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Charmes fècrets, la chaîne n’eft pas de longue durée.
Ces mots ne font pas feulement d’ufoge à l’égard
de la beauté & des organes du iêxe ; ils le lent encore
à l’égard de tout ce qui plaît;. Alors ceux d’At*-
traits & de Charmes ne s’appliquent qu’aux choies *
qui font ou qu’on fïippofè être aimables en elles-mê-
mêmes & par leur mérite : au lieu que celui üAppas
s’applique quelquefois à des chofes qui font & qu’on
avoue même haïfiàbles, mais qu’on aime malgré ce
qu’ elles font, ou auxquelles les refforts fècrets du
tempérament nous contraignent de livrer nos actions,
fi la raifon en défend notre coeur.
La vertu a des Attraits, que les plus vicieux ne
peuvent s’empêcher de fontir. Les biens dè ce monde
ont des A p p a s , qui font que la cupidité triomphe
fouvent du devoir. Le plaifir a des Charmes,.qui le
font rechercher partout 3 dans la vie retirée comme
dans le grand monde , par ffe philofophe comme
par le libertin , dans l’école même de la mortification
c'omme dans celle de la volupté ; e’eft toujours
lui qui fait le goût & qui décide du choix.
On dit, de grands A ttraits, de puiflants Appas,
& d’invincibles Charmes.
L ’honneur a de grands Attraits pour les. belles
âmes. La fortune a de puiflants Appas pour tout
le mqnde. La gloire a des Charmes invincibles-pour
les coeurs ambitieux.
Lès plus grands Attraits fè trouvent toujours dans
l’objet de la paffion dominante. Les Appas les plus
puiflants ne font pas ceux qui font étalés avec le
plus d’oftentation. Les Charmes ne deviennent véritablement
invincibles, que par la fôlidité du mérite
& la force du goût. (JL’ abbé G ir a rd . )
(N.) A T TR IBU T , fi,m. L ’analyfo réduit à
deux parties intégrantes la matière grammaticale
de la propofition, lavoir le fùjet & VAttribut. Quand
on dit, Dieu èjl jujle ; le, fùjet de cette propofition
eft Dieu , les deux' autres mots efl jujle en confti-
tuent Y Attribut. Ainfî, FAttribut efl la partie du
la propofition qui exprime l ’exiflence intelleéluelle
du fùjet fous telle ou telle relation à quelque modification
ou maniêre d’être. Voye\ P r o po s it io n .
{M . B eajjzèe. )
(N.) AU. Cet aflëmblage de voyelles repréfonte
quelquefois les deux voix dont elles font primitivement
les fignes ; & d’autres fois elles ne repré-
fèntent qu’une voix fîmple , qui n’efl ni l ’une ni
l ’autre.
I. Quand les deux voix élémentaires font repré-
fèntées par cet afïèmblage, elles peuvent fè prononcer
ou en deux fyllabes du en une feule diph-
thongue.
i° . Si les deux voyelles confiituent deux fyllabes ,
la diérèfb_doit en être le figne naturel ; comme
dans Saiil , Danaiis , Archelaiis , les difoiples
éCEmmaiis. .
2°. Les deux voyelles à i in’annoncent jamais une
diphthongue dans l’Orthographe françoifo ; mais
A U C
eette diphthongue efl connue dans la langue allemande
, comme dans le mot frau (dame_) ; on la prononce
auffi dans la langue italienne , quoiqu’elle s’y- écrive
par ao y comme frà-Paolo (frère Paul) , le Général
Puolh II y a grande apparence que les latins
prononçoient auffi: cette diphthongue , comme les
-allemands & les italiens la prononcent encore dans
les mots autem, fraus , gaudeo , laudo , Paulus ,
taurus , &c.
II. L ’ ufàge le plus fréquent que nous fafïions en
françois de ce caradère double „ c’efl pour repté-
fènter la voix labiale dont le figne ordinaire & fim-
ple efl o ; & dans la prononciation la fouie différence
entre au. & o confifle en ce que au efl plus
grave & plus long, & o plus aigu & plus bref.
En rigueur, eet ufàge de au pour o par oit nui-
fîble ou du moins fûperfiu. Cependant il efl jufle
d’obforver qu’il a , dans notre Orthographe , une
utilité qui n’eft pas fans mérite : c’efl qu’il confèrve,
les traces de l’étymolegie, non feulement de celle'
qui va puifor dans l’hébreu , le grec, ou le latin
mais de celle qui confiate l’analogie nationale , &
qui confèrve aux mots d’une même famille des ça-
radères communs pour attefter la lignification primitive
qui leur efl commune. C ’efl pour conforver Va
des mots primitifs , en en changeant toutefois la
prononciation en ô , que nous fobfiituons, par exemple
, la lettre u à la lettre /, foit dans les mots que
nous empruntons des étrangers y -foit dans les nôtres
mêmes.
Par rapport aux mots empruntés , nous difons.
fause de fa lfu s , chaud de caldus , chaux de calx ,
chaume de calamus, fa u lx de f a i x , haut du latin
altus ou plus tôt du celtique a it , paume de paima
, fauter de faltare , aube de alba , autrui du
latin alter ou du grec otXXÔTfitos , &c.
Dans la génération même des mots de notre langue
, rien de plus commun que cette métamor^hofo \
nous tirons i l faut de falloir , faute de fa illir ,
faunier de faler : la plupart des noms & des adjectifs
mafoulins en al ou en ail font le pluriel en
aux ; animal, animaux y fin a l, fin a u x ; travail,
travaux ; émail, e'maux ; général , généraux ,
provincial, provinciaux , &c»
A u , que je dois remarquer ici comme mot, efl
lui-même formé , par contradion, des mots à le 9
qu’on a d’abord rapprochés ale, puis fondus en un
foui mot al ; al temps Innocent I I I ( au temps d’innocent
III ) , al départir (au départ). En fùivant
l’analogie , nous difons aux pour à les : au roi,,
aux rois ; au héros , aux héros ; aux animaux,
aux hijloires, aux enfants, aux Ames, &ç* f^oy,.
E au . ( M . B e a u z é e . )
(N.) A U C U N , E. Article partitif indéfini. A u cun
& Quelque défignent les individus comme indéterminés
à tous égards : il fomble toutefois que?,
Quelque les défigne plus vaguement, & laifïe fùb-
fifler la pofïibilité d’un choix; & qu’Aucun a un
fous plus reflreint, plus exclufif, & moins vague.
a u G
Si t’apprends que vous aye^tenumam propos fu r
mon compte. Quelque paffion feçréte fu t la cauje
ü U principe de cette révolution.
Cette différence au lurplus eft allez conforme a
l ’étymologie de l’un & de l ’autre. Quelque me pa-
roît venir du latin Qualiscunque, traduit limplement
dans Quelconque & fyncope dans Quelque. Pour
Aucun, il vient de l’italien Alcuno, en. changeant
al en au lèlon notre coutume; & Alcuno parott cotn-
polé de Àliquis unus : or Aliquts efl à peu près
l ’équivalent de notre Quelque, & unus y ajoute 1 idee
de précilion & d’exclulion, qui diftingue Aucun de
Quelque , & qui lui fait lignifier à peu près Un quel
qu’il fo it. ' i - j t
De là vient ifi Aucun avec une négation rend la
propofition aufli univerfelle que N u l, exclut le
pluriel comme N u l, & qu’à cet égard c’eft prefque
la même chofé de dire, Aucun foldat n’a paru ,
ou Nul foldat n’a paru ; parce que la première
phrafe lignifie à la lettre, Un fo ld a t, quel qu’il
fu t , n’a paru, ce qui eft précifément le lèns de
la fécondé. Mais avec la négation même, Quelque
confèrve toujours le lèns partitif ; & l’on ne parle
en effet que d’un foldat vaguement délîgné , quand
A U G 2 7 S
on d it, Quelque foldat n'a point paru, ou en interrogeant
, ce qui équivaut à une négation , QueU
que joldat a-t-il p arai ( M » Meauzée. )
(N.) A U GM E N T , fi m. Ce terme, particu-«
fièrement propre à la Grammaire grèque, pourroic
auffi être employé dans la Grammaire des langues
orientales 3e de la langue _ latine. On entend par
Augment, une augmentation réelle qui Ce fait au
commencement du verbe en quelques-uns de^fes
temps, relativement à la première perfon.ne fingulière
du préfont indéfini de l’Indicatif, qui efl le thème
ou la première pofîtion du verbe.
Il y a deux fortes d'Augments : l’un fyllàbique ,
qui fè fait par une augmentation de fyllabes , & qui
eft fpécialement propre aux verbes commençant par
uhe confonne ; l’autre temporel, qui fè fait par une
augmentation de temps dans la prononciation, c’eft
à dire, par une augmentation de quantité, & qui eft
fpécialement propre aux verbes commençant par
, une voyelle. . ,
I. U Augment fyllàbique eft , félon la différence
des temps où il a fieu , fimple , double , ou
triple
i. L ’Augment fyllàbique fimple fe fait par l’addition d’un £ au ' commencement du mot ; & il a lieu
nr les trois temps de l ’Indicatif qu’on nomme l’Imparfait & les deux Aorifles. Près, ruvrlo ( je frape ) .
pour
V o ix afiive. Imparf. ï-nrafï» ; Ao r . i . ’é-ro^u, Aor. ». ï-nnr« :
Voix moyenne. i-rvzéjo^v ; i-Twtyupcviv-, i-rv-xopw.
Voix paffive; I-TozCIlpw-, i-Tv<p6w, e -ww * ^
Ï U Augment fyllàbique double fe fait par l ’addition de la première confonne du thème avant l’t
de {’Augment fimple ; & il alleu pour le Prétérit indéfini de tons les modes, St pour le Paulo-pofl-
futur par tout où il fè trouve dans la voix paffive. Prés. tM o '-, Imparf. e-rww7ov :
Optât. Subj. Infin. Participe.
Tt-Tu<p«if*t j rt-Tv<pa-, re-TUlpévea j re-ruÇaç :
Ti—T’JZTOiyA ; TÎ-TV7T& J Tt-TÜZTtUit 5 Ti-TOSTOS '
................... . . . . . . TfTVqflelt J
Tt-TvtyolfttjVi . . . . . . . Tt-TV-<]/e<rJe6f,
Prêt.
Prêt.
V . a et.
V . moy.
• Xr . rr- f Prêt.
V . paff \ p . p . Fut.
. India. -
Te-TO(pei ;
T è-TVTTCi J
T t-Tvp.fd.at ;
Imper.
Ti~TO(pe ,J
re-TVTTt ;
Tt-Tvya ; Tt-TVftftWOf Z
TB-TO^/OUeVOf.
Si la première confonne du thème eft une afpirée , on ne met que la ténue correfpondante avant i\ de
\ Au gmentC P _ , , ; „ \ . cer-tbà.eJX.OtUl , &c.
Activa ( je brille ) : îTÉ-$>«sy*# , ire-tpetym
Xetlpu .( je me réjouis ) : kb
Odyeo ( j ’aiguillonne): T s -ô u y x c t, Te-ô cty xe,
irB"<pciyx-ctpi j
KZ-^lt^KûlfU , &C.
QctyKoifti , &C.
J VAuement pvllabique triple fe fait par l’addition d. l'e avant .1’Augment double ; & û a .heu
feulement pmi le temps de l’Indicatif qu'on nomme Plus-que-parfait, & que je nomme Preterit anten .
ZTB-TVPPW *
BTrB-QctppwZ
\r.i-x*ww :
Itb-Qu/uw.
Téyi a $ TS-TUÇCC Z
actif.
ère- rl(()Bi9 ; ■
inoyeri.
(TB-TV7ÏBIV
<bst.lvu Tre-tpc&y Kcti £ bTTB-ÇayKU*} B7re-(pcivety
XctlÇCû XB-%KÇX.Cl : T (KB-X*fX.Bl1 i BKB-xapsiv
®tiva £ TB-6eiyx.ct : BTB-ôuyKity ; BTE-Sivelf i
Il faut obforver qu’on ne met que VAugment fimple dans tous les temps , s il le trouve long par pofîtion.
& fi eft long par pofîtion : 1°. s’il eft fui vi d’une confonne redoublée, comme il arrive aux verpps q 1
commencent par <5 , parce que cette iettre fe redouble après \ Augment fîmple , 2 . s i e ui
deux confonnes qui ne foient pas une muette & une liquide ; 3®. s il eft fiuvi d une confonne ou e.