environ cinquante filles à ia Miféricorde lorique j’étols à
Manille. Sainte-lfabeile reçoit auffi des Penfionnaires, Si
pour les frais de toutes les choies néceffaires à l’entretien
des Orphelines, pour les domeitiques, &c. la Miféricorde
donne 10 mille 7 cents piaftres (5 6 1 7 5 liv .) ; outre cela
cette confrérie a dépenfé en aumônes, felon un état que j’ai
vu depuis 1599 jufqu’en 172,6, 3 millions 44.8 mille 506,
piaftres ( 181,046,656 l iv .) , ce qui revient à 142 mille
5 56 liv. argent de France, année commune.
De plus, la Miféricorde a ibulagé le public dans des cas
d’extrême nécefiîté, & lorfque la ville a été menacée d’une
invafion de ia part des ennemis, ce qui eft arrivé dans les
années 16 4 6 , 16 5 0 , 1 6 5 3 , jufqu’en 16 6 3 , 1 668 &
4 7 3 5 ; & lelon un compte exaél, elle a donné 1 million
69 mille 99 piaftres (5 ,6 12 ,7 6 9 livres) : je ne parle pas
de la. iomme confidérable qu’elle fournît en 1 7 6 2 , lorfque
les Anglois s’emparèrent de Manille.
La maifon de la Miféricorde a fes ftatuts particuliers, feloit
lefquels elle fe gouverne; elle eft remplie de privilèges, &
fin- tout d’indulgences dpnt les Papes l’ont iùccefljvement
comblée ; & dernièrement en 1733» le Roi l’a prife fous
là proteéjion,
L ’on peut donc juger par cet échantillon de la riçheflè de
tous les couvents de Manille , qui depuis plus de cent
cinquante ans qu’ils y font établis, ont fait profiter l'argent
des oeuvres pies , fans avoir rien répandu au dehors.
Les Auguftins chauffés lont le premier État religieux qui
ait paru à Maniiiç ; il y paffa en 1 5 6 5 : le couvent renferme
environ cinquante Religieux, & fournit des fujets à toutes
les provinces où ces Pères ont des Cures, ils en deffervent
quarante-cinq
quarante-cinq à cinquante dans le feu! évêché de Manille.
L’églife des Auguftins eft un allez bel édifice, fort élevé,
bâti en pierre de taille; il a beaucoup Ibuffèrt des tremblemens
de terre.
Les P. P. de laCompagnie paisèrent aux Philippines en 1 5 8 1 ;
leur principal Collège étoit à Manille, & fe nommoit h
Collège de Saint-Ignace : ces Pères avoient tellement proipéré
aux Philippines, qu’ils avoient huit autres Collèges répandus
dans les llles, & qu’ils étoient les maîtres lpirituels des îles
Mariannes ; ils deffervoient vingt à trente Cures dans l'Arche-
vêché de Manille. M. de Cafeins les conduifit tous à Cadiz
en 1 7 7 0 , fur la Sainte-Rofe, à cinq à fix près qui relièrent,
& que Don Jofeph de Cordoua ramena avec lui l’année,
fuivante fur l’Afire'e, & avec lefquels je fis la route de l’île
de France à Cadiz ; les Auguftins ont hérité de leurs dépouilles
; le Collège de Saint-Ignace eft un affez bel édifice ;
malgré fes défauts, il eft fans contredit le mieux bâti & le
plus régulier de Manille ; le côté extérieur de l’églife qui
donne dans la rue Royale, offre un ordre d’architeélure ruftique
aflêz bien entendue ; le portail en revanche eft affreux, làns
ordre ni proportion ; le dedans ‘de l’églife eft très-bien entendu,
mais le maître-autel, quoique furchargé de dorures, ne répond
point au bâtiment; il eft auffi mal entendu que le portail ; il y
avoit une Univerfité à laquelle Je Pape Clément XII avoît
accordé, par un Bref du 6 Décembre 173 5 , des'droits fans
nombre. A côté du Collège de Saint-Ignace eft celui de.
Saint-Jofeph; il fut fondé en 1 5 8 5 , par Philippe I I , pour
y enfeigner le latin; mais depuis i’exiftence des deux Uni-
verfités, ce Collège eft prefque fans exercice.
Le Marquis d’Ovando, auquel la navigation eft fi redevable
Tome H. ^