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fcholiafte de Juvénal. Voye\ T r ag édie , Sa tyre.
& Épilogue n’a pas même toujours été -d’ufàge
fur le théâtre des anciens , ni à beaucoup près fi
ancien que le prologue. Il eft vrai qu.e plufieurs
auteurs ont. confondu , dans le Drame grec, J Épilogue
avec ce qu’on nommoit E x o d e . trompés'
parce qu’Ariftote a défini celui-ci une partie .qu'on
récite lorfque le choeur a chante' pour la dernière \
fo is ; mais ces deux choies étoient en effet aulfi
differentes que le font nos grandes & nos petites ;
pièces, l’Exode étant une des parties de la tragédie,
c’ell à dire, la quatrième & dernière, qui renfer-
moit la cataft'rophe ou le dénouement de l ’intrigue,
& répondoit à notre cinquième àâe ; au lieu que
l ’Epilogue, étcit un hors-d’oeuvre, qui n’avoit tout au
plus que des rapports arbitraires. & fort éloignés
avec la tragédie, Foye\ Exode. {JJabbéMallet.)
(N.) ÈPIPHONÊME, £ m. difîgné fàulïèment
comme féminin dans l'Encyclopédie. En grec
; RR» I7J1 , fuper, & tf>ayea, dico ou
vocem emitto, C’eft une figure de .penfiée par rationnement
, qui confiite à terminer, ou un récit
ou un autre détail quelconque , par une réflexion
vive ou profonde, qui a l ’air d’être amenée inopinément
par le fiijet, & qui quelquefois par fà géné-
xalité devient une forte de fèntence fondée fur ce ;
qui précède. Cette figure doit donc naître naturellement
du fiijet ; & c’eft alors comme un dernier
coup de pinceau, qui fait une image vive & fra-
pante; ou comme un .foyer , où l’on raflèmble tous
les rayons épars dans les détails qui précèdent,
afin d’en rendre la lumière plus, éclatante & plus
vive. , ,
Quelquefois YÉpiphonême n’eft qu’une réflexion
détachée qui Ce préfente (ans aprét. Le P. Barre
parle ainfî du refus que fit le maréchal de Fabert
d’accepter le cordon bleu : U action du maréchal
de Fabert fu t regardée à la Cour comme les
allions, des grands hommes ont accoutumé de .
Vêtrt : les indifférents parurent n'y faire aucune
attention, les autres réglèrent leur jugement fur
la prévention ou fur l'équité. Les amis de M. de
Fabert le comblèrent d'éloges. Ses ennemis entreprirent
de le décrier : ils prétendirent que c'étoit
un efprit chagrin & orgueilleux, qui refufoit le
cordon bleu , parce qui il avoit la fierté dafpirer
à la réputation d'un homme qui veut fe mettre
au deffus de tous les honneurs ; f a probité-, fa
mode f i le , fa prudence devinrent des crimes ou dés
matières de foupçon. Quand on a les yeux malades
, on voit tous les objets fous de fa u x jours.
C ’eft dans cette dernière réflexion* qu’eft Y Épi-
phonème.
D’autres fois cette figure s’énonce par une exclamation
, qui ajoute de la vivacité à la réflexion.
Écoutons Maffillon dans fon fèrmon fur la vérité’
d’ùn avenir ( Lundi de la I. fem. de Carêihéi
Part. ij. ) •' L'impie eft à plaindre, de chercher ,
dans une affreufe incertitude fu r les vérités de la
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fo i ) la plus douce, efpérance de fa defiinéè : i l efi
.à plaindre, de me pouvoir vivre tranquille qu'en
vivant fans f o i , J ans culte , fans Dieu , fans
confidence: i l eft à plaindre, s 'il finit que ‘l'Évangile
fo it une fable ; la fo i de tous les fiè d le s ith e
crédulité^ le fintiment de. tous les hommesL une
erreur populaire ; les premiers principes fie la
nature & de la raïfon\ des préjugés de Venfance;
le fang de tant de martyrs que Cefpérance foute-
noie dans les tourments , un jeu concerté pour
tromper les hommes ; la converfion de l'univers,
une entreprife humaine ; Vaccompliffement des prophéties
, un coup du hafcird ; ‘en un mot, s 'il faut
que tout ce qu'il y ci de . mieux établi dans V univers
fe trouve fa u x , afin qu'il ne fo it pas éternellement
malheureux. Quelle fureur , de pouvoir
fe ménager une forte de tranquilité. iiu milieu de
tant de fuppojitions itjfenfées ! Ici ŸÉpiphqnême
eft d’une grande énergie, moins à caufè du tour
exclamatif, que parce qu’il rappelle comme en un
point toutes les fiippofitions prëcédentès, & que la
tranquilité de l’impie fait un Contrafte plus frapant.
Souvent le tour exclamatif de Y Épip-hotiêmè., indique
que.c’eft une confequence de ce qu’on vient
de dire. Nôtre chair, dit Bofïùet, en parlant des
fuites de la mort , change bientôt de nature : notre
corps prend, un autre nom ; même celui de cadavre
ne lui refie. pas long temps ; il devient tin Je-n.e-
fais-quoi , qui n'a plus de nom dans aucune
langue. Tant i l efi vrai que tout meurt avec lui,,
jufqu'à ces termes funèbres par lefquels on exprime
ces malheureux refies !
Après des détails fur le myftère de la réprobar
lion des juifs & de la vocation des gentils, S. Paul
( Rom. xj. 33. ) conclut par ce bel Èpiphonême
fôuvent cité & digne de l’être :
O altitudo divitia- O profondeur des ri-
rum fapienticB & fi'ien- ch elfes de la fàgeflè & de
tire Del l quant iricom- la fcïence de Dieu ! que
prehenfibilia funt judi- fès jugements font incomb
a éjus ,- & inveftiga- préhenfîbles , & fès voies
biles \>ioe ejus l impénétrables ! >
Après avoir annoncé toutes les traverfès fûfcitées
à Ênée par le reffentiment de Junon., Virgile. (*En.*
I. 15. ) s’interrompt par un Epiphonême fous la
forme interrogative : Tantæne ahimVs' coeleflibus
iroe ? Boileau, dans fôn Lutrin (I. ï ï . J f a ainfî
parodié ? |
Tant de fiel entre-t-il dans I'ame des dev;ots ? • -,
JJ Èpiphonême employé à propos donne ■ bien du
mérite au ftyle*; parce qu’avec une aimable vâriété
toujours sûre dé plaire. , cette figure. fe.mbl©j ménager
des coups de lumière qui furprennent agréablement
l’elprit en l’éclairant. Mais l’ufàge. doit.en
être modéré, ' & judicieux , comme dans Velléius-
Patercufus ; qui en a fait ufàge-plu-s; qu’aucun autre,
hiftoriën, mais qui l ’a fait-avec tant dé goût1, avec
tant de grâce, & toujours fi à propos,• 'qu’on lui
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en fait toujours gré :■ car les Epiphonêmes trop
’multipliés , déplacés , n’offrant que des penfées
communes, choqueront bientôt & lafferont a la fin.
(M . jS eauzé e. )
‘ (N.) ÉPIPHORE, ÉPISTROPHE , ffi ff*. La pré-
pofîtion êw/ j fub /après ), eft commune à ces deux
mots : ajoutez (pipa y-fer@ (je porte ) , pour le premier;
& rpétpo y verto ( je tourne), pour le fécond;
vous verrez que le premier veut dire littéralement
Y Action de porter après ou à la fin , & le fécond
fignifie- Retour, après ou à la fin.
. Ce font deux mots aujourdhui inutiles dans le
langage de la Grammaire ou de la Rhétorique,
mais qu’il eft bon de connoître , parce que quelques
anciens rhéteurs, en ont fait ufage pour défigner la
figure, connue plus communément fous le nom de
Converfion. Voye\ C onversion, (M . E eauzèe.)
(N.) ÉPIQUE ( Po èm e ) . On appelle ainfî un
poème où l ’on célèbre quelque aâion grande , in-
téreflante, & mémorable. On d it, dans le même
féns , Eoéfie épique.
On appelle Style épique le ftyle qui convient
à l’Épopée, ftyle déplacé dans la Tragédie. On
reproche à Racine d’avoir écrit le récit ae Théra-
nlène dans Phèdre , d’un ftyle épique ; parce
qu’en effet il eft peu naturel que Théramène, e n core,
tout épouvanté de l’horrible fpedacle dont il
vient .d’être témoin, en décrive toutes les cir-
eonftances avec le choix d’expreliions & d’images
que le poète met dans fà bouche,
• Nos meilleurs poètes tragiques, ont des vers épiques
: les tragédies angloilés en font pleines.
{V É d i t e u r .). ■
ÉPISODE i S. m. Belles-Lettres.- Il Ce prend
pour un incident, une hiftoire ou une aâion détachée,
qu’un poète ou un hiftoriën insère dans fon.
ouvrage & lie à fôn aâion principale pour y jeter
une plus grande diverfité. d’évènements, quoiqu’à
la rigueur on appelle Épïfode tous les incidents
particuliers dont, eft compofée une aâion ou une
narration.
• Dans la Poéfîe dramatique des.anciens on appe-
loit Êpifode la féconde partie de la Tragédie.
L ’abbé d’Aubignac & le P. le Boflu ont traité l’un
& l’autre de l’origine & de l’ufàge des Êpifodes.
La Tragédie à fà naiflance 11’étant qu’un choeur,
on imagina depuis , pour varier ce fpeâacle, de
divifér les chants du choeur en plufieurs parties,
& d’en occuper les intervalles par un récitatif qu’on
confia d’abord à un féul aâeur, enfuite à deux, &
enfin à plufieurs, & qui y étant comme étranger ou
furajouté au choeur, en prit le nom à'Êpifode.
: De là l’ancienne Tragédie fè trouva compofée
de quatre parties; (avoir lePrologue, Y Epifode,
l ’Exode, & le Choeur : le Prologue étoit tout ce
qui précédoit l’entrée ,du choeur , ( voye\ Prologue)
; YÉ pif ode y tout ce qui étoit interpofé entre
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les airs que le choeur chantoit : l’Exode , tout ce
qu’on récitoit après que le choeur avoit fini de
chanter pour la dernière fois: & le Choeur, tous,
les chants qu’exécutoit la partie des aâeurs, qu’on
nommoit proprement le Choeur. fioye\ C hoe u r <&
E xode.
Ce récit des aâeurs étant diftribué en different»
endroits , on peut le confîdérer comme un féul
Êpifode compofé. de plufieurs parties. , à moinè
qu’on n’aime mieux donner à chacune de ces parties
le nom d'Êpifode : en effet c'étoit quelquefois
un même fiijet divifé en differents récits, & quelquefois
chaque récit contenoit fon fiijet particulier
indépendant des autres. A ne confîdérer que la
première inftitution de ces pièces furajoutées , il
ne paroît nullement néceffàire qu’on y ait obférvé-
l’unité du fujet ; au contraire, trois ou quatre récits
d’aâions différentes, fans liai fôn entre elles, pa-
roiffent avoir été également propres à fôulager les
aâeurs , à divertir lé peuple , & .conformes à la
groffièreté de l’a r t, qui, n’étant encore qu’au berceau,
aurait mal foutenu la continuité d’une aâion,
pour peu qu’il eut voulu lui donner d’étendue t
difficulté qui a fait tolérer jufqu’ici les Epifodes
dans le Poème épique. Foye\ É p o p é e .
Ce qui n’avoit été qu’un ornement dans la Tragédie
, en étant devenu la partie principale , on-
regarda la totalité des Êpifodes comme ne devant
. former qu’un feul corps, dont les parties biffent
dépendantes les unes des autres. Les meilleurs
poètes conçurent leurs Êpifodes de la forte, & les
tirèrent d’une même aâion ; pratique fi généralement
établie du temps d’Ariftote, qu’il en a fait
une règle , en forte qu’on nommoit Amplement
Tragédies y les pièces où l ’unité de ces Epifodes-
: étoit obférvée , & Tragédies épifodiques celles
où elle étoit négligée. Les Êpifodes étoient donc,
dans les Drames des anciens , ce que nous appelons
aujourdhui Actes dans une Tragédie ou Comédie.
Voye\ É p i s o d iq u e .
É p iso d e , dans le même f é n s e f t un incident,
une partie, de l’.aâion principale. Toute la différence
qu’Ariftote met entre YÊpifode tragique 8c.
Y Êpifode épique, c’eft que celui-ci eft plus fufeep-
tible d’étendue que le premier.
Ce philofbphe emploie le mot d ''Epifode en trois;
féns différents. Le premier eft pris du dénombre-
.ment des parties de la Tragédie , tel que nous
l ’avons rapporté ci-delfus ; d’où il s’enfuit que dans
la Tragédie ancienne Y Êpifode étoit tout ce qui
ne compofoit ni le Prologue, ni l’Exode , ni le
Choeur : & comme ces trois dernières parties n’entrent
point dans la Tragédie moderne, le terme
èlÊpifode fîgnifîeroit en ce féns la Tragédie toute
entière. De même Y Êpifode épique féroit.le Poème
tout entier , en en retranchant la propofîtion & l ’invocation;
mais fi les parties & les incidents dont
le poète compofé fôn ouvrage font mal liés. les uns
1. avec les autres , 1 e Poème fera: épifodtque 81 défîtes