{£& J) E C
. (N; ! DÉCLARER, DÉCOUVRIR, MANIEES-
.TER , RÉVÉLER , DÉCELER. Synonymes.
Faire connoître ce- qui étoit ignoré, eft la lignification
commune de tous ces mots. Mais Déclarer ,
c ’eft dire les choies exprès & de deflêin , pour
en inftruire ceux à qui l’on ne veut pas qu’elles
demeurent inconnues. Découvrir, CeQt, montrer , (bit
de deflêin , lôit par inadvertance , ce qui avoit été
cache ]\iIqo'z\oTS.ManLjèJier, c’eft produire au dehors
les fontiments intérieurs. Révéler, c’eft rendre public
ce qui a été confié fous le focret. Déceler,
c ’eft nommer celui qui a fait la choie, mais qui
fie veut pas en être cru l’auteur..
Les criminels déclarent prelque toujours leurs
complices. Les confidentes découvrent ordinairement
les intrigues. Les courtilàns ne le manifeflent
j>as ailement. Les. confëflêurs révèlent quelquefois
par leur imprudence la confeflïon des pénitents.
Quand on ne veut pas être décelé, il ne faut avoir
aucun témoin de Ion a&ion^ { L ’abbé G ir a r d ^)
DÉ C L IN AB LE, adj';. m. & f: terme de Grammaire.
Il y a des langues où Fufoge a établi que
l ’on pût^ changer-la terminailôn. des noms, lêlon
les divers rapports lôus léfquels on veut les faire
confidérer. On dit alors de ces. noms qu’ils lônt
déclinables, c’eft à dire qu’ils changent de termi-
ïiaifôn folen T ’ulàge établi dans là langue. 11' y a
des noms dont la terminailôn ne varie point; on
les appelle indéclinables : tels font en latin- veru
& cornu, indéclinables au fîngulier; fias, nef as ,
&c. Il y a plufieurs adjeétifs indéclinables, ne-
quam , tô t , totidèm, quot aliquot, &c..Les noms
c e nombre .depuis quàtuor . ]\xÇ<\uï-centum9 font;
au fti indéclinables. V o y e ^ D é c l in a i s o n .
Les noms françois ne reçoivent de changement
dans leur terminailôn, que du fingulier au pluriel.;
le c ie l, les ci'eux : ainlî, ils lônt indéclinables, fl'
en eft. de même.-en elpagnol en italien , <&c.
On connoît en françois les rapports relpectifs des
mots entre eux ;.
i° . Par l ’arrangement dans-lequel on lès place. V.
C as.
2°. Par les profitions qui mettent les mots en
rapport, comme par pour , fu r . dans, en-+ à .
d e , &c._:
3*. Les pronoms, ou prépojîtifs, ainfi. nommés
parce qu’on les. place au devan t des lu bilan tifs ,
fervent'a ufli- à faire connoître fi l ’on.doit prendre
la propofition dans un lêns univerfel, ou dans un lêns
particulier, ou dans un lêns fingulier, ou dans un-lèiis
indéfini* ou dans un lêns individuel. Ces prénoms-lônt
tputy chaque, quelque, un , le, la ; ainfi, on dit tout
homme-, un homme ,. Vhomme , &c.
4°. Enfin après que. toute la phralê eft lue ou
énoncée, l’efprit, accoutumé à la langue, le.prête
a confiderer les mots dans l’arrangement oonve-
aiabiê- a-u lèns total, & même à luppléer, pa? analo
gie, des, mots qui- lônt quelquefois foufontendus.
{M- Qv Mar§ais,X.
D E C
DÉ C L IN ArSO N , fi f. terme de Grammaîrei.
Pour bien entendre-ce que c’eft que Déclinaifion^
il faut d-’abord le rappeler un grand principe dont
les grammairiens qui raifônnent peuvent tirer bien
des lumières. C’eft que, fi nous confidérons notre
penlee en elle-même, fans aucun rapport, à l’Élo*
cution , nous trouverons qu’elle eft très-fimple ; je
veux dire que l’exercice de notre faculté de penfer.
le fait en- nous par un fimple. regard de l’efprit.,
par un point de vue , par un alpeél- indivisible î
il n=’y a alors dans la penfée, ni lu jet-, ni attribut ,
ni nom, ni verbe-, ôc. Je voudrons pouvoir ici
prendre à témoin, les muets de- naiffance , & les.
enfants qui commencent à faire üfàge de leur faculté
intellectuelle ; mais ni les uns ni les autres
ne- lônt en état de rendre témoignage ; & nous en
lômmes réduits à nous raopeler, autant-qu’il eft
poftible, ce qui s’eft pafifé en nous dans les premières
années de notre vie. Nous jugions que le
lôleil étoit le v é , que la lune étoit ronde , blanche
brillante, & nouslèntions que le lucre étoit:
doux, fans unir, comme on dit, l ’idée de l ’attri-*
but à- l’idée du lujet ; expreftions métaphoriques ,,
fur lelquelles il y a peut-être encore bien des réflexions
à faire. En un mot, nous ne faifions pas
alors les opérations intellectuelles que- l ’Élocution
nous a ,contraims.de faire dans la fuite* C’eft qu’alors
nous- ne- fondons & nous ne jugions-que pour nous
& c’eft ce que-nous, éprouvons encore aujourdhui „„
quand il ne s’agit pas d’énonceF notre penlee.
Mais dès que nous voulons faire pafler notre pen*
fée dans l’efprit des.autres, nous ne pouvons produire
en eux cet effet que par l’entremilê de leurs
lèns. Les lignes naturels qui affeétent les lèns , tels.
lônt le rire, lès lôupirs, les larmes, les cris, les
regards , certains mouvements de ht tête, des pieds* .
& des-mains, &c. ces.lignes,, dis je , répondent juC-
qu’a un certain point à la fimplicité-de là penfée y
mais ils ne la détaillent pas a f f e z & ne peuvent:
lûffire à tout* Nous trouvons des moyens plus fé-i
conds dans l ’ufàge des mots; e’eft alors que notre-
’ penlee prend une-nouvelle forme, & devient-pour
ainfi dire. un.corps divifiblè. En effet, pour faire
pafler notre penlee dansri’elprit des autres par leurs
lêns, qui en lônt T e lèul chemin ,. nous-lômmes .
-obligés de l’analylêr, de la divilêr en differentes
parties, & d’adapter des mots particuliers à chacune
de ces parties , afin qu’ils en lôient les lignes*.
Ces mots rapprochée forment d’abord" divers en-
lèmbles , par les rapports que l’efprit a mis entra
les mots dont ces enlêmbles lônt compoles ; de là
lès fîmplës- enonciations qui’ ne marquent que des .
lêns partiels : de là les propofitions -, les périodes *
enfin le difeours.
Mais chaque Tout/tant, partiel que complet, ne
forme: de- lêns ou d’enlêmble, & ne devient Toutr
que par les rapports que l’elprit met-entre les mots,
qui-le compofont-; làns quoi on auroit beau aflem-
bler-ces mots , on ne formeroit aucun lêns. C ’ëft
ainfi qu’un monceau, de.matériaux Scde pierres,n’eft.
D E C
M! un édifice; il faut des matériaux, mais il faut
encore que ces matériaux (oient dans-1 arrangement
& dans la forme que l’architefte veut leur donner ,
afin qu’il en réfulte tel ou tel édifice : de meme
rl faut? des mots; mais il faut que ces mots (oient
mis en'g. rapport, (i l’on veut qu ils énoncent des
»enfles. . v c .
Il y a donc deux obfervatïons importantes a taire ,
d’abord fur les mots. - . , -
Premièrement on doit connoître leur valeur, c elfc
à dire, ce que chaque mot lignifie-.^
Enfuite on doit étudier les lignes établis en chaque
langue, pour indiquer les rapports que celui
qui parle met entre les mots, dont il le fert ; làns
quoi il ne ferait pas pofiible d’entendre le lens
d’aucune phralê. C ’eft uniquement la connoiffance
de ces rapports qui donne l’intelligence de chaque
Jêns partiel & dù lêns total : fiint déclinait cafùs ,
ut i-s qui de altero diceret, diftinguere pojfet
qmim vocaret, quum daret, quum accufaret, fie
alia quidetn discrimina quæ nos & graecos ad
declinandum duxerimt. Varr. de ling. lat. lib». F I I .
•jPar exemple,
Frigiduz, agriculam, fi qjiando çantinet imbcn
Yirg, Géorg. I. I , v- 2-69*
Quand'on entend la langue , on vo it, par la ter=-
irfinailôn de frigidus, que ce mot eft adjeétif
d’imber ; & on connoit, par la terminailôn de ces
deux mots, imber frigidus, que leur union, qui
n’eft qu’une partie du Tout , fait le lujet de la propofition.
Cn voit aufli, par le même moyen,
que continet eft- le verbe de imber- firigidus, &
que agricolam eft le déterminant, ou , comme on
d it, le régime de continet. Ainfi, quand on alu
toute la propofition , l’elprit rétablit les- mots dans
l ’ordre de leurs rapports fuccefïifs : f i quando ( a li-
quando ) imber frigidus continet agricolam , &c.
Les terminailôns & les mots confiderés dans cet
arrangement , font entendre le lèns. total- de la
phralê.
Il paroît, par ce que nous venons d’oblêrver,
qu’en latin les noms & les verbes changent de termi-
naifôn, & que chaque terminailôn alôn ulàge propre
, & indique le corrélatif du mot. Il en eft de
même en grec & en quelques autres langues. Or
là lifte ou fuite de ces diverfês terminaifons rangées
félon un certain ordre , tant celles des noms
que celles des verbes ; cette lifte , dis^-je-, ou fuite
a été appelée Déclinaifion par les anciens grammairiens
: leg i, dit Varroir, declinaium eft à le go.
iVarr. de ling. lat. I. V IL Mais dans la fuite on
a reftreint le nom de Conjitgqifon à la lifte ou arrangement
des terminailôns des verbes, & on a
gardé le nom de Déclinaifion pour les fouis noms*
Ce mot vient de ce que tout nom a d’abord là
' première terminailôn,. qui eft la terminailôn- ab-
folue ; • mufia, dominas, & c. C ’eft ce que les grammairiens
appellent lexas direét, in recto. Les au-
ttès- terminailôns s’écartent, déclinent „ tombent
D E C
de cette première, & c’eft de là que vient le mot
de Déclinaifion, & celui de Cas : declinare , lê dé«f'
tourner, s’écarter, s’éloigner de : nomina, recto cafut
accepto; in reliquos obliquos déclinant. Varr. de linr
guâ la t in â l{ V IL Ainfi, la Déclinaifion eft la lifte
des différentes inflexions ou définences des noms ,
felon les divers ordres établis dans une langue. On
compte en latin cinq différents ordres de terminai-'
fions , ce qui fait les cinq Déclinaifons latines : elles-
diffèrent d’abord l’une de l’autre- par la terminai--
lôn du génitif. On apprend le détail de_ ce qui
regarde les Déclinaifons, dans les Grammaires par-r
ticulières des langues qui ont des cas , e’eft à dire
dont les noms changent de terminailôn oudefinence^
La Grammaire générale de Port-Royal, chap
x v f. dit qu’on ne doit- point admettre le mode-’
optatif en latin ni en françois , parce qu’en ^ ces>
langues l’optatif n’a point de terminailôn particu-'
lière qui le diftingue des autres modes. Ce n’efti
pas de la différence de forvice que l’on doit tirer'
la différence des modes dans les verbes, ni celle!
des Déclinaifons on des cas dans- les noms ; cefont-
uniquement les différentes inflexions ou définences*-
* qui doivent foire les divers- modes des Verbes, &'
les différentes Déclinaifons des noms. En effet ,< la
' même inflexion peut avoir plufîeurs ufoges, & même-
des ufâges tout contraires, làns que ces divers*
for vices- apportent dé changement au nom que l’on*8
donne à cette inflexion. Mufiam n’en eft pas moins*
à l’accufàtif, pour être conftruit avec une prépo-
fition , ou bien- avee un infinitif, ou enfin avec ufl?
verbe à quelque mode fini.
On dit en latin dare alicui & eripere alicui , t
ce qui n’empêche pas que alicui ne lôit egalement
au1 datif, lôit qu’il fo trouve conftruit avec«'
dare ou avec eripere...
Je conclus de ces réflexions , qu’à- parler exao»-"
tement, il n’y a ni cas ni Déclinaifion dans les langues
où les-noms- gardent toujours la meme ter«^-
minailôn , & ne diffèrent tout au plus que. du fin—-
gulier au pluriel.
Mais il doit y avoir des lignes de la relation*
des mots, fans quoi il ne réfuiteroit auc-urr fens-
de leur afîêmblage/Par exemple-, fi je dis en fran-
' çois Céfiar vainquit Pompée, Céfiar étant nommé*
le premier-, cette place ou pofition me fait con-*-
noître que Céfiar eft le lujet de la propofition ;c ’eft;
à dire que c’eft de Céfiar que je juge, que e’elE
à Céfiar que je vas attribuer ce que le verbe" lignifie
, aftion , paffion , fîtuation , ou état-. Mais je -
ne dirai, pas pour cela que Céfiar lôit "au- n om inatif,
il eft autant au nominatif qu & Pompée* -
Vainquit ■ eft un; verbe ; - or en françois la ter*-
minarlôn du verbe en- indique le rapport : je cen^-
nois donc , par la? terminaifim- de vainquit; que-ce
mot eft dit de Céfiar. -
Pompée étant après le verbe , je juge "que c è ü
îé nom dé- celui qui a ..été vaincu ; c eft Té ternie1*
de l'adion dé vainquit'.- mais je ne* dis- pas pouir*
cela que PompéeiÇsit à-l’açculàtif.. Les. somstfraa«-