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Sed uï tüm ad fènem. Mais de même qu'étânt
fènex- de feneâute , fie déjà vieux j’ad-refiai alors
hoc lïbrà ad amicu'm à un vieillard mon livre
amicifîimus de amicitiâ de la vieillejfe , j àdrefïè
fcripji% aujourdhui à un ami que
'faime tendrement ce que
j’ai écrit fur Vamitié',
L a différence entre la Dérivation & le P olyptote
doit être remarquée : dans la première, on emploie
des mots différents qui ont une origine commune ,
4& c’eft la JDérivation philofophique qui en fournit
la matière ; Jenex de fenectute , amieijjitnus de
amicitiâ: dans la fécondé, on emploie differentes
formes accidentelles du même mot-, & c eft la
Dérivation grammaticale qui en fait les frais ; ad
fenem Jenex , ad amicum amicijjimus, Voye\
PoLY,PTOTE.
On voit par là même que les deux figures^ font
réunies dans l’exemple que j’emprunte de^ Cicéron :
notre langue, qui ne connoît point la différence des
cas dans les noms, ne m’a permis de confèrver dans
ma traduftion du pafiage latin que la Dérivation
fans Polyptote ; je n’aurois pu que répéter le même
mot de vieillard, d'ami ,* & alors au lieu d une
figure j’aurois fait une Tautologie. (M , B eauizée,)
(N.) D É R O G A T IO N , A B R O G A T IO N /^ * .
Cé font deux adions légifiatives également opposées
à l’autorité d’une loi, mais chacune à la manière.
L a Dérogation laHTe fubfifter la loi anterieure ;
Y Abrogation l’annulle ablolument. L a loi dérogeante
ne donne aucune atteinte à l’ancienne que
d’une manière indirede & imparfaite : indirede ,
en ce qu’elle en confirme l’exiftence & l’autorité
par l ’ade même qui la fùfpend ; imparfaite, en ce
qu’elle ne la contrarie que dans quelques points ou
l ’une feroit incompatible avec l’autre. La loi qui
abroge eft diredement & pleinement oppofée à l’ancienne
: diredement, parce qu’elle eft faite expnef-
fement pour l’annuller ; pleinement, parce qu’elle
l ’anéantit daris tous fes points.
Il n’y a que le légiflateur qui puiflè déroger aux
lois anciennes , ou les abroger• Les Dérogations
fréquentes prouvent, ou le vice de l’ancienne législation
, ou l’^abus aduel de. la puiffance légiflative.
VAbrogation eft quelquefois indifpenfable. quand
les moeurs de la nation ou les intérêts de l’Etat font
changés.
L ’ufàge des cl au lès dérogatoires dans les tefta-
ments a été abroge' pa.v la. nouvelle ordonnance qui
concerne ces àdes. (M . B eauzêe.)
(N,) DESCRIPTIF, 1VE. adj. ( Belles-Lettres,
Poéjie. ) Ce qu’on appelle aujourdhui en Poéfîe le
genre deferiptif y n’étoit pas connu des anciens.
C ’eft une invention moderne, que n’approuvent
guère , à ce qu’il me fomble, ni la raifon ni le goût.
Dans l’Épopée, en racontant, il ,eft naturel que
le poçte décrive. Le lieu , le temps, les .çircorf-
D E S
tances qui accompagnent Faction , & les accidents
qui s’y mêlent, font autant de fiijets de Defcriptions,*
& comme le poète eft peintre, Ion récit n’eft lui-
même qu’une jDescription variée. L ’adion de l’Epopée
n’eft qu’un vafte tableau.
Dans le Poème didactique, les préceptes Ou les
cottfeils roulent fur des objets qu’il faut expofèr,
définir , analyfer ; or en Poéfîe expofèr, définir ,
analyfer, c’eft décrire ou peindre : la raifon même
du poète eft toujours colorée par (ôn imagination :
(à plume eft un pinceau. Voye\ D e s c r ip t io n .
La Poéfîe dramatique elle-même donne lieu aux
Defcriptions , toutes les fois que Fadeur qui parle
eft vivement ému de l’objet qui l’occupe, & qu’il
veut le rendre fènfible & comme prêtent à l’efprit
de l’interlocuteur.
Enfin dans tous les genres analogues à ces trois
genres primitifs , dans l’Élégie , 1 Ode , l ’Idyle ,
l ’Épître même, la Defcription peut trouver place.
Mais qu’un poème fans objet, fans deffein , foit une
fuite de Defcriptions que rien n’amène ; que le
poète , en regardant autour de lu i, décrive tout ce
qui fè préfènte , pour le feul plaifîr de décrire y s’il
né fè laffe pas lui-même, il peut être afsûré de lafTer
bientôt fès ledeurs.
L ’imitation poétique eft l’art de faire avec plus
d’agrément ce qui Ce fait dans la nature. Or il arrive
à tous les hommes de décrire en parlant, pour rendre
plus fènfibles les objets qui les intéreffent ; & la
Defcription eft liée avec un récit qui l’amène, avec
une intention d’inftruire ou de perfuader , avec un
intérêt qui lui fèrt de motif. Mais ce qui n’arrive à
perfbnne, dans aucune fituation , c’eft de décrire
pour décrire, & de décrire .encore après avoir décrit,
en pafïànt d’un objet à l’autre , fans autre caufê
que la mobilité du regard & de la penfée ; & comme
en nous difànt: «Vous venez devoir la. tempête;
» vous allez voir le calme & la férénité. sTr
Qu’on demande aux poètes didadiques quel eft leur
deflein; l’un répondra, c’eft de détruire la foperfti-?
tion , & de tout expliquer dans la nature par le
mouvement des atomes ; l ’autre , c’eft d’infpirer de
l ’eftime & du goût pour les travaux ruftiques, &
de les ennoblir en les dèvelopant ; l’autre , c’eft
de faire aimer la campagne à cette foule oifive &
ennuyée des riches habitants des villes ; l’autre, c’eft
de graver plus nettement dans les efprits les leçons
de l’art que j’en feigne , &c. Mais qu’on demande
au poète deferiptif, à l ’auteur par exemple des
plaifirs de l’imagination, quel eft le but qu’il fè
propofe,; il répondra : c’eft de rever, &. de vous
décrire mes longes. Or un volume de rêves ne fau-
roit être intéreliant.
Toute compofîtion raisonnable, doit former un
enfemble , un Tout, dont les parties foient liées,
dont le milieu réponde au commencement, & la fin
au milieu : c’eft le précepte d’Ariftote & d’Horace.
Or dans le Poème deferiptif, nul enfemble , nul
ordre , nulle correfpondan.ee ; il y a des beautés , je
le crois, mais des beautés qui fe détruilènt par leur
fucceffion
D E S
’fticcefïion monotone, ou leur difeordant affemblage. *
Chacune de ces Defcriptions plairoit fi elle etoit
feule : elle reflèmbleroit du moins à un tableau de :
payfage. Mais cent Defcriptions de fuite ne reflem-
blent qu’à un rouleau, où les études de Vernet fe-
roient collées l’une à l’autre. Et en effet un Poeme
deferiptif ne peut être confidéré que comme le re- t
cueil des études d’un poète, qui exerce fes crayons,
& qui fe prépare à jeter dans un ouvrage^ régulier
St complet les richeffes & les beautés d un ftyle
pittorefque & harmonieux. (M- M armontel.)
* DESCRIPTION , Belles-Lettr. Définition imparfaite
& peu exaéte, dans laquelle on tache de faire
connoître une chofe par quelques propriétés & cir-
' confiances particulières, fuffifàntes pour en donner
une idée & la faire diftinguer des .autres , mais qui
ne dèvelope point fà nature & fon effence.
Les grammairiens fè contentent de Defcriptions ; 1
les philofbphes veulent des définitions. yoyefDÉEi-
WITION. - :
Une Defcription eft l’énumération des attributs.
d’une chofè, dont plufîeurs font accidentels, comme
lorfqu’on décrit une perfbnne par fès adions, fès
paroles, fès écrits, fès charges, &c. Une Defcription
au premier coup d’oeil a l’air d’une définition, elle
eft thème convertible avec la chofê décrite ; mais
elle ne la fait pas corinoîjre à fond, parce qu’elle n en
renferme pas ou n’en e’sÊpofè pas les attributs effen-
ciels. Par exemple , fi l’on dit que Damon eft un
jeune homme bien fait, qui porte fès cheveux, qui
a un habit noir, qui fréquente bonne compagnie &
fait fa cour à tel ou tel miniftre ; il eft évident qu on
ne fait point connoître Damon, puif^ue les chofès
par lefquelles on le défigne lui font extérieures & accidentelles,
j tune y cheveux, habit noir, fréquenter,
faire fa courx qui n€ défîgnent point le caradère
d’une perfbnne. U ne Defcription n’eft don c pas proprement
une réponfè à la queftion quid e jl, qu’eft-il.
ttnais à celle-ci, quis e jl, qui eft-il ?
En effet, les Dèfcriptions fervent principalement
â faire connoître lés fînguliers ou individus; car les
fujets de la fnêmè efpèce ne diffèrent point par leurs
éfiences, mais feulement comme hic & ille , & cette
différence n’a rien qui les faffe fuffifàmment remarquer,
ou diftinguer. Mais les individus d’une même
cfpècediffèrént beaucoup par les accidents : par exemp
le , Alexandre étoit un fléau , Socrate un f âge ,
Augujle un politique, Titus un jujle*
Une Defcription eft donc proprement la réunion
des accidents par Jjefquels une chofe fè diftingue aifé-
ment. d’une autre , quoiqu’elle ne diffère que peu ou
point par fà nature.; Voye\ Accident', &c.
La Defcription eft la figure favorite des orateurs
«8t des poètes , & on en diftingue de diverfès fortes :
i° . celle des chofes, comme d’un combat, d’un incendie,,
d’une, contagion , d’un naufrage : i° . celle
des temps qu’on nomme autrement Chronographie,
voye\ C h r o n o g r a ph ie : 3 0. celle des lieux qu’on
appelle auffi Topo graphie y voyejT o po g r ap h ie : 4*.
G r a m m . et L ittérat. Tome I. Partie IJ•
D E S J P Î
celle des perfanr.es ou des caraâères que nous nommons
Portraits, vqye? Poxtrait. Les Defcriptians
des chofts doiyent prelêntet des images qui rendent
les objets comme préiênts ; telle eft celle que Boileau
fait de la MolleiTe dans le Lutrin :
La Mollcffe ofpreflée
Dans fa bouche à ce mot fent fa langue glacée ,
Et laffe de parler, fuccombant fous Teffort,
Soupire , étend les bras, ferme l’oeil, 5c s’endort.
( U abbé M a l l e t . )
Mais d’où vient que dans toutes les Defcriptions
qui peignent bien les objets, qui par de juftes imagés
les rendent comme préfènts, non feulement ^ce qui
eft grand, extraordinaire, ou beau, mais meme^ce
qui eft défâgréable à voir , nous plaît fî fort? ceft
que les plaifirs de l’imagination font extrêmement
étendus. Le principe de ce plaifîr fèmblé être une
aétion de l’efprit qui compare les idees que les mots
font naître avec celles qui viennent de la prefènee
même des objets. Voilà pourquoi la Defcriptiott
d’un fumier peut plaire a l’entendement par l exae^
titude & la propriété des mots qui fervent à le dépeindre.
Mais la Defcription des belles chofes plaît infiniment
davantage, parce que ce n’eft ^ pas la feule
comparaifon de la peinture avec l ’original qui nous
féduit, mais nous fommes auffi ravis de l’original
même. L a plupart deshommes aiment mieux la Defcription
que Milton fait du Paradis , que celle qu il
donne de l’Enfer; parce que dans 1 une , le feu & le
foufre ne fâtisfont pas l’imagination , comme le font,
dans l’autre, les parterres de fleurs & les boccages
odoriférants : peut-être néanmoins que les deux peintures
font également parfaites dans leur genre.
Cependant une des plus grandes beautés de 1 art
des Defcriptions, eft de'repréfènter des objets capables
d’exciter une fècrette émotion dans l ’efprn du lecteur
, & de mettre en jeu Ces paffions ; & ce qu il y a de
fingulier, c’eft que les mêmes paffions qui nous font
défieréables en tout autre temps, nous plaifènt lorfque
de belles & vives Defcriptions les éjevent dans nos
coeurs ; il arrive que nous aimons a etre épouvantés
ou affligés par une Defcription, quoique nous fondons
tant d’inquiétude dans la crainte & la douleur
qui nous viennent d’une toute autre caufo. Nous regardons,
par exemple, les terreurs qu une Dejcrip-
izon nous imprime, avec la même cunofite & lememe
Dlaifir que nous trouvons a contempler un monitre
mort : plus fon afpeét eft effrayant, plus nous goûtons
de plaifîr à n’avoir rien à craindre de fes infultes.
Ainfi , lorfque nous lifons dans quelque hiftoire des
Defcriptions de bleffures , de morts, de tourments ,
le plaifîr que ces Defcriptions font en nous , ne naît
pas feulement de la douleur qu’elles caufent, mais
encore d’une fecrette comparaifon que nous talions
de n’être pas dans le même cas. p , ..
Comme l’imagination peut fe reprefenter a elle-
même des chofes plus grandes, plus extr^rdinaires
& plus belles que celles què la nature ° f f « ord‘“ £
1 revient aux yeux; a eft peraus, lU lW ig n e d um