
fc . i . ) d it, ô vir f in i s , atque amicus l c’eft à
dire , ô quant tu es vir f i n i s , atque amicus ■' ce
que Donat trouve plus énergique que lî Térence
avoit dit Amice. 1VI. Dacier traduit, 6 le brave
homme , & le bon ami ! on fôufentend que tu es.
Mais revenons aux vrais noms propres.
Les grecs mettent fôuvent \ Article devant les
noms propres , fur tout dans les cas obliques & ■
quand le nom ne commence pas la phrafe ; ce qu’on
peut remarquer dans 1 énumération des ancêtres de
J. C. au premier chapitre de S. Matthieu. Cet
u{âge des grecs fait bien voir que Y Article leur
1er voit à marquer l’action de Fefprit qui le tourne
• vers un objet ; n’importe que cet objet foit un nom
propre ou un nom appellatif. Pour nous , nous ne
mettons pas XArticle , furiout devant les noms
propres perfonnels : Pierre, Marie, Alexandre ,
Céfar, &c. Voici quelques remarques à ce fiijet.
I. Si par figure on donne a un non» propre une
lignification de nom d’efpèce, & qu’on applique
enfidte cette lignification ; alors on aura beftin de
VArticle. Pat- exemple , • lî vous donnez au nom
A’ Alexandre la lignification de Conquérant, ou de
Héros, vous direz que Charles X ÏI a ete l \Alexanch e
de notre fiècle : c’efi ainlî qu’on dit les Cicérons,
les Démofihénes, c’eft à dire , les grands Orateurs,
tels que Cicéron & Démofthène ; les Hirgiles, c eft
à dire, les grands poètes.
M. l’abbé Gédoyn obferve ( Difertation des anciens
& des modernes, p . 94 ) que ce fa t environ
vers le feptïème fiècle de Rome que les romains
virent fleurir leurs premiers poètes , Néviùs,
Accius, Patuve, & Lücïlius, qui peuvent, dit-il,
être comparés ;■ les -uns, à nos Defportes , à nos
Ronfards, & à nos Regniers ; lés autres , a nos
Triftans & à nos Rotrous ; où vous voyez que
tous ces noms propres prennent en ces occanons une
s à la fin , parce qu’ils deviennent alors comme autant
de noms appellatifs. ’
Au refie, ces Defportes, ces Tnflans & ces
Rotrous, qui ont précédé nos Corneilles,- nos Racines
, &c. font bien voir que les a r ts * les Iciences
ont, comme les plantes & les animaux, un premiej
âge , un temps d’acçroilîement ; un temps de -confii-
tance , qui n’eft fiiivi que trop fôuvent de la vieil-
lefTe & de la décrépitude, avant - coureurs de la
mort. Voyez l’état où font aujourdhui les arts chez
les égyptiens & chez les grecs. Les pyramides
d’Égypte & tant d’autres monuments admirables que
l’on trouve dans les pays Tes plus' barbares, font
une preuve bien fonfible de ces révolutions & de
«es viciffitudes. A - .
Dieu eft le nom du fbuverain être ; mais fi , par
rapport à fès divers attributs, on en fait une forte de
nom d’efpèce; on dira le Dieu demiféricorde| &c.
le Dieu des chrétiens , Stc, .
II. Il y a un très-grand nombre de noms propres
qui dans leur origine n’étoient que des noms appellatifs.
Par exemple, Fe rté , qui vient par fÿn-
copedçFermete, fignifioit autrefois Citadelle ; ainfi,
quand on vouloit parler d’une citadelle particulière
, on difoit la Fer té d’un tel endroit, & c eft
de-là que nous viennent la Fer té-lmb aut, la Ferte-
Milon, &c.
Mejnileft auflï un vieux mot qui Ç\gmd\6\t 3îaifoti
de campagne, village, du latin Manile, & Manjile
dans la baffe latinité. C ’eft de là que nous viennent
les noms de tant de petits bourgs appelés le
Mefritl. Il en eft de même de le Mans, le Perche
, &c. le Catelet, c’eft à dire, le petit Château,
le Quefnoy, e’étoit un lieu planté de chênes ; le
Ché prononcé par AV,-à la manière de Picardie,
& des pays circonvoifins.
Il y a aufli plufieurs qualificatifs qui font devenus"
noms propres d’hommes , tel que le B la n c ,
le Noir, le Brun, le B ea u , Il B e l , le Blond, &c.
& ces noms conlervent leurs prénoms quand on parle
dé la femme ; madame- le Blanc, c’eft à dire, fimme
de M. le Blanc.
III. Quand ou parle de certaines femmes, on fo
fort du prénom I c ï jparce qu’il y a un nom d’efpèce
foufontendu ; la le Maire, c’eft à dire , Vactrice le
Maire. J a ■ | I
IV. . C ’eft peut-être par la même raifôn qu’on
dit le T a (fi , VAriofte, le Dante , en foufonten-
dant h poète ; & qu’on dit le Titien, le Carrache ,
en foufe’ntendant le peintre : ce qui nous, vient des
italiens. 1
Qu’il me foit permis d’obfêrver ici que les noms
propres de famille ne doivent être précédés de la
prépofition de , que lorfqu’ils font tirés de noms de
terre. Nous avons en France de grandes Maifons qui
ne font connues que par le nom de la principale
terre que le chef de la Maifon poffédoit avant que
les noms propres de famille fuffent en ufage. Alors
le nom eft précédé de la prépofition de, parce
qu’on fôufentend fire , feigneur, duc, marquis,
& c. ou fieur d'un tel fie f. Telle eft la Maifon de
France, dont la branche d’aîné en aîné n’a d’autre
nom que France.
. Nous avons suffi des Maifons très-îiluftres & très-
anciennes dont le nom n’eft point précédé de la prépofition
de, parce que Ce nom n’a pas été tiré d’un
nom de terre : c’eft un nom de famille ou Maifon.
Il y a de là petiteffe à certains gentilshommes d’ajouter
1 ed e ï leur nom de,famille ; rien ne décèle tant
l’homme nouveau & peu inftruit.
Quelquefois les noms propres font accompagnés
d’adjeâifs, fur quoi il y a quelques obfervations à
faire.
I. Si l’adjedif eft un nom. de nombre ordinal, tel
que premier, fécond, &c. & qu’il fùive immédiatement
fon fubftantif, comme ne fai (an t enfemble
qu’un même T ou t, alors^on ne fait aucun ufàge de
l’Article : ainfi on dit François premier, Charles
fécond, Henri 1F , pour quatrième.
II. Quand on fe fert de l ’adjeécif pour marquer une
fimple qualité du fubftantif qu’il précède, alors VArticle
eft mis avant l’adjeffif j le f avant Scaliger, le
galant Ovide, &c.
III. De même fi l’adjeâif n’eft ajouté que pour dif-
tinguNs^Je fubftantif des autres qui portent le rnêmè
nom, alors l ’adjeétif fuit le fubftantif, & cet adjeéhf
eft précédé de l’Article’. Henri le grand, Louis le
ju fie , &c. où vous yoyez que le tire Henri & Louis *
du nombre des autres Henris & des autres Louis, &
•en fait des individus particuliers, diftingues par une
qualité (péciale.
IV. On dit auffi avec le comparant & avec le (u-
perlatif relatif, Homère le meilleur poete dé l antiquité
Fanon le plus [avant des ronuuns.
Il oaroît par les obfervatibns ci-deffus , que lorl-
qu’à la fimple idée du nom propre on joint quelque
autre idée, ou que le nom dans fa première origine
a été tiré d’un nom d’efpèce, ou d un qualificatif qui
a été adapté à un objet particulier par le changement
de quelques lettres ; alors on a recours au prepofitif
par une fuite de la première origine : c eft ainlî que
nous difôas le paradis, mot qui à la lettre lignifie
un jardin planté d’arbres.qui portent toute forte
d’excellents fruits, & par extenfîon un lieu de de-
lices., . '■ ■ ■ •• . .
L 'enfer, c’eft un lieu bas , d'inferus} via inféra,
la rue d’enfer, rue inférieure par rapport à une autre
qui eft au deffus. L'univers, univerius orbis j l etre
univerfel , laffemblage de tous les êtres. _ ;
L e monde , du latin , mundus, adjedif, qui figni-
fie propre , élégant, ajuflé, pare , & qui. eft pris
ici fubftanrivement& encore lorfqu ôn dit mundus
muliebris, la toilette des dames, où font tous les petits .
meubles dont elles fe fervent pour fe rendre plus propres,
plus ajuftées, & plus féduifantes : le mot grec
, qui fignifie ordre, ornement, beauté, répond
au mundus des latins.
Selon Platon , le monde fut fait d’apres 1 idee la
plus parfaite que Dieu en conçut. Les païens, frappes
de l’éclat des aftres & de l’ordre qui leur paroiffoit
régner dans l’univers, lui donnèrent un no ni tire de
cette beauté & de cet ordre. Les grecs , dit Pline ,
Vont appelle'd'un nom qui fignifie ornement; & nous,
, d'un nom qui veut dire-elégance parfaite. ( Quem
»otrfAov groeci, nomine ornamenti, appellaverunt; eum
6 tios, àperfeclâ abfolucâque élégantià, mündum.
Pline 11 . 4. ) Et Cicéron dit, qu’il n’y a rien de plus
beau que le monde, ni rien qui foit au deffus de l’ar-
ehitefte qui en eft l’auteur. Neque mundo quidquam
pulchrius, neque ejus oedificacoreprcèfiamius. (Cic.
de univ.cap.if) Quum conflit uiffet D eus bonis omnibus
expier e mundum. . . . f i e ratus efi opus illud
effectuai ejfi pulcherrimum. ( ib, iij» ) Hanc igitiir
Jiabuit rationem effeclor-mundi môlitôrque Dèus , ut
unum opus totum atque perfectum ex omnibus totis
atque perfectis abfolveretur. ( ib. v. ) Formam
autem & maximè fibi cognatam & decoram dédit,
(ib. v j.) Animum igitur quum ille procreator mundi
Deus ex fuâ mente & divinitate genuiffit, &c.
( ib. v iij. ) Wt hune hâe varietate diflinctum benè
a r<nci Kotrfiûv, no s lucenieni mundum nominaremus.
7 ib. x . )
Ainfi, quand les païens de la Zone tempérée foptentrionale
regardoient l’univerfalité des êtres du
beau' c o té , ils lui donnoient un nom qui répond à
cette idée brillante , & l’appelioient le Monde, c’eft •
à dire, l'être bien ordonné, bien ajuflé, for tant, des
mains de fon créateur, comme'une belle dame fort'
de fa toilette. Et nous, quoiqu’inftruits des maux que
le péché originel a introduits dans le monde, comme
nous avons trouvé ce nom tout établi, nous l ’avons
conforvé, quoiqu’il ne réveille pas aujourdhui parmi
nous la même idée de perfè&ion , d’ordre , & d’élégance.
Le foieil, àefolus, félon Cicéron , parce que c’eft
le foui aftre qui nous paroiffe auffi grand ; & que,
lorfqu’il eft lev é , tous les autres difparoiffent à nos
yeux.
La lune, à tucendo, c’eft à dire , la planète qui
nous éclaire , fiir tout en certains temps pendant la
; nuit. S o l, vel quia folüs ex omnibus fi'deribtts efi
tantus ,• vel quia, quum efi exor tus , obfcuratis omnibus
folus apparet : luna à luçèndo nominata ,
eadem efi enim lucina. ( Cic. De nat, deor. lib. 11.
. c. x x v ij. Y
La mer, c’eft à dire, l’eau amère; Propriè,autem
mare appellatur, eo quod tiquee ejus amaroe fint.
1 ( Ifidor. I. XIII. c. xiv. )
La terre, c’eft à dire, l’élément foc, du grec ni fa,
’ fécher, & au futur fécond, repa. Auffi voyons-nous .
qu’elle eft appellée arida dans la Génèfo , ch. j. v.
9 ‘ & en S. Matthieu, ch. xxïij'. v. 15. circuitis
mare. arulani. Cette étymologie me paroît plus
naturelle que celle que Varron en donne : Terra dicta
eo quod teritur. Varr. De ling. lat. iv. 4.
Elément eft donc le nom générique de quatre e s pèces
, qui font le f e u , l'air , Veau , ■ la terre : \x
terre fo prend auffi pour le globe terreftre.
Des noms de pays. Les noms de pays, de royaumes,
de provinces, de montagnes , de rivières , entrent
fôuvent dans le difoours fans Article, comme
noms qualificatifs ; le royaume de France, d’E f-
pcigne , &c. En d’autres oecafions ils prennent l'A r ticle
, foit qu’on foufontende alors terre , qui eft exprimé
dans Angleterre , ou région , pays , montagne
, fleuve, rivière, miffeau , &ç, Ils prennent
fur tout l’Article quand ils font perfonnifiés ; l'intérêt
de la France , la politeffi'de La France,
&c. , .f
Quoi qu’il en foit, j’ai cru qu’on foroit bien aifo
de trouver,dans les exemples foivants , quel eft au—
: jourdhui l’ufàge à l’égard de ces mots , fàufau lecteur
à s’en tenir fimplement à cet ufàge , ou à chercher
à faire l’application des principes que nous
avons établis, s’il trouve qu’il y ait lieu.
Noms propres employés Noms propres employés
feulement avec une pré- avec /’Article.
pofition fans /’Article.
Royaume de Faïence. La France.
Ifle de Candie. I/Efpagne.
Royaume de France,Siç, VAngleterre,
H h