ne me paroiffent entretenus que par les pluies & la fraîcheur
■du lieu, attendu qu’ils doivent naître dans ce petit efpace
même; de plus, en défrichant, on s’expoferoit à perdre la
couche de terre qui recouvre le plateau ; car ce qui l’entretient
fans diminution au moins feniible,. ce font les bois affèz
fourrés en cet endroit qui retiennent la terre qui d’ailleurs
eft une efpèce graffe ou argileufe, & l’empêchent de fe
perdre dans F A nce-eourtois ; ils lui fourniffent même à chaque
jnftant de nouveaux aümens, comme tous les végétaux en
fourniffent à la terre.
Pour parvenir de l’enfoncement du port à ce plateau,
on marche au milieu des éboulemens de la montagne,
pêle-mêle avec de gros quartiers de roches, & au travers de
monticules formés également de ces débris*
Tout le terrein du champ de Mars, & de l’enfoncement
eft un compofé d’une couche d’une eipèce de terre graffe
ou argileufe & de cailloutage, fous lequel on retrouverait
vraifemblablement des bancs de roches que l’on voit dans la
ville & à l’entrée de cette plaine.
Deux petites rivières qui trayerfent cette plaine, qui
viennent des montagnes de l’enfoncement, en côtoyant la
montagne de la Découverte, font voir dans leur lit que le
terrein dans cette partie n’a aucune folidité, n étant corn*
pôle que de cailloutages en partie feuilletés, & d’une efpèce
de terre glaife, mais en petite quantité. Dans cette vafle
plante du champ de Mars, il y a donc un banc de terre
glaife prefque fuperficiel à la terre; il -eft mêlé de gravier;
on le retrouve après avoir pafie la petite montagne,, au niveau
du champ de Mars : dans quelques endroits il e if fans mélange,
& on y enfonce aiféraent des bâtons de huit à dix pieds dé
langueur làns trouver de réfiftance ; c’eft ce que bien des
perfonnes appeloient la terre branlante.
Ce même banc, toujours mêlé de gravier, continue de
s’étendre jufqu’à la rivière des Lataniers & même au-delà, à un
petit ruiffeau après lequel le terrein monte; on le fuit toujours
après avoir tourné la montagne longue jufqu’au pied de
Piéterbort. Enfin, en allant à la grande rivière? dans FAnçe-
courtois, 011 le retrouve encore en approchant du pied des
montagnes; d’où j’infère que les montagnes de l’enfoncement
du Port, celles de la Découverte, la petite montagne, la
montagne longue, &faris doute Piéterbort lui-même, pofent
fur un lit de terre glaife.
En arrivant au quartier de Moka, on trouve encore la
glaife au pied de la montagne de même nom que l’on voit
fur la gauche; 8c c’eft aux environs de cet endroit, fur la
droite, que l’on trouve la première cafcade dont j’ai parlé;
& comme les deux autresxafeades font à peu-près fur la même
ligne & au même niveau, il eft vraifembiable que c’eft le
même banc de terre glaife que ces trois rivières ont rencontré
, 8c qu’elles Font entraîné & détruit dans ces endroits
par la violence 8c la force de leurs torrens.-
Tous ces laits font alfez voir que i’Ifle-de-Erance, telle
qu’elle exifte aujourd’hui, n’eft pas l’effet immédiat d’un
volcan; du moins ce que je viens de rapporter me paroît
tout-à-fait contraire à cette opinion.
A l’île de Bourbon il y a un volcan, mais qui n’en occupe
qu'une très-petite portion : le temps & lés circonftantes ne
m’ont pas permis de l’aller voir, mais il eft certain que ce
volcan n’empêche pas que depuis le quartier de Saint-Denys
jufqu’à la pointe de Saint-Gilles, on ne remarque le même
N n n n ij