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dant le délire de Phèdre? que devient ÉleSre ou.
Pilade, pendant les accès de fureur où tombe Q refile ?
que devient Néoptolème , à côté de Philodète ru-
giffant de douleur? Tout perfonnage vivement in-
îéreffe à l ’aétion ne iauroit être froid ni (ans contenance
for la (cène : (oit que (ôn interlocuteur parle
ou chante, il le met en jeu, en l’affèdant lui-
même des partions dont il eft ému; & s?il ne (ait
que faire alors, c’eft qu’il manque d’ame ou d’intelligence.
Ce qui nuit le plus réellement à la chaleur de
l ’adion, ce font ces longs préludes & ces longs
épiiogues de fymphonie^ qu’on nomme Ritournelles.
Quelquefois elles (ont placées pour annoncer les
mouvements de l’ame qui précèdent 1 ^ A ir ^ ou pour
exprimer un refte d’agitation dans le (îlence qui le
fuit. Mais en général ces libertés que fè donne le
muflcien \ pour briller aux dépens du poème, font
une longueur importune ; & l’on ne, fourbit être
trop ménager de cette efpèce d’ornements. Foye^
D u o , R é c it a t i f . (M . M a rm o n t é l . )
CS.) AIR , MANIÈRES. Syn.
IJ A ir (èmble être né avec nous ; il frappe à
« la première vue. Les Manières viennent de l ’éducation;
elles (è développent focceffivement dans
le commerce de la vie.
Il y a à toutes chofos un bon A ir qui eft né ce fi
faire pour plaire : ce (ont les belles Manièresqui
ciftinguent l’honnête homme,
U A ir dit quelque cho(ê de plus fin ; il prévient.
Les Manières difent quelque?‘cnofo de plus
folide ; elles engagent. T e l qui déplaît d’abord
par (ôn A i r , plaît enfoite par (es Manières.
On fè donne un A i r , on affeéte des Manières.
"Les A irs de grandeur que nous nous donnons mal
îà propos , ne ‘fervent qu’à faire remarquer notre
petiteflèd ont on ne s’appercevroit peut-être pas
fans cela : les" mêmes Manières , qui fiéent quand
elles font naturelles, rendent ridicules quand elles
font affrétées.
Il eft allez ordinaire de fè laifïèr prévenir" par
l ’A ir des perfônnes , ou en leur faveur ou à leur
désavantage : & c’eft prefque toujours le s ,Manières
plus tôt que les qualités eflèncielles, qui font qu’on
efl goûté dans le monde ou qu’on ne l’efl pas. "
IJ A ir prévenant & les .Manières engageantes
font d’un plus grand (ècours auprès des dames ,
que le mérite du,coeur & de l’elprit.
On dit, compofor (on A i r , étudier (es Manières..
Pour être bon eourtifan, il faut (avoir compofèr
fon A ir (èlon les differentes occurrences, & fi bien
étudier (ès Manières, qu’elles ne découvrent rien
des véritables fèntiments. ( L'abbé Girard. )
<N.) A IR , M INE, PHYSIONOMIE. Syn. jj
L ’A ir dépend non (èulement du vifoge, mais
encore de la taille, du maintien, & de l'aéHon.
Ce mot efl: plus fréquemment employé pour ce
qui regarde le corps , que pour ce qui regarde
A ï s
l’ame. U A ir grave a beaucoup perdu de (ôn prix;
l'A ir avantageux en a pris la place.
La Mine ne dépend quelquefois que du vifoge ;
Si d’autres fois elle dépend auffi de la taille , (èlon
qu’on applique ce terme , ou i quelque chofo d’intérieur
ou au feul extérieur. L ’hùmeur aigre n’eft
pas.incômpatible avec la Mine do'UGe.Un homme de
bonne Mine peut être un homme de peu de valeur.
La Phyjionomie (è confîdèrè dans le feul vifoge :
elle a plus de rapport à ce qui concerne l’efprit,
le caràétère , & les évènements de l ’avenir. Voilà
pourquoi Bon dit, une PhyjîonQmie heu renié, une
Phyjionomie (piritueile. La plupart des hommes ont
leur ame peinte dans leur Phyjionomie. ,( Vabbe
Girard.)
(N.) AÏS , PLANCHE. Syn.
Je ne connois point de mots plus (ynonymes
que ces deux ; la différence de genres5 n’en produit
aucune dans le (èns littéral. Tout ce que j’aperçois
de propre à en diftinguer le caractère , e’eft,
dans le mot de Planche , une plus grande étendue
de lignification , avec un certain raport au (èrvice,
qui fait qu’il a * des dérivés & qu’on s’en fort fou-
vent dans un (èns figuré : au lieu que celui d' A is >
prive de tout accellbire , n’eft employé que dans
le (èns littéral, & même fi rarement qu’il pa-
roît vieillir.
On fait des A i s de toute forte de bois. On baffe
le ruiffèau'for une Planche. Le Baptême eft la première
Planche qui fauve l’homme du naufrage
général eau te par le péché d’Adam : & là Pénitence
eft une féconde Planche-, pour le tirer de
fa chute particulière & le conduire au port du
falut. Il eft plu«5 hardi que (âge, de faire la Planche
pour les- autres. ( L'abbé'Girard. )
Il me (èmble que le mot de Planche défigfte
principalement la forme longue & plane d'un corps;
de là vient qu’il y, a des Planches de cuivre , &
qu’en termes de Jardinage on appelle Planche ,
un elpace de terre plus long que large & féparé
d’un efpace pareil par» un fentier. îLe mot d'A is
ne (è peut dire que de Planches de bois ; & il
renferme en outre dans (à lignification l’idée (pédale
d’une- deftination particulière.
Le marchand de bois n’a que des Planches dan»
(ôn chantier : le menuifier, le charpentier , le relieur
, le doreur, & les autres artifans-qui en ont
befoin , en font des A i s de toute efpèce , (èlon
l’exigence des cas 8c dès vûes^u’ils ont à remplir.
( M. P eauzée. )
(N.)^AISE , CO N T EN T , RAVI. Syn.
Ils expriment la fituation de l’ame avec une
forte de gradation , où le premier, comme plus
foible , (è fait ordinairement apuyer de quelque
augmentatif. Cette gradation me paroît avoir (à
caufè dans le plus ou lé moins d’intimité qu’ont
avec l’ame le^ chofos qui lui procurent de l ’agrément.
«
A J O
Nous (ommes bien aifes des fuccès qui ne nous
regardent qu’indire&ement. L ’accompliflèment de
nos propres, défirs dans ce qui nous concerne per-
fonnellenient, nous rend contents. La forte im-
preffion du plaifir fait que nous fommes ravite
Lorlqu’on eft affe&é de baffe jaloufie, on n’eft
jamais fort aife du bcrnheim d’autrui. Il ne fufnt
pas toujours-, pour; être 'cornent , d’avoir obtenu
ce qu’on (ôuhàitoit ; il faut encore voir au delà
l’eïpérance d’un progrès 'fiateur. On eft ravi dans
un temps de. ce qui ne touche pas dans un autre.
(JJabbé Girard. ) .
(N.) AISES , COMMODITÉS. Syn.
Les Aifes difont quelque chofe de voluptueux,
& qui tient de la mollefîè. Les Commodités expriment
quelque chofe qui facilite les opérations ou
la fotisfadion des befoins, & quittent de l’opulence.
Les gens délicats & valétudinaires’aiment leurs
Aifes. Les perfonnes de goût & qui s’occupent,
recherchent leurs Commodités. ( Vabbé Girard. )
A JO U T E R , AUGMENTER. Syn.
On ajoute une chofe à une autre. On augmente
la même. ,
| . Le mat-Ajouter fait entendre qu’on joint des
chofes, différentes ; ou que , fi elles font de la
même' efpèce , .on les joint de façon qu’elles ne
font pas confondues enfomble , & qu’on les distingue
encore l’une de l’autre, après qu’elles font
jointes. Le mot d '’Augmenter marque qu’on rend
la chofo ou plus grande ou plus abondante , par
une addition faite de façon , que ce qu’on y joint
(e confonde & ne faffè avec elle qu’une feule &
même chofo, ou qtie du moins le tout enfomble
ne foit confidérë" après la jonftion que fous une
idée identique. Ainfi , l ’on ajoute une fécondé me-
fore à la première , & un nouveau corps de logis
à l’ancien ; mais on augmente la do(è & la
maifon.
Bien des gens ne font pas forupulé , pour
augmenter leur bien , d’y ajouter celui d’autrui.
Ajouter eft toujours un verbe ad if : mais Augmenter
eft d’ufoge dans • le. (èns neutre, comme
dans le fens aétif.
Notre ambition augmente avec notre fortune ;
nous ne fommes pas plus tôt revêtus d’une dignité,
que nous penfons à y en ajouter une autre. ( L ’abbe
Girard«.),
(N.) AJUSTEMENT , PARURE. Syn.
Ce qui appartient à l’habillement complet, quel
qu’il (oit, (impie ou orné , eft Ajuftemenr. Ce
qu’on ajoute d’apparent & de (uperfiù, eft Parure•
L ’un (è règle par la décence & la mode ; l ’autre ,
par l’éclat & la magnificence.
Un Ajujlement de goût eft plus avantageux à
la beauté, que de riches Parures.
Il faut être propre & régulier dans (ôn A justement
, fans y .paroître trop attentif. L ’amour & la
A L A II?
Parure font l’occupation du commun des femmes,
( Vabbé Girard i )
* ALARME, TERREUR, EFFROI, FRAYEUR,
É PO UVANTE , C R A IN T E , PEUR , APPREHENSION.
Syn. . . ,
. Termes qui défîgnent tous des mouvements de
l’ame. occafionnés par l ’apparence ou par la vue
du danger. . ,,
U Alarme naît de l’approche inattendue a un
danger apparent ou r é e l, qu’on croyoit d abord
éloigné. - ' T - , v ,
La Terreur naît de la préfonce d un evenement
ou d’un phénomène que nous regardons comme
le pronoftic & l’avant-coureur d’une grande catafo
tr.ophe. La Terreur fuppofe une vue ^ moins^dil-
linde du danger que Y Alarme , & laiffe plus de
jeu à l’imagination, dont le preftige ordinaire eft
de groffir les objets : auffi l’Alarme fait-elle courir
à la défenfo , & la Terreur fait-elle jeter les
; armes. L ’Alarme fomblé encore plus intime que
la Terreur : les cris nous alarment, l.es fpedaeles
nous impriment de la Terreur ; on po-rte la Terreur
dans l’eforit , & P Alarme au coeur.
\JEffroi 8c la Terreur naiffent l’un & 1 autre
d’un grand danger; mais la Terreur peut être
panique, & Y Effroi ne F.eft jamais. Il (èmble
que P Effroi foit dans les organes, & que la 1 erreur
foit dans l’ame. L a Terreur a faifi les.elprits;.
les fons font glacés o Effroi : un prodige répand
la Terreur, la tempête glace S Effroi., ^
La Frayeur naît ordinairement ^’un danger
apparentée fobit : Vous m’avez fait Frayeur. Mais
on peut être alarmé fur le compte d un autre; &
la Frayeur nous regarde toujours en perfonne :
(i l’on dit à quelqu’un, Le danger que Vous alliez
courir m’effrayait y on s’eft mis alors a , (à place.
La Frayeur fuppofe un danger' plus fobit, que
V Effroi ; plus voifîn, que Y Alarme ; moins grand,
que la Terreur. , . ,
JJ Épouvante a (ôn idée particulière : elle naît,
je crois, de fa vue des difficultés a formontèr
pour r.éuffir, & de la vue des foifes terribles d’un
'mauvais foccès. f M. D i p I rotI) L e projet
de la fameufo confpiration contre la république de
Venifo j auroit épouvanté tout autre que le marquis
de- Bèdemar, dont le'génie puinant planoit
au deffus de toutes les difficultés. . ^ f
La Crainte naît de ce que Ton connoît la fiipe-
riorité delà caufè qui doit décider de l’évènement.
La Peur vient d’un amour exceffïf de (a propre
conforvation ^ & de ce que, connoiffant ou croyant
connoître la fupéri'orité de la caufe qui doit, décider
de l’évènementj on eft convaincu quelle fo décidera
pour le mal. On craint un méchant homme;
on a Peur d’une bête farouche. II. eft jufte de
craindre Dieu , parce que c’eft reconnoitre (à fo-
p'érior-ité infinie en tout genre & avouer notre
foibleffè : mais en avoir Peur , c’eft en quelque
forte le blafphé^er; parce que e’eft méqpnnoître ce