
otti a pour lui la voix publique & les voeux de la nation
, que de dire qu’i/ a une forte Cabale ; & fi autrefois
on eût parlé comme aujourd’hui, on auroitdit,
là Cabâle de Turerme , la Cabale de Sully.) ( M.
A fa rm on t e l . )
(N.) CABARET , TA VERN E , AUBERGE
HOTELLERIE. Synonymes.
■ Ce font' tous lieux ouverts au Public , où chacun ,
pour fon argent, trouve des chofos nécefïaires à
la vie.
: Un Cabaret eft un lieu où l ’on vend du vin en
détail à quiconque en v eut, foit pour l’emporter ,
foit pour le boire dans le lieu même. Ce mot ne
prélente que cette idée.
Une Taverne e ft, folon le fens acceflbire que
i’Ufàge y a attaché, un Càbatet où l’on n’a recours
que pour y boire à l’excès & s’y livrer à la crapule.
\Jne Auberge eft un lieu où l’on donne à mangèr
en repas réglé , foit à titre de penfiofi, foit à raifon
d’une fomme convenue par repas.
Une Hôtellerie eft un lieu où les voyageurs &
les pailants font logés, nourris, & couchés pour
de l’argent.
Quand on n’ar pas du vin en cave, cm peut' en
tirer d’un Cabaret ; c’eft un dépôt formé par le
défïr du gain, pour fobvenir aux befoins du Public.
Mais il n’y a que la canaille qui hante les Tavernes ;
ce font comme autant de Rendez-vous ouverts à la
débauche & aux défordres qu’elle enfante. Ainfî ,
le mot Cabaret n’a rien d’odieux, celui de Taverne
ne fè prend qu’en mauvaife part ; aufïi eft-il employé
exclufîvement dans les lois & dans les difoours
publics contre les ivrognes.
Les Auberges font deftinées à la commodité de
ceux qui, ne pouvant ou ne voulant pas avoir les
embarras d’un ménage, font bien aifos d’y trouver
réglément leurs repas : Si les Hôtelleries, aux befoins
des étrangers qui paffent, & qui font par là difpenfos
de porter avec eux des provifîons qui les forcharge-
foient. L ’appât du gain détermine la vocation des
Aubergijles 8c des Hotelliers ; mais l’efprit focial
approuve leur commerce, de façon què les étrangers
ne (âvent pas bon gré à une nation qui ne leur a
point préparé de pareils fècouts ; ils la jugent moins
fociable que les autres. ( M. B e a u z é e . )
* C ACH ER , DISSIMULER , DÉGUISER.
Synonymes.
On cache par un profond fècret ce qu’on ne veut
pas manifefter. On dijjimûle par une conduite réfor-
vée ce qu’on ne veut pas faire appercevoir. On
déguife par des apparences contraires ce qu’on veut
dérober à la pénétration d’autrui.
11 y a du foin & de l’attemion à cacher ; de l’art
& de l’habileté à dijjimuler ; du travail & de la rufo
à déguifer.
L ’homme cache'veille for lui-même , pour ne Ce
point trahir par indiforérion. Le dijjimûle' veille for
les autres, pour ne les- pas mettre* à portée de le
connoître. Le déguifé fo montre autre qu’il n’eft 9
pour donner le change.
Si l’on veut réuflir dans les affaires d’intérêt &
de Politique , il faut toujours cacher fo s deffeins,
les dijjimuler fouvent, & les déguifer quelquefois l
pour les affaires de coeur, elles fo traitent avec plus
de franchifo, du moins de la part des hommes.
Il foffit d’être caché pour les gens qui ne voient
que lorfqu’on les éclaire : il faut être dijjimûle pour
ceux qui voient fans le focours d’un flambeau : mais
il eft nécefïaire d’étre parfaitement déguifé pour
ceux q u i, non contents de percer les ténèbres qu’on
leur oppofo, difcutent la lumière dont on voudroit
les éblouir.
Quand on n’a pas la force de fo corriger de fis
v ic e s , on doit du moins avoir la fàgefïè de les
cacher. La maxime de Louis X I , qui difoit que ,
pour (avoir régner, il falloit (avoir dijjimuler, eft
vraie à tous égards , jufque dans le gouvernement
domeftique. Lo tique la néceflité des circonftances
& la nature des affaires engagent à déguifer, c’eft
Politique ; mais lorfque le goût du manège & la
tournure d’efprit y déterminent, c’eft fourberie.
( L'a b b é Gir a r d , )
CACOPHONIE, C. f. terme de Grammaire ou
plus tôt Je Rhétorique. C’eft un vice d’Élocution, c’eft
un fon défogréable ; ce qui arrive ou par la rencontre
de deux voyelles, ou de deux (ÿllabes , ou enfin de
deux mots rapprochés, dont il réfol te un fon qui déplaît
à l’oreille.
Ce mot Cacophonie vient de deux mots grecs ;
Kttdôs , mauvais, & tpavh , v o ix , fo n . J
Il y a Cacophonie , fortout en vers , par la rencontre
de deux voyelles : cette forte de Cacophonie fo
nomme Hia tu s ou B utilement, comme, dans les trois
derniers vers de ce quatrain de Pibrac, dont le dernier
eft beau :
Ne vas au bal , qui n’aimera la danfe ;
R i a la mer , qui craindra le danger $
R i au feftin , qui ne voudra manger ;
R i à la . Cour , qui dira ce qu’ il penfe.
La rime, qui eft une reffemblance de fon, produit urë
effet agréable dans nosVers , mais elle nous choque
en Profo. Un aiiteur a dit que Xerxès tranfporta en
Perfe la bibliothèque que Pifîftrate avoit faite à
Athènes , où Seleucus-Nicanor la fit reporter ; mais
que dans la fuite S y lla la p i lla : ces trois la font une
Cacophonie qu’on pouVoit éviter en difànt, mais dans
la fu ite elle fu t pillée parSylla .Hoxz.ce a à\t,Æquam
mémento rebus in arduis fervare mentem ; il y auro:t
eu une Cacophonie, fi ce poète avoit dit mentem mémento
, quoique fâ penfce eût etc également entendue.
Il eft vrai que l’on a rempli le principal objet de la
parole quand on s’eft exprimé de manière a fo faire
entendre ; mais il n’eft pas mal de faire attention
qu’on doit des égards à ceux à qui l’on adrefie la parole
: il faut do tic tâcher de leur plaire, ou du moins
. éviter ce qui leur feroit défogréable &-qui pourroit
offenfer la délieatëfTe de l’oreille, juge Cévère qui décide
en iouverain & ne rend aucune raifon de fos
décifîons N e extretnorum verborum cum infiquen-
tibus primis concurfus , aut hiulcas voces efficiat
aut afperas : quamvis enim fua ve s gravefque fe n -
ten iioe , tamenfiincond itis verbis efferumur , o f-
fendent aures, qüatum eft ju dicium fuperbijjimumj
quod quidem latina ling uajîc obfervat, nemo uttam
rufticus f i t quin vocales' nolit conjungere , Cie.
O rat. c. x l jv . ( AT, dtj ATa r s a is , )
CAD ENC E . f. f. ( Belles-Lettres. ) Ce mot,
dans le difoours oratoire & la Poefîe, lignifie^la
marche harmonieuje de la Profo & des vers , qu’on
appelle autrement nombre , & que les'anciens nom-
moient - pv&fibs. f^Oye^ N o m b r e , Rh y thm e , &
H a rm o n ie . ; -
Quant à la' Profo, Ariftote veut que, (ans être
mefurée comme les, vers , elle foit cependant nom-
breufe ; & Cicéron exige que l’orateur prenne foin
de contenter l ’oreille, dont le: jugement, dit-il,
eft fi facile à révolter , fuperbijfimum aurium ju -
dicium. En effet, la plus belle penfée a bien de
la peine à plaire , lorlquelle eft énoncée en termes
durs & mal arrangés. Si f oreille eft agréablement
flattée d’un difoours doux & coulant, elle eft choquée
quand le nombre eft trop court, mal foutenu ,
la chute trop rapide ; ce qui fait que le ftyle haché,
fî fort à la mode aujourdhui, ne paroit pas être
le ftyle convenable aux orateurs : au contraire, s’il
eft traînant & languiiïant , il laffe l’oreille & la
dégoûte. C ’eft donc en gardant un jufte milieu entre
ces deux défauts, qu’on donnera au difoours cette
harmonie toujours nécefïaire pour plaire, & quelquefois
pour perfoader ; & tel eft l’avantage du
ftyle périodique & foutenu , comme on peut s’en
convaincre par la leélure de.Cicéron.
Quant à la Cadence des vers , elle dépend dans
la Poéfîe grecque & latine , du nombre & de l’en-
trelaeëment des pieds ou me fores périodiques qui
entrent dans la compofiticn des vers , des céfores ,
&c. ce qui varie folon les différentes efpèces de
vers : & dans les langues vivantes, la Cadence réfolte
du nombre de (ÿllabes qu’admet chaque v e r s , de
la richeffe , de la variété, & de la'difpofition des
rimes. Noye\ H a rm o n ie .
» Dans l’ancienne Poéfie , il y a , dit M. Rollin ,
« deux fortés de Cadences : l’une Ample, commune,
» ordinaire, qui rend les vers doux & coulants ,
» qui écarte avec foin tout ce qui pourroit bleffer
» l ’oreille par un fon rude & choquant ; & qui par
j» le mélange de différents nombres & différentes
» mefores, forme cette harmonie fi agréable , qui
« règne univerfollement dans tout le corps d’un
» pôeme.
» Outre cela, continüe-t-il, il ÿ a de certaines
» Cadencés particulières', plus marquées, plus frap-
» pantes, & qui fo font plus fontir ; ces fortes de
» Cadences forment une grande beauté dans la ver-
» fîfication & y répandent beaucoup d’agrément,
si pourvu qu’elles foient employées avec ménage-
» ment & avec prudence , & qu’elles ne Ce reneon-
j> trent pas trop fouvent. Elles fauvent l’ennui, que
» des Cadences uniformes & des chutes réglées (ilr
» une même mefore ne manqueroient pas de caufor.,
33 Ainfî , la Poéfie latine a une liberté entière de cou-"
30 per fos vers où elle veut, de varier fos céfores SC
» fos Cadences: à fon choix ,. &de dérober aux oreil-
» les délicates les chutes uniformes, produites par
33 le daftyle & le (pondée qui terminent les vers
a» héroïques ».
Il cite enfoite un grand nombre d’exemples tous
tirés de Virgile ; nous en rapporterons quelques-uns.
î °. Les grands mots placés à propos forment
une Cadence pleine & nombreufo , fortout quand
il entre beaucoup de fpondées dans le vers :
Luctantes ventos. tempejlatefque fonoras
„ Imperio premit. Æneïd. I . ‘
Ainfî, le vers (pondaïque a beaucoup de gravité;
Conjlitit, atque 'oculis Phrygia agmina eircurnfpexit.
Un monofyllabe à la fin du vers lui donne de la
force :
Hceret pes pede denfufque viro vir. Æneïd. X.
Il y a des Cadences fofpèndues propres à peindre
les objets, telle que celle-ci:
Et ffuflra retitiacula tenderis ,
Fertur equis auriga. ' ‘ ‘ Georg. I.
d’autres coupées-, d’autres où les élifîpns font un
très-bel effet. Les fpondées multipliés font propre«
à peindre la trifteflè :
Exjlinctum nymphce crudeli funere Daphnim
Flebanti , Eclég. V.
des daétyles au contraire, à marquer la joie, le
plaifîr :
Sultan tes' fatyros imitabitur Alpliejiboeus Eclog. V.
Pour exprimer la douceur, on choifît des mots où
il n’entre prefque que des voyelles avec des con-
fonnes douces & coulantes:
Devencre locos Icetos , & amcena vireta
Fortunatorum nemorttm yfedefqiieheatas. Æneïd. VI.
La durée Ce peint par des r / , ou d’autres confonnes
dures redoublées :
Ergo cegrï rajiris terrain rimantur. Georg. III.
la légèreté , par des daâyles;
Inde ub'i clara dédit fonitum tuba , finibus omnes 9
Haud mora , projiluêrc fuis ; ferit cethera clamor.
Æncïdi V .
& la péfonteur , par des (pondées :
I lli inter fefs magnâ vi brachia tollunt
In numerum , verfantque tenaci forcipe ferrum.
Gëorg. IV*
Vv a