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flOn Ce perfuade aifcment cé qui fait pîaifir : on
clt quelquefois 'lès-fâché d'être convaincu de cé qu’on
ne voulo'j pas croire.
jl erfuader fè prend toujours en bonne part ; Convaincre
le prend quelquefois en mauvaise part : » Je
»3 luis perfuade de votre amitié , & bien convaincu
» de fa: haine. «
On perfuade à quelqu’un de faire une chofè , on
le convainc de l’avoir faite : mais dans ce dernier
cas, Convaincre ne fè prend jamais qu’en mauvaife
part. » Cet affaffin a été convaincu de fon crime ;
» les fcélérats avec qui il vivoit, lui avoient pér-
» fuade de le commettre. « ( M. b ’A leM&ert. )
( f Pour convaincre , il füffit de parler à l’efprit ;
pour perfuader, il faut aller jufqu’au coeur. La Conviction
agit fur l ’entendement ; & la Perfuajion, fur
la volonté : l’une fait connoître le bien, l’autre le
fait aimer : la première n’emploie que la force du
raifbnnement, la dernière y ajoute la douceur du fen-
timent ; & fi l’une règne fiir les penfées , l’autre étend
fon empire fur les a étions mêmes.. . Lès efprits convaincus
, les coeurs perfuadés, paient également à
l’orateur ce tribut d’amour & d’admiration, qui n’eft
dû qu’à celui que la connoiflance de l’homme a élevé
au plus haut degré de l’Éloquence. fM . le chancelier
d A g u e s s e a u . )
Ces deux mots expriment l’un & l’autre l’acquîef-
cement de l’ efprit à ce qui lui a été préfènté comme
v ra i, avec l’idée acceflbire d’une caufe qui a déterminé
cet acquiefcement.
L a Conviction eft un acquiefcement fondé fur des
preuves d’une évidence irréfîftible & vidorieufè. La
Perfuajion eft un acquiefcement fondé fur des preuves
moins évidentes , quoique vraifemblables ; mais
plus propres à déterminer en intérelîant le coeur ,
qu’en éclairant réellement l’efprit.
La Conviction eft l’effet de l’évideôce, qui ne fè
trompe jamais; ainfi, ce dont on eft convaincu ne peut
être faux. La Perfuajion eft l ’effet des preuves morales,
qui peuvent tromper; ainfi, l’on peut être perfuade'
de bonne foi d’une erreur très-réelle : ce qui
doit difpofèr tous les hommes, en ce qui les concerne
, à ne pas trop abonder dans leur fèns, & à
ne dédaigner aucun éclairciflèment, quelque fortement
qu’ils foient perfuadés de la vérité de leurs
opinions & en ce qui concerne les autres, à ne pas
conclure des erreurs qu’ils ont adoptées , qu’ils fôient
de mauvaife foi, & que l’égarement de leur efprit
ne vienne que de la pervernté de leur coeur.
Dans la république romaine, où il y avoit peu de
lois, & où les juges étoient fou vent pris au hafàrd ,
il fùffifôit prefque toujours de les perfuader ; dans
notre barreau , il faut les convaincre ; ce qui prouve,
pour le dire en paflànt, que notre Rhétorique ne
doit pas être calquée fans reftriétion fur celle des
anciens.
La Conviction n’eft pas fùfceptible de plus ou de
moins, parce que e’eft l ’effet néeeffaire de l’éviden- i
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c e , qui n’admet elle*même ni plus ni moins; La
Perfuajion au contraire peut être plus ou moins forte
, parce qu’elle dépend de c^ufes plus ou moins
lumineufès, plus ou moins efficaces.
Un raifônnement exaét & rigoureux opère la Conviction
fur les efprits droits. L ’Éloquence & l’art peu»
vent opérer la Perfuajion dans les âmes fênfibles.
» Les âmes»fênfibles, dit M. Duclos, ( Conjidéra-
» tions fur les moeurs de ce Jiècle, Ch. IV , édit.
» de 1764. ) ont un avantage pour la feciété ; c’eft
» d’êtreperfuadées des vérités dont l’efprit n’eft que
» convaincu : la Conviction n’eft fouvent que paf-
» five ; la Perfuajion eft aCtive, & il n’y a de refo
» fort que ce qui fait agir. «) (M . JSe a u z é e . )
(N.) COP IE, MODÈLE. Synonymes.
Le fèns dans lequel ces mots font fÿnonymes , ne
fè préfèrtte pas d’abord à l’efprit ; le premier coup
d’oe il, qui nous montre une Copie faite fur un ouvrage
qui en eft l ’original, & un Modèle fèrvant
d’original à l’ouvrage, met entre eux une différence
totale & un éloignement parfait. Mais une féconde
réflexion nous fait voir que l’ufkge emploie, en beaucoup
d’occafîons, ces deux mots fous une idée commune
, pour marquer également l’original d’après lequel
on fait l’ouvrage , & l’ouvrage fait d’après l’original
: Copie, fè prenant, ainfi que Modèle , pour
le premier ouvrage fur lequel on conduit le fécond;
& Modèle fè prenant, ainfi que Copie, pour le fécond
ouvrage conduit fur le premier. De façon qu’ils deviennent
doublement fÿnonymes , c’eft à dire qu’ils
le font dans l’un & dans l’autre des fèns dont l ’infti-
tution ou la première idée fèmble avoir fait à chacufl
d’eüx fôn partage , avec les différences fùivantes.
Dans le premier fèns, Copie ne fè dit qu’en fait
d’impreiïion, & du manuforit de l’auteur fur lequel
l’imprimeur travaille; Modèle Ce dit en toute autre
occafîon, dans la Morale comme dans les arts.
L ’épreuve n’eft fouvent fautive que parce que la Copie
l’eft âufli. Tel imprimeur qui refufè une excellente
Copie, en aehette une mauvaife bien cher. Il
n’eft point de parfait Modèle de vertu. Je crois que
les arts & les fciences gagneraient beaucoup fi les
auteurs s’attachoient plus à fuivre leur génie qu’à
imiter les Modèles qu’ils rencontrent.
Dans le fécond fèns, Copie fè dit pour ht peinture ;
Modèler pour le relief. La Copie doit être fidèle, &
le Modèle doit être jufte. Il fèmble que le fécond de
ces mots foppofe la reflem'blarrce avec plus de force
que le premier. Les tableaux de Raphaël ont de l’agrément
jufques dans les maüvaifès Copies. Les fini-
pies Modèles de l’antique qui font au Louvre, n’y
figurent pas moins bien que les originaux des pièces
modernes. ( Uabbé G ir a r d . )
COPTE (langue). Antiq. Lit. La la n g u e t t e
eft un mélange de l ’ancienne langue égyptienne ,
& de mots grecs qui s’y font gliffés peu à peu après
que cette nation s’eft rendue maitrèffe de ce pays.
Nous pouvons expliquer par cette langue prefque
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tous les anciens noms égyptiens, 8c laplupart 3es éty-
mologies égyptiennes qu’on trouve dans fierodote >
Diodore de Sicile, Plutarque, & daq$ d’autres auteurs
anciens ; elle eft un des principaux fècours
pour les antiquités de ce pays , qui eft le berceau
de plufieurs arts, de la plupart des fciences, &
de prefque toutes les foperftitions, . • ;
On a cru aflèz. -généralement que 1 ancienne langue
égyptienne reffembloit à Hrébrey & a fès dialectes,
qui-font fortout le fyriaque, le chaldéen,
le phénicien , l’arabe , & l’éthiopien mais cette
idée eft entièrement faufïè ; elle eft fondée fur la
chimérique prétention , manifeftement dementie par
l ’expérienc.e , que toutes les langues anciennes doivent
être dérivées du plus au moins de 1 hebreu^,
& fur .quelques mots qui font les mêmes dans 1 bç-
breu & dans le copte, quoique d’ailleurs le fond
& les racines de ces deux langues (bient totalement
différentes. On nV pas fait attention qu’il y a plus
de mots qu’on ne. penfè , qui font du nombre de
ceux que les grammairiens appellent Onomatope
poiemena, . qui doivent naturellement fè reffembler
dans prefque toutes les langues ; 8f qu’il y a auffi
plufieurs noms, fortout d’animaux & de plantes ,
qui; font les mêmes dans toutes les langues , parce
que ces animaux & plantes ont confèrvé dans les
autres langues les noms qu’ils avoient dans les; pays
d’où ils étoient originaires. Bochart étoit auffi imbu
de ce préjugé, de l ’affinité de l’égyptien avec l’hébreu,
d’où on peut hardiment décider qu?il a peu connu
la langue copte y quoiqu’il la cite beaucoup.
Ce font encore quelques mots qui fè font trouves
les mêmes dans l’égyptien & l’arménien, qui ont
fait croire à AcoluthuS: que la langue arménienne
étoit le meilleur moyen d’expliquer l’ancienne langue
d’Égypte. Mais après ce que plufieurs auteurs, &
fortout le profeffeur Schroeder ont publié fur la
langue arménienne , nous fouîmes en état de juger
que cette prétendue découverte d’Acoluthus doit
être mifè au nombre de fès rêveries. J’ai trouve
iur cette conjecture plufieurs lettres trèft-curieufès
dans le;commerce épiftolaire , manufcrit de Ludolf, .
Piques, & Acoluthus, qui eft à la bibliothèque publique
de Francfort for le Mein»
Il y a dans l’alphabet copte , à côte-des caractères
grecs , quelque peu d’autres qui font etrangers
, dont la prononciation n’eft pas bien,certaine ,
& que j’aurais pris pour des c^raétères de l’ancien
alphabet égyptien , fo je ne les trouvois. différents
de ce peu dé fragments d’éçriture courante , ou
épiflolôgr.aphique égyptienne ,_quo M> le comte; de
G^ylus à publics, 8c, qui pourront peut-être, for-
tout; quand; on aura plus de pièces' d«5 comparai-
fon r être exptiqués..par le fècours-ide la langue; copte.
Théodorus:Petra?us ,.Scaliger, Renaudot, Piques,
Hountington , Bernhard , qpt eu connqiffance de
cette langue* Guillaume; Bonjour' de Touloufo z
publié plufieurs brochures^quî prou vent,-uu’il y étoit
verfé- Saumaifo ne. l’a;. p.asinégligé« ca» qu’on
voit pari fès ojuvragftSjjfurtput .par fe* années cli-
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mcfitériques. J a c q u e s K o c h e r , p ro fe lT e u r à B e rn e »
l ’a p a r f a item e n t c o n n u e , & e n a d o n n é d e s p r e u v e s
d a n s fo Dijfertation fur le dieu Cmph , i n f é r é e
d a n s l e d e u x i èm e v o lu m e d e s Mifcellaneæ obferv,
de d Or ville.
Kircher a publié, d’après des auteurs arabes%
une Grammaire j& un Dictionnaire coptes ; l ’ignorance
& la fraude y paroiflent à chaque page : ce
font cependant des monuments qu’il faut confùlter,
en tachant de feparer foigneufèment ce que cet auteur,,
dont on a découvert quantité de fourberies littéraires
pétites & miférables , a ajouté de fà mau—
vaifè tête aux originaux qu’il a donnes au jour ;
il fauï auffi. toujours comparer la traduction^ arabe
qui y eft jointe, parce qu’il l’a quelquefois mal
entendue.
Chrétien-Gothelf Blumberg publia en 17 16 , à
Leipfick , une Grammaire copte y mieux faite que*
celle de Kircher, & promit un Dictionnaire de cette
langue.
Veyffière de la Croze fa voit le Copte à fond,
& en a fait un Dictionnaire, dont les manuforits
doivent fè trouver à Berlin & à Leyden. On voit
une notice de cet ouvrage, & des fècours dont il
s’eft fèrvi, dans la cinquième elaffè de la Ëibliothe-*
que de Bremen.
Paul-Erneft Jablonski en a profité, ^ a pareillement
employé cette langue, qu’il fàvoit très bien ,
pour expliquer les antiquités égyptiennes for leÉ
quelles il a publié les meilleurs ouvrages.
Il a prouvé, par les manuforits d’Oxfort, qu’il
y a eu differents dialeCtes dans la haute & baffe
Égypte ; Dufour de Longueville en avoit auffi parlé
dans fon Traité fur les époques des anciens. Il paraît
que la différence de ces dialeCtes n’a pas été
fort confîdérable, & a principalement eu lieu dans
la diverfè prononciation.
J’ai , avec le fècours des imprimés coptes &
de plufieurs manuforits des bibliothèques de Pàris ,
compofé un Dictionnaire de cette langue ; j’ai cité
partout mes autorités , & me fois applique rapprocher
à chaque mot copte les anciens noms égyptiens
, for lefquels jè crqyois pouvoir par ce moyen
jeter quelque lumière. J’ai toujours eu l’idée d’en
publier un abrégé ;.mais l’exécution de cet ouvrage-,
qui ne peut avoir que très-peu d’amateurs , quoi--
qu’il ne paroiffe pas être fans utilité, a fouffert
jufqu’ici de grandes difficultés : s’il voit jamais le
jour, il prouvera évidemment que les racines de
l’ancienne langue égyptienne ne font prefque que
des monofyllabes, & n’ont aucune affinité avec quel-
qu’autre langue connue que ce foit. Ou y trouvera
encore quantité de verbes redoublés. On verra une
langue d<jnt la marche & la- Syntaxe font extrêmement
fimples, & fort différentes du ftyle metaphori*
que oriental.
Les principaux^ ouvrage^ coptes imprimés font,
ou;re ceux dont je viens de parler, là verfion copte
du N. T . que David Wilkins publia en Angleterre
; ce même auteur a aufli mis au jour le Pen.-
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