
V
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Il vient r/<? Pologne, Sic.
Il eft allé en Perfe, en
Suède , &c.
Il eft revenu tV IL [pagne
, de Perfe , d’A fr ique
, d'A f i e , &c.
Il demeure en I/a/fo,
en France , d Malte , d
Rouen, d Avignon*
Les languedociens &
les provençaux difent -En
Avignon, pour éviter le
bâillement ; c’eft une
faute.
Les modes , les vins
de France , les vins de
de Bourgogne, Champagne
, de Bourde alise,
de Tocaye.
Il vient de Flandre,
A mon départ (FAllemagne.
L'empire d'Allemagne*
Chevaux ;<F A ngleter-
re s de Barbarie, &c.
R T
i n Chine.
Le Japon.
Il vient de la Chine ,
dn Japon, de VAmérique
, d« Pérou.
Il demeure au Pérou,
au Japon à la Chine ,
ûmx Indes , d /’de Saint-
Domingue.
L a politeffe de
France.
L ’intérêt de l'Efpa-
gne.
On attribue à VAllemagne
l’invention de
l’Imprimerie.
Le Mexique•
Le Pérou.
X es Indes.
L e Maine, /a Marche
, /e Perche , /e Æfi-
/iznêi1 , /e Mantouan,
le Parmefan , v/n dn
Rhin.
Il vient de la Flandre
frtmçoife.
La gloire de l A lle magne.
On dit par appofîtion le mont Parnajfe, /e mont
Valérien, &c. & on dit la montagne de Tarare :
on dit le fleuve Don , & la rivière de Seine ; ainlî
de quelques autres, fur quoi nous renvoyons à
l ’Ufage. - i
Remarques fur ces phrafos, i 0.11 a de P argent, i l
a bien de Vargent, &c. i° . I l a beaucoup d’argent,
i l lia point d’argent, &c.
I. L ’or , l’argent, l’efprit, &c. peuvent être con-
fidcrés , ainfî que nous l’avons obierve, comme des
individus fpécifiques ; alors chacun de ces individus
eft regardé comme un T ou t, dont on peut tirer une
portion : ainfî, I l a de l'argent, c’eft i l a une portion
de ce Tout qu’on appelle argent, efprit, 8tc. La pré-
polîtion de eft alors extra&ive d’un individu, comme
la prépofîtion latine ex ou de. l i a bien de l’argent,
de Vefprit, &c. c’eft la même analogie que i l a de
l’argent, &c.
C ’eft ainlî que Plaute a dit Credo ego illic inejfe
auri & argenti largiter. ( Rud. acl■ I V . fe . iv. v.
2/f.q. ) en foufontendant > rem, auri ; je crois
qu’il y a là de l’or & de l’argent en abondance. Bien
eft autant adverbe que largiter, la valeur de l’adverbe
tombe lùr le verbe inefje largiter , i l a bien.
Les adverbes modifient le verbe & n’ont jamais de
complément, ou comme on dit de régime : ainlî,
nous cillons il a bien, comme nous dirions i l a vé-
A R T
ritablement; nos pères dilbient i l a merveilleufement
de l'efprit.
II. A l’égard de i l a beaucoup d’argent, d'efprit,
&c. il ri a point d'argent, d’efprit, &c. il fautob-
lerver que ces mots beaucoup , peu , p a s , point,
rien, for te > efpèce, tant, moins , p lu s, que , lorsqu'il
vient de quantum , comme dans ces vers ;
Que de mépris vous avez l’un pour l’autre ,
El que vous avez de raifon I
ces mots , dis-je, ne (ont point des adverbes, ils (ont
de véritables noms, du moins dans leur origine ; &
c’eft pour cela qu’ils font modifiés par un fîmple qualificatif
indéfini,qui, n’étant point pris individuellement
, n’a pas befoin d’Article ; il ne lui faut que la
Ample prépofîtion, pour le mettre en rapport avec
beaucoup , peu , rien , pas , point , J'orte^ -, &c.
Beaucoup yient , felon Nicot, de bella, id eft,
bona & magna copia, une belle abondance, comme
on dit une belle récolte, Sic. Ainlî, d'argent ,d efprit,
font les qualificatifs de coup, en tant qu’il vient de
copia, il a abondance à'argent, d'efprit, &c.
M. Ménage dit que ce mot eft formé de l’adjedif
beau, & du liibftanrif coup; ainlî, quelque étymologie
qu’on lui donne, on voit que ce n’eft que par abus
qu’il eft confîdéré comme un adverbe : on dit : I l ejl
meilleur de beaucoup , c’eft à dire, félon un beaucoup,
où vous voyez que la prépofîtion décèle lé
fiibftantif.
Peu lignifie petite quantité; ort d it, Le peu,
un peu , de peu , à p eu , quelque peu : tous les ana-
logiftes foutiennent qu’en latin avec parum on fous-
entend ad ou per, & qu’on dit parum-per, comme
on dit te-cum, en mettant la prépofîtion après le
nom ; ainfî, nous difons un peu de vin, comme les
latins difoient parum vini, enforte que, comme vini
qualifie parum fiibftantif, notre de vin qualifie peu
par le moyen de la prépofîtion de.
Rien vient de rem, acculàtif de res: les langues qui
le font formées du latin ont fouvent pris des cas
obliques pour en faire des dénominations direétes ;
ce qui eft fort ordinaire en italien. Nos peres difoient
Sur toutes riens, Mehun ; & dans Nicot, F ile le
hait fur tout rien, c’eft à dire, fur toutes chofes.
Aujourdhui rien veut dire aucune chofe; on fous--,
entend la négation, & on l’exprime même ordinairement;
Ne dites rien , Ne faites rien : on dit L e
rien vaut mieux que le mauvais ; ainfî, rien de bon
ni de beau, c’eft aucune chofe de bon, &c. aliquid
boni.
De bon ou de beau font donc des qualificatifs de
rien ; & alors de bon ou de beau étant pris dans im
fens qualificatif de forte ou $ efpèce , ils n'ont point
['Article ; au lieu que, fî l’on prenoit bon ou beau
individuellement, ils foroient précédés d un prénom
, Le beau vous touche , j ’aime le vrai , &c*
Nos pères, pour exprimer le fens négatif, le lervirent
d’abord, comme en latin, de la fîmple négative ne ,
fachie\ nos ne venifines por vos mal faire ; Ville-
Hardouin , p. 48. Vigenère traduit , Saches que
A R T
nous ne fommes pas venus pour vous mal faire. 1
Dans la fuite nos pères , pour donner plus de force
& plus d’énergie à la négation , y ajoutèrent quelqu’un
des mots qui ne marquent que de petits
objets, tels que grain , goutte, mie, brin, p a s,
point : Quia res eft minuta , fermom vernaculo
additur dd majorem negationem ; ( Nicot - a u mot
goutte.) Il y a toujours quelque mot de foufentendu
en ces occafions : Je n’en ai grain ne goutte; (Nicot,
au mot goutte. ) Je n'en ai pour la valeur ou la
gro/Teur d’un grain. Ainfî, quoique ces mots fervent
à h négation , ils n’en font pas moins de vrfis
fubftantifs. Je ne veux pas ou point, c eft a dire,
ie ne veux cela même de la longueur d un pas ni
de la grolTeur d’un point. Je n’irai point , non
ibo ; c’eft comme fî l’on difoit, Je ne ferai un pas
pour y aller, Je ne m'avancerai d un point; quaji
dicas, dit Nicot , ne punctum quidem progrediar ,
ut eam illo. C ’eft ainfî que mie, dans le fens de
miette de pain, s’employoit autrefois avec la particule
négative : I l ne l’aura mie ; I l n efi mie un
homme £ bien, Ne probitatis quidem mica m eo
e ft, Nicot ; & cette façon de parler eft encore en
ufage en Flandre.
L e fiibftantif brin, qui fe dit au propre des menus
jets des herbes, fort fouvent par figure a faire une
négation comme pas & point ; & fi 1 ufage de ce mot
étoit aufti fréquent parmi les honnêtes gens qu il 1 eft
parmi le peuple, 11 ferait regardé e® bien que peu
& point comme une particule négative : A-t-U de
Vefprit 1 U n'en a brin; Je ne la i vu qu un peut
brin, & c. . .
On doit regarder ne p a s, ne p o int,.comme le
nihil des latins, Nihil eft compofé de deux mots,
i° . de la négation ne , & de hilum, qui lignine la
petite marque noire que Ton voit au bout d une
fève ; les latins difoient Hoc nos neque pertmet
hilum, Lucret. liv. III. v. 843. & dans Cicéron
Tufc. I. n°. 3. un ancien poète parlant des vains
efforts que fait Sifyphe dans les enfers pour elever
une grolfe pierre fur le haut d’une montagne, dit :
Sifyphus verfat
Saxum fudans nitendo , neque proficit hilum ,
Il y a une prépofîtion foufontendue devant hiium,
ne quidem, »xrèi, hilum. Cela ne nous interejfe en
rien , pas même de la valeur de la. petite marque
noire d'une fève. Sifyphe, apres bien des efforts,
ne fe trouve pas avancé de la groffeur de la petite
marque noire d'une fève. _ '
Les latins difoient aufti ; Ne faire pas plus de cas
de quelqu’un ou de quelque chofo, qu’on n’en fait de
ces petits flocons de laine ou de fois que le vent
emporte , flocci facere. c’eft à dire , facere rem
fio c c i: nous difons un fétu. Il en eft de meme de
notre pas., St de notre point ; Je ne le veux pas
ou point, c’eft à dire , je ne veux cela même de la
longueur d’un pas, ou de la groffeur d’un point.
Or comme dans la fuite le hilum des latins s’unit
fi fort avec la négation ne, que ces deux mots n en
A R T 2 4 j
I firent plus qu’un foui nihilum, nihil, n i l, St que
nihil le prend fouvent pour le fîmple non , nihil
circuitione ufus es. (Tér. And. I. ij. v. 3 1 .) vous
ne vous êtes pas fervi de circonlocution. De meme
notre pas & notre point ne font plus regardés dans
l’ufage que comme des particules négatives oui
accompagnent la négation ne, mais qui ne laiflent
pas de conformer toujours des marques de lejic
: origine. _ „ . . „
Or comme en latin nihil eft fouvent îuivi a un
qualificatif, nihil fa lfi dixi, mi fenex ;vTérent. And.
acl. IV . fc . iv. ou v. felon M. Dacier, v. 49.J je n ai
rien dit de faux ; nihil incommodé., nihil gratioe ,
nihil lucri, nihil fa n B i, &c. de même \epas & le
point, étant pris pour une très-petite quantité , pour
un rien, font fiiivis en françois d’un qualificatif, i l
n’a pas de pain, d’argent, d'efprit, &c. ces noms
pain, argent, efprit, étant alors des qualificatifs
indéfinis, ils ne doivent point avoir de prépofîtif.
La Grammaire générale dit(j?ag. 82.) que,dans le
fens affirmatif, on dit avec V Article, il a de l ’argent,
du coeur, de la charité, de l'ambition: au lieu qu’on
dit négativement fans Article, il ré a point d argent,
de coeur, de charité, d'ambition; parce que,
dit - on, le propre de la négation ejl de tout ôter.
(Jbid. ) , . ’ a
Je conviens que, folon le fens, la négation ofe le
tout de là chofe ; mais je ne vois pas pourquoi, dans
1 l’expreffion,elle nous ôteroit l'Article fans nous oter
la prépofîtion : d’ailleurs ne dit-on pas dans le fens
affirmatif fans Article, il a encore un peu d'argent;
& dans le fens négatif avec l’Article , i l n'a pas le
fou ; il n'a plus un fou de l ’argent qiCil avoir ; les
langues ne font point des fciences ; on ne coupe
point des mots inféparables, dit fort bien un de
nos plus habiles Critiques ( M. l ’abbé d'Olivet ).
Ainfî , je crois que la véritable raifon de la différence
de ces façons de parler doit fe tirer du fens individuel
& défini, qui foui admet l ’A r tic le , & du fons
fpécifique indéfini & qualificatif, qui n’eft jamais
précédé de l’Article.
Les éclairciflements que l-’on vient de donner,
pourront fervir à réfoudre les principales difficultés
que l ’on pourroit avoir au fiijet des Articles : cependant
on croit devoir encore ajouter ici des exemples
qui ne foront point inutiles dans les cas pareils»
Noms confiruits fans prénom ni prépofîtion à la
fuite d ’un verbe , dont ils font te complément. Souvent
un nom eft mis fans prénom ni prépofîtion
après un verbe qu’il détermine ; ce qui arrive en
deux occafîons : 1'. parce que le nom eft pris alors
dans un fons indéfini, comme quand on dit , il
aime à faire p la ifir , à rendre fervice; car il ne
s’agit pas alors d’un tel plaifir^ ni Jun tel fervice
particulier ; en ce cas on diroit faites-moi ce ou le
plaifir , rendez-moi ce fervice , ou le fervice ,
qui, &c. i° . Cela fe fait aufti fouvent pour abrég
e r p a r ellipfe, ou dans des façons de parler familières
& proverbiales; ou enfin parce que les deux
mots ne font qu’une forte de mot compofo , ce qui