog. vij.J.
Ambo florentes cetatibus, arcades amba :.
dans Ovide ( Fafi. \ i . )
£ Qui bibit inde , furit : ptocul hîna difcedxte, quels efi
Cura bonce mentis ; qui. bibit inde , furit.
On trouve le diftique foivant dans deux inforip-
tions anciennes rapportées par Gruter, Tom. I*
pag. 611 y & Tom. I I , pag. 91 z .
Balnea , vina.. Venus çorrumpunt corpora noftra & .
Sed vitam faciunt balnea, vina , Venus.
Le mot Épanaâiplofe eft compofé du mot Ana-
diplofe , Réduplication ( Voye\ A n a d ip l o s e ) ,
& de la prépofîtion in\ , fub , qui dans la com-
pofition indique la fin;>?n forte que le mot veut
dire RéduplLcation à la fin. UÉpanadiplofe porte
for les memes motifs & produit le même effet que
l ’Anadiplofo. (M. JBeauzêe.).
(N.) ÉPANALEPSE', ÉPANAPLÈSF, 1T. fF.
Termes fÿnonymes d’Épanaâiplofe, employés inu-
tilement par quelques rhéteurs, & quelques grammairiens.
Une nomenclature fi abondante n’eû. bonne j
qu’à fiircharger.. (M . ëeauzée.)
’ (N.) ÉPANAPHORE, f. f. Autre terme Inutile !
employé par quelques rhéteurs pour celui à'Ana- \
phore.. Voye\ A n a p h o r e . (1U* Ueauzée.J
(•N.) É PANORTHOSE , f. f. Mot grec: RR.
«rV, fub 9 comme s’il y avoit fub finem , in fine ;
i tv ) c en compofition re ; & opôûta, rectum fado :
’E7rctvlp&fi)ris fignifie donc littéralement Yaïlion de
refaire droit à la fin. C ’eft en effet une figure de
penfée parfidion, dans laquelle on corrige, par
quelque vue fine & délicate, ce que l’on vient de
dire, quoiqu’on ait eu & dû' avoir l’intention ex-
çreffe de le dire. Il ne s’agit donc point dans YÉpa-
TLorihoft de corriger une faute réelle ; ce foroit un
procédé naturel &“ fîmple , & non une figur<f> il
n’eft queftion ici que- de fo ménager un paffage
délicat à de nouvelles, idées que l ’on- veut ajouter j
aux. premières,, ou pour les. apprécier au jufte, ou.
pour les éclaircir , ou pour leur donner plus d’énergie
en paroiffant les rejeter comme trop foibles.
A l ’article Ép it r o p e , on trouvera l ’exemple
d’une É p a n o r t h o s e deftinée à apprécier les
chofos que l’on a dites auparavant.
Fléchier loue la nobleffe du fang dont eft forti
M. de Turrène, puis il ajoute: Mais que dis-jel
I l ne faut pas len louer ici |. il faut Ven plaindre»
Quelque glorieufe que fu t la fiource dont i l fo r i—
to it , Vheréfie des derniers temps Vavoit infectée r
■ i l recevoit avec ce beau fang des principes d'erreur
& de 'tnehfonge ; & parmi fe s exemples domefii-
ques, i l trouv oit celui d ignorer b de combattre-•
la vérité.. Cette belle Épanorthofe eft donnée à
la dignité du miniftère catholique , & fort de tran-
fition à ce que devoit dire l’orateur de la naifo
fiince de fon héros dans l’héréfie.
En voici une autre, dont le deffèin- eft.de fortifier
ce qui vient d’être dit ; elle eft de M. Maflil-
lon : I l faut q u il en coûte pour fervir le monde’
comme pour fervir Jésus-Christ : fouffrons pour
Dieu ce que nous fouffrons pour le monde ; lèse
peines font les memes , & les récompenfes■ bien,
différentes. Mais que dis-je, mes Frères, que nos
peines font les mêmes ? Le Seigneur adoucit le joug-
qu'on porte pour lui ; & le joug du monde efi un
joug de f e r , qui meurtrit & qui accable : les violences
de la croix font mélées de mille confola-
tions y & celles de la cupidité ne font payées que'
par des peines nouvelles : les facrifices de la grâce
calment le coeur, & ceux des paffions le déchirent
: les faintes agitations de la pénitence- laifi-
fent V.ame dans la joie & dans la p a ix , & les■
agitations du crime la troublent & la dévorent r
les> épines de la vertu portent avec elles leur douceur
& leur remède , & celles dit vice laiffent dans la-
confctence Vaiguillon & le ver dévorant qui ne-
meurt plus: en un mot les rigueurs de-V Evangile-
font des heureux , & les dégoûts du monde ruont
fa it jufqu ici que des miférables.
Les anciens fourniflentauffi des exemples de cette;
figure. Cicéron , après avoir apporté à Catilina toutes;
les raifons qui pou voient le déterminer à quitter
Rome, s’écrie par Epanorthofé ( I. Catil. jx. u . ) t
Quanquam quid lo- Mais-' que dis-je ? peut -
quor ? te ut ulla res on croire que jamais riem
frangat ? tu ut unquam-. t’ébranle l que jamais toe
te corrigas ? tu. ut ul- te corriges ? que tu fonges=
lam j'ugam méditere T à t’éloigner d’aucune ma—
ut ullum tu exfilium nière ? que tu fafîès aucun?
cogites ? D'imam tibi projet d’aller en exil ?
ifl’am mentem dii inu- Plaifè aux dieux immor—
monades donarentY. tels de t’infpirer cette pen—
Fée !’
Levieillard Ménédême, dansYliéautontïmorumë-
nos deTérence (Acï. l.fc .j.) parle ainfi à Chrémès,^
Filium unicum ado le fcentulum »
îlabeo' :■ ah if quid dixi habere me ? iirib habui-^Çftrem&g
FJ une.habeam. nec-ne,. Incertum ej}*.