Les Anglols , après la prife de Pondichery en 176 1 ,
voulurent tourner leurs vues vers l’IÎle-de-France où j’étois
pour lors ; mais différentes circonftances malheureufes pour
eux, fort heureufes pour nous, leur fit abandonner uneentre-
prife qui, félon toute apparence, ne fût pas tournée à leur
avantage : ils portèrent donc fur Manille le peu de forces
qu’ils avoient, & qui étoient formidables pour ce pays-Ià ;
mais ils firent des fautes dont ils promirent bien de fe
corriger dans une fécondé guerre fi jamais elle avoit lieu.
C e fut le 22 Septembre 176 2 qu’ils parurent devant
Manille; le 5 d’Oélobre, à fix heures du matin, elle fut
prife d’aifaut & livrée au pillage.
JOURNAL de ce qui s’e fl pajfé à l ’attaque & à la
défenfe de la ville de M a n ille , capitale des îles
Philippines ¿ r de l ’Archipel de Saint-Lafàr, depuis
le 22 Septembre ju fqu ’au f Ofiobre ip f o , jour auquel
elle fu t prife d ’ajfaut par le Brigadier Guillaume
Drapert, Commandant en ch e f les Troupes britanniqties
des Indes orientales.
« A v a n t de commencer ce Journal, il eft à propos de
» donner une courte defcription de la fituation de Manille,
»de de.ietat dépourvu dans lequel les ennemis trouvèrent
» fes fortifications & fes défenfes, afin de préfenter une idée
» claire de la vigoureufe réfiftance que l’on fit jufqu’à la
» dernière extrémité.
» La place de Manille, félon la Carte du Père Murillo, efl
» fituée par 14. degrés 40 minutes de latitude boréale, &
» 1 5 8 degrés 3 5 minutes de longitude orientale, fur une
langue
langue de terre qui fe termine en pointe , en formant la «
figure d’une efpèce.de cruche ou, de flacon, dont l’extrémité «
ou le col efl: formé par cette pointe même, & renferme le «
fort royal de Saint-Jacques : elle eft terminée à i’Queft par «
la grande Baie, au Nord par la rivière Pajjig, qui baigne «
les -murailles ; du côté de la terre, du Sud à l’E ft, elle eft te
défendue par quatre baftions plats avec leurs places baffes, «
& flancs droits couverts d’orillons , avec fo f le c h em in «
couvert & glacis ; le long de la mer , la ville eft fermée ce
par une longue courtine qui a cinq petits baftions ( balvar- ce
ti/los ) plats, & un réduit placé à une grande diftance de ce
la muraille ; les lignes de défenfe ont entr’elies une telle ce
diiproportion, que ces baftions ne peuvent fe défendre réci- <c
proquement. 11 n’eft pas plus poifible d’empêcher l’approche cc;
de la courtine, parce qu’il n’y a ni foffé, ni terre-plein; avec ce
cela, les parapets n’ont qu’un pied de large, & la courtine ce
n’en a que fix, oe
La courtine qui embraffe la partie du Nord, baignée par ce
la riviere, & qui prend une efpèce de courbure en formant «.
deux angles rentrons, eft dans le même état de foibleiïè que ce
celle de la mer, & eft défendue de deux petits baftions, «
ayant dans. leurs lignes de défenfe. le même défaut remarqué «
ci-defliisi > «
Depuis le baftion de Saint - Gabriel f n.° 6 ) jufqu’à la ce
porte du Pariait ( n.° 7 ) , à l’Eft de la v ille , il y a une «
fauffe braie ou barbacane avec fon parapet & fa. banquette; «
mais defeélueufe,, parce qu elle, efl éboulée, Sç qu’elle n’a «
point de guichet pour la retraite du Soldat, La porte du «
Parian ( u.° j ) L eft couverte & défendue par, un petit«
ouvrage extérieur en ferme de couronne , & la porte oe
Tome U. ; q g