& de s’attaquer réciproquement, feroient le Fort-dauphin
& la baie de Saint - Auguflin, étant très-facile d’aifer de
lun à i’autre par terre ; mais iis font encore feparés, comme
je viens de le dire, par plus de quatre - vingt®. lieues, par un
terrein que l’on peut encore très-bien chicaner ; enfin, c’eft à
lafageife du Gouvernement, à juger fi un établiifement folide
à Madagafcar, à côté des îles de France & de Bourbon, ne ferait
pas préférable à un qu’on pourrait avoir à la côte de Coro-
mandel, à Pondichéry par exemple; les voyages de Madagafcar
à cette côte , étant d’ailleurs très- courts & très-ailes; les
Hollandois ont leur principal établiifement à Batavia , Ille de
Java, & n’en ont qu’un très - médiocre à Tranquebar, côte
de Coromandel,
M. de Flacourt paraît être de cette opinion , dans ion
plan detabliifement de Madagafcar, fur- tout lorfqu’il dit
( p. ) Ce que nous venons de remarquer ici en paflant,
que Madagafcar peut fervir comme d’échelle, d ’entrepôt & de
commodité pour le commerce & pour la navigation des Indes
orientales, ¿rc. mérite bien d’être férieufement confldéré.
Un dernier avantage réel qu’on retirerait de Madagalcar,,
avantage dont M. de Flacourt n’aurait pas manqué de parler
s il 1 eut connu, eft la brièveté des voyages de nos jours,
de France à Madagalcar & de Madagalcar en France ; ces
voyages, qui dans ce temps-ià étoient rarement moins que de
cinq mois, fe font aujourd’hui en trois & demi au plus.
Je ne propofe ceci que comme une queftion, que je’ ne
cherche point à réfoudre , la regardant au-deflùs de mes
lumières ; je p^lfe à mon objet.
. Je fuivrai dans l’ordre des matières que j’ai à rapporter »
iordre qu’a fuivi M. de Flacourt, qui commence par le
d a n s l e s 'Me r s d e l ’I n d e . "371!
'Fort- dauphin ; cet ordre m’eft en même temps prefcrit par
la date de mes trois voyages à cette M e , qui commencent
par le Fort-dauphin.
A r t i c l e p r e m i e r .
D e Madagafcar en général.
M a d a g a s c a r , que les gens du pays nomment
'Madecafe, & qu’on prétend que Ptolémée a connue fous
le nom de Memuthias, & Pline fous celui de Cerné, eft
fituée dans la mer d’Ethiopie, à foixante-dix & cent lieues
environ des côtes de même nom, de Sofala &. de Mozambique;
elle s’étend,, du Nord-nord-eft au Sud-fud-oueft,
l’elpace de iq.d 38’ environ, ou de deux cents quatre-vingt-
douze lieues lur environ quatre-vingts lieues pour la plus
grande largeur ; elle eft au lud de la Ligne, & on com-:
mençe à la trouver à 11 degrés ^ de latitude : la côte dq
l’Eft de cette grande Me, va du Nord-nord-eft au Sud-fud-
oueft, depuis le Fort-dauphinjafqu’àhbaie'd’Antongil; delà
baie S Anton gil j ufqu’aubout de l ’Ifle, eije va droit au Nord.
Depuis la baie d’Antongil, en allant vers le Sud, tout
le pays le long du bord de la mer, a été découvert par
les François julqua la baie de Saint-Auguflin, dans le canal
de Mozambique , fous le tropique du Capricorne; pareillement,
tout le pays ou toute la partie de i’Ilîe , comprife
entre le Fort-dauphin & la baie de Saint-Auguflin julqua
Il9 degrés de latitude , ce qui comprend la plus grande
largeur de Madagafcar; cette partie de Madagafcar eft divilée
en grandes & belles provinces, gouvernées par plufieurs
Roitelets & Tyranneaux, que Tadrelfe & la fourbe ont
A a a ij