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nonce fi-ye , au lieu de fil-h y Verfa-yes pour Ver-
failles. Cette prononciation a donné lieu à quelques
grammairiens modernes d’obfèrver ce mouillé
ibible. En effet il y a bien de la différence dans
la prononciation de ien dans mien, tien, &c. &
de celle de m'o-yen , pa-yen , a-yeux , a-yant,
JtSa-yone , Æiu-ycncc , jfla-ye ville de Guyenne ,
fa-yance, emplo-yons à l ’indicatif, afin que nous
eniplo-i-yonr, que vous a-i-ye\ , que vous fo-i-ye\
au fubjon&if, la ville de No-yon , le duc de J/<z-
ye/me , lea chevalier Ba-yard, la Ca-yenne ca-
yer , fo-yer, bo-yaux.
Ces grammairiens difênt que ce Ion mouillé eft
une Confonne. C’efl ce que j’ai entendu fou tenir
il y a long temps par un habile grammairien , M.
Faiguet qui nous a donné le mot C i t a t i o n . M,
Dumas, qui a inventé le bureau typographique ,
dit que « dans les mots pa-yer, emplo-yer, &c.
yé eft une efpèce d’i mouillé Confonne ou demi-
Confonne• » Bibliothèque des enfants, III, vol.
page zo? y Paris 173$.
M. de Launay dit que a cette lettre y efl amphibie
, qu’elle efl voyelle quand elle a la prononciation
de i , mais qu’elle efl Confonne quand
on l ’emploie avec les voyelles, comme dans les
fÿllabes y a, ye\ &c. & qffalors il la met au rang
des Confonnes ». Méthode de M, de Launay , pag.
39 & 40. Paris y 1741..
Pour moi, je ne difpute point fur le nom. L’efi-
fèneiel efl de bien diflinguer & de bien prononcer
cçtte lettre. Je regarde ce fbn yé dans les exemples
ci-deffus comme un fbn mixte , qui me paroît
tenir de la voyelle & de la Confonne & faire
une claffe à part.
Ainfi, en ajoutant le che & les deux fbns mouillés
gn & Il y aux quinze premières Confonnes, cela
fait dix-huit Confonnes , fans compter le h afpiré ,
ni le mouillé foible ou fon mixte ye.
Je vais finir par une divifîon remarquable entre
les Confonnes. Depuis M. l’abbé de Dangeau , nos
grammairiens les divifènt en fbibles & en fortes ,
c’efl ià’ dire que le même organe , pouffé par un
mouvement doux , produit une Confonne foible,
& que, s’il a un mouvement plus fort & plus appuyé,
il fait entendre une Confonne forte. Ainfi , B efl la
fbible de P , & P eft la forte de B. Je vais les
oppofèr ici les unes aux autres.
C o n s o n n e s foibles.
B
Bacha.
Baigner,
Bain*
Bal,'
Balle,
Ban,
Baquet#
Bar, d u ch é en L o r r a in e ,
C o n s o n n e s f o r t e s .
P
Pacha, terme d’honneur
qu’on donne aux grands
officiers chez les turcs.
Peigner•
Pain,
P al y terme de blafbn.
Pâle.
Pan9 dieu duPaganifme.
Paquet.
Par,
c
Bité.
Bâtard.
Beau.
Bêcher.
Bercer.
Billard. •
Blanche.
Bois. •
D
D a â y le , terme de Poéjie.
Danfêr.
Dard.
Dater.
Déifie.
Dette.
Doge.
Doigt.
Donner, il donne#
G, gue.
Gabarec, ville de Gafco-
gne. £
Gâche.
Gage.
Gale.
Gand.
Glace.
Grâce.
Grand.
Grève.
Gris.
Groilè.
Grotte.
J y fl,.
Japon.
Jarretière.
Jatte.
V , v e.
Vain.
V aloir.
Vaner.
Vendre, vendu.
Zone.
Ve mouillé foible %
Qu’il pai-ye#
Pa-yen.
Moi-yen.
La ville de Bla-ye en
Guyenne.
Les îles Luca-yes en
Amérique.
La ville de Noyon en4Pi-
cardie, &c%
O N
Pâté.
Patard, p e t i t e m o n n o le * Peau.
Pécher.
Percer.
Pillard.
Planche•
Pois.
T
Taclile, qui peut être
touché ou qui concerne
le fbns du toucher ; les
qualités tacliles.
Tarifer, réprimander.
Tard.
Tâter.
Théifte.
Tete yiltete ; Te te y c a p u t . Toge.
Tàit.
Tonner, il tonne.
C dur, K , ou Q , que.
Cabaret.
Cache•
CCaaële‘ -y terme de Manne#
Gin, qu’on écrit communément
Caen, Quand%
quando.
Claffe.
Craffe.
Cran.
Crève.,
Cri, cris.
Croffe.
Crottes.
Ch , che.
Chapon.
Charretière.
Chatte.
F , fe.
Faim.
Falloir y il falloit.
Faner.
Fendre, fendu.
S ,f e .
SeUe.
La.Saône ïj rivière.
Il fonne , de fonner.
L , 11 mouillé fort#
Pa-ille.
Ma-ille•
Va-îlle
Verfa-ïlles.
Fille.
Fam-ille.
S ic .
c o isr ,C O N 4 7 P
Parce détail des Conformes foibles & des fortes ,
il paroît qu’il n’y a que les deux lettres nafales
m y riy 8i les deux liquides / , r , dont le fbn ne
change point d’un plus foible en un plus fort, ni
d’un plus fort? en un plus foible ; & ce qu’il, y a
de remarquable à l’égard de ces quatre lettres , félon
l’obfèrvation que M. Harduin a faite dans le Mémoire :
dont j’ai parlé,'c’efl qu’elles peuvent fe lier avec .clia- ;
que efpèce d eConfonne, foit avec les foibles foitavec
les fortes, fans apporter aucune altération à ces
lettres. Par exemple , imbibé y voilà le m -, devant
une foible ; impitoyable, le voilà devant une forte.
Je ne prétends pas dire que ces quatre Confonnes
ibient immuables ; elles fè changent fouvent ? fur-
tout entre elles : je dis feulement qu’elles peuvent
précéder ou fùivre indifféremment ou une lettre
foible ou une forte. C’efl peut-être par cette raifbn
que les anciens ont donné le nom de liquides à
ces quatre confonnes m , 72, / , r.
Au lieu qu’à l’égard des autres , fi une fbible
vient à être fuivie d’une forte, les organes prenant
la difpofition requifb pour articuler cette lettre forte,
font prendre le fon fort à la foible qui précède :
en forte que celle qui doit être prononcée la dernière
, change celle qui efl devant une lettre de
fbn efpèce ; la forte change la foible en forte, &
la foible fait que la forte devient foible.
C’efl ainfi que nous ayons vu que le x vaut
tantôt c fy qui font deux fortes , & tantôt g[ , qui
font deux fbibles. C’efl par la même raifbn qu’au
prétérit le b de feribo fè change en p , à caufe d’une
lettre forte'qui doit fùivre : ainfi, on dit feribo y
fçripfi y fcrïptum. M. Harduin efl entré à ce füjet
•dans un détail fort exad par rapport à la . langue
françoifè; & il obfèrve que quoique nous écrivions
abfent y fi nous voulons y prendre garde , ' nous
trouverons que nous prononçons apfent. ( M. du
M a r s a ï s .)
CONSPIRATION , CQN JUR AT ïO N. Synonymes.
Union de plufîeurs perfonnes dans le défi*
fèin de nuire à quelqu’un ou à quelque chofè.
On dit la Conjuration de plufieurs particuliers
& une Confpiration de tous les ordres de l'état y
la Conjuration de Catilina y la Confpiration des
éléments y la Conjuration de Venife y la Confpiration
des poudres i la Conjuration pour faire périr un
prince y la Confpiration pour en faire régner un
autre y une Conjuration contre l'état y une Conspiration
contre un courtifan y tout confpire à mon
bonheur ; tout femble conjurer ma perte. ( M.
(F A l e m b e r t . )
(N .) C O N STA N T , E , adj. Qui ne change
point. Parmi les fbns élémentaires de là parole, il
y en a de confiants^ & de variables, au moins dans
le fyftême que j’ai adopté.
Les voix confiantes font celles dont l ’émiffion
eft.toujours orale, fans devenir jamais nafale ; É , 1 ,
v , qu. VoyeiVo ix .
Les articulations confiantes font celles dont
l ’ e x p l o f i o n fè fait toujours avec le même degré
de force , fans être fufceptibles de ces différences
qui les reçdroient foibles ou fortes; m , n , l , r , h.
Voyei A r t ic u l a t io n . (M. B eauzée.)
C O N S T A N T , FERME, INÉBRANLABLE,
INFL EX IB LE, Synonymes.
Ces mots désignent en général la qualité d’une
ame que les cireonflances ne font point changer de
difpofition. Les trois derniers ajoutent au premier
une idée de courage, avec ces nuances différentes,
que Ferme défîgne un courage qui ne s’abat point ;
Inébranlable, un courage qui réfifle aux obflacles ;
& Inflexible , un courage qui ne s’amollit point.
Un homme de bien efl; confiant dans l’amitié, ferme
dans les malheurs , & lorfqu’il s’agit de la juflice ,
inébranlable aux menaces , & inflexible aux prières.
Voye\ F e r m e t é , C onstanc e. Syn. & F e r m e t é ,
E e t ê t em e n t , O p in iâ t r e t é . Syn. ( M. d’AhEM.-
B E R T . ) ' ^
CO NSTRU CT IO N, fi f. Grammaire. Ce mot
eft pris ici dans un fens métaphorique, & vient du
latin confiruere , conflruire , bâtir , arranger.
La Conflruclion efl donc l ’arrangement des mots
dans le difeours. La Conflruclion eft vicieufè quand
les mots d’une phrafè ne font pas arrangés félon
l’Ufage d’une langue. On dit qu’une Conflruclion efl
grèque ou latine, lorfque les mots font rangés dans
un ordre conforme à l’Ufàge , au tour , au génie de
la langue grèque, ou à celui de langue latine.
Conflruclion louche y c’eft lorfque les mots font
placés de façon qu’ris fèmblent d’abord fè rapporter
à ce qui précède , pendant qu’ils fe rapportent réellement
à ce qui fuit. On a donné ce nom à cette
forte de Conflruclion, par une métaphore tirée de ce
que, dans le fèns propre, les louches fèmblent regarder
d’un côté pendant qu’ils regardent d’un autre.
On dit Conflruclion pleine , quand on exprime
tous les mots dont les raports fucceffifs forment le
fèns que l’on veut énoncer. Au contraire la C@nfi-
truclion eft elliptique lorfque quelqu’un de ces mots
eft fbusentendu.
Je crois qu’on ne doit pas confondre Conflruclion
avec Syntaxe. Conflruclion ne préfènte que l’idée de
combinaifbn & d’arrangement. Cicéron a dit félon
trois eombinaifbns différentes, accepi Hueras tuas %
tuas ac cep i litteras, & Hueras accepi tuas. Il y a
là trois Conflruclioîis, puifqu’il y a trois différents
arrangements de mots : cependant il n’y a qu’une Syntaxe';
car dans chacune de ces ConflruAions, il y
a les mêmes lignes des rapports que les mots ont
i entre eux ; ainfi , ees rapports font les mêmes dans
| çhacune de ces phrafès. Chaque mot de l’une indique
également le même corrélatif qui efl indiqué dans
chacune des deux autres ; enfbrte qu’après qu’on a
achevé de lire ou d’entendre quelqu’une de ce6 trois
propofîtions , l’efprit voit également que litteras eft
le déterminant $ accepi , que tuas eft l’adje&if de